Quand son amie lui annonça soudain « Je quitte mon mari », elle n’en crut pas ses oreilles. Comment pouvait-elle se jeter tête baissée dans l’inconnu à 55 ans ? Son mari était-il pire qu’un autre ? Pourtant elle choisit de ne rien dire et écouta sa complainte, parce qu’il s’agissait bien d’une complainte qui se résumait ainsi : 25 ans de bons et loyaux services au service d’un « con », ça suffit !
- Et toi - s’inquiéta son amie – tu n’en as pas marre de ton mari ? - Oh moi, tu sais, je fais du neuf avec du vieux, répondit-elle en souriant. - Tu te moques de moi ? - Mais non, pas du tout, je recycle en permanence les sentiments, les souvenirs, les émotions…
Son amie se contenta d'esquisser un rictus qui en disait long.
Jérôme Duchemin avait pris, depuis peu, sa carte de membre à la BNC. Le siège de l’association était au fond d’une impasse, près du cimetière des emmurés. Le coût de la carte l’avait agréablement surpris, juste 20 euros. Il s’attendait à payer plus, vu les services que l’association rendait.
Sa réflexion avait été longuement mûrie, personne n’adhère à la BNC sur un coup de tête. Les aboiements continus du chien de sa voisine et ses défécations systématiques devant son joli portail peint en bleu pâle avaient conforté sa décision. Certes l’animal n’était en rien responsable de l’instabilité caractérielle de sa maîtresse, mais quelle autre solution trouver ? Ne rendrait-il pas ainsi service à la pauvre bête qui ne savait plus à quel saint se vouer ?
Jérôme savait que la BNC travaillait sans laisser de traces. L’équipe – 5 travailleurs dûment qualifiés – intervenait plutôt de nuit. En 2008, la BNC avait réussi 898 interventions sur 1000. Jérôme pensait, qu’une fois le chien disparu, il pourrait arrêter les stabilisateurs d’humeur dont les effets secondaires avaient signé l’arrêt de sa vie sexuelle.
La « Brigade de Nettoyage Canin » accomplit son travail avec succès, mais la propriétaire du chien ne s’en remit pas. Une semaine après la disparition de la bête, elle mourut mystérieusement. Après ces deux « départs », la vie de Jérôme changea du tout au tout : son activité sexuelle retrouva sa vigueur d’antan et il put goûter au luxe du calme retrouvé.
Ce n’est que six mois plus tard que cette quiétude fut perturbée par des aboiements sonores. Jérôme se précipita à la fenêtre du salon et constata, terrifié, que deux molosses se querellaient sur la pelouse du jardin d’à côté. Il remarqua également un camion de déménagement qui était garé devant la maison voisine jusque là inhabitée…
PS : afin de rassurer les âmes sensibles, je me dois de préciser que l’auteure du texte, moi en l’occurrence, ne ferait pas de mal à une mouche, encore moins à un chien…
Il ne pouvait jamais sortir sans avoir passé une demi-heure à coiffer ses cheveux noirs, c’était presque maladif. Tout devait être parfait, chaque cheveu devait trouver sa place. Il commençait par les démêler, puis il les peignait, ensuite il les mouillait légèrement, il les repeignait, puis il les mouillait à nouveau… pour en arriver à l’étape finale : quelques légères touches de gel qui fixaient les trois ou quatre cheveux rebelles que le peigne n’avait pu dompter. Sa chevelure était sa fierté.
Son réveil sonnait chaque matin à 6 heures afin qu’il puisse partir au travail à 07 h 30 précises. Il se trouve que le 30 novembre, pour la première fois de sa courte vie – il n’avait que 30 ans - le réveil ne sonna pas. Il se leva en catastrophe à 07 h 20, passa 2 minutes dans la salle de bain, au lieu de la demi-heure habituelle, prit un café rapide et, au comble du désespoir, enfonça sur sa tête un bonnet bleu-marine qu’il ne quitta pas de la journée.
