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28 février 2024

Le miroir

A chaque fois qu’il passait devant un miroir, il disait : « encore un miroir qui réfléchit trop ! » Il décida donc, devant chaque miroir, de mettre un drap blanc. Son esprit s’apaisa immédiatement.

 

PS1 : Pour ma part, je préfère réfléchir plutôt que de mettre un drap blanc sur les miroirs qui réfléchissent trop et, hélas, je constate que canalblog – pour lequel j’ai choisi de payer un abonnement mensuel hier – fonctionne plus mal. Plus de pub, certes, mais les blogs amis ont disparu, mon dernier texte aussi, sans parler des réponses aux commentaires. J’attends une réponse de leur part à la lettre envoyée hier…

PS2 prochain texte, mardi.

 

25 février 2024

Le sport selon Jean Louis et Stéphane

-          Moi j’aime bien le sport, le vélo surtout. Et toi ?

-          Moi ça m’emmerde le sport. Je préfère rester couché, lire, dormir.  Tu n’en as pas marre de faire des allers-retours de 100 kms à vélo tous les deux jours ?

-          Jamais. PRM : Persévérance, régularité, mental ! Et puis le vélo, ça m’évite de me prendre la tête, tu vois, car chez moi on se prend la tête de père en fils.

-          Moi, mon sigle perso, c’est pas PRM mais LSD !

-          LSD, t’es sûr ?

-          Oui, Lecture, sieste, détente

-          Je vois. Tu es en mode ternaire.

-          C’est ça, car chez moi, de père en fils c’était le mode TTT : travail, travail, travail, et le travail ça m’a fait chier, si tu savais !

-          Et ton corps ?

-          Qu’est-ce qu’il a mon corps ?

-          Il  se ramollit pas ?

-          Tu vois bien que non. Je te montre.

-          Ah oui, pas mal les mollets, mais le reste ?

-          Le reste suit, à part le membre viril. Mais, bon, je ne lui ai jamais voué un culte et on n’est plus à l’âge du « qui a la plus grosse », hein ? 

-          C’est vrai. (Stéphane chantonne sur l’air de « Que reste-t-il de mes amours » ) : Que reste-t-il de mon pénis, que reste-t-il de ses caprices, une illusion, belle illusion, de ma jeunesse…

-          ( Et Jean Louis continue)

Bonheur passé, pénis au vent
Baisers volés, sexes émouvants
Que reste-t-il de tout cela
Dites-le-moi…

 

-          Pas mal ta suite ! Pour revenir au vélo, Pédaler, pour moi, c'est un peu se préparer à un départ pour la vie éternelle, tu vois ?

-          Je ne savais pas que tu étais croyant, Stéphane ? Eh bien ! Pour moi, la lecture c’est se préparer à faire voyager son esprit.

-           Bon, excuse-moi, Jean Louis, on rigole ensemble, mais ma femme m’attend et si je suis en retard elle ne va pas rigoler, elle, et j’en ai pour 15 minutes à vélo avant d’arriver chez moi.

-          Eh bien si tu es en retard tu lui chanteras notre petite chanson « Que reste-t-il… » 

-          Très drôle ! Tu connais l’humour de ma femme, hein ?

-          Moins que toi, c’est sûr. Allez au revoir Stéphane, moi personne ne m’attend mais je dois terminer mon policier avant ce soir, je me le suis promis à moi-même.

-          C’est quoi le titre ?

-          Je hais les athlètes !

-          Bonne lecture !

-          Bon vélo et n’oublie pas de saluer ta femme de ma part !

 

PS : prochain texte, jeudi.

 

22 février 2024

Luna

Dans les cheveux de ce jeune homme, il y avait souvent des araignées, mortes parfois. Pourquoi ne les chassait -il pas ?  Luna les regardait vivre dans ses cheveux blonds et épais, mais les faucheuses lui faisaient peur.  Parfois elle se demandait si cet amoureux de tout juste 25 ans, à la plastique étrange, n’était pas une « ruine humaine ». Il est vrai que son travail de plasticienne conduisait son regard sur des chemins bien insolites, parfois.

-          « L’art des ruines », lui a-t-elle chuchoté, c’est la musique de l’éphémère, l’amour aussi, non ?

Et il lui a répondu,  le visage perdu dans l’océan de ses yeux verts.

-          Oui, tu as raison. D’ailleurs, l’amour ne s’immisce-t-il pas aussi dans les ruines ?

