La retraite
C’est là que je m’étais retirée. Une folie, mais parfois il faut vivre loin du monde pour en être plus proche. Je dormais sur l’eau et rêvais sur l’eau. J’avais fermé la porte de la tourelle à clef et je n’avais plus aucun contact avec personne, si ce n’est par lettre ; je refusais de parler, je n’allais pas encore me laisser emprisonner par l’immédiateté du langage.
Mon mari s’était mis à la cuisine et il me laissait mon plateau repas devant la porte deux fois par jour.
Cette vie a duré un an, un an de tranquillité, un an de longue respiration, un an de bonheur. Et puis on m’a forcée à sortir et quand je suis revenue dans leur vie, deux choses m’ont surprise : moi et mon mari. Moi, parce que j’avais vieilli de dix ans en un an, lui parce qu’il était mort alors que je l’avais quitté vivant la veille…
PS : texte écrit à partir de cette photo prise par C.V. à Bruges.