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Presquevoix...
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31 décembre 2016

Bonne année

20161220_115840On l’avait placé à côté d’elle pour le réveillon et c’était la première fois qu’elle le voyait ; un ami de son frère lui avait-on dit. Il était brun, plutôt beau garçon mais il avait passé la soirée à raconter des histoires salaces dont elle n’avait que faire. A minuit, passablement soûl - et avant de lui claquer une bise sur chaque joue - il lui avait dit : « On s’demande à quoi ça sert les réveillons. On bouffe, on bouffe et à la fin on a tellement bouffé qu’on sait même plus ce qu’on rote ! »

 

Il faudrait qu’elle pense à remercier son frère ; depuis ce repas, sa vie de célibataire ne lui pesait plus autant qu’avant…

 

29 décembre 2016

Juliette

Aujourd'hui, j'ai encore oublié d'être malheureuse.  Ça m'arrive de plus en plus souvent, est-ce que je dois m'en inquiéter ? Si le malheur est violent, le bonheur l'est d'autant plus, surtout lorsqu'on n'y est plus habitué.

Ce matin, au jardin public, une enfant est venue vers moi, c'est la première fois que je reviens dans un jardin public depuis que Juliette n’est plus là. La petite fille m'a souri et m'a parlé, jusqu'à ce que sa mère arrive, affolée

- Viens ici, tout de suite, a-t-elle crié sans même m'adresser un regard, je t'avais bien dit de ne pas t'éloigner.

Est-ce qu’elle croyait que j'allais lui enlever sa fille ? Mon dieu que les adultes sont abjects. Voilà ce que j'ai pensé, mais je n'ai rien dit et j'ai fait un geste de la main à l'enfant qui partait, traîné par sa mère. J'ai dû enfiler ma veste, je tremblais de froid, pourtant le soleil était déjà haut dans le ciel.

Je n’aurais jamais dû entrer dans ce jardin, je n’étais pas encore prête. Je me suis souvenue des après-midi passées au parc avec Juliette.  Elle était si mignonne, tout le monde le disait. Dès que je poussais la petite porte à battants, elle s'échappait pour courir jusqu'au bac à sable où elle ne se lassait pas de remplir  ses seaux à l'aide de sa  pelle.

Ce soir, je suis assise sur le fauteuil  près de la fenêtre  et je regarde la rue derrière les rideaux, comme toujours à la même heure. La nuit commence à tomber, il est 21 heures.

 J'aime ces fins d'été où le jour arrive encore à lutter contre la nuit vorace. Est-ce qu'un jour Juliette me pardonnera ?

 

27 décembre 2016

Aimer

20151107_091824Le désordre, elle n’aimait pas, et surtout pas le désordre amoureux. Alors, quand elle vit le verbe « aimer » conjugué à la première personne, dans toutes les langues possibles et imaginables, elle resta sans voix.  Puis, touchée par la grâce du verbe, elle s’essaya à lire certaines de ces déclarations d’amour à la première personne. Quand elle en vint à «  ti amo », un homme lui dit.

-          Bravo pour la prononciation.

-          Vous trouvez ?

-          Certo, molto bene.

-          Merci. Après, c'est sûr,  il faut trouver quelqu’un à qui le dire, se surprit-elle à confier à ce monsieur dont le crâne chauve luisait au soleil.

L’homme hocha la tête compatissant, puis conclut.

-          Vous pouvez toujours vous le dire à vous-même en vous regardant dans la glace, je suis sûre que ça fait  de l’effet.

Elle aurait eu envie de lui conseiller de garder ses réflexions pour lui, mais remet-on un inconnu à sa place quand il croit bien faire ? Elle préféra rester silencieuse, le plus sûr chemin d’un retour à l’ordre.

Quand l’inconnu comprit que leur dialogue s’arrêterait là, il  la salua d’un joyeux « Ciao Bella » avant de poursuivre sa route…

 

PS : photo prise à Paris, en mars 2016.

25 décembre 2016

L’oratorio de Noël

A peine le chœur a-t-il entamé la cantate numéro 1 que la tête de son voisin a dodeliné pour finalement se pencher vers l’avant dans une attitude de recueillement. Quand elle a constaté qu’à la cantate numéro 2 sa tête n’avait toujours pas bougé, elle a su qu’il était profondément endormi.

 A la fin de l’oratorio – alors qu’il avait dormi les trois-quarts du temps -  il a applaudi à tout rompre, bloquant l'accès à la sortie, sans doute pour faire taire la culpabilité qui était la sienne.

Résultat, elle a dû  attendre que tous les vénérables vieillards, adeptes du spectacle du dimanche après-midi,  descendent les marches accrochés à la rampe, avant de pouvoir atteindre l'escalier central. 

