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Presquevoix...
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30 mars 2013

Les questions

Le poseur de question avait encore frappé. Sur le tableau blanc de la salle 2, une question était inscrite au feutre noire :

                                                     Le passé est-il dépassé ?


Elle vit également, au-dessus du tableau, trois fleurs en plastique fané, identiques à celles que l’on peut trouver sur les tombes abandonnées. Elle se demanda si les fleurs apportaient une réponse à la question posée.
Soudain son visage se rembrunit, elle vit son présent tel qu'il était, un passé figé pour l'éternité. Elle en aurait fondu en larmes si les élèves n'avaient pas frappé à la porte.
Après son cours, avant de quitter la salle, elle écrivit cette citation de Flaubert qui s'imposa à elle avec une évidence fulgurante :

 

L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, c'est pour ça que le présent nous échappe.

 

PS : le prochain texte sera mis en ligne le mardi 2 avril. Bon week-end à tous.

 

29 mars 2013

Réfléchir

raph28La première fois qu’il l’avait vue dans cette position, il s’était étonné, la deuxième aussi, et la troisième, il s’était résolu à lui demander pourquoi.

Après avoir mis pied à terre, elle lui avait répondu : «  contorsion et réflexion vont de pair, n’oublie jamais ça ! »

 

 

PS : photo prêtée par R. B.

28 mars 2013

Le découpage

Hier, quand elle est sortie de cours elle n’en pouvait plus : les mêmes élèves avaient été odieux, une fois de plus. Elle se demandait ce qu’elle leur avait fait et pourquoi elle ? Sans doute ne le saurait-elle jamais. Quant à ses collègues, ils avaient tous le même discours : avec eux tout marchait toujours bien, l’élève X ou Y ne posait jamais de problèmes. Il n’y avait qu’avec elle !

Quand elle est arrivée devant sa voiture, elle a eu la surprise de voir que le carton qu’elle avait posé sur son parebrise – il faisait un froid glacial – avait été découpé et formait un bien étrange motif. Oui, il s'agissait bien d'un pénis géant.

D’un geste rageur elle a enlevé le carton et s’est dirigée à grands pas vers le lycée. Cette fois-ci, ça ne se passerait pas comme ça, elle irait voir le proviseur et lui parlerait de ces élèves qui lui pourrissaient son cours. Elle était sûre que c’était eux, aucun doute possible.

Quand elle a  brandi à bout de bras le carton dans le bureau du proviseur, celui-ci lui a dit d’un ton calme.

- Madame Durand, bonjour, que puis-je pour vous ?

- Vous ne voyez pas ? a-t-elle crié d’une voix suraiguë.

- Je vois que vous êtes en colère, lui a-t-il répondu.

- Et vous ne comprenez pas pourquoi ? a-t-elle fait en désignant le découpage.

Il considéra le carton d’un air calme et répondit.

- C’est à cause de ce dessin ? Eh bien, ma foi, on dirait qu’ils ont la fibre créative.

Elle le regarda accablée et finit par dire.

-  Quand ils mettront un carton avec écrit « Enculé ! » sur le parebrise de votre voiture, je ne leur donnerai pas tort !

Et elle tourna les talons.

27 mars 2013

L’attente

01082008093Elle l’avait patiemment attendu sur la jetée, comme il le lui avait demandé. Elle avait d'ailleurs tellement attendu, qu’elle en était presque devenue bleue, aussi bleue que l’océan qui s’étendait sous la ligne du ciel. Pour tuer le temps, elle avait suivi le quadrillage de l’ombre.

Puis il était arrivé, essoufflé, et il  l’avait prise dans ses bras pour la réchauffer.
- Tu m’en veux ? chuchota-t-il
- Non, mais j’ai eu peur.
- Peur de quoi ?

Elle ne répondit pas. Jamais elle ne lui avait dit qu'à chaque rendez-vous, elle avait toujours eu peur qu'il ne vienne pas...

PS : photo prise par C.V., à Porto

26 mars 2013

L'indécis

Le client hésitait et le patron semblait perdre patience.

- Alors, vous avez décidé ? Qu’est-ce que je vous sers ?

