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Presquevoix...
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29 avril 2014

L’attente

Plus d’un quart d’heure qu’elle l’attendait. Il se faisait toujours attendre, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse beau. A l’endroit où elle s’était placée, non loin de l’arrêt de bus, elle voyait tout. Elle se tenait immobile, stoïque, droite comme un i. Soudain elle sentit quelque chose de mouillé couler le long de sa jambe de pantalon. Quand elle se rendit compte que c’était un chien qui lui pissait dessus, elle hurla.

-  Connard ! Tire-toi connard !

C’est à ce moment-là qu’il arriva. Il la fixa de son regard délavé, l'air incrédule.

- C'est à cause du chien, se justifia-t-elle en faisant un geste vers l'endroit où l'animal avait disparu.

Mais son visage resta fermé et elle comprit qu'il ne la croyait pas...

27 avril 2014

La lettre

Chère Juliette,

Vous êtes la pire chose qui me soit arrivée  après les oreillons, l'appendicite et mon ulcère. J'espère de tout cœur que vous ne m'en voudrez pas trop pour les inscriptions en lettres rouges sur votre porte de garage. Je les voulais poétiques, mais seuls les mots les plus orduriers me sont venus ! Veuillez m’excuser également pour votre voiture que je n’ai  pu m’empêcher de rayer sauvagement avec un cutter. Si vous saviez comme ce geste m’a fait du bien ! Je me suis presque réconcilié avec vous.

 Antoine

25 avril 2014

La brèche

la brêcheAu début elle ne s’était pas inquiétée, mais petit à petit, la fine tige avait essaimé ses ramifications et creusé son nid à l’ombre de la pierre. De l’intérieur, des milliers d’yeux braqués sur elle et des phrases qui se chuchotaient, aussi noires que le plumage des corbeaux qui  voletaient au-delà des toits.

Qui voulait  la rendre folle ? Elle soupçonnait tout le monde ; pourtant, personne  ne la connaissait …

 

PS : photo prêtée par Patrick Cassagnes

23 avril 2014

Les DVD

En regardant les DVD sur le rebord de la cheminée, elle remarqua que deux d’entre eux n’avaient pas été retirés de leur emballage transparent ; c’était justement les 2 DVD qu’elle lui avait offerts pour son anniversaire,  l’année dernière.  Elle les glissa aussitôt dans son sac, ni vu ni connu, inutile de laisser les personnages se morfondre dans l’univers étroit de leur petite boîte. Elle leur trouverait un public de choix puisque sa mère ne daignait pas s’intéresser à eux.

Et pour son prochain anniversaire, elle lui offrirait une boîte d'un pâté quelconque, inutile de donner des perles à des cochons…

 

21 avril 2014

Les exercices

Je me souviens bien, il y a longtemps de cela, j’avais décidé d’être heureuse, juste pour voir. Plusieurs fois par jour, devant ma glace, je me disais  « Je veux être heureuse », la méthode Coué fait parfois des miracles. Ensuite je suis passée aux exercices pratiques. J’ai commencé par des exercices simples. Par exemple, m’extasier devant un papillon, une fleur, un arbre, un ciel… avec des « Oh » et des « Ah ».

Puis, j’ai choisi le chemin de la contemplation esthétique. J’ai fréquenté assidûment les musées. Je m’installais devant une toile et j’essayais de ressentir quelque chose qui aurait pu ressembler à du bonheur.

Ensuite, des œuvres d’art, je suis passée au genre humain et là, j’ai eu peur, toujours cette impression que le monde des hommes n’est pas fait pour vous et que vous n’y aurez jamais votre place. Afin d’adoucir l’épreuve j’ai commencé par les enfants ; je leur souriais et ils me répondaient. Parfois même, je leur parlais. Encouragée par leur fraîcheur, j’ai voulu faire le grand écart jusqu’aux adultes, mais là, l’angoisse m’a saisie !

Pour l’instant, je les observe, de loin. Je sais qu’il ne suffit pas de rester au bord de la route, mais l'asphalte est encore brûlant, alors j'attends encore un peu…

19 avril 2014

La lettre

Mon amour,

Oui, c’est à toi que cette lettre est destinée.

Personne ne te connait mieux que moi. Je suis le vent qui agite les voiles de lin aux fenêtres de ta chambre. Combien de fois mes yeux ont parcouru ton corps. Tu ne me crois pas ? Pourtant je n’ai pas inventé ce grain de beauté blotti  au creux  de ton nombril, ni cette cicatrice scintillante que ma bouche parfois dessine dans la douceur de la nuit.

Je sens que tu as peur. Peut-être même as-tu déjà fermé ta porte à double tour et tiré les rideaux. Mais rassure-toi, jamais je ne te ferai de mal. Je me contenterai de te regarder en silence, comme je le fais depuis si longtemps.

Maintenant, chaque nuit, dans la blancheur de tes draps, tu penseras à moi, à ces mots qui ont souvent caressé ton corps avant que je ne les couche sur ce papier glissé sous ta porte. On dit souvent que les fantômes savent de l’amour des choses que les autres hommes ignorent. Il paraîtrait même que sous le souffle de leur désir les forêts virginales ruissellent de jouissance.

Surtout, ne cherche pas à savoir qui je suis ou le charme se romprait. J’attendrai dans le silence de l’ombre...

 Le fantôme anonyme

17 avril 2014

Le creux

Un jour, le monde sonne creux*  et on se tape la tête contre les murs. On tourne et retourne ce creux dans tous les sens mais un creux ne répond pas. On en a des vertiges, presque la nausée ; le creux nous frappe au plexus. Alors on se panse de mots pour colmater le creux, plein de mots. Au début, il ne se passe  rien. Puis les mots forment des phrases que l'on affiche partout ; et le creux sonne presque plein.

 *Claude Habib,  le goût de la vie commune

Livre connu grâce au blog du lorgnon mélancolique.

 

 

15 avril 2014

La gargouille

P1010109Elle se moquait ouvertement de lui et, depuis un certain temps, il ne la saluait plus. A chacun de ses passages, il se demandait ce qu’elle allait encore inventer. Une semaine plus tôt, elle avait hurlé qu’il avait fait le malheur de sa famille. Et la veille, elle avait répété en boucle : «  pauvre type, pauvre type, pauvre type, pauvre type, pauvre type…. ». Il n’avait  pu s’empêcher de lui envoyer un « salope » tonitruant, les yeux levés vers le ciel, puis il avait passé son chemin.

 

De toute façon, il n’attendait plus rien, ni d’elle, ni de personne. Il n’espérait qu’une seule chose : crever, et le plus vite possible. Avec trois  litres de rouge par jour, il savait qu’il tenait le bon bout…

 

PS : photo de C. V. prise à Dieppe.

13 avril 2014

Les ruines

Qu’est-ce qui fait une ruine ? C’est ce qu’il m’a demandé en me regardant avec insistance.

D’accord, j’avais passé la case des 50 ans et lui venait d'entrer dans celle des 30, mais cela justifiait-il de me parler ainsi ?

Je le lui ai fait remarquer. Moqueur, il  m’a traité de « parano ». Il a aussitôt rajouté.

-  Après tout, les ruines ont aussi leurs charmes !

 

11 avril 2014

La visite

Quand il allait voir sa mère, il glissait toujours une boîte de dolipranes dans sa poche, au cas où…

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