Les vœux du président
Les six cartes étaient étalées devant lui, toutes aussi moches les unes que les autres, et son carnet d’adresses étaient ouvert. S’il n’y avait eu que lui, jamais il n’aurait écrit de cartes de vœux, mais il y avait les convenances. Six cartes, six enveloppes, toutes prêtes à être envoyées. Il ne restait plus qu’à écrire le même texte six fois de suite. Après une demi-heure de travail acharné, règle et stylo en main, il ferma les enveloppes et alla se chercher une récompense dans le frigo. Il revint dans la salle à manger avec un pack de bières. Six canettes de Kronenbourg qu’il plaça devant lui sur la table : une bière par carte, il le méritait bien ! Après la troisième canette, il alluma la télé : c’étaient les vœux du président. Dès qu’il vit le bouffon désarticulé il grogna, puis quand il entendit sa voix, il éructa :
- Va te faire foutre ! Travailler plus pour gagner plus, mon cul, t’es bien le seul à en avoir profité ! Allez, casse-toi !
Mais le président ne l’écoutait pas, il continuait à enfiler ses clichés comme des perles sur un rosaire alors que lui avalait ses bières. Il en était à sa cinquième bière quand il entendit le président annoncer solennellement :
- Je veux vous adresser mes voeux, mes voeux de bonheur les plus sincères pour cette année 2011…
C’en était trop. Malgré son état d’ébriété avancée, il appuya sur off et quand l’écran fut noir il ânonna :
- T’es mort connard, t’es mort et compte pas sur moi pour te ressusciter !