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Presquevoix...
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31 mars 2024

Le chemin de la guerre

Dans les cercles de l’Assemblée Nationale, on l’appelait le « Va-t’en guerre », pourtant son corps fluet était à l’opposé de ses poses virilistes.

« Si nous voulons la paix, préparons-nous à la guerre » était son antienne favorite, jusqu’au jour où une arme létale – posée par qui ? nul ne le sut – le fit disparaître sous l’arc de Triomphe ; une fin plus triomphante que la carrière qui avait été la sienne. Carrière qui se serait limitée d’ailleurs, juste avant son décès inopiné, à demander à ce que le livret A finance l’industrie militaire.

Des discours élogieux s’en suivirent, car, les éloges ne se faisaient nullement du vivant des élus - il faut dire que nombre de ces « communicants » politiques alliaient méconnaissance et médiocrité – mais lorsqu’ils mouraient. Quelques voix discordantes, amoureuses de Ravel, osèrent cependant faire circuler le couplet suivant dans les couloirs de l’Assemblée : 

 

 

« Le bolero nous mènra au paradis du cimetière et nous f’rons un requiem pour tous les français qui s’ront morts au combat, on ne les comptera plus, non ; mais l’industrie de la guerre s’ra en hausse, et les profits aussi etc. ».

 

 

24 heures plus tard, un nouveau couplet, plus joyeux, fut entonné illico sur les réseaux sociaux et remit d’ailleurs, Charles Trénet au goût du jour.

 

 

« Boum,

C'est Paris qui fait boum

Un député fait boum

Et c'est la France qui fait boum !

Boum

C’est l’Europe qui fait boum

La Russie qui fait boum

Et l’on attend d’autres boums…

 

 

Oui, la guerre des « boums » avait commencé sa marche joyeuse et jusqu’où irait-elle ?

 

PS : prochain texte, jeudi.

 

28 mars 2024

C’est normal ?

J’ai la phobie de mon mari et je passe ma journée à l’éviter !  S’il est dans la salle de bain, je vais dans la cuisine, s’il est dans la cuisine, je vais dans le salon. Il a sa chambre, j'ai la mienne. Il part en vacances en juillet, je pars en août. Le simple contact de sa peau provoque chez moi des allergies dévorantes. La dernière fois qu’il m’a frôlée, mon corps s’est couvert de pustules qui ne sont parties qu’au prix d’un traitement de cheval. Le médecin m’a dit qu’il n’avait jamais vu ça de toute sa carrière.

Je sais, je pourrais me soigner, prendre un amant, déménager, partir loin, mais je préfère souffrir ; mon éducation sans doute. Je suis croyante, profondément, et je fais partie de ces gens qui pensent que chacun a une croix à porter. Je suis une pénitente de la vie.

Je n'ai pas été phobique dès ma naissance et il y a même eu un temps où j’aimais mon mari. A vrai dire, je suis devenue phobique le jour où il m’a appris qu’il avait une deuxième vie. Vous me direz, pourquoi pas une deuxième vie, la première est parfois si ennuyeuse, et je sais avoir l’esprit large, parfois ; mais le problème, en ce qui me concerne, c’est que sa deuxième vie, il l’a avec mon jeune frère de trente ans.

 

PS : prochain texte, dimanche.

25 mars 2024

Le médecin

Dans la froideur de son cabinet, le médecin m’a dit.

- Tumeur, non, mais kyste.

Je lui ai répondu.

- Et je vais mourir quand ? 

Il m’a répondu en souriant.

Je disais tumeur en un seul mot, ça suffira, mais de tout de façon, vous c’est un kyste, donc ce n’est pas grave.

Effectivement, ça suffit et c’est déjà beaucoup. Je ne retournerai plus voir ce médecin. Cet homme croit avoir de l’humour et manque d’empathie. Pas le genre à dépolir le désespoir, mais plutôt à l’embastiller !

Il m’a tout de même dit qu’une opération de l’ovaire était nécessaire, mais sans gravité. Je l’ai cru et je lui ai dit que maintenant, de toute façon, j’étais contre la mort. Il a ajouté.

- Et vous avez signé un contrat ?

- Pas encore, mais je ne vais pas tarder.

Une fois chez moi, j’ai regardé le dernier tatouage que je m’étais fait faire sur le mollet droit – un nénuphar - et je me suis dit que sur le mollet gauche je me ferai tatouer un sablier car je me demande combien d’années il me reste avant d’avoir une tumeur…

 

PS : prochain texte, jeudi

 

24 mars 2024

Le médecin

Dans la froideur de son cabinet, le médecin m’a dit.

- Tumeur, non, mais kyste.

Je lui ai répondu.

- Et je vais mourir quand ? 

Il m’a répondu en souriant.

-Je disais tumeur en un seul mot, ça suffira, mais de tout de façon, vous c’est un kyste, donc ce n’est pas grave.

Effectivement, ça suffit et c’est déjà beaucoup. Je ne retournerai plus voir ce médecin. Cet homme croit avoir de l’humour et manque d’empathie. Pas le genre à dépolir le désespoir, mais plutôt à l’embastiller !

Il m’a tout de même dit qu’une opération de l’ovaire était nécessaire, mais sans gravité. Je l’ai cru et je lui ai dit que maintenant, de toute façon, j’étais contre la mort. Il a ajouté.

- Et vous avez signé un contrat ?

- Pas encore, mais je ne vais pas tarder.

