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18 septembre 2015

L'islamiste radical

Avant de mourir, ce " fou de Dieu " avait eu un vœu : mourir à 13 heures.

- 13 heures, pourquoi ? lui avait demandé l'officier.

- Pour manger avec le prophète et les martyres, avait-il répondu.

L'officier avait hoché la tête, perplexe,  et il avait ordonné aux soldats de le tuer à 14 h.  Il ne serait pas à l’heure pour son repas avec le prophète, mais il arriverait juste à temps pour faire la vaisselle.

 

PS : brève largement inspirée des deux derniers paragraphes de cet article en anglais

 

 

22 septembre 2015

Narcisse

Elle ne savait que parler d’elle et toute tentative d’aborder un autre sujet était vouée à l’échec. Epuisé par ses ressassements perpétuels, son fils prit une sage décision qu’il mit en application la fois suivante.

Ce jour-là, alors qu’elle se gorgeait d'elle tout en buvant un verre de mousseux auquel elle avait donné l’appellation « champagne »,  il sortit un miroir de son sac à dos et le cala devant son visage. Sa mère s’étonna de cette « guignolade »

De derrière le miroir, son fils articula.

-          Narcisse, tu connais ?  

-          Oui, et alors ?

-          Alors voilà.

-          Voilà quoi ?

-          C’est toi !

Et il fit la douloureuse expérience d’une explication avec sa mère, la première, sans doute, depuis 40 ans…

 

31 août 2015

Le mont Ventoux

On les a déposés en haut du mont Ventoux en taxi, avec leurs vélos ; ils n’ont pas eu envie de « crever » dans la montée. Sur la route où les lacets se déroulent comme autant de serpents, des non-professionnels, arqueboutés sur leur guidon, la sueur dégoulinant sur leur visage crispé, colorent le paysage de leur maillot rouges, bleus, verts ou jaunes ; elle se demande pourquoi les amateurs se donnent toujours des airs de professionnels.

Arrivés tout en haut, le taxi les lâchent avec leurs vélos au milieu d’une horde de cyclistes, sans doute partis à 6 h du matin, pour arriver au sommet à 10 heures. Ils descendent leurs vélos – gênés. Frais et dispos, ils admirent le paysage - sans la fierté de l’avoir conquis – puis ils abordent la descente en tentant de négocier au mieux les virages…

 

4 octobre 2015

La langue de bois

Quand son patron  - un élu d’un parti en perte d'électeurs et d'idées  -  parlait, elle ne pouvait s’empêcher de penser à Franck Lepage*.

Elle se demandait parfois si,  avant chaque intervention dans les médias, il ne s’entraînait pas devant la glace  : six cartes tirées au sort, inlassablement, et des phrases qu’il enfilait comme des perles ternes sur le collier de ses idées creuses.

 

*Franck Lepage : la langue de bois décryptée avec humour !

 

 

2 septembre 2015

Le discours de rentrée

Un bourdonnement permanent couvre la voix du Proviseur, mais il est vrai qu’on connaît déjà la musique. Au programme, les résultats du bac, toujours meilleurs - forcément les évaluations sont de plus en plus bienveillantes -  l’accompagnement personnalisé - qui n’est personnalisé que de nom puisque les élèves sont à 30 par classe  – les consignes de rentrée du rectorat etc. L’ennui aidant, je me concentre sur les «  éléments de langage », c’est tout de même plus drôle.

Ce nouveau Proviseur, avec son faux air d'employé des postes à l'ancienne - costume bleu et ventre proéminent -   fait de son mieux pour mettre en application les mots clefs de la « novlangue ». Il « balaie le conducteur », avant d’« impacter » » et « d’élargir le périmètre » sur notre « mission d’éducateur », soudain surgit le « retour sur investissement », suivi des « cohortes d’élèves »  qui  me terrifient et m’évoquent les troupes d’invasion de Gengis Khan.

Au bout de 40 minutes, le  bourdonnement s’accentue et certains professeurs, distraits, auront raté – tant pis pour eux -  les plus belles envolées poétiques du discours, avec « les temps repérés de cette journée »,  " le retard que l'on avait peu à peu pris... pardon, le décalage temporel ". Emue, j’avais presque envie de me lever et d’applaudir.

Une année scolaire qui  s’annonce  plus mal que la précédente, mais ce n’est pas grave, l’essentiel c’est de participer, non ?

