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Presquevoix...

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22 février 2010

Les capsules nasales

Il s’était acheté, sur internet, des capsules nasales anti-pollution. Quand il les avait mises la première fois il avait demandé à sa femme :
- Tu ne remarques rien ?
- Non, avait-elle dit distraite.
Et puis en le regardant mieux, elle avait observé que son nez avait pris une forme légèrement renflée qui lui donnait presque un aspect effrayant.
- Mais qu’est-ce qu’il a ton nez ?
- J’ai mis mes capsules nasales.
- C’est quoi ce nouveau truc ? S’inquiéta-t-elle.
- C’est pour me protéger de la poussière. C’est peut-être ça la solution miracle.
Il ne lui en dit pas plus et elle préféra ne pas entrer dans les détails. Elle n’avait aucune envie d’entendre la scène de « l’homme en sursis » qu’il  lui faisait en boucle depuis 25 ans !
- D’ailleurs je vais les garder cette nuit, ajouta-t-il.
- Pour dormir ?
- Oui, pourquoi pas ?
Elle se contenta de sourire en pensant qu’il avait atteint un degré supplémentaire dans sa « folie préventive ». Tout devenait une menace pour lui. Bientôt, il faudrait le mettre sous cloche.

21 février 2010

L’engrenage

Sur le blog « jedouble », un  photomontage de Patrick Cassagnes illustré par un texte de gballand.

« Non, même enfant il n’avait jamais aimé personne. Il aurait bien voulu mais impossible… » Pour lire la suite, c’est ici.

20 février 2010

Chemin

trap_zeÊtes-vous

une glaneuse de rêves

Sur le chemin du désir ?

PS : photo de R.B.

19 février 2010

La sortie de l’école

C’était la première fois qu’il allait chercher son fils à l’école. D’habitude, c’était elle, et la séparation n’arrangeait pas les choses. Neuf mois plus tôt, il était parti du domicile conjugal en emportant le strict nécessaire : sa trousse de toilettes. Progressivement, il avait pu reprendre une valise de vêtements, quelques livres et des CD, mais le transfert s’était interrompu quand  elle avait su que ses nuits n’étaient plus solitaires ; son fils de 5 ans avait parlé de « la dame ».
Devant la porte de l’école, les mères pépiaient en attendant leur progéniture et il avait préféré se donner une contenance en lisant le journal. N’était-il pas le seul homme ? Soudain la porte s’ouvrit : c’était l’heure des « mamans ».
Il aperçut son fils non loin de la maîtresse. Ce fut d’ailleurs le premier qui fut poussée vers la porte de sortie. La maîtresse lui demanda « Et ta maman ? » L’enfant regarda vers son père mais ne dit rien, alors il fit un pas vers la maîtresse et se présenta :
- Je suis le père de Benjamin !
La maîtresse regarda l’enfant et lui dit :
- C’est bien ton papa ?
Benjamin fixa son père et répondit à la maîtresse d’une voix claire :
- Non, je le connais pas. Jamais vu, et il lui tourna le dos.
Il sentit le regard de la maîtresse et celui des autres mères peser sur lui comme un couvercle. N’écoutant que sa détresse, il battit en retraite ; sans l’enfant.

18 février 2010

L’aveugle

Elle était assise au cinquième rang et attendait que le spectacle commence. Les musiciens arrivèrent ; puis les choristes,  tout de noir vêtus, se placèrent sur trois rangées. Soudain, sa voisine lui dit :

- Franchement, des lunettes pareilles pour chanter dans un chœur !
- Heu, je crois qu’il est aveugle, lui répondit-elle.
- Ben le pauvre, enchaîna sa voisine, il a pas de chance : non seulement il est aveugle mais en plus il a une sale gueule, enfin au moins il  se voit pas !

Elle fit comme si de rien n'était et consulta son programme...

