Le peintre du dimanche
Il ne peignait jamais la vie comme elle était, mais aux couleurs de son humeur. Quand il était heureux, les couleurs célébraient la vie. Quand il était triste, la toile était plongée dans une obscurité désolée.
A part sur ses toiles, il n’exprimait jamais d’émotions. D’ailleurs, dans le service où il travaillait, on l’avait surnommé « le sphinx ». Il ne s’en offusquait pas.
Un jour, il arriva au bureau avec l’un de ses tableaux. Quand il enleva le papier qui l’enveloppait, sa collègue découvrit des jaunes, des rouges, des verts et des oranges qui éclaboussaient la toile.
- Dis-moi, c’est la révolution ! s’exclama-t-elle.
Il ne répondit rien.
- Bon, on la met où – demanda sa collègue - je suis sûre qu’elle va nous donner de l’énergie pour toute la journée.
Il désigna le mur en face du bureau de sa collègue et elle y plaça le tableau.
- Comme ça ?
- Oui.
- Et comment elle s’appelle ta toile ?
- Isabelle, dit-il en rougissant.
Isabelle comprit alors qu’il était amoureux d’elle.
PS : prochain texte jeudi.