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Presquevoix...
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30 avril 2008

Eloge à la marche en ville.

Coincée entre la vitre et la paroi du bus d’un côté et quelques ados bruyants de l’autre, elle prend son mal en patience. Elle n’aime pas les transports publics, que ce soit le bus ou le métro. Elle l’a pris aujourd’hui car pour remonter chez elle, elle aurait dû se taper une marche de 40 min en montée continuelle et avec ses paquets, elle n’en a pas eu le courage mais elle regrette ce choix qui n’en était pas un!

Elle aime marcher dans la ville, croiser des maîtres avec leurs chiens, des mamans avec poussette et bambins, des retraités en goguette, des piétons comme elle, le nez en l’air et les pensées en vadrouille. Elle aime tester un nouveau chemin et prend un malin plaisir à lever les yeux pour découvrir une façade qu’elle n’avait jamais remarquée. Elle aime entendre ses talons marteler le sol même si elle jure parfois quand son pied se tord sur les pavés des rues piétonnes.
Dans le bus, c’est le sourire en berne et les grimaces qui prédominent, quand il ne faut pas en plus subir les conversations téléphoniques intimes par le biais de ce fléau qu’on nomme téléphone portable. Et que dire de la musique de mauvaise qualité que certains partagent avec tout le bus sans qu’on leur ait demandé quoi que ce soit ! Quand il pleut, l’air est moite et de la buée empêche de voir au dehors. Quand il fait chaud, c’est les odeurs fortes qu’il faut partager. Quand c’est la fin des classes ou les heures de pointe, c’est l’impression de se transformer en sardine coincée dans sa boîte qui la fait suffoquer.
Elle pourrait faire comme ces personnes qui disparaissent dans leur monde musical, écouteurs sur les oreilles et yeux dans le vague ou lire un livre si intéressant qu’il la ferait partir dans un autre monde…mais elle n’y arrive pas! Elle, ce qu’elle aime c’est partager un sourire ou un regard, avoir l’impression de ne pas être seule au monde dans la foule, parler de la pluie ou du beau temps. Quand elle est dans le bus, elle cherche parfois un regard, esquisse un sourire mais c’est à croire que les usagers ne font que regarder leurs pieds ou le lointain, passant à travers elle comme à travers une vitre.

Ouf ! Elle sort enfin et se retrouve à l’air libre sur le trottoir. Elle respire et sent son corps se détendre, sa tête se libérer, ses pensées s’envoler vers des idées plus sympas. Clac-clac font ses pas sur le macadam et c’est accompagnée de ce rythme qu’elle fredonne un air qui la fait avancer en cadence. Oui, définitivement, elle aime la marche en ville.

30 avril 2008

Je suis seule, et vous ?

