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Presquevoix...
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30 juin 2013

Duo

Nouveau Duo avec Caro-carito du blog « les heures de coton ». Pour stimuler notre imagination, cette fois-ci, notre point de départ a été le carnet de la mort, titre tiré d’un manga : the Death Note

Comme d’habitude, nos textes se croisent : son texte est sur presquevoix, le mien est sur son blog.

 

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The Death Note

 

VETCOS138-1Il n’y avait pas que le fait que les filles et les garçons aient le droit de coexister dans le très sélect collège de Tevingtan qui faisait qu’un vent de changement secouait les hauts murs du XVIIe.

C’est en tout cas ce que pensait Jonathan en observant la jeune Tabitha. Cette dernière tenait serré contre elle, un cahier épais, un peu usé où tranchaient en lettres délicatement ouvragées, ses nom et prénoms, sa classe, la couleur de sa promotion.

L’été avait rehaussé les haies de roses charnues et odorantes. Un groupe de collégiennes se dirigeait avec hâte vers l’aile B. La cloche allait sonner. Jonathan fit mine de les suivre. Sa compagne, après une minute d’hésitation, lui emboîta le pas.

La mixité nouvellement instaurée avait secoué les bigots de toutes sortes et rappelé à quel point les opinions de la haute société étaient recouvertes d’une épaisse et vieille couche de poussière et de préjugés. Les trimestres s’étaient pourtant déroulés de manière identique à ceux des années précédentes. Mêmes professeurs guindés, mêmes caquetages obséquieux des filles bien nées et, chez certains rejetons de bonne famille, cet esprit où pointaient déjà le vice et l’arrogance.

Tabitha était tout autre. Elle avait vécu plusieurs années au Japon et en Afrique, au gré de la carrière diplomatique de son père. Depuis peu, ce dernier était en poste à Londres et ses enfants avaient rejoint les bancs studieux de l’élite du pays. En apparence donc, rien ne différenciait Tabitha des autres. Elle portait son uniforme dans la conformité du règlement.

Toutefois sa façon de s’habiller la faisait ressemblait à une de ces délicieuses héroïnes de manga japonais. Elle était major de sa promotion sans plus d’efforts que le pire cancre de l’établissement. Elle ne bavardait jamais, mais son visage avait la faculté de faire poindre une raillerie, une critique sans qu’elle ait besoin d’ajouter un mot ou un geste. La moitié masculine de l’établissement la désirait, la moitié féminine désirait tout autant s’approcher d’elle. Elle était, malgré une provocation assumée, continue et impalpable, une figure populaire, copiée, adorée à l’infini.

« Tabitha, ce livre, c’est ton carnet de notes ? » Une main parfaite caressa la tranche usée. « C’est un Death Note. » Jonathan n’ajouta rien, il savait que la patience était  le seul chemin pour que la jeune fille lui révèle ce qu’elle avait en tête. Ils atteignirent le manoir juste à temps pour rejoindre leur cours de chimie.

Il la revit le soir, assise sur un banc, le carnet sur ses genoux. Il était ouvert sur les informations du cours de Mme Dreyfard, la ronde et acerbe professeure de sciences, celle-là même qui avait fait pleurer, ce jeudi, Fleur, une de leurs condisciples venue de Cornouailles. Cette dernière avait quitté le cours, le corps secoué de sanglots. Jonathan s’assit.

« Elle va mourir. Mme Dreyfard va mourir. »

« Pour Fleur, mais aussi Lucinda, la fillette qu’elle était chargée d’instruire chez les De Rozier et qu’on a retrouvée un matin dans le lac de montagne où la famille passait ses vacances. L’eau était si claire que l’on voyait l’enfant comme à travers un cercueil de cristal.» Jonathan ne dit rien, il se rappelait parfaitement le fait divers qui avait secoué la gentry quelques années auparavant. Surtout, il se souvenait du visage de la mère, encadré de ce casque de cheveux qui avait blanchi en une nuit, et qui avait peuplé les journaux du soir.

« Le Death Note va la tuer. » Tabitha se leva, Jonathan la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle disparaisse. En 2007, quand Lucinda avait trouvé la mort, Tabitha vivait au Cap.

