La page 99
Sur les conseils de Ford Madox Ford, évoqué sur le blog de Wrath , je me suis amusée à parcourir la page 99 d’un certain nombre de livres. J’ai choisi des livres faisant partie des « hits » de la FNAC.
Pour le plaisir, j’ai relevé une phrase ou un bout de phrase de la page 99 de chacun de ces livres afin d’écrire un texte- patchwork avec quelques raccords personnels. Les citations des livres sont en italique. Le nom des auteurs est précisé sous le texte. Vous pouvez, si le cœur vous en dit, imaginer à qui appartient telle ou telle citation.
L’enquêteur regarda si sa blouse était correctement boutonnée. Il ressassait l’histoire de cette pauvre petite fille riche : a suivi une éducation bourgeoise, toute de raideur et de tradition, pouvait s’acheter des livres, mais elle continuait à fréquenter la bibliothèque…
Il voyait bien qu’il avait échoué, il n’avait pas même réussi à appréhender le sujet. Tout animal habite soit à l’intérieur soit à l’extérieur de son squelette, c’était sans doute la leçon de moral à tirer de cette histoire. Bien sûr il y avait ce papier où elle avait griffonné « J’y voyais tellement de complaisance, d’adolescence mal dégrossie. », bien sûr on disait qu’elle ne s’entendait pas avec sa mère - « Tu me fais chier maman, tu me fais chier avec ton discours bien-pensant » - étaient parait-il ses paroles fétiches, mais cela suffisait-il à faire de cette fille une suicidaire comme on voulait le lui laisser penser ?
Il se demandait d’où lui venait cette phrase qui lui tournait dans la tête depuis le matin : « Comment mes parents ont-ils réussi à se disputer dans une rue aussi tranquille » ? L’explication de ce cadavre était sans doute dans cette phrase-là. La vie peut basculer à une vitesse incroyable, mais qui s’en aperçoit ?
Le ciel était en flamme. Le soleil tombait en grand apparat mais lui, il se foutait du spectacle de l’astre solaire. Encore une affaire de meurtre qu’on lui avait collée sans lui demander son avis et qui prendrait des mois à être élucidée. Qu’on ne cesse de me demander des services me sidère - grommelait-il – et moi, qui me rend service ?
Auteurs cités : Amélie Nothomb, une forme de vie ; Beigbeder, un roman français ; Michel Houellebecq, la carte et le territoire, Ingrid Betancourt, même le silence a une fin ; Jean d’Ormesson, c’est une chose étrange à la fin, le monde ; Tatiana de Rosnay, boomerang ; Katerin Pancol, les yeux jaunes des crocodiles, Paulo Coelho, onze minutes ; Marc Levy, le voleur d’ombres ; Olivier Adam, le cœur régulier ; Philippe Claudel, l’enquête.