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Presquevoix...

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4 mars 2010

La retraite fiction…

On nous  serine à longueur de temps qu’il faut sauver les retraites ! On me taxera sans doute de cynique, mais je suis sûre qu’un jour ou l’autre, les hommes politiques mettront en place des mesures effroyables, justement pour sauver les retraites…
J’imagine qu’on nous culpabilisera, à coup de slogans répétés dans les médias, et chacun sait que les slogans ont un effet redoutable ! On nous suggèrera sans doute de pratiquer une « euthanasie assistée » à partir de la vingtième année de notre retraite - ou avant  -, le tout pour le bien de la société, cela va sans dire.

On pourra même -  pourquoi pas ? - organiser à la télévision des « loteries de la mort », je suis sûre que l’audience sera à son maximum. Je sais vous frémissez et vous me détestez déjà pour ce que j’énonce. Mais regardez bien les jeux télévisés et vous constaterez qu’on pourrait fort bien aller jusque là. Je disais donc qu’on organisera des « loteries de la mort » en direct, avec des gens tirés au sort parmi ceux qui ont déjà bien profité de leur retraite – 20 ans par exemple ? - ; mais on pourra aussi faire appel au volontariat. Les volontaires "bénéficieront", par exemple, d' un enterrement aux frais de l’Etat et d'une concession à vie dans un joli petit cimetière…
De la science fiction de mauvais goût me direz-vous ? Peut-être, mais vu les déficits de la CNAV et le nombre croissant de retraités par rapport au nombre de cotisants, ne peut-on pas imaginer que ces scénarios diaboliques seront un jour  réalité ?
A moins, à moins… que l’on ne fasse circuler un petit virus de rien du tout qui anéantira, en priorité, les personnes âgées ? Je fais confiance à la science et à l’utilisation qui en est faite par les hommes qui nous gouvernent…

3 mars 2010

Les deux coiffeurs

Ma voisine – qui a l’âge respectable de 82 ans – m’a dit hier, au téléphone, de sa voix rocailleuse :
- Tiens, il est gentil mon coiffeur, bien mieux que celui de la Préfecture. Celui-là, il me tirait les cheveux avec sa fourchette que ça me faisait mal ; et puis il coiffait comme un pied !
Je ne lui ai pas demandé ce que c’était que cette « fourchette » dont elle me parlait, par prudence, sinon je serai restée cinq minutes de plus au téléphone. Je ne lui ai pas dit non plus que je n’avais pas vraiment remarqué de différence entre la façon de coiffer du premier et du deuxième coiffeur :  toujours la même mise en plis « appliquée » permettant de répartir adroitement ses rares cheveux sur le crâne…

2 mars 2010

Dimanche au café Majestic

P7250026Comme tous les dimanches après-midi, elle était allée au café Majestic, c’était leur jour. Se souvenir de lui suffisait à son bonheur. Elle s’était installée non loin du comptoir – une habitude -  pour entendre les conversations des garçons. Elle pensait que ce dimanche-là serait identique aux autres, un dimanche de solitude et de plénitude. Comme chaque dimanche le garçon vint la voir pour passer commande, ils échangèrent deux ou trois phrases convenues, mais une fois qu’il eut déposé le thé et le « galão » sur la table – le « galão » était la boisson préférée de son mari - quelque chose se produisit, quelque chose qui changea ses habitudes dominicales.
Elle les vit entrer dans le café Majestic, elle d’abord – grande, entre deux âges, la silhouette gracile - et lui ensuite, plus jeune, plus épanoui - la quitter lui avait fait du bien, c’était manifeste. Ils s’assirent à une table non loin d’elle mais ne la virent pas. Ils attendaient de passer commande – peut-être un thé et un galão ? - en bavardant et en se souriant comme s’ils s’agissaient de leur première rencontre et qu’ils en goûtaient les merveilleux instants volés.
Quand il la vit, il s’excusa auprès de sa compagne et vint la voir :
- Bonjour Ana, dit-il simplement, j’ai quitté Londres pour revenir vivre à Porto.
Elle lui sourit sans dire un mot.
-  Tu attends quelqu’un peut-être ? continua-t-il en voyant les deux consommations sur sa table.
-  Toi, justement.