Ses collègues se montrèrent surpris mais ne firent aucun commentaire, son visage hostile les en dissuada. Seule Sandrine, une jeune stagiaire tenta une plaisanterie. Voyant qu’il ne réagissait pas, elle finit par toucher son bonnet en lui disant que ça portait certainement bonheur, comme le pompon des marins… bien mal lui en prit, il lui donna un coup de poing qui l’envoya rouler au sol, le nez en sang. Depuis ce jour là, toutes ses nuits sont hantées par le même cauchemar : un visage tuméfié, toujours le même, qui se penche au-dessus de son lit, comme une mauvaise fée…
Je l’ai laissé réciter son catéchisme*, rien de tel pour mieux comprendre un type, mais quand même, pour qui il se prenait ce vieux con… 30 ans de plus que moi, une bedaine confortable, des joues qui s’affaissaient, un look de presque retraité et il se mettait à me susurrer des choses bizarres et à me mettre sa main sur les genoux alors que j’étais dans sa voiture depuis à peine une demi-heure. « Connard ! » Ça c’est ce que j’ai pensé, mais je ne le lui ai pas dit …
- Vous êtes mariée ? Je lui ai demandé, l’air de rien, en lui enlevant sa main qui se faisait insistante. - Oui… mais … - Mais quoi… ?
Là j’étais sûre qu’il allait me débiter le chapelet habituel, que sa femme et lui faisaient chambre à part, qu’il ne couchait plus avec elle qu’une fois par an, qu’elle ne l’attirait plus, qu’elle était frigide…
- Ma femme… a d’autres chats à fouetter !
Si j’avais été franche, je lui aurai répondu que ça ne m’étonnait pas, mais je n’ai pas pu. Il avait l’air un peu perdu dans son costume sombre et, après tout, en deux ans de stop, c’était la première fois que j’entendais cet argument. Je pouvais lui accorder une petite grâce…
- Qu’est-ce qu’elle vous reproche ? - Ce que je suis.
Là il marquait un autre point. Sa main était revenue sur le volant et il regardait attentivement la route, perdu dans ce que j’imaginais être la grisaille de ses pensées. J’avais bien une question qui me titillait le bout de la langue, mais est-ce que j’allais pouvoir…
- Et vous ? - Quoi, moi ? - Vous l’aimez ? - Je la hais !
Et au moment où il prononçait ces mots, il s’est tourné vers moi en ajoutant.
- Je hais toutes les femmes !
A ce moment, les choses auraient dû me sembler claires, mais il a fallu que j’ajoute.
- Pourquoi m’avoir pris en stop alors, puisque je suis une femme ? - Pour me donner une raison supplémentaire de les haïr, a-t-il dit bizarrement.
Ce type était barge, c’était certain, et il cachait sa folie dans son costume sombre. J’ai compris que je devais me tirer de sa voiture le plus vite possible ou alors il pourrait m’arriver un gros problème…
- Vous avez peur ? Vous croyez peut-être que je vais vous violer ? me dit-il soudain.
Je suis restée silencieuse.
- Et puis vous tuer ensuite ?
Je ne pouvais pas le laisser raconter de telles conneries sans rien dire. Dans un souffle, je lui ai répondu.
- Vous me faites pas peur, c’est pas la première fois qu’on me raconte des salades quand je fais du stop ! - Je vais vous faire une confidence, me dit-il tout de go, j’allais me tuer !
Silence. J’ai eu dû mal à déglutir et je n’ai rien trouvé à lui répondre.
- Alors ? A-t-il repris presque provocateur. - C’est votre vie après tout ! Et ça, je l'ai dit sans réfléchir ; maintenant, je regrette.
Il a fait le reste du voyage sans rien dire, les deux mains sur le volant. Il avait mis la radio qui gueulait des vieux tubes des années 70, et moi je regardais fixement le paysage qui défilait, pour ne pas croiser ses yeux. Avant l’entrée de la ville, il a freiné brusquement et m’a dit.
- Sortez ! - Vous voulez que je descende ici ? - Oui, j’ai à faire.
Je suis descendue en articulant un « merci » et rien d’autre. Le lendemain j’ai acheté le journal local, une intuition, et il y était. Il ne faisait pas la une, mais la deuxième page. J’ai appris qu’il avait un garage, une femme et une fille de 23 ans. Le même âge que moi, ça m’a fait drôle. Maintenant, je ne peux pas l’oublier.
* citation extraite de l’été meurtrier de Sébastien Japrisot
Mais tu t'es vu ? Regarde-toi ! J'avais envie de lui crier. Mais il ne voulait pas se voir. Quand je lui parlais de lui, il était aux abonnés absents. J'avais essayé de le faire sortir de sa torpeur, impossible. Il me regardait comme s'il ne me voyait pas, puis il finissait pas me dire.
- Oh toi, tu ne dois pas aller bien pour me harceler comme ça !