Mme Dreyfard mourut effectivement une semaine plus tard. Des obsèques furent organisées en plein milieu de semaine et l’on pria les collégiens de vaquer à des activités périscolaires pendant toute la journée. Jonathan retrouva Tabitha à la même place. Il s’assit à ses côtés attendant que la jeune fille rompe le silence.

« J’ai compris très vite que c’était un Death Note. Te souviens-tu de Norah ? Elle persécutait une jeune servante qui s’est enfuie après ; Norah, j’ai vu dans ces pages-là sa date de naissance et sa date de mort, l’heure aussi et son visage. La fille qu’elle a chassée d’ici fait le tapin à Soho. Elle est morte bien sûr. »

« Il y en a eu d’autres depuis. » Elle se tut.

« Il y a eu Mme Dreyfard. » Elle leva les yeux, des yeux bleu vert étrangement clairs, transparents comme l’eau d’un lac d’altitude. Jonathan l’embrassa et sentit, dans ce long baiser, l’ivresse et l’amertume de ce qu’il devina être la mort.

Ils marchèrent côte à côte jusqu’aux vieux murs de Tavingtan. Il n’y avait pas que la mixité qui avait secoué la vieille bâtisse, les esprits et même lui. Il y avait cette étrange jeune fille dont il tenait la main et dont il était amoureux.

 

Caro Mennesson 29/06/13

 

PS : La photo a été empruntée sur ce site.

 

 

 

29 juin 2013

Maternité

21-08-10 (6)Elle était restée de longues minutes devant le tableau et il l’avait observée, de loin. Lui, les vierges à l’enfant lui donnaient le cafard, et dès qu’il en voyait une, il avait une furieuse envie de lui découper son auréole avec un cutter. Il essaya d’imaginer les sentiments qui animaient cette femme, en vain. Il finit par prendre une photo. L’histoire de celui qui regarde celle qui regarde qui elle-même regarde… ; les mises  en abyme le fascinaient toujours.  

Il allait partir quand il la vit fouiller dans son sac. Oh surprise, elle en exhuma un cutter. Non, elle n’allait tout de même pas… mais si, elle avait vraiment l’intention de…  et le gardien arriva juste à temps. Quant à lui, il prit une photo de ce corps à corps, puis il fila rapidement vers la sortie...

PS : photo prêtée par Patrick Cassagnes

28 juin 2013

Le vol

Elle avait volé 1000 euros dans la caisse de son employeur. L’ayant vu de ses yeux vus, celui-ci lui demanda des comptes. Pour tenter de se justifier, elle lui expliqua sa thèse des personnalités multiples – 8 en ce qui la concernait  – et elle lui précisa qu’il lui était absolument impossible de toutes les contrôler…

27 juin 2013

Déguisement

Il avait pris l’habitude de se déguiser en femme. Pour le « fun » s’était-il dit au départ. Seulement ce divertissement l’avait entraîné plus loin qu’il ne l’aurait voulu. Désormais, il ne lui suffisait plus de se transformer dans l’intimité de son appartement, il fallait qu’on le voie et qu’il brave le danger d’être reconnu…

26 juin 2013

Tolérance

Il se définissait comme un extrémiste de la tolérance ; par contre, ceux qui le côtoyaient, l’auraient plutôt défini  comme un extrémiste tout court. 

23 juin 2013

Le cheval et l’enfant

Pour le duo suivant, le collage de Patrick a inspiré mon  texte. Ces duos sont tous sur le blog jedouble.

       

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chevalEnfant, il avait eu un cheval. Non, pas un vrai cheval, un cheval imaginaire qui vivait dans sa chambre nuit et jour mais personne ne le savait. C’était leur secret. Dès le matin, le cheval  tendait sa tête vers l’oreiller, l’enfant lui caressait le chanfrein et l’animal manifestait sa joie par un hennissement sonore.


Les parents ne prêtaient que peu d’intérêt  aux histoires de l’enfant; ils n’avaient pas le temps, c’est tout au moins ce qu’ils disaient. Quand les gens demandaient des nouvelles de leur fils, le couple le décrivait comme rêveur et introverti. Le fils ne se plaignait pas de ses parents. Leur inattention lui permettait de vivre de grands voyages avec son compagnon. La nuit ils galopaient ensemble dans des contrées chimériques et le jour, l’enfant se contentait de  flatter l’encolure du cheval couché à ses côtés, près de son lit.


