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Presquevoix...

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2 mai 2010

La petite boîte à suicides

Vous n’avez jamais eu de petite boîte à suicides ? Vous voudriez savoir comment ça marche ? C'est ici.
Le texte est de gballand et l'illustration de Patrick Cassagnes.

1 mai 2010

La truie

Elle lui en faisait voir de toute les couleurs. Non seulement elle creusait derrière ses clôtures mais elle le narguait de son oeil torve. 9 mois que son petit jeu durait, 9 mois de négociations avec le propriétaire qui ne voulait rien entendre :
- Si je l’ enferme elle va déprimer, avait-il eu le culot de lui dire.
Il avait été très clair :
- Soit tu l’enfermes, soit elle terminera en jambons plus tôt que prévu !
Un mois plus tard, quand il la visa à la carabine de la fenêtre de sa chambre à coucher d’où il l’observait chaque jour, il n’eut aucun regret. Le POUM le fit même hurler de rire.

PS : écrit à partir du résumé d’un fait divers lu sur le site de Paris Normandie

30 avril 2010

L’ange

Hier, je rentrais tranquillement chez moi en voiture quand j’ai vu un ange qui faisait du stop. J’ai freiné pour le prendre, forcément, la curiosité.  Seulement, le poids lourd qui me suivait d’un peu trop près, lui, n’a pas pu freiner.
L’ange m’a remercié de ma gentillesse, mais avais-je vraiment envie de l’accompagner au paradis ?

29 avril 2010

l’argent

On avait sonné à la porte et, confiante, elle alla ouvrir.  Pourquoi aurait-elle dû se méfier ?  Elle habitait dans un quartier pavillonnaire calme, ses voisins étaient attentifs et venaient la voir tous les deux jours, sa fille lui téléphonait deux fois par semaine et son fils passait une fois par mois. Non, rien n’aurait pu la dissuader d’aller ouvrir et d’ailleurs, c’était l’heure du facteur. La sonnette retentit à nouveau, il faut dire qu’elle ne se déplaçait pas vite, ses varices la faisaient toujours autant souffrir malgré les bas de contention conseillés par le médecin. Elle prit la clef accrochée au clou, elle l’enfonça dans la serrure et la tourna avec difficulté, son arthrose ne s’arrangeait pas.
A peine la porte fut-elle entrouverte qu’un type la bouscula et la projeta au sol. Elle n’eut pas le temps de crier ; un bâillon lui fut posé sur les lèvres et elle fut ligotée en un tournemain. Elle tremblait de tous ses membres. S’il lui avait enlevé son bâillon, elle lui aurait dit qu’il n’y avait rien chez elle, ni argent, ni bijoux, ni argenterie, rien que des vieilleries qui n’avaient que la valeur des années qu’elles avaient passées avec elle. Si seulement elle avait pu lui expliquer. Elle entendait des portes s’ouvrir et se refermer avec un bruit infernal. Au bout d’un temps qui lui parut très long, il s’approcha d’elle et lui cria en lui enlevant son bâillon :
- Alors la vieille, il est où ton fric ?
Elle ne voulait pas le contrarier, et puis elle en avait assez de l’entendre violer sa maison, alors elle lui dit.
- La soupière dans le buffet, c’est tout ce que j’ai. Prenez-le et partez, je vous en supplie, dit-elle d’une voix tremblante. Je ne parlerai pas.
Le type la regarda en ricanant, il lui remit le bâillon, puis il partit chercher l’argent. Quand il revint il conclut :
- T’as pas menti. C’est bien, je pourrais te donner une médaille mais j’en ai pas !  Maintenant je vais te mettre dans les chiottes et t’enfermer à clef ; ça te coupera l’envie de prévenir les flics.
Puis il ajouta, la voix soudain mielleuse  :
- T’as de la chance, aujourd’hui je suis gentil !
Elle essaya de retenir ses larmes mais non, impossible, elles roulaient le long de ses joues et elle ne pouvait pas les essuyer. Avant de l’enfermer dans les toilettes, il compta, goguenard, ses maigres économies – 200 euros -  puis ils ferma la porte à clefs en lui souhaitant un bon séjour. Elle entendit le claquement de la porte de l’extérieur, puis plus rien.
Elle resta 24 heures dans les toilettes. Quand on la délivra, elle était au bord de l’épuisement.

28 avril 2010

Les lettres d’excuse

J’ai un collègue qui collectionne les lettres d’excuse. A chaque fois qu’un élève fait un écart de conduite, il lui demande de faire une lettre d’excuse, et en espagnol, puisqu’il enseigne l’espagnol. Il paraît que ces lettres sont souvent drôles. Google et Reverso – les traducteurs officiels de tout élève qui se respecte -  ont des façons très “originales” de mettre en valeur la langue espagnole, ou quelque langue que ce soit.
Essayez et vous serez surpris…

27 avril 2010

Le père

Quand son père proposa de venir le chercher, Damien s’en étonna mais il accepta. Il  lui conseilla malgré tout de ne pas s’arrêter devant le lycée mais un peu plus loin, ridicule oblige. Son père acquiesça en précisant :
- Laisse ton portable allumé, au cas où.
Le lendemain Damien attendit son père 30 minutes, il devait l’avoir oublié ou il avait eu un rendez-vous de dernière minute. Sa mère ne disait-elle pas  de lui :
- Ton père a tellement de travail qu’il en oublie qu’il a une famille.
Soudain le portable de Damien sonna : c’était  son père. Il vociféra comme il savait si bien le faire :
- Enfin merde, qu’est-ce que tu fous Damien ? Ça fait un quart d’heure que je suis devant ton collège !
Damien répondit juste :
- Mais papa, le collège c’était l’année dernière, maintenant je suis au lycée !
Il entendit juste le bruit du portable que l’on éteignait et puis plus rien

