les jambes
Tous les jours il restait en arrêt devant la boutique aux collants bariolés, pour le plaisir. Il ne faisait de mal à personne. Il aimait bien ces jambes qu’il s’imaginait saisir à bras le corps pour les emporter au pays de ses rêves.
Quand les flics l’ont interpellé devant la boutique ils lui ont dit, menaçants.
- Suis-nous salopard !
Forcément il n’a pas voulu, il ne faisait rien de mal, c’est interdit par la loi de regarder des jambes de mannequins ? Les flics ont alors sorti leurs menottes.
- Sale obsédé, tu mérites qu’une chose, la taule !
Lui n’a rien compris. En garde à vue il a juste répété qu’il n'y avait pas de mal à regarder des collants bariolés. Soudain l’un des deux flics - celui dont les yeux s’enfonçaient dans les siens - lui a balancé une torgnole en gueulant.
- Et les jambes qui étaient dans le sac en plastique, les jambes bariolées que tu as balancées dans le canal ? Tu t’en souviens bien putain de merde !
Là, il a baissé les yeux, qu’est-ce qu’il aurait pu dire ? De toutes façons ils ne l’auraient pas cru.