Une fois chez moi, j’ai regardé le dernier tatouage que je m’étais fait faire sur le mollet droit – un nénuphar - et je me suis dit que sur le mollet gauche je me ferai tatouer un sablier car je me demande combien d’années il me reste avant d’avoir une tumeur…

 

PS : prochain texte, jeudi soir

20 mars 2024

l'exhibition

Ce jeune homme avait pour habitude de s’exhiber à la bibliothèque universitaire de la faculté de lettres, non pour faire part de ses connaissances en matière littéraire – il pouvait pourtant décliner plus de 1000 citations de poètes et de romanciers de littérature française et anglaise – mais simplement pour que les étudiantes puissent, en ce lieu, apprécier la sculpture de son organe. Ce « bibliobitophile » notait ensuite sur son carnet de notes – le « péniscritoire » - dès qu’il rentrait chez lui, les réactions de ces demoiselles médusées par la hardiesse de son exhibition et, pensait-il, par son phallus dont la grâce s’alliait à la sensibilité.  Comme il s’éclipsait rapidement, personne n’avait encore pu l’arrêter jusqu’au jour où une étudiante – ceinture noire de karaté et diplômée en master 2 de littérature comparée – l’avait bloqué au sol entre deux rayons de livres de littérature française du dix-neuvième siècle. Inutile de dire que son Kiaï avait transformé le jeune homme en statut.

PS : prochain texte, dimanche soir.

 

 

 

 

 

 

 

16 mars 2024

Naissance

Je suis né dans un aquarium. Ma mère a toujours eu de drôles d’idées, même avant ma naissance. Quand j’ai ouvert les yeux, je me suis trouvé nez à nez avec un gros poisson triste qui tournait en rond dans une eau trouble. De sa voix sans voix il m’a chuchoté.

- Tu vois, c’est ça la vie ! et puis il a disparu.

Il m’a fait si peur que j’ai voulu retourner dans le ventre de ma mère, mais il était trop tard. Elle avait fermé la porte à clef, sans état d’âme.

Aujourd’hui, j’attends qu’on m’ouvre l’autre porte…

 

PS : prochain texte, jeudi.

8 mars 2024

Faut-il un psychiatre ?

A chaque fois qu’elle entendait la voix du président, Nicole, retraitée, hurlait dans son appartement  : « Ferme-la jeune crétin, on en a marre de ton auto-promotion de narcissique ». Seulement, depuis la tirade du président sur l’Ukraine - tirade qui lui avait mis l’Europe à dos – sa colère et sa véhémence avaient décuplé et elle ajoutait cette longue réplique, en boucle : « Mais vas-y en Ukraine, va te faire flinguer par les russes, comme ça on entendra plus tes discours vides ! Avant tu te prenais pour le premier de la classe France, et maintenant tu veux être le premier de la classe " Monde", c’est ça ? C’est ta deuxième maman qui doit être contente d'avoir un enfant aussi brillant ! »

Après une plainte des voisins, excédés par ses cris, la police a frappé à sa porte. Et, sans aucune hésitation, Nicole leur a ressorti le même monologue. Conclusion : « 24 heures de garde à vue pour insultes au Président de la République !».

Une fois dans sa cellule de « dégrisement », Nicole a continué son monologue habituel avec un nouveau vibrato : « Ah oui, c’est ça la démocratie en France ! Bravo la Censure ! Quand on ose dire la vérité, on va en taule ! Mais il y a des millions de français qui pensent comme moi, des millions, et ils n’osent rien dire ! » Et elle a ajouté : « A quand un conseil de psychiatres indépendants pour déterminer si la santé mentale du Président est compatible avec son poste ! Dépêchez-vous avant que la guerre nucléaire ne commence ! ». Pour finir, elle a tapé sur la porte de sa cellule en criant « Je veux voir un psychiatre pour lui raconter tout ça ! ». Deux heures plus tard, le psychiatre arrivait, non pour évoquer la santé mentale du président, mais celle de Nicole…

Serait-il possible qu’un Président puisse altérer la santé mentale des citoyens ?

 

PS : prochain texte dimanche 17 mars

 

5 mars 2024

La photo

La vieille dame avait retiré toutes les photos qui représentaient sa fille. La photo où ses deux enfants apparaissaient côte à côte à l’âge de 15 et 17 ans, elle l’avait déchirée en deux, et seule restait la moitié gauche, où  son fils souriait.

Quand sa fille est entrée chez sa mère, elle lui a dit, étonnée, en regardant le mur aux photos.

  • Je vois que tu as fait un nettoyage radical !
  • Oui, ça en avait besoin, a répondu la vieille dame.
  • Et pourquoi suis-je la première à disparaître ?

Son frère a précisé, énervé.

  • Réfléchis !
  • J’essaie et je ne vois pas. Sans doute parce que je m’occupe trop de maman et qu’elle pense qu’elle ne te voit pas assez ?

Il s’est approché menaçant, mais elle s’est précipitée derrière la table du salon en criant.

  • Surtout ne me touche pas où je porte plainte. Je te rappelle que ce sera la deuxième fois que je porterai plainte, donc.

Il s’est éloigné et à dit à sa mère de ne pas s’occuper de cette folle. Avant de partir, elle a tout de même dit à sa mère.

  • C’est la dernière fois que je viens te voir maman. Maintenant, si tu as besoin de quelque chose, demande à ton fils attentionné. Ma vie sera beaucoup plus tranquille car pour tout dire, j’en ai marre de lui, mais aussi de toi, car tu ne dis rien, jamais, et ça depuis des années. Enfin le calme : mon mari, mes enfants, mes amis, le travail et moi. Quant à toi, plus de mari – il est mort depuis cinq ans –  et je te souhaite bon courage avec ton fils, qui m’a tout de même harcelée au téléphone avec menaces pendant deux semaine, d’où la plainte au commissariat !

Et elle les a laissés tous les deux dans l’espace clos de leur duo infernal.

 

PS : prochain texte, samedi.

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