2 novembre 2014

La maladie

Depuis qu’on lui avait découvert cette maladie, tout le monde – pensant bien faire -  s’était empressé de lui donner des livres sur elle : comment vivre avec la maladie, que manger pour ralentir ses effets, quels exercices pratiquer pour la tenir à distance, quelles couleurs porter, quel rythme de vie etc.

Quant à elle, son seul désir était qu’on lui fiche la paix. Comment ne comprenaient-ils pas qu'elle voulait juste  mettre « cette chose » à distance  le plus longtemps possible parce que, dès le début des traitements, son long tête à tête avec la maladie débuterait et elle n’aurait plus qu’une seule et unique solution : l’apprivoiser.

 

27 avril 2016

Performances

La vie de Grégoire était conçue sur le mode de la rivalité et de la compétition. Chaque « performance » donnait lieu à une exhibition des résultats obtenus avec force détails. J’en donne pour preuve le jour où Grégoire nous a montré ses « parfaites » analyses de sang, celui où il a énuméré ses performances sexuelles, celui où il a repassé un concours externe de la fonction publique car il n’avait eu que le concours interne, celui où il nous a annoncé que ses tests de QI – les dixièmes au moins – avaient été réussis avec succès, etc.

Grégoire fatiguait ses proches et ses collègues. Il était le masque vivant d’une société qui se regarde le nombril avant sa mort annoncée. Quant à sa femme, lorsqu’ elle a quitté le domicile conjugal, elle lui a juste dit :

« Tes performances me font chier, je pars avec un looser. »

21 janvier 2009

Coups de langue ( gballand )

Si vous aimez lire et écrire, je vous conseille l’achat de ce livre « coups de langue » de Michel Volkovitch, parce qu’il y a des coups de langue qui en  valent largement d’autres…

Cet amoureux de la lecture et de l’écriture a l’art de vous ouvrir les yeux avec intelligence et drôlerie. Vous croyiez bien voir mais vous vérifierez que vous viviez encore dans l’obscurité. Comme j’aime faire du vélo, je ne résiste pas à la tentation de vous citer ce passage à l’association savoureuse :  « On est blasé bien sûr, mais le présent de narration, tout de même, quelle invention ! Il est au lecteur ce que la position dite en danseuse est au cycliste – une détente (changer de mouvement repose), en même temps qu’une accélération. »

Achetez également le Verbier, du même auteur, lui aussi publié aux éditions Maurice Nadeau, un outil indispensable à « l’usage des écrivants et des lisants ».

Le site de M. Volkovitch : www.volkovitch.com

31 janvier 2009

Critique imaginaire du roman que je n’écrirai pas (gballand)

Ce livre fait partie de ces romans qu’on feuillette aux hasards des rayons d’une librairie - son titre y est pour beaucoup - et qu’on achète faute de mieux. Un de ces romans qu’on ne peut lire  jusqu’au bout, à moins d’un séjour prolongé dans une  station balnéaire de la côte Normande, quand la pluie et le vent vous condamnent aux quatre murs de votre chambre d’hôtel.

L’auteur se croit drôle sans l’être vraiment, tant son humour s’essouffle.  Elle semble se complaire à déstructurer son récit mais ce qu’elle nous montre finalement, ce n’est que son inexpérience à maîtriser l’art du roman. L’auteur, et elle me le pardonnera certainement, aurait pu tout aussi bien faire une nouvelle de ce roman et, la concision aidant, sans doute aurait-elle  donné à son récit un souffle que le roman ne trouve à aucun moment.

7 février 2009

Les excuses (texte de gballand)

La semaine dernière, il avait  partagé une chambre d’hôtel avec un collègue de bureau et il n’avait pu s’empêcher, comme à son habitude, de s’excuser des dizaines de fois :  au coucher, au lever, en fermant les volets, en les ouvrant, en allant aux toilettes, en en sortant… Il avait aussi éprouvé le besoin de se justifier minutieusement sur la gestion de la penderie, le tic tac du réveil, ses ronflements, la lumière… Les excuses le dévoraient

Le lendemain matin, au petit déjeuner, il s’était naturellement dirigé vers la table où son  collègue était installé avec l’une des secrétaires de l’entreprise, mais il remarqua que tous deux riaient en le regardant  : n’étaient-ils pas entrain de se moquer de lui ?

Il préféra s’asseoir à une table, seul, près de la porte, et leur tourner le dos. Et au cas où ils lui demanderaient pourquoi il ne s’était pas assis à leur table, il avait déjà une excuse toute prête : il préférait manger en tête à tête avec lui-même le matin.