Je désespérais ; jusqu'au jour où il s'est effondré dans mes bras sans parler. J'ai attendu, patiemment. Au bout de quelques minutes, il s'est redressé, presque vivant, et il a crié.
- Elle m'a dit... puis sa voix s'est brisée. - Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Ai-je repris. - Elle m'a dit qu'elle ne m'avait jamais désiré, a-t-il sangloté.
Je me demandais qui était cette femme ; je ne lui avais jamais connu de liaison. Je ne voulais pas m’immiscer dans sa vie, mais ma curiosité l’emporta.
- Mais de quelle femme tu me parles ? - De ma mère ; elle ne m’a jamais désiré ! C’est ce qu’elle m’a dit hier, juste avant le dessert !
Il y a une semaine, je suis allée faire dresser mon mari. Je sais, ça peut paraître bizarre. La propriétaire du centre m’a dit que j’étais la première femme à le faire. Je suis arrivée avec mon mari en laisse. Pour l’occasion, je lui avais acheté une jolie laisse noire, de collection haute couture, avec médaille chromée. Au départ, les propriétaires des chiens ont semblé étonné, mais ils ne m’ont posé aucune question. Mon mari, lui, n’a pas aboyé. Pourtant il aurait pu ! Pour l’occasion, je lui avais tricoté un pantalon noir, un manteau en laine bleu marine, et des chaussette noires, assorties au manteau. Je ne voulais pas qu’il attrape froid, la température atteignait – 2°, lui qui est frileux !
C’était la première fois que je le tenais en laisse et je dois dire que je n’étais guère à l’aise. Lui non plus ne semblait pas en forme, mais j’ai appris par la suite que sa tenue en laine le démangeait.
Nous avions un cours particulier avec l’éducatrice à 10 heures. La leçon a débuté par la marche en laisse sur un circuit complexe. J’étais heureuse, tout se passait à merveille ; par contre pour le “rappel au galop” et le “couché pas bougé”, là, il a fallu faire preuve d’une patience infinie. L’éducatrice m’a dit qu’au début, il y avait toujours des difficultés, quelle que race que ce soit, que je ne devais pas m’inquiéter, que tout rentrerait très vite dans l’ordre. Je lui ai fait confiance. En quittant le centre, mon mari était un peu nerveux, mais il s’est vite calmé lorsque je lui ai flatté l’encolure.
Une fois à la maison, je lui ai retiré sa laisse et, après quelques étirements douloureux, il s’est remis en position verticale. Quand je lui ai demandé ce qu’il avait pensé du stage, il a d’abord aboyé, ça m’a un peu inquiétée. Quand je lui ai reposé la question, il a commencé à grogner. J’ai bien essayé de le calmer, mais rien à faire. Et puis sans que je n’aie pu anticiper quoi que ce soit, il s’est rué sur moi et a mordue ma main droite. J’ai hurlé de douleur, il est parti en courant.
Aujourd’hui, il n’est toujours pas rentré. Je m’inquiète un peu, mais je n’ose pas aller au commissariat. Comment pourrait-on comprendre ?
Moi, je raconte souvent des cracks, juste pour me rendre intéressante ! Il faut bien que je trouve des trucs pour qu'on m'écoute, sinon je passe pour une conne. Un jour ils regretteront de pas m'avoir écoutée.
Hier par exemple, je leur ai raconté un truc tellement énorme que tout le monde en était sur le cul ! Je me rends compte que j'y suis allée un peu fort, mais une fois que je commence, je peux plus m'arrêter : je leur ai dit qu'on m'avait violée ! Ça m'est passé par la tête, comme ça, comme un flash. Je me suis dit « Vas-y Cindy, tu vas voir, après ils vont tous s'occuper de toi ! » Ça a pas loupé, même Mélanie, la pute de service qui se prend pour Britney Spears, elle a pas pu s'empêcher de me regarder alors que d'habitude elle en a rien à foutre de moi.
Seulement, maintenant je suis dans le bureau de l'assistante sociale et j'ai envie de vomir. Je me demande ce que je vais lui dire quand elle reviendra ; je peux quand même pas lui raconter que mon père m'a violée alors que c'est pas vrai !
M. et Mme Dumont entonnèrent le traditionnel « joyeux anniversaire » pour leur fils, François, qui venait d’avoir 15 ans et ils lui remirent son cadeau : la guitare électrique qu’il réclamait depuis longtemps. Ils savaient qu’ils en souffriraient mais ils tenaient à lui faire plaisir pour ses 15 ans.