 

 

23 décembre 2016

Les éoliennes

On avait installé deux énormes éoliennes derrière chez elle et chaque soir, avant de fermer ses volets, elle se racontait cette même histoire qui perturbait immanquablement  son sommeil : deux monstres gigantesques passeraient leurs bras par la fenêtre pour lui  voler ses économies cachées sous son matelas…

 

21 décembre 2016

Dégonflé !

20161218_110404Quel dégonflé, ce père Noël ! Fastoche de déposer des cadeaux au pied des sapins sagement installés dans nos petites maisons occidentales. Quand je pense aux pauvres « serfs » qu’il exploite depuis la nuit des temps afin que nos croyances perdurent !

Pourtant, les croyances, on devrait leur faire la peau. J’en vois deux qu’on aurait tort de ne pas trucider : celle des "méchants dictateurs"*  que les "gentils pays occidentaux" contribuent à abattre afin que les pauvres peuples opprimés puissent respirer un air démocratique plus pur  et celle des pays riches qui veulent aider les pays pauvres à être moins pauvres alors que ces mêmes pays riches leur sucent le sang en leur volant leurs matières premières...

Oui, le père Noël est un sacré dégonflé, mais il n’est pas le seul, j’ai des noms…

 

 

 

 

 

 

 

* Hillary Clinton sur Kadhafi en riant: Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort

 PS : photo du père Noël prise à Rouen, rue Cauchoise.

19 décembre 2016

l'écoute

Parce que sa vie était devenue un enfer, il s’était décidé à aller voir un thérapeute. A la quatrième séance, il se rendit compte que le thérapeute était sourd, il y a des signes qui ne trompent pas.

Pourtant,  cela ne l’empêcha pas de continuer ses séances. Après tout, pensa-t-il, l’essentiel n’était-il pas que quelqu’un l’écoute, même sans l’entendre ?

17 décembre 2016

Le jour où…

espiguette

Le jour où la lune a disparu, ce fut la nuit la plus longue que l’on n’eut jamais connue. Les bêtes hurlèrent, les femmes pleurèrent agrippées à leurs enfants et les hommes oublièrent l’héroïsme qu’on leur prêtait.

Certains disent que cette nuit-là, la lune n'avait éclairé qu'une seule maison : celle  où l’Humanité allait naître.

Sa naissance  fut célébrée avec force prières et offrandes, et la lune l'avait berçée de sa  lumière pâle.

Hélas,  l’Humanité était morte sept jours après sa naissance. Nombreux furent ceux qui s'empressèrent de lui trouver un meurtrier ; les boucs émissaires forgent la bonne conscience des hommes.

Jamais personne n'a pensé que l'humanité avait pu souffrir d'une hostilité sourde, sauf la lune qui, stoïque, avait repris ses rondes habituelles et n'en avait soufflé mot à personne.

 

PS : photo gentiment prêtée par Espiguette

 

15 décembre 2016

Le trombinoscope

Quand elle a vu Madame R sortir de la salle 8, le visage livide, elle lui a dit.

-          Un problème ?

-          Je ne peux plus supporter ce morveux. J’en ai ras le bol de ses provocations.

Elle a hoché la tête, compatissante.

-          Tu sais, j’ai un truc qui te permettra de retrouver ton calme : la technique du trombinoscope.

-          C’est quoi ?

-          Bon, tu agrandis le trombinoscope de la classe, tu  le mets  sur un mur, tu te places à deux mètres avec des fléchettes que tu balances sur la tête de l’élève en question, et le tour est joué !

-          Tu crois que ça marche ? a répondu Madame R.

-          Bien sûr, essaie !

Elle l’a remerciée avec un large sourire et elle est partie d’un pas léger. Elle était sûre que l’après-midi même, Madame R achèterait des fléchettes de toutes les couleurs

 

 

13 décembre 2016

Le chien

spectacle de rue avec chienIl l’attendait tous les jours au même endroit, et l’attente pouvait durer des heures.

La fidélité des chiens n’a d’égal que l’indifférence des hommes. La dernière fois qu’il avait vu Rosy, c’était à cet endroit. Elle était sortie ivre d'un bar de la troisième avenue avec un type à son bras, un pauvre type qui se baladait avec des santiags et un pistolet à la ceinture.

En voyant le drôle de petit chien, le type avait dit : « Regarde honey, d’ici, je l’ai dans le mille, à tous les coups. »

Et il avait tué le chien. Rosy avait ri, mais elle avait tellement bu... Il lui pardonnait tout, même d’avoir oublié qu’avant d’être un chien, il avait été un homme comme les autres.

Le regretterait-elle, maintenant qu’il avait définitivement disparu ? Hélas, on ne sait jamais rien des regrets de ceux que l’on quitte.

« Bye bye my love goodbye » avait-il chantonné pour Rosy juste avant que les portes du paradis ne s’ouvrent...

 

PS : photo gentiment prêtée par Sylvie Farges  

 

 

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