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Presquevoix...

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12 avril 2022

Le mauvais réflexe

« Je l’ai tuée, oui.  C’est vrai, j’ai eu un mauvais réflexe, mais bon, elle n’était pas facile non plus. Après, j’ai eu des remords ; alors j’ai dispersé ses cendres dans la forêt qu’elle aimait. Ce qu’elle préférait, c’était les hêtres. Moi aussi je suis un être, mais elle ne me voyait pas comme ça. Voilà pourquoi je l’ai tuée. Pour elle, je n’’étais rien, ni un hêtre, ni un être. Si elle avait réfléchi, elle aurait compris que la situation était grave. Mais elle ne réfléchissait pas et elle ne pensait qu’à elle. Elle était narcissique jusqu’aux bouts des ongles qu’elle avait toujours rouges. C’est un signe ça, non ? »

Voilà ce qu’il se disait en marchant dans sa cellule de deux mètres sur trois. Le procès avait lieu le lendemain. Le juge le comprendrait-il ? Et les jurés ? Non, bien sûr. Quand un homme tue une femme, on entend un seul cri dans la foule : ASSASSIN ! Parce qu’un homme est toujours coupable. Pourtant, si elle l’avait écouté une fois, une seule, si une seule fois elle lui avait dit que lui aussi était un être humain, il ne l’aurait pas tuée, c’est certain.

Maintenant, il erre dans cette cellule comme il erre dans la cour de la prison, comme il erre dans son cœur fermé, sans visite, ou plutôt une seule visite, une fois par semaine, cette visiteuse qui s’appelle Solène et qui, faute de le comprendre, l’apaise. Elle est si solennelle, Solène ; elle lui rappelle qu’au IIIème siècle, une certaine Soline serait morte en martyre après un pèlerinage à Chartres.  Oui, il l’admire Solène, elle aussi fait son pèlerinage, mais en prison.

Non, Solène ne mourra pas, il en est sûr. Solène est sa sauveuse et si elle veut se marier avec lui, un jour, il dira oui. Oui Solène, nous pouvons nous marier, et avec toi, je n’aurai pas de mauvais réflexe.

PS : prochain texte, vendredi.

8 avril 2022

Les croquettes

C’est bon les croquettes, ça craque sous les dents et dans la vie. Les croquettes font le chien et le chien mange à pleines dents les croquettes qui le rendent heureux. Parce qu’un poilu qui se régale, c’est un maître qui se régale. Et un poilu heureux, c’est une famille heureuse.

Antoine essayait de mettre en place les « éléments de langage » pour chien qui pourraient faire la promotion les distributeurs de croquettes qui allaient « inonder » Rouen. Pourquoi Rouen ? il n’en savait rien, mais les distributeurs automatiques étaient prévus pour le mois prochain et la publicité devait être envoyée à la marque « Animalique » dès demain.

Cela faisait deux heures qu’il croquait son chocolat et rien ne sortait de son esprit anémié par les croquettes. Que dire pour appâter le maître et le chien ? Ce n’est pas qu’il manquait de mots, mais les phrases se refusaient à ses neurones.

Non, rien d’exaltant et rien de convainquant. De toutes façons, il n’arrivait plus à convaincre personne, ni au boulot, ni chez lui, ni chez ses amis alors… Mais pourquoi convaincre ? Et le désir ? Pourquoi ne pas atteindre le désir des maîtres qui espéraient un chien qui ressemblerait à ce qu’ils étaient ou plutôt, à ce qu’ils pensaient ou voulaient être ?

Et c’est là que lui vint à l’esprit ce slogan : « Animalique, le fantasme assouvi du chien et du maître ».  Génial, il le tenait, ou presque, mais soudain, se rendant compte qu’Animalique lui avait fichu son dimanche en l’air, il cria : « J’en ai marre de ses projets de merde pour des distributeurs de merde qui serviront à des clébards de merde ».

C’est à ce moment-là que sa compagne ouvrit la porte de son bureau-cagibi et lui dit.

-          Ça ne va pas Antoine, j’appelle le SAMU ?

Et il répondit très calme.

-          Si si, ça va très bien, je travaille, je travaille, c’est tout, rien que le travail, rien que les croquettes, tu peux fermer la porte et continuer ton yoga Marion.

Au moment où elle partit, le chien aboya, quel connard ce chien ! Oui, il détestait ce clébard que sa maîtresse avait appelé Néron. Quelle connerie de nom. Oui, ça en disait long, long sur elle, bien sûr, et long sur lui qui en était réduit à s’enfermer dans son cagibi pour travailler sur des distributeurs de croquettes de merde !

PS : prochain texte, mardi.

5 avril 2022

La coach

Elle lui avait pourtant dit d’arrêter les ritournelles et les phrases creuses - sans parler des discours à rallonge - mais rien n’y avait fait. Elle n’aurait jamais dû accepter ce remplacement pendant un mois, remplacement qu’elle avait obtenu car elle avait été la coach de François Hollande en des temps anciens.

Avant le show, le chef lui avait dit.