Elle avait eu raison de lui dire ce qu’elle pensait en claquant la porte. Le ressentiment était là, logé au creux de son ventre, elle la haissait. Son « Tu m’emmerdes ! » avait été tellement violent qu’il bourdonnait encore dans ses oreilles.
Maintenant ses chaussures martelaient les pavés irréguliers dans le silence de l’après-midi ensoleillée. Elle marchait. Quand finalement elle se décida à lever les yeux de la pointe de ses chaussures, elle aperçut une petite place inconnue où il y avait une fontaine et un café.
Le soleil était déjà haut dans le ciel et ses cheveux commençaient à lui coller à la nuque Elle avait le choix entre s’abreuver à la fontaine ou s’installer à la terrasse du café. Elle fit son choix quand elle la vit. Seule à une table, ses pieds nus posés sur la chaise qui lui faisait face, elle offrait son visage fatigué au soleil. Une femme comme une autre, une femme qui aurait pu être sa mère - le même âge sans doute – mais sa mère ne se serait jamais installée avec une telle décontraction à la terrasse d’un café. Elle l’observa attentivement et son immobilité la frappa. Sur un coup de tête, ou de cœur, elle s’approcha de la table et lui dit naturellement, comme à une amie
- Je suis seule, et vous ?
La femme ne manifesta aucune surprise, elle enleva ses pieds de la chaise et, comme si la chose lui paraissait évidente, répondit
- Asseyez-vous, je vous attendais.
Comment pouvait-elle l’attendre ? Elle ne la connaissait pas. Son visage, dont les rides avaient creusé de minuscules canaux sous ses yeux sombres, ne lui rappelait rien. Elle décida pourtant  de faire semblant.
- Je suis en retard ?
- Non, vous êtes pile à l’heure, nous avions dit deux heures,  vous vous souvenez ?
- C’est vrai.
- Je vous ai fait venir pour vous parler un peu plus de moi, ça ne vous gêne pas ?
- Non, je savais que vous aviez des choses à me confier, se surprit-elle à dire.
- Je vous ai choisie parce que je sais que je peux avoir confiance en vous.
- Je vous écoute, s’entendit-elle répondre.
Elle quitta la terrasse du café à 16 heures, la femme venait juste de s’éloigner en lui faisant un petit signe amical de la main. Elle se leva, paya, et prit un chemin qui l’éloignait toujours plus de chez elle. Elle marchait lentement, légèrement courbée, sans doute ce secret qui commençait à former une petite boule au creux de son ventre, mais si la boule grandissait ? Comment pourrait-elle faire pour se débarrasser d’un secret qui, pourtant, ne lui appartenait pas ?

29 avril 2008

Comme tous les soirs

Je t’attends, comme tous les soirs. Ton assiette face à la mienne reste vide, propre, nette, symbole de notre malaise et de tes absences.

Tu travailles tard, comme tous les soirs et quand tu rentres tu vas te coucher car tu es crevé. Moi je reste comme une andouille à te mitonner des bons petits plats, à essayer de me faire belle malgré tout en espérant illusoirement que cela te fera de l’effet, que tu remarqueras que j’existe toujours…

Comme tous les soirs de la semaine tu m’évites et le week-end, tu sors avec tes copains ou tu vas à ton entrainement. C’est important l’entrainement, cela te garde en forme, oui mais pour qui et pour quoi ?

Comme tous les soirs tu fais semblant de dormir quand, après avoir rangé cette assiette vide, je me glisse entre les draps en n’osant même plus frôler ton corps, de peur de me faire mal à son contact.

Je rêve d’une autre vie, d’une vie où toi et moi chercherions à nous connaître toujours et encore, à nous étonner, à nous aimer…oui, je rêve…comme tous les soirs.

29 avril 2008

Brève de vie ( dialogue presque « vrai »)

- Moi, les autres, ça ne m’intéresse pas !
- Quand même, s’il n’y avait pas les autres…
- J'ai tellement à faire avec moi que les autres, je m’en fiche ! Et puis les gens sont tellement médiocres. Je me suffis à moi-même !
- Oui, mais s’il n’y avait pas les autres, tu serais quoi ?
- Ecoute, à mon âge, on a autre chose à faire que de s’embêter avec les autres. Les autres ne m'apportent rien, voilà, je préfère rester chez moi et lire. Je viens de finir « Moi Céleste Albaret » le livre de la gouvernante de Proust. La mort de Proust m’a fait pleurer, il faut dire que j’ai lu presque tous ces livres. C’était devenu un ami, Proust. Maintenant, mes  amis, ce sont tous ces écrivains que je lis, je m’attache à eux. Tiens, la mort qui m’a fait le plus pleurer, c’est celle de George Sand, une belle âme Georges Sand. Mon siècle ne m’intéresse pas, c’est le règne de la médiocrité !

28 avril 2008

Pourquoi est-ce que je continue à t’aimer ?

Je regarde ta fenêtre et j’attends je ne sais quoi. La pluie sur mon parapluie accompagne de sa musique monotone mes rêveries. Il est 20h et tu vas bientôt rentrer. Je vais suivre tes allées et venues au gré des lumières qui vont s’allumer d’une pièce à l’autre et je vais t’imaginer dans cet environnement qui fut aussi le mien pour un temps trop court.