L’enfant avait voulu placarder sur les murs de sa chambre des posters de chevaux. Au départ les parents avaient refusé – il ne fallait pas salir les papiers - mais, lassés devant l’insistance de leur fils, ils avaient fini par accepter. Et l’enfant passait ses mercredis à contempler les chevaux des plaines de Mongolie, des parcs naturels du Wyoming et des prairies de Normandie où il jurait que son cheval avait été élevé. A l’école, il disait à qui voulait l’entendre que son cheval venait du haras du Pin, que c’était un pur-sang et qu’il s’appelait Roméo. Il ajoutait que lui seul pouvait le monter et que tout autre cavalier était mis à terre aussitôt qu’il essayait de se mettre en selle.


Chez Roméo, ce qui lui plaisait, c’était la douceur de son regard sous ses paupières dont les cils paressaient caresser la vie. Roméo avait  toutes les qualités : fier, courageux et rapide ; sans parler de son galop, à nul autre pareil.


Le jour où l’enfant enfourcha Roméo et lui demanda de passer par-dessus le balcon de sa chambre située au deuxième étage de la maison, Roméo ne put s’empêcher de l’en dissuader par des hennissements réprobateurs. L’enfant ne voulut rien entendre.


- Vas-y Roméo, vas-y, criait-t-il de plus en plus fort en enfonçant ses talons dans les flancs de l’animal.


Le cheval hésitait et se cabrait, mais l’enfant refusa de céder et l’animal dut obéir. Quand les parents entendirent les cris ils sortirent affolés de la maison. Leur fils gisait sur le sol. Son corps ressemblait à une marionnette abandonnée et un petit filet de sang s’échappait de sa bouche. Avant de partir pour son dernier voyage, l’enfant murmura comme pour lui-même « Vas-y Roméo ! », puis il ferma les yeux.

PS : petite pause. Prochain texte le mercredi 26 juin, à 7 heures. Bon début de semaine à vous...

22 juin 2013

Les massages

Il se massait souvent, surtout le visage et les mains, pour le plaisir d’ être en contact avec lui-même. L’habitude était telle que parfois, sans y prêter attention, il s’adonnait aux massages dans les lieux publics, à la grande surprise de ceux qui l’entouraient…

21 juin 2013

Les fées

L’homme sur son cheval noir avait fait irruption dans la clairière où elle se promenait. Il avait fait virevolter l’animal autour d’elle puis il lui avait demandé si elle voulait monter. Elle avait bien sûr refusé : pour qui se prenait-il ? Cependant, elle lui avait tout de même demandé de la part de qui il venait.
Il lui avait répondu simplement : « Les fées ».


-    Mais pourquoi ne sont-elles pas venues elles-mêmes ? Avait-elle rétorqué, méfiante.
-    En mai, les fées ont fort à faire, alors elles m’ont délégué.


Elle réfléchit un instant tout en l’observant. Sa peau brune donnait à ses yeux clairs une lueur qui venait d’ailleurs.


-    Alors ? Vous venez ? insista-t-il.
-    Mais pourquoi vous accompagnerais-je ?
-    A cause du conte que vous avez écrit et dont vous n’arrivez pas à trouver la fin.


Elle sourit intérieurement. C’est vrai que ce conte lui donnait du fil à retordre. Elle devait l’envoyer à son éditeur avant le 15 juin pour les illustrations, mais il restait dramatiquement inachevé.


La bête commençait à piaffer d’impatience malgré l’autorité du cavalier. Soudain celui-ci lui tendit la main. Elle la prit et elle se retrouva – elle ne se savait pas si souple - à califourchon derrière lui. Elle l’entendit alors dire au cheval.


-    Au galop Sultan, on rentre à la maison !


Et le cheval obéit immédiatement.


Si elle trouva la fin du conte, personne ne le sut, car elle ne répondit jamais à aucun mail ou aucun courrier de son éditeur…

PS : texte écrit dans le cadre des " impromptus littéraires "

20 juin 2013

Le chien

Quand j’ai vu la tête du chien – rébarbative à souhait -  je n’ai pu m’empêcher de remonter le fil de la laisse  afin de voir la tête du propriétaire. Et là, le choc : le maître et le chien se ressemblaient à s’y méprendre !


19 juin 2013

L’attente

PT202002Peut-on

 

        s’empêcher

 

                 d’attendre ?

 

 

 

PS : photo prise par C. V. à Lisbonne

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