Alors que son fils étrennait sa stratocaster, M. Dumont regarda sa femme l’air consterné et déclara.
- 15 ans déjà ! 15 ans, incroyable comme ça passe vite, non ? Le problème, c’est que quand je te vois, je me rends bien compte que j’en ai pris un coup derrière la cravate !
- Excusez-moi de vous dire cela crûment, mais j’ai pour habitude d’aller droit au but*.
Il la regarda, interloqué. C'était bien la première fois qu'une femme était directe avec lui.
- On couche ou pas ?
Sa question eut sur lui l'effet d'une douche glacée. Toute l'excitation qu'il avait senti monter retomba d'un seul coup. Il sentit son sexe se recroqueviller, misérable, dans son slip et il eut l’impression de se vider de son sang. Non, il ne pouvait plus rien imaginer avec elle, l'affaire était définitivement classée.
- Alors ? Insista-t-elle ? - Non. - Non ? - Oui, non ! On ne couche pas ! Articula-t-il péniblement. - La franchise ne paie décidément pas avec les hommes, constata-t-elle un peu amère.
Puis elle prit son manteau et claqua violemment la porte
* phrase tirée du livre de Marc Agapit, la bête immonde
J'ai été paresseuse pendant ces fêtes et j'ai laissé mon amie tenir le blog seule, il était donc temps pour moi de revenir raconter mes petites histoires...
Je m’étais trompée ce n’était pas
lui, je regardais la silhouette s’éloigner, le cœur gros et les larmes au bord
des yeux. Je savais que je ne dirais rien à Elisa, peur de raviver la douleur
en elle, peur de lire le désespoir au fond de ses yeux, la désillusion au pli
de sa bouche. « Pourquoi faut-il que cela arrive juste pendant les
vacances, qu’est-ce que j’ai fait pour que ça tombe sur moi, encore une fois,
comme si j’attirais toutes les poisses environnantes ? » me
demandais-je à voix haute en reprenant ma marche.
- Parce que cela t’arrange
bien ! me répondit une voix.
Je m’arrêtais pile, cherchant qui
me parlait mais j’étais seule, seule au milieu d’une rue déserte à peine
illuminée par les lampes au-dessus des portes cochères et les rares candélabres.
Je tournais sur moi-même mais il n’y avait personne…Je repris donc mon chemin
en haussant les épaules et en marmonnant « C’est ça, joue à ta Jeanne
d’Arc, cela complète le tableau ! »
- Et qu’est-ce qu’elle t’a fait
Jeanne d’Arc ?
Je me figeais, tous mes sens en
alerte et fit un brusque tour sur moi mais aucun signe humain aux environs.
Tout était calme. Quelques ombres aux fenêtres éclairées, visions fugaces de
vie, des guirlandes clignotantes ici et là et au loin, le bruit assourdi de
l’autoroute. Je demandais à voix haute.
- Vous êtes qui, montrez-vous ! Si c’est un canular, c’est pas drôle et si
vous croyez me faire peur, c’est raté !
- Alors pourquoi tu
trembles ?
- Je tremble de rage parce que
j’aime pas qu’on se foute de moi, vous êtes où bordel !
- Ah ! cette jeunesses,
pourquoi jurer ? Il suffirait de demander les choses poliment…
- …
- Alors ? J’attends !
J’hésitais entre déguerpir et
hurler, finalement, j’optais pour la prudence.
- S’il vous plaît, pouvez-vous
vous monter ?
- Ah, voilà qui est mieux murmura
la voix.
Et, croyez-le ou pas vous qui me
lisez, mais je vis un chat sauter sur le muret du jardin de Mme Pignon et se
tenir assis me regardant dans les yeux. Je demandais au chat ne croyant pas
vraiment à ce que je faisais.
- C’est vous la voix ?
Et alors il se produisit quelque
chose d’extraordinaire, le chat se mit à parler.
- C’est si surprenant que
ça ?
- Un peu oui, les animaux ne
parlent pas !
- Oui mais nous sommes dans un
conte, donc tout est possible !
Je restais la bouche ouverte en
me demandant si je n’étais pas en train de rêver ou de délirer. Je n’avais pas
de fièvre, du moins je ne le pensais pas, et je n’avais rien bu ni fumé ! Je
me pinçais. Je ressentis la douleur, le chat était toujours là me regardant de
ses yeux jaunes. Je me dis mentalement que j’étais folle mais en y
réfléchissant décidais de saisir l’aubaine qui m’était donnée.