Depuis notre séparation, je viens tous les soirs humer l’air dessous ta fenêtre. Hier, ta voisine du premier m’a regardé d’un air suspicieux alors qu’elle promenait son affreux clébard aux oreilles pendantes et à la démarche aussi lourde que sa maitresse. Elle s’est retournée plusieurs fois mais ne m’a pas reconnu, j’avais pris soin de me poster loin du réverbère et toi-même, tu ne me reconnaitrais pas depuis que je me suis rasé la tête. Changement de vie, changement de look, tu m’avais aimé la crinière fournie et bouclée, le style branché, décontracté et ouvert, et l’homme qui t’espionne ressemble à un loubard des mauvais quartiers, tout entier voué à un mal qui le ronge.J’ai blindé mon cœur et mon âme, j’ai fermé la porte de l’amour pour ouvrir celle de la haine, haine de celui qui t’a prise à moi, haine de toi qui a changé de chemin en m’abandonnant sur le bord.

J’entends des pas, rapides, précipités au loin, c’est l’heure, c’est ton heure, je recule sous la porte cochère de l’immeuble en face et je te vois arriver. Tu n’es pas seule ce soir, il te tient par l’épaule et tu te serres. Enlacés sous le parapluie, vous riez et chaque note est comme un coup de tonnerre en moi. Ta fenêtre s’allume, celle du salon, puis celle de la cuisine. Mon souffle est comme suspendu à ces lumières. J’attends et chaque minute me vide. Quand la lumière de ta chambre s’allume, un râle s’échappe de ma poitrine. Je ne sais plus quoi faire, te savoir dans ses bras me tue et cela fait mal. Oui, j’ai mal à en crever.

Pourquoi est-ce que je continue à t’aimer ?

28 avril 2008

Je suis seule, et vous ?

Imgp0061N’avez-vous jamais imaginé vous approcher d’une personne que vous ne connaissez pas et lui dire « Je suis seule, et vous ? » 

Moi, je n’ai jamais osé. Il y a des questions qu’on évite, par  peur des réponses…

Tiens,  mercredi, si je suis inspirée, j’écrirai une nouvelle dont le titre sera « Je suis seule, et vous ? »

PS : photo : Raphaelle

27 avril 2008

Entrée interdite

« Entrée interdite. Tout enfant qui rentrera, ne sera plus jamais le même. Attention danger ! »
Voilà ce qu’il vit sur la porte de la chambre de ses parents en rentrant de l’école à 17 heures. La maison était déserte, son père et sa mère ne devaient pas être là avant 17 heures 30. En partant, le matin même, cette affichette n’y était pas, il en était sûr.
Il colla  son oreille contre la paroi, mais  n’entendit rien. Il aurait pu ouvrir brutalement la porte et la refermer aussitôt, mais il hésitait, le texte était par trop dissuasif pour qu’il se lançât tête baissée dans l’aventure. Et si…
Il frappa pourtant à la porte, mais courut très vite se réfugier dans la salle de bain, le cœur battant, comme si ces simples coups  allaient provoquer l’irréparable. Non, il ne devait pas être lâche ! Il revint sur ses pas et c’est au moment où il plaça son œil contre le trou de la serrure qu’il crut entendre un son étouffé de l’autre côté, mais il n’en était pas sûr et, la peur au ventre, il repartit précipitamment dans sa chambre feignant d’ignorer ce presque signe.
Une fois ses devoirs achevés, il regarda l’heure, 19 heures, et ses parents n’étaient toujours pas là. C’était inhabituel, ils l’auraient prévenu s’ils avaient eu un contretemps. Il sortit de sa chambre, se posta un instant immobile devant le papier mystérieux, indécis, puis il descendit les escaliers en courant, alluma la télévision, et mangea un morceau de pain devant sa série préférée qui s’achevait à 19 h 45.
Les trois quarts d’heures qu’il avait passés devant la télévision s’étaient déroulés presque agréablement, bien qu’il eût l’impression qu’une petite mâchoire commençait  à lui ronger l’estomac, il eut d’ailleurs des difficultés à se lever de la banquette lorsque le téléphone sonna et  il lui fallut plaquer trois doigts sur son ventre afin d’éviter que la douleur ne l’oblige à se plier en deux. C’était Nina qui l’appelait, elle avait oublié de noter son travail en français. Malgré  l’angoisse, il remonta les escaliers et relut à nouveau le message sur la porte de la chambre de ses parents. Oui, c’était bien ça :