26 avril 2010

La mouette

P4091094- Moi, je l’envie cette mouette !
Paul se demandait bien comment son frère pouvait envier cet oiseau gueulard. Il se contenta de lui dire :
- Ça ne m’étonne pas, on n’a jamais eu les mêmes goûts.
Seul le cri de la mouette lui répondit. Un peu plus tard, alors qu’ils marchaient le long de la falaise, son frère ajouta :
- Tu as raison, les goûts et les couleurs… Tiens, tu vois ta femme par exemple, il n’y a pas très longtemps je me faisais la réflexion suivante :  qu’est-ce qu’il peut bien lui trouver !
Paul serra les poings. Il fallait toujours qu’il lui balance quelque chose de blessant.

PS : photo de C.V. prise à Etretat en avril 2010

25 avril 2010

L'étrange étranger

On est toujours l'étranger de quelqu'un...

"Il ne venait de nulle part, il était arrivé seul, sa valise à la main..." Pour lire la suite, c'est ici.

Le texte est de gballand et l’illustration, de Patrick Cassagnes


24 avril 2010

La déjection canine

Depuis trois jours, il y avait cette crotte de chien devant sa porte de garage. Dans un premier temps elle décida de scotcher  sur la porte un carton qui disait :

Merci au propriétaire du chien de ramasser la crotte qui lui appartient

Elle attendit une semaine, en vain. Elle finit par la ramasser elle-même et elle remplaça le premier carton par un autre, où elle écrivit en lettres énormes :

Le trottoir n’est pas un merdodrome !!!

23 avril 2010

Le bonheur ?

Elle détestait le métro à 9 heures : ses mines grises, ses extraterrestres aux oreilles connectées, ses odeurs, les regards qui n’en étaient pas, le bruit des roues. Alors, pour oublier, elle lisait.
Ce matin-là, elle essayait de se concentrer sur un article du Monde intitulé « Apprivoiser ses démons pour vivre sereinement », mais elle eut la sensation désagréable que le type derrière elle lisait par-dessus son épaule. Il commençait à l’agacer. Elle tenta de relire une phrase :  « Le thérapeute conseille entre autre de repérer ses ruminations récurrentes… », mais c’en était trop, il n’avait vraiment aucune éducation, il lui volait le plaisir de sa lecture. Elle ferma son journal
Aussitôt, derrière elle, on cria énervé :
- Non, attends !
Elle se retourna prête à assassiner le malotru mais il prévint l’attaque :
- Heu excuse-moi !  C’est juste qu’en ce moment, j’ai besoin d’apprivoiser mes démons.
Elle le regarda stupidement puis répondit d’une voix brusque :
- Je vous le donne cet article si vous voulez.
- Merci, c’est gentil. Mais si vous n’avez pas fini…
Elle se radoucit un peu pour ajouter :
- Je n’ai plus de démons,  alors si vous  avez besoin de soigner les vôtres gardez-le !
Il répondit juste :
- Si vous croyez que ça me sera plus utile à moi qu’à vous…
Elle lui fourra le journal dans les mains et descendit à Réaumur Sébastopol. Ce qu’elle ne vit pas, c’est que lui aussi descendit. Il la suivit à bonne distance. Il avait le temps, rien à faire de particulier ce jour-là, à part son passage obligé au Pôle Emploi. Arrivé à la surface, il respira profondément, le métro l’avait toujours oppressé. Il la vit qui marchait déjà d’un bon pas sur le boulevard. Elle tourna à droite, à gauche, puis encore à droite et s’arrêta devant un sex shop. Elle entra. Il resta à la porte.
Vingt bonnes minutes se passèrent mais elle ne ressortait toujours pas. Sans doute travaillait-elle là, pourtant elle n’en avait pas le style. Il poussa la porte et fut un peu surpris par les gadgets, même si la vitrine était éloquente. Une voix l’accueillit :
- Besoin d’apprivoiser ses démons ?
Il se tourna vers elle et répondit sans se démonter :
- J’ai fini votre journal devant le sex shop, merci, je tenais à vous le rapporter en main propre.
Elle se sentit bêtement obligée de justifier sa présence dans la boutique :
- Le sex shop ce n’est pas vraiment une vocation. J’ai un master en lettres modernes ; si je travaille ici c’est parce que je n’ai pas trouvé autre chose.
- Il vaut mieux un emploi que pas d’emploi du tout, fit-il simplement en jetant un regard sur les godemichés qu’il jugea démesurés.
Elle l’observa un instant ; grand, hirsute, le cheveux mi-long, il avait la tête d’un vieil étudiant.
- Vous voulez un café ?
Il ne se fit pas prier. Une fois assis dans l’arrière boutique il lui demanda :
- Vous avez reçu une formation spéciale pour travailler ici ?
- Bien sûr, dit-elle en plaisantant - vous voulez que je vous montre mon savoir-faire ?
Il ne sut que répondre et rougit légèrement. Il repartit en fin d’après-midi alors que les ombres menaçaient d’engloutir Paris. Trop tard pour le Pôle emploi. Le bonheur est devenu une valeur essentielle de notre société, disait l’article du Monde… Et si ce jour-là, il l’avait effleuré, le bonheur ?

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