- Je sais vraiment pas ce que je pourrais prendre ; en fait, j’ai jamais soif !

Au bout de deux longues minutes, le client finit par demander un café. Quand il partit, le patron dit à la cantonade.

- C’est pas les clients exigeants, les plus difficiles. C’est ceux  qui savent pas ce qu’ils veulent.

25 mars 2013

Toutou et tutti quanti

Son chien refusait de sortir.  « Déprimé ! » avait été la sentence du vétérinaire.

- Déprimé ? Mais pourquoi ? avait-elle pleurniché.

- A votre avis, madame ?

Il lui avait demandé 50 euros pour la consultation et elle était repartie avec le chien en laisse, tête basse. Une fois rentrée, elle essaya de l’interroger mais le chien, têtu, refusa de  répondre.  Elle finit par éclater en sanglots en répétant : mais qu’est-ce que je t’ai fait ?

Le chien l'observait, le regard torve, puis il finit par dire : ça fait dix ans que tu m’emmerdes !

PS : titre trouvé par Patrick Cassagnes

24 mars 2013

La fiancée

noviaDans le spectacle, on lui avait demandé d’être la fiancée. Et elle avait accepté. Le rôle semblait facile, il lui suffisait de virevolter un bouquet à la main autour du personnage principal.

Seulement, à force de tourner autour de lui, elle en perdit la tête…

 

PS : photo prêtée par R. B.

23 mars 2013

Danse avec moi !

Danse avec moi, lui avait-il dit et il n’avait pas attendu sa réponse. Sa main avait saisi sa taille et ils avaient valsé dans la pièce éclairée par de grands lustres en cristal. Il ne la connaissait pas, elle non plus, mais ils s’étaient choisis. Ils avaient dansé une valse, deux valses, trois valses et ils ne s’étaient plus arrêtés  de peur de rompre le charme. Sa bouche effleurait sa chevelure brune alors qu’elle souriait comme elle n’avait jamais souri à personne et ils avaient disparu dans le jardin qui prolongeait la grande salle de bal. Jamais personne ne les avait revus…

On finit par dire qu'ils étaient morts. Seule Laure savait qu’il n’en était rien car, chaque soir, sa mère  entrait dans sa chambre vêtue de la  robe en mousseline bleue qu'elle portait le jour de sa disparition. Le rituel était toujours le même, elle embrassait sa fille endormie et elle lui murmurait : tu sais bien que je ne t'oublie pas, je suis juste partie au pays des amours heureuses...

PS : texte écrit après avoir écouté cette chanson « Danse avec moi », interprétée par Suzy Delair.

22 mars 2013

Massothérapeute

Elle s’était intitulée massothérapeute et soulageait les tensions musculaires. C’est tout au moins ce qu’elle avait indiqué sur la jolie plaque dorée qui trônait à droite de sa porte d’entrée. Ce qu’elle ne disait à personne, c’est que l’essentiel de ses revenus provenait du soulagement de tensions qui, elles, n’avaient rien de musculaires…

21 mars 2013

Le cerf

CERFElle le voyait toutes les nuits mais elle l’observait à distance. Elle le trouvait presque trop beau, avec ses yeux en amande, ses bois lisses et ses oreilles incrustées de diamants. Il apparaissait toujours lorsqu’elle marchait dans la forêt enchantée, celle où les fleurs se transformaient en papillons de toutes les couleurs.


Sans doute était-elle amoureuse, mais une femme peut-elle tomber amoureuse d’un cerf ? Certes, les personnages de rêves ont tous les droits, elle le savait, mais était-elle vraiment un personnage ? Et puis une nuit elle se risqua. Le cerf s’abreuvait près d’un lac et ses bois ruisselaient de lumière de lune. Elle l’aborda le plus simplement du monde et il lui répondit le plus simplement du monde…


Quand son réveil sonna à 6 heures tapantes, comme tous les jours travaillés, elle galopait encore, accrochée au cou du cerf dont les bois l’enserraient tendrement. Elle conçut un tel dépit en découvrant sa chambre aux murs nus qu’elle ferma les yeux et décida de ne plus les rouvrir…

PS : photo gentiment prêtée par Patricia du blog « un autre reg’art »

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