L’autopsie
- Si je meurs, demande une autopsie.
C’est ce que m’a dit mon mari dimanche dernier, au réveil. Je me demande pourquoi ? Depuis, je ne peux m’empêcher de le surveiller, j’ai peur qu’il ne fasse une bêtise...
- Si je meurs, demande une autopsie.
C’est ce que m’a dit mon mari dimanche dernier, au réveil. Je me demande pourquoi ? Depuis, je ne peux m’empêcher de le surveiller, j’ai peur qu’il ne fasse une bêtise...
Encore un soir où le trio traînait son ennui, la bouteille de vodka à la main, quand soudain Kevin eut une idée :
- Et si on décapitait la gargouille ?
- C’est quoi une gargouille ? Répliqua Jordan
On lui répondit « Ta gueule ! » et il se tut. C’était toujours comme ça avec Jordan.
La gargouille était à l’entrée du cimetière. On l’avait abandonnée là après la grande tempête de 1999. Kevin et Romain, leur masse à la main, titubaient dangereusement sur le chemin à peine éclairée et Jordan les suivait. Une fois devant le monstre, Kevin frappa le premier mais ce fut Romain qui lui donna le coup de grâce en hurlant un « Connasse ! » retentissant. Quant à Jordan, il s’agenouilla près du corps de la gargouille en sanglotant :
- Vous l’avez décapitée, vous l’avez décapitée....
Hier j’ai entendu ce dialogue dans la rue. Ils avaient dix ans à peine, des garçons...
- T’as déjà roulé une pelle toi ?
- Non, jamais.
- Quoi ? T’as jamais roulé une pelle ?
- Non, ça sert à rien !
Il n’y a pas de pétales heureux, même consumés de rosée. Moi, ce n’est pas la rosée qui me consume, c’est la haine. Quand sa « petite fleur d’amour » lui plantera un couteau dans le coeur, il aura beau appeler, je ne ferai pas un geste. Je le regarderai implorer, supplier, comme je l’ai supplié le jour où il a planté son sale dard que mon corps a vomi. Il a tout essuyé, le vomi et les larmes, et il m’a bercé comme on berce les bébés en chuchotant :
- Là, c’est fini, c’est fini, tu es la petite fleur d’amour de papa.
Combien de fois depuis cette fois là ? Maintenant j’ai quinze ans et tous mes pétales sont tombés. Maman est partie hier, je l’ai entendu se disputer avec lui. Avant de claquer la porte elle a hurlé :
- Tu es malade, malade ! Comment tu as pu me faire une chose pareille, salaud ! Elle ne m’a même pas dit au revoir. Par la fenêtre de ma chambre je l’ai regardée s’éloigner, son sac à la main, et quand j’ai crié « Maman ! » elle ne s’est pas retournée.
Ce soir, je sortirai le couteau que j’ai rangé dans mon coeur et dès qu’il s’approchera de moi je le tuerai. Moi, je n’ai jamais voulu être sa petite fleur d’amour.
PS : texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Mariesondêtre
Il faut toujours se méfier des femmes qui tricotent, surtout quand elles veulent vous donner leurs aiguilles...
Pour lire le texte, c'est ici.
Le texte est de gballand et le montage de Patrick Cassagnes.
Le soir tombait et vous buviez comme il pleuvait sur la ville. Les vitres dégoulinaient et vous aussi ; vous dégouliniez de cette mélancolie qui colle à la peau et au goulot. Vous sanglotiez à perdre l’âme assis sous un abribus, seul, et de temps à autre, vous maudissiez ces cons qui passaient sans vous voir en brandissant votre litron. Moi non plus je ne me suis pas arrêtée.
Aujourd'hui, j’ai dit à mon père que le cochon dinde était mort. C'est bien la première fois que je vois mon père pleurer comme une madeleine. Même quand maman est morte, il n’a pas pleuré ; pas une seule larme. Quand je lui ai demandé pourquoi il pleurait, il m’a répondu en sanglotant :
- Tu ne vois pas que ce cochon d'inde c’était ta mère réincarnée !
Il n’a rien fait pendant l’année, mais cette absence de travail date de plus loin encore... En fin de troisième on l’a orienté en seconde, pas de projet, on ne voulait pas le garder au collège : la politique des quotas est implacable ! Alors il est arrivé au lycée avec son paquetage d’élève presque mauvais à tout. Le professeur lui demande de rester à la fin du cours pour une petite mise au point :
- Qu’est-ce que tu veux faire plus tard Kevin ?
- Je veux être gendarme.
- Oui, mais pour être gendarme il faut étudier, avoir son bac.
- Alors je serai chômeur.
- Oui, mais pour être chômeur il faut déjà avoir travaillé.
- Alors je me suiciderai.
Le professeur le regarde ahuri et rien ne lui vient à l’esprit.
Oui, le lycée fabrique du désespoir et de l’impuissance – tant du côté des élèves que du côté des professeurs - et la réforme à venir va contribuer à le transformer en une usine à gaz beaucoup plus puissante encore.
Ce film argentin de Juan José Campanella est d’une rare intelligence. Humour, suspense, personnages attachants, scénario brillant, façon de filmer virtuose... oui, tout y est. Précipitez-vous au cinéma pour le voir, et de préférence en version originale, vous ne le regretterez pas.
PS : Ce film a eu, en mars 2010, l’oscar du meilleur film étranger à Holywood.
Avant-hier, on a invité ma mère à déjeuner. Elle est venue en voiture avec son gros chien noir qui saute tout le temps et met des poils partout. Il ne la quitte jamais, dommage. Heureusement qu’elle n’a pas de vache sinon il lui faudrait une bétaillère et notre jardin ridicule ne suffirait pas à la bête...