Luna a acquiescé en soulignant que les araignées devaient aussi faire l’amour dans ses cheveux blonds.

-          Mais je n’ai pas d’araignées dans mes cheveux !

-          Si, elles semblent apprécier ta touffe blonde. Quant aux ruines… Tiens, si demain nous allions faire l’amour dans les ruines du château de Robert le Diable ?

Le jeune homme a acquiescé et a immédiatement pensé au clair de lune. Oui, Luna avait l’art et la manière de le faire sortir de la nuit où il vivait depuis si longtemps.

 

PS : prochain texte, dimanche.

18 février 2024

L'élan

A chaque fois qu’elle lui parlait de perfection, son conjoint répondait.

-          Elle m’emmerde ta perfection. Je suis comme je suis, c’est tout.

-          Oui, mais l’élan, c’est important l’élan.

-          Si tu veux des élans, va en Finlande !

A ces moments-là, qu’est-ce qu’elle le trouvait « con » ! Mariés pour le meilleur et pour le pire, avait l’habitude de dire sa mère ; certes, mais elle se demandait pourquoi la rivière du pire était plus tumultueuse que celle du meilleur.

Son mari était catholique, et il mettait un point d’honneur à aller à l’église pour les « temps forts », comme il les appelait, c’est-à-dire les baptêmes, les mariages et les enterrements, Noël et Pâques. Elle était athée pourtant, jusqu’à présent, elle avait accepté de l’accompagner. C’est donc surpris qu’il l’entendît dire.

-          Désormais je n’entrerai plus dans une église. Si l’église est ton buisson ardent, moi c’est l’élan qui sera mon buisson ardent.

Il l’observa un instant, sortit son mouchoir de sa poche et finit par lui dire.

-          Comme tu veux. Mais moi je n’irai plus voir ta mère.

-          Je ne vois pas le rapport entre l’église et ma mère.

-          Ah bon, ne dit-on pas notre sainte mère l’église. Sauf que ta mère n’est pas une sainte !

-          Ton humour et ta foi sont au ras du sol.

-          Peut-être ma chérie, mais on a les élans qu’on peut.

Elle quitta la salle à manger et se dirigea vers la chambre pour s’allonger et entamer la lecture du dernier roman qu’elle s’était acheté : « Toutes blessent, la dernière tue ». Oui, lui aussi il verrait que la dernière le tuerait…

 

PS : prochain texte, jeudi.

15 février 2024

Le père

Il avait 80 ans et sa deuxième fille venait de naître. Bien sûr,  il le disait à tout le monde, avec fierté, les yeux brillants.

-          Quel bonheur, quand je regarde cette petite fille j’oublie tout. 

Sa première fille, qui elle venait d’avoir 45 ans, entendit le même discours mais son père ajouta.

-          Je veux vivre aussi longtemps que possible pour profiter d’elle.

Ce à quoi sa fille répondit.

-          Ah oui, je l’espère pour toi ! Quel égoïsme à la puissance 10, tout de même, d’avoir un enfant à 80 ans !

-          Quelle jalousie que la tienne, ma fille !

Sa fille vint mettre sa chaise juste en face du fauteuil où il se reposait, elle s'assit, puis calmement lui dit.

-          Tu crois qu’elle va te faire rajeunir ta fille ? Tu es vieux et tu le resteras, quoi que tu fasses, même si tu as un troisième enfant à 85 ans. Tu as regardé l’espérance de vie pour les hommes, en France ? Souviens toi que ton propre père est mort à 81 ans. Donc, si jamais tu as le même destin que lui, ta fille ne connaîtra son père – toi donc, semble-t-il  - que jusqu’à l’âge de 9 mois. Bravo !

-          Tu es vraiment une garce, ma fille, mais ça, je le savais déjà !

-          Et toi un con ! Allez, bonne soirée papa et dis bonjour à ta compagne qui elle, a 10 ans de moins que moi, c’est ça ?

Et sa fille partit à grande enjambées rendre visite à sa mère de soixante-dix ans qui, elle, disait pis que pendre de son ex-conjoint. Son seul soulagement c’était de penser que l’ « autre femme » ne toucherait pas la pension de réversion, puisque le couple n’était pas marié, à moins que…

 PS : prochain texte, dimanche.

