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Presquevoix...

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21 mars 2018

Le coq

Il y a deux semaines, j’ai entendu le cri d’un coq. Un coq ? Ici ? En centre ville ? Incroyable ! Mais comment il est arrivé ce coq ? J’ai demandé à mon mari s’il l’entendait. Peine perdue, il devient sourd. Alors j’ai ouvert la fenêtre en grand et je lui ai dit.


- Et maintenant, tu l’entends le coq ? Il l’a entendu.
- Tu crois que c’est un vrai ? Lui ai-je fait
- Pourquoi voudrais-tu que ce soit un faux ?


Je n’ai pas aimé le ton léger avec lequel il a dit cette dernière phrase. Comme si ce coq n’avait aucune importance !

Il  m'est odieux, ce coq. Son cocorico a la régularité d’un métronome. Maintenant, je ne pense qu’à une chose : le tuer !

19 mars 2018

X

20180306_144318En rentrant de vacances, il avait trouvé une chaussure de femme sur sa boîte aux lettres.  Qu’attendait l’esseulée ? 

Il se demandait si ce n’était pas un « coup de théâtre » de X,  l’inconnue rencontrée un an plus tôt lors d’une soirée chez des amis.

Que lui voulait-elle et que devait-il lire dans ce symbole phallique ?  Sans doute X se vengeait-elle car il avait eu l’audace de s’évader de la geôle qu’elle lui avait construite sur mesure.

Ne lui signifiait-elle pas aussi qu’elle aurait eu plaisir à écraser son mégot de « Moi »  sous son talon pervers ?

X, c’est certain, n’était pas femme à lever le pied ! Il se souvenait d’ailleurs – ironie du sort -  qu’il n’avait pas pu prendre son pied avec elle.

17 mars 2018

Le bulletin

Voilà, il l’avait bien mérité, elle lui mettrait exactement ça sur son bulletin scolaire, même si elle savait parfaitement que cela ne ferait nullement avancer les choses :

« Ne fait rien avec conscience et régularité et contribue grandement à être acteur de son ignorance ! »

15 mars 2018

Le voilier fantôme

 

ksenia

 

 

C’est un bateau qu’elle voyait souvent sur l’océan de ses rêves. Quand la brume était épaisse, sa corne puissante effrayait les goélands qui hantaient son inconscient. Le capitaine du voilier avait une barbe d’un siècle et s’appelait John Thompson. Il aimait le rhum et les femmes, une dans chaque port, bien sûr ; son inconscient n’avait pas peur des clichés.  

Le peuple de ses rêves l’appelait le voilier-fantôme parce qu’il apparaissait et disparaissait sans que l'on sût pourquoi. Quant à  John Thompson, il avait bien existé ; c’était un journaliste dont la barbe avait eu sur elle un effet aphrodisiaque. Elle l'avait rencontré  au Guardian,  où elle avait fait un stage, juste après son Master d’anglais qui ne lui avait pas donné grand-chose, à part faire des remplacements de professeurs - malades d'enseigner - auprès d'élèves qui anonnaient l'anglais en s'accrochant désespérément  à leur accent français.

Elle avait un peu couché avec John Thompson, mais d’orgasme point car, malgré sa barbe et ses aventures dignes d’un loup des mers, John ne connaissait ni l’art ni la manière et son "sextant" avait quelques ratés. Dans son rêve, il lui hurlait souvent « Vire de bord, love, vire de bord, et cap sur la liberté ! ».

Oui, il était temps d’écouter John Thompson, elle allait virer de bord et larguer les amarres…

 

PS : photo gentiment prêtée par Ksenia

 

13 mars 2018

La perle rare

Il cherchait le slip idéal, la perle rare, celui qui vous donne envie de le garder jour et nuit, mais aucun slip ne trouvait grâce à ses yeux.
Pour lui le slip devait remplir trois grandes fonctions : suspendre, camoufler et maintenir ; sans doute était-il trop exigeant. Il attendait toujours trop des objets.

Il avait parcouru tous les magasins possibles et imaginables, avait passé commande dans tous les catalogues de vente par correspondance, mais toujours rien. L’ampleur de son désespoir n’avait d’égal que la hauteur de la pile de slips qui s’entassaient sur son étagère.

Et s’il n’en mettait plus ?

11 mars 2018

Rendez-vous

20180301_101346Midi. La température extérieure était de – 3 degrés à Coursseules et il n’était toujours pas là. Il avait bien choisi l’endroit pour lui poser un lapin. Elle avait toujours couru seule, loin devant, et lui avait toujours suivi, loin derrière. La raison en était simple : il ne l’aimait pas ou plus.