« Entrée interdite. Tout enfant qui rentrera, ne sera plus jamais le même. Attention danger ! ».
Il fallait pourtant qu’il sache, il ne pouvait plus imaginer ne pas ouvrir cette porte, il devait le faire, immédiatement, une question d’intégrité ou plutôt de survie. Il posa sa main sur la poignée, comme à regret, sentit la froideur du métal sur sa paume, imprima un léger mouvement et, désespéré par le retard de ses parents, poussa violemment la porte pour s’arrêter, atterré, devant le spectacle qui s’offrait à lui :  son père et sa mère allongés sur le lit,  main dans la main, sa mère dans une longue robe blanche et son père en complet sombre ; leurs deux corps figés, d’où toute vie semblait avoir disparu,  donnaient à la pièce l’allure d’une chambre mortuaire, et  rien ne pourrait  plus lui faire oublier qu’on l’avait dépossédé, à jamais, de lui-même. 

26 avril 2008

Anne Roumanoff nous dit tout !!!

Vidéo envoyée par INFOCOM-Net

Sarkozy, Madame Sarkozy-Bruni, Kouchner à « Amnésie International », le Tibet, le boycott des JO, le PS et sa guerre des chefs, le PSG et ses supporters décérébrés… Le texte de ce sketch est drôle… d’une drôlerie qui reflète notre destin tragique !

PS : Ségolène Royal - qui n’est pas particulièrement connue pour son humour - a dit hier soir sur France 2, au journal de 20 heures, quelque chose d’amusant : M. Sarkozy a, selon elle, une « feuille de déroute » !

25 avril 2008

Le chien du café

Je lisais tranquillement le journal quand soudain il s’est mis à aboyer, non pas un petit aboiement qui vous fait juste sursauter, mais un aboiement aigu qui vous fusille les tympans en un rien de temps. J’ai jeté un coup d’œil furieux du côté du chien – un minuscule roquet à poil ras – du côté de ses maîtres, sereins, et puis j’ai repris ma lecture, un brin exaspérée. Je n’avais pas encore fini mon article sur « le malaise des hôpitaux psychiatriques » qu’il y a eu un second aboiement, encore plus aigu, encore plus long, encore plus déchirant que le précédent et là, je ne sais pas ce qu’il m’a pris ; j’ai dénoué mon foulard d’un geste rageur, je me suis levée  et je me suis jetée sur le roquet à poil ras. La soie enserrait déjà son cou chaud quand j’ai senti des mains qui essayaient de m’éloigner de l’animal qui commençait à râler. Il me semble que j’ai hoqueté une série de «Ta gueule !» compulsifs, et puis j’ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillée, j’étais allongée sur l’une des banquettes du café avec un marteau piqueur qui défonçait mon crâne. J’ai voulu me lever, mais un homme au visage dur, assis non loin de moi, m’a fait signe de me rasseoir d’un geste autoritaire. C’est à ce moment que j’ai entendu la sirène des pompiers.
Maintenant je suis en route, pour où, je ne sais pas, personne n’a rien voulu me dire, et j’ai l’impression que ma tête va se décoller de mon corps…

24 avril 2008

Comment se fabriquer un nouveau souvenir pour en remplacer un vieux ?

Prenez un simple fait,
plantez un décor avec quelques objets et quelques  couleurs,
adjoignez-lui un ou deux personnages choisis avec soin,
associez à ce décor une odeur et une émotion,
remémorez-vous cette scène plusieurs fois par jour, dans des endroits différents,
endormez-vous en pensant à elle…
Le nouveau souvenir est prêt et remplacera avantageusement certains vieux souvenirs que vous préférez peut-être oublier…

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