Elle l’avait fait entrer un sourire aux lèvres et lui avait dit de s’asseoir. Il avait rapidement regardé autour de lui et avait choisi le fauteuil à larges fleurs, à droite de la cheminée. Une fois assis, il avait remarqué que son visage  avait perdu sa bienveillance première ; elle ne souriait plus et il crut lire une pointe de colère dans ses yeux. Peu après, un gros chat roux fit son entrée dans la pièce et le regard de la jeune femme passa de l’animal au jeune homme assis sur le fauteuil.  Elle lui dit sèchement :
- Vous vous êtes assis sur le fauteuil de Lucien, et il n’aime pas ça !
Le jeune homme jeta un coup d’œil au chat et  comprit soudain qu’il était de trop.

Peut-on changer de cerveau sans risques ? Pour lire le texte, c’est ici.
Le texte est  de gballand et la photo de Patrick Cassagnes.

Pour son anniversaire, il  lui avait acheté des chaussures chez Kobi levi . Quand elle ouvrit la boîte elle s’extasia :
- C’est pour moi ? Vraiment ? C’est trop beau, tu n’aurais pas dû.
- Rien n’est trop beau pour toi mon amour, tu le sais bien, lui dit-il d’une voix étrangement neutre en lui embrassant le front.
Le lendemain, elle descendait les escaliers en imitant le déhanchement des stars des années 50 et se faisait une double fracture de la cheville qui l’envoya à l’hôpital pour trois jours. Lui partit en weekend end improvisé à Venise…

Il est apparu au café habillé en indien, le visage peinturluré et des plumes lui ceignaient la tête. Dans une main il avait  une lance, et à la taille, attachée à une ceinture, brillait une petite hache. Au comptoir personne n’a pipé à part Gérard, le patron, qui n’a jamais la  langue dans sa poche :
- Alors  « Œil de Faucon », ça va ?
L’indien l’a regardé d’un sale œil et lui a répondu la main sur la hache :
- Moi, pas « Oeil de faucon » mais « Serpent venimeux ». Si toi m’appeler « Oeil de faucon », « Serpent venimeux »  te scalpe.
- Ah, fit Gérard l’air soudain  moins brave.
- Et qu’est-ce qu’il veut  boire « Serpent venimeux » ?
- Une bière et il paiera pas.
Gérard n’avait pas pour habitude de faire crédit, mais il ne jugea pas utile de le lui dire car la hache de l’indien n’était pas en carton. Dans l’arrière-boutique, sa femme appelait déjà police secours. Elle était justement en ligne : « Ya un indien chez nous avec une hache et il dit qu’il s’appelle « Serpent venimeux » et…
Le policier lui raccrocha au nez après avoir  crié :
- Madame vous nous appellerez quand vous serez moins alcoolisée…

PS : texte inspiré d’un fait divers lu dans Paris Normandie.

Du jour où le totem décida de sortir de sa boule, le locataire du troisième ne tourna plus rond.  Quand il disparut, on enfonça la porte de l’appartement et on chercha le corps, mais rien, juste un lambeau de chair accroché à une épingle à nourrice fixée sur le canapé blanc avec une phrase écrite à l’encre rouge : « Le totem a eu ma peau ! ».
L’enquête tourna en rond. Le corps du locataire ne fut retrouvé que deux ans plus tard chez un taxidermiste de la rue des Abbesses. Le taxidermiste tendit aux policiers une drôle de boule en déclarant :

- Telle était la volonté du totem ! puis il s’enferma dans un silence qu’il ne rompit pas une seule fois en dix ans d’incarcération.

PS : texte écrit à partir de cette « bouboule » de Patrick Cassagnes

Le texte  de ce matin a été censuré : toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé n'étant pas fortuite... j'ai dû faire contre mauvaise fortune bon coeur.

Désolée pour les commentaires...

Question : peut-on dire la vérité dans une fiction ?

Ce matin, elle avait vu son mari se vaporiser un liquide dans l’oreille :
- Qu’est-ce que tu fais ? lui avait-elle demandé étonnée.
- Je me pulvérise de l’intelligence. C’est le trou qui communique le mieux avec le cerveau.
Elle le laissa à ses ablutions,  mais l’après-midi même elle téléphona au médecin…

Elle attendait en bordure de la route depuis trois heures ; seules 12 voitures étaient passées, une moyenne désespérante. A chaque fois elle avait  brandi le panneau "TOREY" avec conviction, mais personne ne s’était arrêté, sans doute sa tenue négligée et ses cheveux plaqués à force de ne plus être lavés. Après réflexion, elle décida de se tenir  sur la ligne jaune qui séparait la route en deux et d'agiter son panneau au-dessus de la tête. Ça avait marché : un camion s’était arrêté pile poil dans un grand crissement de freins, l’un de ces mastodontes avec cheminée qu’elle avait admirés depuis son arrivée aux Etats-Unis. Le type énervé aboya en découvrant ses dents jaunes :
- Ok, jump in, but you’re fucking nuts, you could have died *!
Il était énorme. Son tatouage de dragon sur l’avant-bras droit et son marcel noir ne laissait aucun doute sur sa puissance de réflexion. Elle hésita un instant puis monta, que pouvait-il lui arriver de pire que ce qui lui était déjà arrivé ? Elle lui envoya son sac à dos qu’il plaça à l’arrière et elle s’installa à côté de lui.
- Thanks, you’ve saved my life* ! fit-elle dans son meilleur anglais.
- Where do you come from ?  ajouta-t-il radouci.
- France.
- France ? I love France !
Elle répondit qu’elle aussi. Il lui sourit puis remit sa radio à fond comme si elle n’était pas là. En voilà un qui ne m’emmerdera pas, pensa-t-elle soulagée.

*OK, montez, mais vous êtes complètement cinglée, vous auriez pu mourir !
*Merci, Vous m’ avez sauvé la vie !

Parfois, pour monter au ciel, une simple échelle suffit… Pour lire le texte, c’est ici.
Le texte est  de gballand et la photo de Patrick Cassagnes.

Aujourd’hui, au petit déjeuner, j’ai dit à mon mari qu’il avait fait une apparition dans mon dernier rêve. Il m’a tout de suite demandé :
- Et j’ai servi à quoi ?
- Oh, tu étais figurant, lui ai-je répondu évasive.
Il a eu l’air déçu…