Se consumer...
Il n’y a pas de pétales heureux, même consumés de rosée. Moi, ce n’est pas la rosée qui me consume, c’est la haine. Quand sa « petite fleur d’amour » lui plantera un couteau dans le coeur, il aura beau appeler, je ne ferai pas un geste. Je le regarderai implorer, supplier, comme je l’ai supplié le jour où il a planté son sale dard que mon corps a vomi. Il a tout essuyé, le vomi et les larmes, et il m’a bercé comme on berce les bébés en chuchotant :
- Là, c’est fini, c’est fini, tu es la petite fleur d’amour de papa.
Combien de fois depuis cette fois là ? Maintenant j’ai quinze ans et tous mes pétales sont tombés. Maman est partie hier, je l’ai entendu se disputer avec lui. Avant de claquer la porte elle a hurlé :
- Tu es malade, malade ! Comment tu as pu me faire une chose pareille, salaud ! Elle ne m’a même pas dit au revoir. Par la fenêtre de ma chambre je l’ai regardée s’éloigner, son sac à la main, et quand j’ai crié « Maman ! » elle ne s’est pas retournée.
Ce soir, je sortirai le couteau que j’ai rangé dans mon coeur et dès qu’il s’approchera de moi je le tuerai. Moi, je n’ai jamais voulu être sa petite fleur d’amour.
PS : texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Mariesondêtre