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Presquevoix...
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31 août 2015

Le mont Ventoux

On les a déposés en haut du mont Ventoux en taxi, avec leurs vélos ; ils n’ont pas eu envie de « crever » dans la montée. Sur la route où les lacets se déroulent comme autant de serpents, des non-professionnels, arqueboutés sur leur guidon, la sueur dégoulinant sur leur visage crispé, colorent le paysage de leur maillot rouges, bleus, verts ou jaunes ; elle se demande pourquoi les amateurs se donnent toujours des airs de professionnels.

Arrivés tout en haut, le taxi les lâchent avec leurs vélos au milieu d’une horde de cyclistes, sans doute partis à 6 h du matin, pour arriver au sommet à 10 heures. Ils descendent leurs vélos – gênés. Frais et dispos, ils admirent le paysage - sans la fierté de l’avoir conquis – puis ils abordent la descente en tentant de négocier au mieux les virages…

 

29 août 2015

Face à face

20150814_142314Elle observait la scène de loin et elle commençait à s’impatienter. Que lui disait-il ? Cela faisait dix minutes qu’ils étaient face à face. Lui était-il déjà arrivé, à elle, de mettre dix minutes pour prendre une photo ?

Elle s’imagina alors qu’il lui parlait. Mais que pouvait-il lui dire ? Les choses les plus folles lui traversèrent l’esprit. Non, pas ça, tout de même ! Mais pourquoi pas ? Il en était bien capable ! Mais à une statue ? Elle essayait de se raisonner mais maintenant elle en était sûre. Il faisait semblant de prendre la photo  tout en se faisant plaindre. Rien de telle qu’une femme muette pour développer le goût de la parole chez l’homme. Et le pire, c’est qu’elle semblait l’écouter. D’ailleurs ne hochait-elle pas la tête ?

Elle n’y tint plus et le héla du haut de l’escalier.

-          Alors, c’est pas bientôt fini ton manège ?

Il ne se hâta pas de répondre et, au bout d’un temps qu’elle jugea trop long il articula.

-          Tu n’es pas obligée de m’attendre. On se retrouve à la sortie.

La guerre était déclarée. Elle se détourna du couple, fit un tour du jardin à grands pas, n’admira pas les fleurs qu’elle aurait dû admirer, ne s’extasia pas sur le temple de l’amour, ne s’étonna pas de l’harmonie des couleurs.

La sortie fut atteinte en moins de cinq minutes. Elle pourrait ainsi lui dire qu’elle l’avait attendu une heure.

 

PS : photo prise à Gerberoy, dans l'Oise

27 août 2015

Le chien

Quand ce chien acquit la parole – un miracle unique semble-t-il -  après 10 ans de bons et loyaux services auprès d’une maîtresse atrabilaire, la première chose qu’il dit fut : Vite, un psychiatre !

24 août 2015

Le temple de l’amour

20150814_145128Soudain inspiré, il lui avait dit : et si on visitait le temple de l’amour, là-haut ?

Découragée, elle avait essayé de trouver plusieurs excuses  -  la chaleur, sa mauvaise circulation, le coût de l’entrée, eh oui l’amour est tarifé, l’heure qui tourne – mais rien n’y fit, il était déterminé.

Elle s’exécuta. Si elle ne dit rien lors de l’ascension, elle ne manqua pas de laisser paraître fatigue et aigreur, et l’excursion vers le temple de l’amour se termina en supplice.

 

PS : photo prise par mes bons soins à Gerberoy, dans l’Oise. 

 

23 août 2015

Les roses

C’était son anniversaire - pas moyen d’y couper cela revenait à date fixe -  et il fallait lui offrir quelque chose bien qu’il n’en ait pas la moindre envie. S’il n’offrait rien, ce ne seraient que regards en coin et mine patibulaire lors du cérémonial du repas. Il décida donc de lui offrir des roses, mais des roses spéciales, des roses qui ne dureraient qu’une journée et se faneraient aussitôt. Elles coutaient bien moins chères et avaient l’inestimable avantage de ne pas faire durer le plaisir que l’on avait à les regarder. Pourquoi lui ferait-il plaisir ? Lui avait-elle fait plaisir, elle, en le mettant au monde quarante-cinq ans plus tôt ?