Il la regarda, surpris, mais n’ajouta rien. Ce fut elle qui conclut :
- Oui, tu peux partir. On t’attend ailleurs, je sais.
Elle n’oublia jamais ce regard dans ses yeux : de la pitié, il avait pitié d’elle.
Elle ne revint jamais plus au café Majestic.

PS : texte écrit à partir de cette photo de C.V prise à Porto en 2008, dans un but didactique.
N’oubliez pas de faire le «
virtual tour » du café Majestic de Porto, cela vous donnera envie d’y prendre un verre en fin d’après midi…

1 mars 2010

Miroir

Hier, j’ai surpris mon mari en arrêt devant le miroir placé dans l’entrée ; il lui murmurait, comme à un ami :
- Miroir, surtout ne réfléchis pas trop !
Depuis cet épisode,  je réfléchis beaucoup…

28 février 2010

Le passé

Sur le blog « jedouble », un texte de gballand illustré par un photomontage de Patrick Cassagnes

« Il avait lu cette annonce dans Libération :  Je prévois le passé 7 jours sur 7 … » Pour lire la suite, c’est ici

27 février 2010

La vieille dame

Elle ponctuait toujours ses phrases par un désabusé : « Ah elle est belle la France ! ».
Il fallait se rendre à l’évidence, la France allait mal et elle irait de plus en plus mal. Tous ces  vols, ces crimes, ces viols, elle ne les avait pas inventés, non ? Et tous ces fainéants qui ne voulaient plus travailler mais juste toucher des allocations chômage, ils existaient bien, non ? Et quand sa voisine de droite essayait de lui prouver par A + B que c’était pareil avant, elle lui répondait systématiquement :
- Qu’est-ce que vous en savez, vous ? Vous n’étiez même pas née ! Ça lui clouait le bec, elle n’avait jamais aimé les donneuses de leçons.
Rien ne trouvait grâce à ses yeux, pas même les vieux ! La maison de retraite ? Jamais ! Hurlait-elle quand sa fille lui en touchait deux mots, juste pour l’habituer. Il n’était pas venu le jour où elle supporterait des grabataires bavant dans leur fauteuil roulant en attendant qu’on les pousse dans leur chambre. Jamais, plutôt mourir.
Elle vivait seule. Son mari n’avait pas renouvelé son bail terrestre après sa dernière hémorragie cérébrale ; mais à vrai dire, il ne lui manquait pas, sauf quand elle se cherchait un bouc émissaire. Son mari avait été un merveilleux bouc émissaire. C’est peut-être pour ça qu’elle l’avait épousé…
Quant aux autres, elle n’en avait pas besoin. Elle avait suffisamment à faire avec elle. « Mieux vaut être seule que mal accompagnée ! », se plaisait-elle à répéter à qui voulait la convaincre de voir du monde. Un jour, elle répondit même à sa voisine de droite, qui d’ailleurs cessa toute visite à partir de ce jour-là :
- Les autres je m’en fous, il y a  que moi qui m’intéresse.

* texte écrit dans le cadre de l’atelier des « impromptus littéraires »

26 février 2010

La liste

Avant qu’elle ne parte chez sa mère, il lui avait dit :
- Je peux te faire une liste de tout ce qu’elle va dire. D’ailleurs, tiens, je te  fais la liste et tu cocheras au fur et à mesure.
Elle n’avait pas pris la liste, mais quand elle l’avait consultée au retour, elle avait constaté que tout y était rigoureusement passé, du début jusqu’à la fin.

