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Presquevoix...
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29 avril 2010

l’argent

On avait sonné à la porte et, confiante, elle alla ouvrir.  Pourquoi aurait-elle dû se méfier ?  Elle habitait dans un quartier pavillonnaire calme, ses voisins étaient attentifs et venaient la voir tous les deux jours, sa fille lui téléphonait deux fois par semaine et son fils passait une fois par mois. Non, rien n’aurait pu la dissuader d’aller ouvrir et d’ailleurs, c’était l’heure du facteur. La sonnette retentit à nouveau, il faut dire qu’elle ne se déplaçait pas vite, ses varices la faisaient toujours autant souffrir malgré les bas de contention conseillés par le médecin. Elle prit la clef accrochée au clou, elle l’enfonça dans la serrure et la tourna avec difficulté, son arthrose ne s’arrangeait pas.
A peine la porte fut-elle entrouverte qu’un type la bouscula et la projeta au sol. Elle n’eut pas le temps de crier ; un bâillon lui fut posé sur les lèvres et elle fut ligotée en un tournemain. Elle tremblait de tous ses membres. S’il lui avait enlevé son bâillon, elle lui aurait dit qu’il n’y avait rien chez elle, ni argent, ni bijoux, ni argenterie, rien que des vieilleries qui n’avaient que la valeur des années qu’elles avaient passées avec elle. Si seulement elle avait pu lui expliquer. Elle entendait des portes s’ouvrir et se refermer avec un bruit infernal. Au bout d’un temps qui lui parut très long, il s’approcha d’elle et lui cria en lui enlevant son bâillon :
- Alors la vieille, il est où ton fric ?
Elle ne voulait pas le contrarier, et puis elle en avait assez de l’entendre violer sa maison, alors elle lui dit.
- La soupière dans le buffet, c’est tout ce que j’ai. Prenez-le et partez, je vous en supplie, dit-elle d’une voix tremblante. Je ne parlerai pas.
Le type la regarda en ricanant, il lui remit le bâillon, puis il partit chercher l’argent. Quand il revint il conclut :
- T’as pas menti. C’est bien, je pourrais te donner une médaille mais j’en ai pas !  Maintenant je vais te mettre dans les chiottes et t’enfermer à clef ; ça te coupera l’envie de prévenir les flics.
Puis il ajouta, la voix soudain mielleuse  :
- T’as de la chance, aujourd’hui je suis gentil !
Elle essaya de retenir ses larmes mais non, impossible, elles roulaient le long de ses joues et elle ne pouvait pas les essuyer. Avant de l’enfermer dans les toilettes, il compta, goguenard, ses maigres économies – 200 euros -  puis ils ferma la porte à clefs en lui souhaitant un bon séjour. Elle entendit le claquement de la porte de l’extérieur, puis plus rien.
Elle resta 24 heures dans les toilettes. Quand on la délivra, elle était au bord de l’épuisement.

Commentaires
G
L'homme à abattre ?
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L
Du petit boulot, du gagne petit, stupide et méchant et en plus lache, voila les sentiments que m inspirent ce voleur ,un pauvre type, un raté et il va recommencer quand il aur bouffé ses 200 €.<br /> Bonne journée Latil
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G
Je me souviens qu'il y a huit ans, ma voisine, morte maintenant, avait été baillonnée et attachée sur un fauteuil pendant qu'un type volait ses maigres possessions...
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C
Je trouve cela désolant. J'ai tjrs trouvé le vol désolant. La misère aussi
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G
200 € ça valait au moins ça. Finalement, elle peut se réjouir, certains meurent pour moins que ça ! Grandeur et médiocrité de l'Homme.
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