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Presquevoix...

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25 avril 2010

L'étrange étranger

On est toujours l'étranger de quelqu'un...

"Il ne venait de nulle part, il était arrivé seul, sa valise à la main..." Pour lire la suite, c'est ici.

Le texte est de gballand et l’illustration, de Patrick Cassagnes


24 avril 2010

La déjection canine

Depuis trois jours, il y avait cette crotte de chien devant sa porte de garage. Dans un premier temps elle décida de scotcher  sur la porte un carton qui disait :

Merci au propriétaire du chien de ramasser la crotte qui lui appartient

Elle attendit une semaine, en vain. Elle finit par la ramasser elle-même et elle remplaça le premier carton par un autre, où elle écrivit en lettres énormes :

Le trottoir n’est pas un merdodrome !!!

23 avril 2010

Le bonheur ?

Elle détestait le métro à 9 heures : ses mines grises, ses extraterrestres aux oreilles connectées, ses odeurs, les regards qui n’en étaient pas, le bruit des roues. Alors, pour oublier, elle lisait.
Ce matin-là, elle essayait de se concentrer sur un article du Monde intitulé « Apprivoiser ses démons pour vivre sereinement », mais elle eut la sensation désagréable que le type derrière elle lisait par-dessus son épaule. Il commençait à l’agacer. Elle tenta de relire une phrase :  « Le thérapeute conseille entre autre de repérer ses ruminations récurrentes… », mais c’en était trop, il n’avait vraiment aucune éducation, il lui volait le plaisir de sa lecture. Elle ferma son journal
Aussitôt, derrière elle, on cria énervé :
- Non, attends !
Elle se retourna prête à assassiner le malotru mais il prévint l’attaque :
- Heu excuse-moi !  C’est juste qu’en ce moment, j’ai besoin d’apprivoiser mes démons.
Elle le regarda stupidement puis répondit d’une voix brusque :
- Je vous le donne cet article si vous voulez.
- Merci, c’est gentil. Mais si vous n’avez pas fini…
Elle se radoucit un peu pour ajouter :
- Je n’ai plus de démons,  alors si vous  avez besoin de soigner les vôtres gardez-le !
Il répondit juste :
- Si vous croyez que ça me sera plus utile à moi qu’à vous…
Elle lui fourra le journal dans les mains et descendit à Réaumur Sébastopol. Ce qu’elle ne vit pas, c’est que lui aussi descendit. Il la suivit à bonne distance. Il avait le temps, rien à faire de particulier ce jour-là, à part son passage obligé au Pôle Emploi. Arrivé à la surface, il respira profondément, le métro l’avait toujours oppressé. Il la vit qui marchait déjà d’un bon pas sur le boulevard. Elle tourna à droite, à gauche, puis encore à droite et s’arrêta devant un sex shop. Elle entra. Il resta à la porte.
Vingt bonnes minutes se passèrent mais elle ne ressortait toujours pas. Sans doute travaillait-elle là, pourtant elle n’en avait pas le style. Il poussa la porte et fut un peu surpris par les gadgets, même si la vitrine était éloquente. Une voix l’accueillit :
- Besoin d’apprivoiser ses démons ?
Il se tourna vers elle et répondit sans se démonter :
- J’ai fini votre journal devant le sex shop, merci, je tenais à vous le rapporter en main propre.
Elle se sentit bêtement obligée de justifier sa présence dans la boutique :
- Le sex shop ce n’est pas vraiment une vocation. J’ai un master en lettres modernes ; si je travaille ici c’est parce que je n’ai pas trouvé autre chose.
- Il vaut mieux un emploi que pas d’emploi du tout, fit-il simplement en jetant un regard sur les godemichés qu’il jugea démesurés.
Elle l’observa un instant ; grand, hirsute, le cheveux mi-long, il avait la tête d’un vieil étudiant.
- Vous voulez un café ?
Il ne se fit pas prier. Une fois assis dans l’arrière boutique il lui demanda :
- Vous avez reçu une formation spéciale pour travailler ici ?
- Bien sûr, dit-elle en plaisantant - vous voulez que je vous montre mon savoir-faire ?
Il ne sut que répondre et rougit légèrement. Il repartit en fin d’après-midi alors que les ombres menaçaient d’engloutir Paris. Trop tard pour le Pôle emploi. Le bonheur est devenu une valeur essentielle de notre société, disait l’article du Monde… Et si ce jour-là, il l’avait effleuré, le bonheur ?

22 avril 2010

Prospection

Maintenant, quand on l’appelait au téléphone pour lui proposer des assurances, des réductions d’impôts, un téléphone portable, de la porcelaine ou des cuisines intégrées, après le traditionnel :
- Allô, je suis bien chez Madame Durand ?
Elle répondait d’une voix neutre :
- Non, Madame Durand est morte ! Ce qui provoquait immanquablement un  “ Excusez-moi ! ”.
Elle finirait bien par avoir la paix, un jour.