18 mars 2009

A L’attention des « petits » qui se croient grands… (gballand)

Quand je serai grand, je penserai toujours à être petit*, disait-il quand il était petit… et puis il a grandi, sans nostalgie. Il est devenu grand, très grand, on disait même parfois de lui que c’était un grand homme et il a eu la vanité d’y croire… Il s’est tellement piqué au jeu qu'il n'a plus jamais pensé à être petit. Puis un jour il est mort, comme tout le monde, et il n’en est pas revenu !

* « Sur le plus haut trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul » disait Montaigne

4 avril 2009

Comment disparaître ? (gballand)

Vous en avez assez de votre vie qui dévide inexorablement son écheveau de chagrins et d’amertumes ? Vous voulez fuir votre mari –  votre femme ? -  et vos enfants qui, jour après jour, vous tendent le miroir d’une vie insipide ? Vous voulez en finir avec vous mais vous ne voulez pas vous suicider ?
Ne désespérez pas. Une solution existe : disparaître  !
Consultez Frank Ahearn
, qui fera l’impossible pour que vous disparaissiez proprement, sans laisser de traces…
Mais au fait… suffit-il de disparaître pour être un(e) autre ?

23 mai 2009

Souvenir... (gballand)

En regardant la  bande annonce du film Mary Poppins, j’avoue ressentir  le même émerveillement qu’enfant : j’adorais Mary Poppins. Dans la cour de l’école, les jours de grand vent, nous ouvrions nos parapluies pour essayer de nous envoler, en vain.
J’ai attendu des années que Mary Poppins vienne me sauver du mortel ennui de mes dimanches d’enfant unique et je me demande même si je n’ai pas attendu  qu’elle me sauve de ma mère… mais ça, c’est un secret que j’ai découvert bien plus tard…

29 mai 2009

Vous avez dit, parents ?

Voir le monde à l’envers, parfois, ça fait rire ! Quelques bonnes trouvailles, dans ce sketch de Bruno Salomone. Les enfants « fayots », ça peut tuer des parents, surtout quand ils sont trop « laxatifs »…
De plus en plus souvent, si j’en juge par notre lycée de  banlieue, on voit des parents très « laxatifs » qui soutiennent l’insoutenable… certains parents vont même jusqu’à remettre en cause la parole du Conseiller d’éducation quand celui-ci leur annonce que leur enfant n’était pas en cours de telle heure à telle heure ! C’est vrai, quoi, le « pauvre chéri », il fait l’effort de se lever le matin et on ose dire que ce n’est pas pour assister au cours ? M’enfin quoi !!! Et puis, comme m’a dit récemment une mère au téléphone « si ma fille s’absente souvent, c’est qu’elle a de bonnes raisons. » (véridique) Evidemment, j’aurais dû y penser, quelle imbécile je fais, encore une déformation professionnelle. Il faut absolument que je me « déconditionne »…

5 juin 2009

Dis, c’est quoi un livre ? (gballand)

Un modèle de dérision, cette vidéo, allez vite la voir…
On pourrait en faire un poème à la Prévert, en pastichant « Pour faire le portrait d’un oiseau »…

Pour faire le portrait d'un livre

Peindre d'abord un livre
avec une couverture
peindre ensuite
des pages blanches
des pages simples
des pages de prose
des pages de mots
pour le livre
placer ensuite le livre sur une table
un bureau
un lit
ou sur une chaise
se placer ensuite devant lui
L’ouvrir
sans trembler...
Parfois le livre parle
mais il peut aussi mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
le lire
Le lire s'il le faut pendant des années.

21 juin 2009

Youkali (gballand)

« Youkali*, c’est le pays de nos désirs,
Youkali, c’est le bonheur, c’est le plaisir,
Mais c’est un rêve, une folie
»...

Ces paroles, combien de fois ne les avaient-elles pas fredonnées avec  lui  Puis un jour, il n’y eut plus ni rêve, ni désir. Il n’y eut plus ni mot, ni regard. Il n’y eut  plus un geste ; le tango de leur couple se figea ; il n’y eut plus de Youkali.
Quand elle partit, au petit matin, elle lui laissa juste ce billet sur la table de nuit.
« Quand le ciel aura noyé la barque de mon âme, je me jetterai dans l’abîme, pourquoi devrais-je attendre le crépuscule ? »
Jamais il ne la revit.