Elle aurait pu partir, très vite, et abandonner Coursseules pour aller vers des villes aux noms plus riants, mais non, elle restait là, plantée au pied du réverbère où les aiguilles de l’ horloge avançaient au rythme des corbillards et où sa solitude atteignait des profondeurs abyssales…

 

PS : photo prise à Coursseules, le 28 février 2018. 

9 mars 2018

la place

Ils erraient désespérés dans les rues de cette ville de bord de mer sans trouver aucune place pour se garer. Soudain, sa mère s’est écrié de sa voix autoritaire.

- Non mais regarde-moi ça ! Il y a plein de places pour les handicapés et ils occupent même pas leur place ! T'as qu’à t’y mettre, comme ça, ça les fera réfléchir les handicapés !

7 mars 2018

L’ombre

20151110_135158Elle s’était toujours appliquée à se faire de l’ombre avec un masochisme qui n’avait d’égal que son altruisme forcené.

Pourtant, le jour où un homme de passage lui avait posé cette question - Pourquoi tu t’acharnes contre toi en permanence ? -  elle était restée interdite.   

C’était il y a un an et depuis elle s’échinait à comprendre. Pourquoi cette lutte entre elle et elle ? Pourquoi cette volonté absolue de se nuire  ?

 

PS : photo prise dans le parc du lycée.

 

"Lorsque l’ombre est activée, elle se manifeste hors du contrôle du moi, sur un mode archaïque : projection, passage à l’acte, raptus agressif ou anxieux ou encore maladie somatique. Nous sommes ici au niveau de l’ombre personnelle."

"Connaître et accepter son ombre achemine vers cette modestie qui est nécessaire à la reconnaissance de ses imperfections."

Carl Gustave Jung

5 mars 2018

La voix

J'ai la main sur la poignée de la porte, mais  je frappe trois coups, comme au théâtre. Quand une voix de basse me dit « Entrez ! », j’ai l’impression que Faust lui-même me donne la réplique. J’ouvre la porte. Dans la pièce il n’y a personne, juste une odeur d’encens et le lit où l’on a tendu une couverture rouge alors que d’habitude elle est noire.

La même voix de basse me demande de me déshabiller et de m’allonger. J’obéis.  C’est à ce moment que je vois la caméra fixée au plafond. Pourquoi cet imbécile a-t-il mis une caméra au plafond alors que d’habitude il est là en chair et en os, surtout en chair d’ailleurs. Et  pourquoi s’amuse-t-il à changer de voix ? Je ne comprends rien.

Je lui  annonce  le tarif  et la voix se fait dure : «  trop cher ! » Je précise que c’est le tarif habituel et que je ne suis pas prête à le baisser. La voix répond  «  Soit, mais ne prenez aucune initiative. ».  Je  demande à la voix qui elle est parce que d’habitude l’autre…

Ma question l’énerve au plus haut point et elle me répond  que l’heure n’est plus aux habitudes, que l’autre n’existe plus, qu’elle l’a tué et que si je veux partir, la porte est ouverte. Malgré ma peur, je décide de rester,  j’ai trop besoin de cet argent pour payer mes deux loyers de retard, sans parler  de mon forfait  téléphone et de la mensualité de mon crédit. Je reste immobile et j’attends, nue, allongée sur la couverture rouge.

Après quelques secondes de silence,  la voix commence à me susurrer des choses insensées et  un souffle chaud court  le long de mes jambes jusqu’à la pointe de mon pubis… c’est la première fois que je fais l’amour avec une voix.

3 mars 2018

T’aurais pas dû !

20170618_122025- Non, franchement, t’aurais pas dû, lui dit-il en examinant sa tenue orangée.

Elle le regardait sans comprendre. Qu’est-ce qu’elle avait sa tenue ? Pour elle tout était parfait, pas une seule faute de goût. Certes, elle s’était un peu « élargie » avec la ménopause, mais ne gardait-elle pas l’essentiel de sa séduction ?

-          Non, franchement, t’aurais pas dû, continua-t-il en l’inspectant à nouveau d’un regard critique, il y a des limites à tout !

-          Ce n’est pas ce que tu disais avant, le fustigea-t-elle.

-          Avant peut-être, mais on n’est plus avant. A ce compte-là, tu pourrais encore te promener en barboteuse.

Elle observa  son reflet dans la vitrine de la boulangerie, constata qu’effectivement de profil, ce n’était tout de même pas ça, et elle mit sa main dans sa poche pour se donner une contenance. Ensuite, elle se dirigea rapidement vers la voiture, entra, mit le moteur en marche et partit sans lui laisser le temps de dire ouf. Il se débrouillerait pour rentrer tout seul. Après tout, le stop, ce n’était pas fait pour les chiens !

 

PS : photo "volée" à la Bouille

 

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