Quand, le lendemain de son anniversaire, elle remarqua que les roses avaient flétri, elle ne mâcha pas ses mots.

-  J’en étais sûre. Quel radin. Ça m’étonnait aussi ces 6 roses blanches. Il ne perd rien pour attendre.

 

21 août 2015

Le prêtre

20150803_175900La joie n’avait jamais empli sa vie et depuis que le Diocèse avait placardé ces affiches sur les portes des églises, il se sentait en porte-à-faux. Qu’est-ce que les paroissiens allaient attendre de lui maintenant ? Qu’il fasse le guignol en chaire ? Qu’il leur raconte des anecdotes sur la vie du Christ ? Qu’il les accueille après la messe pour leur remonter le moral avec des histoires drôles à vertu thérapeutique ? Il en voulait au nouvel évêque qui, avec l’enthousiasme de ses 45 ans, venait bouleverser le ronronnement de sa paroisse. Il lui venait même des idées de meurtre, que Dieu lui pardonne !

 

PS : photo prise  lors de mon périple à vélo dans le Lubéron

 

19 août 2015

Les médicaments

Chez le pharmacien, la vieille dame avait présenté son ordonnance  et on lui avait empilé toutes les boîtes sur le comptoir. Eberluée, elle n’avait pu s’empêcher de dire.

-  Eh bien, faut avoir la santé pour prendre tous ces médicaments, hein ?

17 août 2015

Patricia

hortensiaChère Patricia,

J’ai choisi ce dessin de toi. Peut-être parce que d’une certaine façon, il te ressemble, non tel que tu es, mais tel que je t’ai perçue à travers nos commentaires sur nos blogs respectifs, nos échanges par mail et nos rencontres.

Soucieuse de l’autre, tu souhaitais le voir mettre en avant ses possibilités et non seulement tu le souhaitais mais, infatigable,  tu t’y employais corps et âme. Je me souviens, qu’amusée de cette énergie que tu déployais, je t’ai demandé pourquoi tu ne l’utilisais pas pour mettre en avant le travail qui était le tien. Tu as souri en me répondant que tu en étais bien incapable. Peut-être ne croyais-tu pas en toi ? Peut-être avais-tu peur des refus ? De l’échec ?  Tu as eu l’art et la manière de mettre l’autre en valeur avec  gentillesse. Et toujours ce souci de ne pas blesser, de ne voir que les choses positives autour de toi, au risque de fuir ce qui heurte sans y prêter – peut-être – l’attention que cela aurait mérité.

Si j’inventais un conte rien que pour toi, ce serait « la femme aux rêves ». Dans ce conte tu serais habillée de couleurs tendres, comme ton hortensia et, dans un vaste jardin que quelques nuages viendraient taquiner, tu peindrais une vie idéale, une vie aux couleurs de tes rêves. Et jamais tu ne te réveillerais, parce que je crois – mais il est possible que je me trompe comme chacun se trompe en côtoyant les êtres aimés -  que tu ne voulais voir la vie qu’avec les couleurs qui étaient les tiennes.

Comme tu appréciais Fernando Pessoa, voici une citation qui, je le pense, s’accorde bien avec ce désir de beauté et de bonté qui sont les tiens : « De rêver, personne ne se fatigue, parce que rêver c’est oublier, et oublier ne pèse pas ; c’est un sommeil sans rêves où nous sommes réveillés ».

Je te dis adieu Patricia et je laisse ici les références de ton blog où je choisissais – et choisirai encore, parfois - dessins et peintures pour écrire des textes.

 

 

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