17 février 2010

La porte du Moi

Quand le psychiatre est passé à l’atelier d’art-thérapie, il a regardé la photo que j’avais choisie et il m’a dit :
- Alors ?
Et je lui ai répondu :
- Alors voilà, c’est Moi.
- Intéressant, a-t-il rétorqué en se frottant le menton.
Il  m’a souhaité bon courage pour la suite et il a continué son tour d’atelier. Le psychiatre ne s’embarrasse jamais de mots. Je me demande s’il ne file pas un mauvais coton, seulement maintenant  je m’en fous, je ne suis plus Dieu. Il faut dire que j’ai été Dieu pendant trente ans, c’est long trente ans. Maintenant j’essaie d’être Moi. C’est pour ça que j’ai choisi cette porte rouillée avec le barbelé. Le barbelé c’est pour me protéger des intrusions.
Quand j’étais Dieu, ce qui me fatiguait c’est que j’étais toujours au-dessus de tout le monde, je n’avais pas un moment pour penser à moi. A l’hôpital, on m’avait bien dit qu’un jour je me fatiguerais d’être Dieu et que je devrais trouver quelque chose de moins stressant pour ma retraite. Ils avaient raison. Maintenant j’ai décidé d’être Moi. C’est aussi mal rémunéré qu’être Dieu – j’ai 660 euros par mois -  mais j’ai du temps pour Moi. Il faudra que je demande au psychiatre si ça fait mal d’être soi.
En tout cas, avec les barbelés, il y a moins de risque de se faire marcher sur les pieds. Parce que de vous à Moi,   passer de Dieu à soi, c’est pas gagné.

PS : texte écrit dans le cadre des impromptus littéraires.

16 février 2010

Parler ou écrire ?

« Écrire, c'est une façon de parler sans être interrompu. » disait Jules Renard. Jolie formule où je me reconnais. Dans le tourbillon de l’instant, rien ne me vient jamais à l’esprit ; je suis fade, insipide, ma conversation est d’une morosité à faire peur. Les réfutations de mes vis à vis me laissent sans voix, ou pire, me rendent agressives, parce que je leur en veux de m'obliger à me confronter à mon manque de réparti.
Par contre, face à l’espoir de la page blanche, loin de la peur du jugement de l’autre, les mots déroulent peu à peu leurs propositions,  leurs phrases, et j’ai  l’impression consolante de pouvoir penser...

15 février 2010

La retraite

P1010209C’est là que je m’étais retirée. Une folie, mais parfois il faut vivre loin du monde pour en être plus proche. Je dormais sur l’eau et rêvais sur l’eau. J’avais fermé la porte de la tourelle à clef et je n’avais plus aucun contact avec personne, si ce n’est par lettre ;  je refusais de parler, je n’allais pas encore me laisser emprisonner par l’immédiateté du langage.
Mon mari s’était mis à la cuisine et il me laissait mon plateau repas devant la porte deux fois par jour.
Cette vie a duré un an, un an de tranquillité, un an de longue respiration, un an de bonheur. Et puis on m’a forcée à sortir et quand je suis revenue dans leur vie, deux choses m’ont surprise : moi et mon mari.  Moi, parce que j’avais vieilli de dix ans en un an, lui parce qu’il était mort alors que je l’avais quitté vivant la veille…

PS : texte écrit à partir de cette photo prise par C.V.  à Bruges.

14 février 2010

Cinq ans… ou l’anniversaire

Sur le blog « jedouble », un texte de gballand illustré par un photomontage de Patrick Cassagnes

Il y a des anniversaires qu’on ne peut pas oublier. Pour en savoir plus, c’est ici !

13 février 2010

L’ourlet

Hier j’ai accompagné mon mari dans une boutique de vêtements ; il voulait s’acheter deux pantalons et mon avis précieux lui était indispensable. Une fois dans la cabine d’essayage, il m’a dit de monter la garde. Le texte  sur la « cabine d’essayage » que je lui ai fait lire la semaine dernière a dû déclencher chez lui une mini-phobie. Pour lui faire plaisir j’ai  aboyé et je suis restée près du rideau consciencieusement tiré.
Comme le pantalon convenait,  la vendeuse a été appelée pour l’ourlet. Elle a demandé à mon mari de s’installer devant la glace et, à genoux devant lui, elle a commencé l’opération épingles. A un moment, elle  a posé cette question, pour le moins ambiguë :
- Il est bien monté ?
Mon mari l’a regardée l’air interrogateur, pendant que je pouffais dans mon coin.
J’espère qu’ « il » était bien monté sinon il en sera quitte pour revenir faire l’essayage.

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