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Presquevoix...

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19 mai 2010

Condenser

Elle s’amusait à faire des condensés à partir de réalités complexes. Elle arrivait même à faire tenir sa vie en une courte phrase. Bientôt, elle pourrait disparaître...

18 mai 2010

Le fils du père

Son fils le détestait, c’était aussi évident que deux et deux font quatre. Il y a un mois, il l’avait traité de “vieux con” et il n’avait pas même protesté. Depuis ce jour-là, il prenait soin de fermer la porte de sa chambre à clef, qui sait ce que les fils peuvent faire aux pères une fois les ténèbres installées ?
La veille, il s’était réveillé en nage et sa main droite tremblait violemment ; sans doute avait-elle encore le souvenir du couteau ensanglanté qu’elle venait de plonger dans la poitrine de ce père mort il y a vingt ans.
Comment avait-il pu oublier cette haine que vingt ans d’absence n’avaient pas encore guérie ?

17 mai 2010

Le danseur de tango

Il s’était mis au tango à 50 ans. Troublé par le corps de ses partenaires, il en oubliait souvent les pas les plus simples. Son professeur crut bon de l’avertir :
- Si tu continues comme ça, jamais tu ne pourras faire de compétition !
Lui se moquait de la compétition ; ce qu’il voulait c’était sentir le corps des femmes pressé contre le sien...

16 mai 2010

Quelques notes de musique

Il lui avait juste dit :
- Si tu siffles les premières notes de notre chanson  ça voudra dire que tu m'aimes.
Elle n'avait pas sifflé et il était parti, aussi vite qu’il était venu. Longtemps elle l’avait attendu, flottant au gré d’une partition inachevée.
Quand elle le revit par hasard, quinze ans plus tard, le pas énervé et la voix tranchante, elle remercia le ciel  de ne lui avoir jamais appris à siffler…

PS : Texte écrit dans le cadres des « impromptus littéraires »

15 mai 2010

La porte western

Entendu hier, dans un café à Rouen :
“La porte western pour les toilettes, c’est bien joli, mais ça n’arrête pas les odeurs !”

14 mai 2010

L’oral blanc

Il avait révisé son bac blanc de français dans sa chambre, le MP3 vissé sur ses oreilles. Ses 15 textes avaient certes été baclés mais Rimbaud, Baudelaire, Balzac, Molière et les autres le déprimaient gravement.
Le jour de l’oral du bac blanc, il arriva un peu en avance pour tater l’ambiance. Un copain qui était passé avant lui avait dit en désignant le professeur :
- Elle craint !
Il devait s’attendre au pire. Quand il entra il avait la gorge sèche et les jambes flageolantes. Le professeur choisit le poème de Baudelaire, pile celui sur lequel il n’avait rien à dire. Elle avait dû deviner. Il fit contre mauvaise fortune et essaya de griffoner quelques idées. Les vingt minutes de préparation lui parurent très longues. Quand le professeur l’appela, il sourit ; l’amabilité donnait parfois des points. Il annona péniblement son explication et le professeur hocha la tête à plusieurs reprises, l’air dubitatif. A la fin de son explication elle lui demanda :
- Vous avez vu ce poème en cours ?
Il lui répondit sans hésiter que oui et elle enchaîna avec un large sourire :
- Et vous étiez présent ?
Putain ! fut la seule chose qui lui vint à l’esprit ; il se demanda même s’il ne l’avait pas dit à voix haute. Elle lui posa deux trois questions subsidiaires sur le poème mais il ne trouva rien à dire à part quelques vagues explications qu’il extirpa laborieusement du brouillard de sa mémoire. Le professeur le congédia en concluant  :
- Pauvre Baudelaire, depuis ce matin il en entend de toutes les couleurs mais vous, je crois que vous l’avez achevé !

13 mai 2010

La statue

Dès le mois de mai, elle venait tricoter devant la statue d’Antinous . Elle avait pris ce pli depuis qu’elle était à la retraite. Tout en  tricotant, une maille à l’endroit une maille à l’envers, elle se prenait à rêver devant ce corps parfait. La veille, elle avait même passé sa main noueuse sur la pierre lisse. Heureusement, personne ne l’avait vue…

12 mai 2010

Ma part d’ombre

Le jour où je suis arrivé chez ce psychanalyste que j’avais choisi au hasard dans l’annuaire en  disant « Je voudrais connaître ma part d’ombre. » ; il a hurlé de rire. Quand il s’est arrêté, il m’a regardé droit dans les yeux et m’a répondu :
- Ça va vous coûter cher.
J’ai rétorqué tranquillement :
- Je suis prêt à payer le prix qu’il faudra.
Alors il a ajouté avec un petit rire étrange :
- Si ce n’était  qu’une question de prix… et il a laissé sa phrase en suspens.
Juste après, il m’a demandé de m’allonger. J’ai failli refuser, mais je ne pouvais plus reculer, j’aurais eu l’air ridicule. C’était il y a 20 ans.
Je crois que maintenant, j’ai compris pourquoi il riait.

11 mai 2010

L’assurance

Ils ont pris une assurance – 4 % du montant du billet – et il sont au guichet SNCF pour savoir s’ils peuvent être remboursés : l’une des personnes chez qui ils devaient se rendre est malade. Le guichetier, avec une pointe de cynisme leur fait remarquer que les clauses de l’assurance sont tellement restrictives qu’ils ne pourraient être remboursés qu’en cas de décès et encore, le leur !  Et dans ce cas, souligne-t-il, vous n’en auriez plus besoin !

10 mai 2010

L’ex

Il lui parlait  d’elle de temps en temps mais un beau jour, il décida de la revoir.
- Marie n’a pas changé, lui avait-il dit non sans une pointe d’admiration dans la voix.
Il avait même ajouté – et ça, elle ne lui avait pas pardonné :
- Je me demande même pourquoi je l’ai quittée il y a quatre ans.

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