* Musique de Kurt Weill, nostalgique à souhait, entendue il y a quatre ans - les paroles sont de Roger Fernay - et  gardée en mémoire depuis... eh oui, il n’y a pas de Youkali.

31 août 2009

On peut mourir partout (gballand)

« Décédée sur ses WC depuis trois ans » Ce titre du journal Libération du 29 août est pour le moins surprenant. Auriez-vous  imaginé faire mourir l’un de vos « personnages » de cette façon ?
Je ne conçois pas destin plus tragique que celui de terminer momifiée sur la lunette des WC. On ne dira jamais assez que la solitude tue plus que le virus de la grippe A.

9 septembre 2009

Le divorce (gballand)

Ce samedi-là, à 20 h précisément, il sortit de chez lui en bleu de travail et entra dans son garage d’un pas décidé. Il réapparut en brandissant une tronçonneuse dans sa  main  droite et en criant à plusieurs reprises « Elle va voir ce qu’elle va voir ! Elle va voir ce qu’elle va voir !… » accompagnés de rires hystériques. Puis, il disparut aussi sec à l’intérieur de sa maison. Quand la police interrogea le voisin, celui-ci raconta que la tronçonneuse s’était mise en marche dès 20 h 15 pour ne plus s’arrêter qu’à  minuit, d’où le coup de téléphone et la plainte.
En se rendant sur les lieux, la police avait retrouvé l’homme au bleu de travail assis dans sa salle à manger, en sueur, à côté de sa tronçonneuse. La pièce était sens sus dessous, avec des rivières de sciure sur le carrelage blanc. Le canapé, la table de la salle à manger, les six chaises et le buffet avaient  été coupés en deux parts égales. Les policiers n’avaient jamais vu ça.
Quand il demandèrent à l’homme la raison de son  acharnement  celui-ci répondit simplement :
- Elle voulait un partage des biens, la salope, elle l’a eu !

* inspiré très librement d’un fait divers lu dans  Libération ( 26/08/09)

5 novembre 2009

Se gondoler en tête de gondole avec VGE et sa princesse (gballand)

Il y a quinze jours, je suis allée à la FNAC pour feuilleter le livre de Valery Giscard d'Estaing « La princesse et le président » dont j’avais lu quelques succulents extraits dans le Canard Enchaîné. Après 20 minutes d’effeuillage, j’ai relevé quelques citations qui m’ont conforté dans l’idée que M. Giscard D'Estaing, de l’Académie Française, écrit bien ses livres seul, sans l’aide d’un « nègre » !
Son style est certes banal mais il atteint des « sommets » lorsqu’il s’essaie  à écrire et décrire l’amour. On sent que notre ancien Président de la République est plus à l’aise pour parler de protocoles que d’émotions…
Voici quelques citations prises ici et là qui m’ont souvent fait sourire, voire rire, seule, assise entre deux rayons :
« Mes mains la caressent et l’appuient contre moi.  Elle se laisse faire, et même je la sens s’assouplir à cet enlacement. » ou  « Et à l’instant ce sont mes lèvres qui s’appuient sur les siennes, qui les aspirent et qui les ouvrent. » Quelques pages plus loin « Après plusieurs minutes, presque à bout de souffle, nous nous sommes détachés l’un de l’autre. » De la plume d’académicien pure et dure… On se rend vite compte que pour le narrateur, l’amour semble  plus tenir du parcours du combattant avec treillis et mitraillettes que de la sensualité et de l’émotion.
Dans la catégorie « clichés », j’ai choisi cette phrase à la comparaison ébouriffante : « Sous l’apparence de ces minces échanges, je ressens comme le bouillonnement d’un torrent soudain incandescent… »
Puis, le meilleur pour la fin, ce morceau d’anthologie qui méritera certainement de figurer dans le futur Lagarde Michard du 21è siècle  « C’est plus  une caresse qu’un baiser, car mes lèvres doivent être desséchées, fendillées et exhaler des senteurs pharmaceutiques. » Serait-ce de l’humour ? Quelle  mouche l’a donc piqué ?
Arrivée au tiers du livre, j’ai remis le précieux roman dans les rayons et je suis partie. Je me suis dit que le narrateur – l’auteur ? - devait être un homme bien ennuyeux qui ne méritait certes pas qu’on passât la journée – la soirée ? - avec lui…

27 novembre 2009

Allô ! Névroses ? (gballand)

Saviez-vous que l’on peut consulter des psy en ligne au tarif de deux euros la minutes ? Sur ce site vous avez même droit à la photo des psy ; c’est important de pouvoir choisir la tête qui écoute notre tête, non ?
Je crois que je vais  en parler  à mes personnages ; j’ai l’impression que souvent, ils vont mal…

24 janvier 2010

Comment chanter juste ?