- Alors si tout est possible,
vous allez pouvoir le retrouver.
- Ah ! Je constate que tu as
l’esprit rapide et le sens de l’opportunité. Mais un service en vaut bien un
autre, ne crois-tu pas ?
Je soupirais bruyamment.
- Bon, nous y voilà ! J’ai
compris, c’est donnant-donnant, alors crachez le morceau et dites-moi ce que
vous voulez ?
L’animal ne se pressa pas, il se
contenta de me regarder. Son pelage noir disparaissait dans la nuit et je ne
voyais que ses yeux jaunes qui brillaient. A attendre comme ça, je me sentais
un peu stupide et je commençais à avoir froid. Je le lui dis.
- Jeunesse impatiente,
répondit-il, tu as un train à prendre, un rendez-vous urgent ?
- Ce n’est pas votre problème,
nous sommes là parce que nous pouvons conclure un marché, non ? Et c’est
vous qui êtes venus à moi je vous rappelle, donc crachez le morceau et que
chacun retourne chez soi ! J’ai pas qu’ça à faire moi.
Il se redressa et se mit en
mouvement sur le muret, je le suivis. Il se mit alors à m’expliquer ce qu’il
attendait de moi. A mesure qu’il parlait, je sentais une colère sourde gronder
en moi, finalement, je ne pus ternir et explosais.
- Il n’en est pas question, ce
type pue, il ressemble à un clochard et en plus chaque fois que je le croise,
il me fait peur !
Le chat me regardait de ses yeux
brillant. J’étais devant lui, les mains sur les hanches avec cet air furibond
qui impressionnait toujours mes copines quand j’étais en pétard.
- Un marché est un marché jeune
fille mais laisse-moi te poser une question. Qu’est-ce qui est le plus
important pour toi, la joie de ta petite sœur ou passer par-dessus des a
priori, des rumeurs, un jugement subjectif ?
Qu’est-ce que vous voulez
répondre à ça ? Cela me rageait de ne pas pouvoir le contredire mais bon,
je n’avais pas le choix et ce sacré chat le savait. Je baissais la tête et pris
mon temps, je ne voulais pas lui donner satisfaction tout de suite.
- Bon, bon, c’est OK, j’vais
m’arranger mais ça va pas être coton de convaincre ma mère, donc je garantis
pas.
- J’ai confiance, tu es une
personne pleine de ressources.
- Dites !
- Oui ?
- Vous êtes qui ?
- Tu le vois bien, un chat.
- Vous foutez pas de ma gueule,
je le vois bien que vous êtes un chat mais les chats ne parlent pas et ne
promettent pas de retrouver un chien perdu contre un repas de Nouvel An à …un pauvre
type.
- Il y a du vrai dans ce que tu
dis, donc je vais te répondre, je suis…
- Josiane, réveille-toi, on l’a
retrouvé !
Josiane ouvrit un œil secoué par
sa mère qui était penchée au-dessus de son lit. Elle avait le sourire aux
lèvres, à côté d’elle, une Elisa resplendissante.
- Je viens de recevoir un
téléphone du voisin, tu sais celui qui est au bout de la rue, ce type assez
spécial, on dirait un clochard. Il a retrouvé Posh blessé dans son jardin, il
lui a donné les premiers soins mais il semblerait qu’une patte soit cassée. Je
vais donc le chercher pour l’amener chez le vétérinaire.
Complètement réveillé, Josiane s’assit
dans son lit alors que sa mère s’apprêtait à quitter la chambre. Sans vraiment
réfléchir, elle lança.
- Dis maman, on pourrait pas l’inviter
mercredi soir ?
Elle se retourna surprise.
- Qui, le voisin ?
- Ben oui, il a retrouvé Posh et
c’est bientôt la nouvelle année ?
Après un instant d’hésitation,
elle sourit.
- C’est une bonne idée, je vais
lui poser la question.
Josiane entendit sa mère claquer
la porte d’entrée et partir en voiture. Satisfaite, elle se leva et se dirigea
vers la cuisine. Alors qu’elle versait du lait dans son bol de céréales, elle
leva les yeux et aperçut un chat noir qu’elle ne connaissait pas, un chat qui était
assis sur le mur du jardin et qui la regardait de ses yeux jaunes. C’est drôle,
mais Josiane avait l’impression que le chat lui souriait…