12 février 2024

DUO -(2)

Marie et Pierre

Quand Marie partait sur le chemin de la politique, on était sûr, ou presque, que les choses allaient mal tourner. Et elle avait la dent dure, Marie. Ce jour-là, c’est le président qui en a eu pour son grade, dommage, il ne dinait pas avec nous. La conversation en était à ce stade.

-          Mais à part lui, qui pourrait être président ? avait dit Jean, et Marie avait répondu illico.

-          S'il te plaît, arrête de porter ce type au pinacle ! S'il y avait une légion du déshonneur en France, il serait le premier à l’avoir, ce type ! Il parle de réarmement démographique, eh bien, il n’a qu’à donner l’exemple et tirer le premier coup lui-même, mais bon, pas facile avec la compagne qui est la sienne. Il ferait mieux de s’occuper des perturbateurs endocriniens.  En plus, ce type, il viole notre démocratie.  Souviens-toi que ce roquet narcissique a enterré les cahiers de doléances de 2019 ! On aurait dû l’étouffer avec un joli gilet jaune, tiens ! Je plaisante bien sûr. Tout le monde sait ici que je ne ferais pas de mal à une mouche, même si elle est méprisante, donc encore moins à un roquet. Notre président, il a grimpé au CAC 40 depuis sa première élection. Au début il avait 40 Casseroles Au Cul, maintenant on ne les compte plus ! Lui, sa mère aurait dû lui faire faire une ablation des deux cordes vocales à la puberté ; ses discours fleuves sont si creux et vides qu’ils nous emmerdent. Bon de toute façon, les dés sont pipés, alors on n’a plus qu’à espérer que les filles et les fils de la Sainte Verge de Gauche, je veux dire la sainte Vierge de Gauche bien sûr, arrêtent de se taper sur la gueule ! Amen. Désolée de choquer les catholiques ici présents.

C’est à ce moment précis que Pierre – le seule catholique de gauche présent à la soirée - est entré en piste en lui demandant de se taire car ses monologues anti religieux il en avait marre. Marie, alors, lui a dit en riant : « Saint Prépuce priez pour nous, Amen ! » Ce que Pierre a très mal pris.  D’ailleurs, c’était il y a 8 mois et Marie et Pierre sont toujours fâchés. Dommage pour Marie, parce qu’elle accouche dans deux semaines et c’est Pierre, le père de l’enfant. Je me demande si là aussi les dés ne seraient pas pipés ?

 

PS : prochain texte, jeudi.

8 février 2024

DUO

Cette semaine, Duo avec Séraphin Lampion à partir de deux expressions - « porter au pinacle » et « les dés sont (ou seraient) pipés » - que Séraphin et moi-même avions pour obligation d’intégrer dans notre texte. En ce jeudi, vous pouvez lire le texte de Séraphin Lampion, dimanche prochain, je publierai le mien. Bonne lecture au pays du duo.

 

C’était un jour sombre balayé par le vent, étirant dans le ciel des nuages gris comme des écharpes de tristesse. Hervé devait pourtant partir au travail sur son vélo d’une autre époque, hérité de son grand-père : vélo à mollet, affirmait-il fièrement, pas de ces vélos électriques propulsant des mémères hors d’âge à des vitesses supersoniques dans les côtes les plus pentues, que lui gravissait suant et haletant.

La météo indiquait une probabilité de pluie de 10%... Certes… mais les ingénieurs qui font ces estimations feraient bien d’ouvrir la fenêtre de leur bureau pour ajuster en temps réel leurs prévisions. Car la météo n’est pas juste une affaire d’ordinateur et de calcul, mais de plein air et de froid et de bourrasques et de flotte qu’on se prend dans la tronche. Le principe de réalité quoi, pas des algorithmes qui tournent paisiblement dans une salle climatisée…

« Probabilité de 10% de pluie, il me semble à voir le ciel qu’une fois de plus les dés sont pipés ! » pensa Hervé en pointant le nez dehors, son vélo à la main.

En effet, les nuages se faisaient plus menaçants que jamais. Rien qu’à lever la tête, la vague promesse de pluie se transformait en certitude accablante : les nuages aux aguets, quelque peu farceurs peut-être, attendaient perfidement qu’Hervé enfourche sa bicyclette pour déverser sur l’infortuné toute l’eau du ciel.

« Pas de pluie dans l’heure… ils sont vraiment bons ! » maugréa Hervé.