21 avril 2010

Le curé

25 ans de messes, 800 enterrements, 250 baptêmes, 600 mariages, il n’en pouvait plus. L’église tombait en ruines, les fidèles se raréfiaient et les messes ne ressemblaient plus à rien. Lui-même avait perdu le goût des sermons, des évangiles et  de l’eucharistie ; d'ailleurs il passait plus de temps au café que dans la sacrisitie. Le jour où on le retrouva à moitié nu, titubant sur la route nationale, le calice dans une main et le crucifix dans l’autre, personne ne songea à le blâmer.  Qui aurait pu le remplacer ?
Il ne reprit le service que quinze jours plus tard, mais il ne lui fallut qu’une semaine pour reprendre le chemin du café : là bas, les fidèles étaient plus nombreux.

20 avril 2010

Admiration

Hier j’ai entendu mon mari dire émerveillé :
- Qu’est-ce qu’on fait comme choses extraordinaires de nos jours !
- Tu parles de quoi ? Lui ai-je fait étonnée
- Pas de toi ! m’a-t-il répondu d'un ton sec.
Depuis je me pose des questions…

19 avril 2010

Le chef de service

Quand elle l’avait vu pour la première fois, elle avait tout de suite flairé qu’il était caractériel - 25 années de pratique des chefs -  mais elle avait quand même accepté le poste. Au bout du deuxième jour, elle regrettait déjà d’avoir signé un contrat de six mois.
Le premier matin où le chef de service traversa son bureau pour aller dans le sien, il ne lui dit même pas bonjour. C’est à l’heure du café qu’il se souvint d’elle : « Un café sans sucre », lui cria-t-il de son bureau. Elle alla de mauvaise grâce à la machine à café. Quand elle revint, le café à la main, il grogna quelque chose qu’elle supposa être « Merci » et  lui cria de fermer la porte. Le deuxième et le troisième jour, le rituel ne changea pas, elle accusa le coup.
Le quatrième jour, quand  il traversa  son bureau, elle ne put s’empêcher de lui dire qu’un bonjour faisait toujours plaisir. Il lui répondit crûment  « Moi, les risettes, ça m’emmerde ! ». Elle ne répondit rien.
Mais le cinquième jour, quand il lui demanda à nouveau, d’une voix impérieuse son café sans sucre, elle cria « Moi, aller chercher des cafés ça m’emmerde ! », elle n’avait rien à perdre. Seul le silence lui répondit.
Il ne se manifesta qu’à midi pile, comme les autres jours, et s’approcha d’elle menaçant. Il aboya. :
- C’est ma femme qui vous envoie  ?
- Votre femme, balbutia-t-elle, mais… mais non, pourquoi ? Je ne la connais pas !
- Parce que ma femme est une emmerdeuse, comme vous, hurla-t-il.
- Mais… j’ai juste dit…
- Parce que si vous vous êtes mis d’accord toutes les deux pour avoir ma peau, ça va marcher, et elle l’aura sa pension de reversion, elle l’aura !
Le visage de son chef de service devenait cramoisi et elle eut presque peur. Elle bredouilla néanmoins.
- Mais… Mais monsieur, je ne connais même  pas votre femme…
- Vous ne la connaissez pas ! Vous vous foutez de moi ? C’est déjà ce que me disait l’autre et elle n’a pas fait long feu.
Puis il sortit en claquant la porte. A peine remise de ses émotions, elle entendit un bruit sourd et un appel au secours qui semblait venir de la cage d’escalier. Elle crut même discerner la voix de son chef de service.
Elle  continua pourtant  à taper calmement  son rapport, comme si de rien n’était.

18 avril 2010

La métamorphose

Quand un homme se métamorphose en aigle, on peut s’attendre à tout. Pour lire ce petit conte, c’est ici
Le texte est de  gballand et l’illustration  de Patrick Cassagnes


17 avril 2010

Les jeunes

Hier mon mari m’a dit :
- Quand je vois les jeunes, je suis content d’être vieux  !
Je me demande s’il n’aurait pas des envies de meurtres. Peut-être qu’il devrait consulter, il est prof.

PS : je trouve cette pub  excellente et tellement "juste", sous certains aspects.

16 avril 2010

La lettre

P4091068Elle attendait depuis des mois une lettre qui ne venait pas. Fatiguée d’attendre, elle finit par se l’écrire elle-même. Sa lettre arriva trois jours plus tard. Elle décacheta l’enveloppe fébrilement - comme si elle en avait oublié la provenance - mais au fur et à mesure qu’elle lisait la lettre, son visage s’empourprait :

«  Chère mademoiselle,

Tous les jours je passe sans vous voir et vous m’en voulez, je le sens. Mais franchement : pourquoi voudriez-vous qu’on s’intéresse à vous ? Souriez-vous ? Adressez-vous un mot aimable aux autres ? Qu'est-ce qui vous préoccupe, à part vous-même ?

J’imagine que vous êtes surprise – fâchée ? - de lire ma lettre et non cette merveilleuse lettre où vous vous déclariez votre amour. Désolé de vous avoir joué ce vilain tour.
Vous verrez, un jour vous me remercierez…"

PS : texte écrit à partir de cette photo prise par C. V. à Etretat au mois d’avril 2010

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