25 février 2010

Pétition pour le rétablissement du cidre

Il y a trois ans, l'intendante a décidé  de supprimer le cidre à la cantine du lycée. Révoltée par cette décision prise sans consultation préalable du personnel du lycée, je me suis lancée dans la rédaction d'une pétition qui a reccueilli de nombreuses signatures... sans pour autant faire fléchir l'intendante qui a maintenu le cap. Nous avons maintenant de l'eau pétillante !

PETITION POUR LE RETABLISSEMENT DU CIDRE A LA CANTINE

A la rentrée scolaire nous, professeurs “demi-pensionnaires”, avons constaté que les bouteilles de cidre avaient disparu des tables de la cantine et que nous étions désormais condamnés, après notre dure demi-journée de labeur, aux déprimantes carafes d’eau en inox !
Comment apprécier la cuisine du chef et de son équipe avec un breuvage aussi neutre que l’eau du robinet ? N’est-ce pas un acte barbare ?

Face à cette mesure arbitraire, nous nous sommes aussitôt mis en quête des raisons qui avaient pu la motiver. Pour ce faire, nous avons pris la décision d’organiser, le week-end dernier,  un Séminaire de réflexion  – « Le cidre et ses dommages collatéraux » - qui nous a permis d’arriver aux conclusions suivantes :

· Soit il s’agit d’une volonté de lutter contre l’alcoolisme, louable, certes, mais combien de bouteilles de cidre à 3 degrés faut-il boire pour que notre état de veille et de réflexion soit altéré ?
· Soit il s’agit d’un plan d’austérité - justifié, lui, puisque M. Fillon a annoncé récemment en Corse que l’Etat français était « en faillite » - dont l’impact sur le budget de l’Etat sera on ne peut plus infime, d’après les savants calculs que nous avons pu faire.

Désormais, vous pouvez donc mesurer, comme nous, l’inefficacité de votre politique de suppression du cidre sur la santé et l’économie de la France ! C’est pourquoi, les professeurs « demi-pensionnaires » ont décidé de vous demander, par le biais de cette pétition, le rétablissement de ce pur breuvage normand qui réjouit nos gosiers et enchante nos repas ! Mais, s’il vous paraît à ce point dangereux pour notre santé et pour l’efficacité de nos méthodes pédagogiques, que nous continuions à boire un ou deux verres de cidre au repas de midi, nous sommes prêts à faire une concession et à remplacer le cidre par un autre produit qui fait honneur à notre région : le jus de pomme !!!

24 février 2010

Le chien

Il avait grandi trop vite.  Ce n'était plus cette  boule de poils qui les avaient séduits. En cinq mois, l'animal avait fini par avoir tous les défauts du monde.
Au début, lui et sa femme avaient  bien essayé " Couché ! Assis ! Debout ! La patte ! Pas sauter ! ", et puis ils en avaient eu marre, le chien était trop bête. Sa femme avait même dit :
- Il m'emmerde ce chien. Si c'est comme ça, il vaudrait mieux… et elle avait laissé sa phrase en suspens.
Maintenant, dès que la bête arrivait dans la pièce, les enfants hurlaient, c'était devenu intenable. La seule façon d'avoir la paix, c'était de lui interdire la maison.
Et puis un jour, le père  prit sa décision, il emmena l'animal. Les enfants entendirent les aboiements du chien, puis plus rien, le père avait dû le mettre dans le coffre. La voiture démarra et chacun retourna à ses occupations.
Quand le père revint deux heures plus tard, seul, personne ne lui posa de questions, et la vie reprit son cours.

23 février 2010

Chronique du lycée

Hier, retour à la case départ, celle du travail. Remarquant que mes 10 élèves de seconde n’avaient que de très, très vagues souvenirs de tout ce qui pouvait avoir trait au portugais – pourtant ils pratiquent cette langue depuis quatre ans ! Je leur ai demandé imprudemment :
- Mais, vous avez ouvert votre cahier de portugais pendant les vacances ?
L’un d’entre eux m'a répondu :
- Moi je l’ai ouvert, madame, mais c’était pour prendre une feuille !
Rideau.

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