Il avait toujours chanté faux, d’ailleurs combien de notes avait-il au juste à l’arc de sa voix ? Ne reproduisait-il pas toujours le même son du début à la fin d’une chanson ? C’était sa plus grande souffrance, son drame. Le jour où il  rencontra Cécile, dans un cours de théâtre amateur, et où elle lui demanda de chanter avec lui une malheureuse petite ritournelle que le premier imbécile venu aurait pu chanter, il inventa une excuse stupide et partit à toutes jambes ; pourtant Cécile lui plaisait comme aucune femme ne lui avait jamais plu. Une demi-heure plus tard, quand il revint, elle était déjà avec un autre type de l’atelier théâtre, souriante, ses cheveux n’étaient plus attachés mais dénoués, et ils chantaient en duo. Les regards qu’ils échangeaient, il n’était pas prêt de les oublier…
Un mois plus tard il abandonnait le théâtre et s’inscrivait dans un cours de chant.

PS : texte écrit à partir de la chanson « desafinado » de Tom Jobim. Un « desafinado » est un homme qui chante faux. Une bossa qui a le charme du désespoir…

21 mai 2010

Landru et la voisine

Hier, la voisine l’a entrepris dès qu’il est sorti de chez lui. Il a bien fait semblant de ne pas la voir mais elle, l’avait vu. Comme à son habitude elle a ressorti sa litanie de griefs contre la société d’aujourd’hui. Et plus elle parlait, plus elle s’exaltait ; jusqu’au moment où elle lui a dit :
- Avant, au moins, les gens étaient polis !
Agacé, il lui a répondu :
- Et Landru ? Il était poli, Landru ?
Elle s’est immobilisée un instant puis a rétorqué en bougonnant :
- Landru c’était un cas particulier.

9 avril 2010

Et si le pape mourait ?

Il y a quelques jours, je faisais remarquer à mon mari que le pape avait l’air fatigué ; la preuve il a trébuché plusieurs fois sur la moquette rouge de sa grande salle de spectacle. Mon mari m’a répondu  :
- Quand il mourra, faudra qu’ils pensent à en prendre un de 25 ans, et un noir, ça nous changera. Je suis sûr que Jésus sera content.
Son idée m’a paru réjouissante. Et puis il a ajouté :
- Et quand je dis Jésus, je pense pas à l’empaillé de service qu’ils appellent Jésus, je pense à l’autre, celui qu’on a oublié depuis des siècles et des siècles...
Je me demande si parfois le pape pense à Jésus. Peut-être que quand il somnole sur son saint siège il y pense,  peut-être pas, mais le saura-t-on jamais ?

PS : regardez, ici,  le sketche très drôle des Deschiens sur la "papauté"

28 juin 2010

Les deux manuscrits

Il avait écrit un roman et l’avait envoyé à 30 éditeurs. Un seul lui avait laissé un petit espoir tout en lui  conseillant de  revoir son manuscrit de fond en comble. Cette nouvelle le terrassa : comment pouvait-on entièrement retravailler la chair de sa chair ? Il enferma jalousement son « oeuvre » dans un tiroir. Elle y sommeilla  deux ans. Quand il  relut le manuscrit, sa déception fut telle qu’il le détruisit immédiatement.
Un an plus tard, il écrivit un deuxième roman qui  plut à un petit éditeur normand prêt à passer contrat avec lui. Un mois avant la publication, l’éditeur faisait faillite.  Sa déception fut à la hauteur de son désir de reconnaissance.
Depuis cet échec, il n’écrivait plus, il  attendait un signe du destin...

PS : fragment écrit suite à une conversation tenue vendredi dernier dans le train Caen-Rouen.

30 juin 2010

Peinture

- Tu connais Gasiorowski ?
- Non, pourquoi ?
Il ne lui répondit pas et il l’abandonna à la terrasse du café. Jamais elle ne le revit. Après son départ elle s’était mise à la peinture, elle avait étudié l’oeuvre de Gasiorowski de long en large, elle avait même peint à la manière de Gasiorowski  mais elle n’avait trouvé aucune réponse. Dix ans avaient passé et elle ne savait toujours pas pourquoi  il l’avait quittée parce qu’elle ne connaissait pas Gasiorowski.

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