Ce fut une averse brève mais épique, un déluge en miniature qui s’est abattu sur la ville, le temps qu’Hervé arrive à son travail, trempé sans espoir de sécher, après un combat inégal contre le vent et les embruns, un corps à corps avec les éléments déchainés.

Son patron, Monsieur Ferrand, arriva en même temps que lui dans sa voiture de fonction, le costume d’alpaga impeccable, le pli réglementaire sur le pantalon, la chemise blanche ornée d’une cravate outrageusement colorée – seule touche de fantaisie dans un conformisme assommant. Son chauffeur s’empressa de lui ouvrir la porte et de lui tendre un parapluie. Monsieur Ferrand interpela Hervé, qui attachait son vélo à un arceau :

« Dites-moi, Hervé, à vous voir venir chaque jour travailler à vélo, quel que soit le temps, je vous admire beaucoup ; je ne serais pas loin de vous porter au pinacle. Mais, cependant, il faudra trouver le moyen de vous sécher rapidement. L’éthique de l’entreprise et les valeurs que nous défendons ne nous autorisent pas à arborer des tenues négligées et des costumes froissés.  Plutôt que de défendre l’écologie avec vos principes à deux roues, je vous demanderais surtout de contribuer le plus possible à la croissance de notre chiffre d’affaires, en recevant nos clients dans une tenue digne d’un gentleman, et non d’un coureur à l’arrivée d’une étape du tour de France. »

Connard, pensa Hervé tellement fort qu’il eût l’impression d’avoir été entendu.

4 février 2024

Plus moche la vie !

Ma mère avait l’habitude de me dire : Quand tu seras vieux, tu comprendras.

Maintenant je suis vieux – j’ai soixante-dix ans - et je ne comprends toujours pas ! Je crois que mes problèmes ont commencé la première fois où je me suis regardé longtemps dans une glace ; à sept ans exactement, l’âge de raison, comme on a l’habitude de dire. Pourquoi je m’étais regardé si longtemps ? Parce qu’une fille m’avait dit que j’étais moche.

A partir de ce moment-là, je me suis dit, jour après jour : pourquoi cette tête là et pas une autre ?

La réponse n’est jamais venue et depuis, j’ai perdu croyance, assurance et bienveillance, sans vous parler du reste…

PS : prochain texte, jeudi.

1 février 2024

GINK

 Aurore lui avait dit qu’elle était GINK. Les yeux grands ouverts, Marie avait vainement cherché à comprendre ce que cela signifiait et elle finit par lui dire.

-          C’est-à-dire ?

-          Green Inclination No Kid. Pas d’enfant sur une planète que l’on fait mourir. Le monde est une poubelle. Moi je soulage la planète. Tu comprends maintenant ?

-          Oui. De toute façon tu fais ce que tu veux.

-          Et toi ?

Marie commençait à en avoir marre de la discussion. Des enfants, pas d’enfants, elle s’en foutait pour l’instant, elle voulait juste terminer ses études de médecine. Aurore haussa le ton.

-          Mais tu t’en fous de ces pluies d’oiseaux morts partout, de ces algues vertes qui foutent en l’air la terre, de la pollution qui fout en l’air tes poumons ?

-          Je ne m’en fous pas, non, mais pour l’instant les enfants ce n’est pas mon problème numéro un. J’aimerais bien ne pas redoubler ma cinquième année de médecine, c’est tout.

-          Tu penses qu’à ta gueule, quoi ? Tu te moques des pluies acides, des pesticides et du reste ? Toi tu traverses les mers sans rien voir autour de toi et l’invisible est ton port d’attache, c’est ça ?

Marie respira calmement, prit une pastille vichy dans son sac, puis elle lui dit patiemment.

-          Ecoute Aurore, je dois étudier, c’est tout, alors je bosse comme une folle et, de toute façon, si tu veux le savoir, je ne sors avec personne.

-          Bon début pour être GINK. Tu veux sortir avec moi ?

Elle observa Aurore, stupéfaite et finit par souligner.

-          Ecoute Aurore, je ne suis ni GINK ni homo, d’accord ?

Et celle-ci lui répondit.

-          Et bien, ma pauvre Marie, tu as tort sur toute la ligne, et l’avenir te le dira. Il est pas bon d'être hétéro par les temps qui courent ! Puis elle sortit de la salle de travail en claquant la porte.

PS : prochain texte, dimanche.

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