-          Vous me trouvez mieux au naturel ou en photo ?

Et elle lui avait répondu.

-          Je préfère quand vous arrêtez de vous gargariser !

Il lui avait juste dit.

-          Vous êtes virée demain. En attendant, pendant l’allocution, notez et voyez les propositions à me faire.

Et il était entré sur scène avec son costume de Narcisse et son faux sourire. Elle avait bien essayé de noter des trucs, mais quoi ? Ce type était creux, suffisant et n’écoutait que lui et son reflet.

La purge a duré deux heures. Il avait dû se droguer à lui-même avant le spectacle, comme  à l’habitude. Elle a juste noté trois choses : « retrouver le goût de bien faire », « le combat du progrès contre le repli », « l’argent magique ». Même pas deux lignes.

Le soir elle lui a tendu la feuille, et il a dit.

-          C’est tout ? Heureusement que je vous vire demain.

-          Vous ne trouvez pas que vous exagérez ? Si vous rêvez dans votre palais, vous êtes bien le seul à encore rêver en France. Quant à l’argent magique que vous associez à l’Etat providence, vous êtes gonflé ! Et le combat du progrès ? Progrès pour qui ? Et le goût de bien faire, en parlant des gens qui touchent le RSA ? Alors là, excusez-moi, on atteint les sommets de la connerie !

Si son garde du corps ne s’était pas précipité sur lui, le showman aurait passé ses petites mains longues et fines autour du cou de sa coach.

Elle l’a fixé, le visage blanc puis, tel un robot, elle a prononcé le refrain de la chanson de Brassens :  Il y a peu de chance qu’on détrône le roi des cons. A la fin, elle a ajouté HELAS. Ensuite, elle est partie dans un autre monde, celui des gens qui vivent dans la vraie vie, celui des gens qui prennent les transports en commun, celui des gens qui vont à Pôle emploi et celui des gens qui luttent pour un autre monde, mais pas celui des imposteurs !

 

PS : prochain texte, vendredi.

 

1 avril 2022

Le jardin extraordinaire

Elle avait choisi un homme qui avait le même prénom que son ex-mari ; et elle avait toujours procédé ainsi. Pourquoi aurait-elle changé à 50 ans, pour son quatrième mariage ?

Ses trois premiers époux étaient enterrés dans le « jardin aux souvenirs » de la maison dont elle avait hérité. Ils avaient droit à une visite et une prière par semaine. Bien sûr, personne ne savait qu’ils reposaient là, au fond du jardin, mais aussi au fond de son cœur…

PS : prochain texte, mardi.

29 mars 2022

L’orgasme ou la guerre ?

Les ventes de préservatifs avaient augmenté de 170 % en Russie et le pays craignait le pire : un manque de préservatifs,  une natalité démesurée et un SIDA ascendant.

Sur les ondes, chaque jour, les Russes entendaient la voix de leur président marteler.

-          Les préservatifs, oui, mais prenez les bons. Ceux fabriqués en Russie et dont la solidité et la sécurité sont approuvées par notre ministère de la santé. Il existe plus de 60 marques de préservatifs enregistrées en Russie, nous n’avons pas besoin de préservatifs étrangers. D’ailleurs, nous n’avons pas besoin d’étrangers tout court !  Les préservatifs actuellement manquent, mais n’ayez crainte, nos marques attaquent et dans une ou deux semaines des montagnes de préservatifs seront présentes dans toutes les boutiques de Russie.

Depuis um mois, sur les chaînes de radio et de télévision, les préservatifs passaient en première position et l’histoire "officielle" de l’Ukraine en deuxième position. Le peuple devait être rassuré car les élites savaient qu’une vie sans sexe, c’est un sexe sans vie, un sexe en danger de mort ou presque.

Chez les jeunes, les moins jeunes et les plus âgé(e)s, le préservatif était au cœur des conversations.  Curieusement, les relations sexuelles si « classiques » auparavant, évoluaient peu à peu et les femmes trouvaient enfin un plaisir certain au sexe. Une grande partie des citoyennes - surtout - et des citoyens, d’un même élan, essayait de créer des relations orgasmiques réciproques où le pénis acceptait de tenir un rôle différent et de coopérer avec les lèvres – petites ou grandes -  et le clitoris. Certains disaient – mais est-ce véridique ? – que le président lui-même était passé d’une méthode classique à la recherche d’une méthode créative où la virilité acceptait de céder du terrain à la féminité.

Pouvait-on espérer que face à cette révolution orgasmique – l’œuvre de Wilhelm Reich, " la révolution sexuelle " et « la fonction de l’orgasme », était même évoquée sur certaines ondes - que l’invasion de l’Ukraine – la guerre disaient certains - allait cesser ?

 

PS : prochain texte, vendredi.

 

 

25 mars 2022

La femme du président

Elle lui avait dit qu’à son âge – elle ne donnait jamais son âge exact à quiconque même si tout le monde le connaissait - le seul moment de joie de sa journée, c’était quand il ne lui parlait pas de campagne électorale. Oui, elle en avait marre de ses simagrées, marre de la « start up nation », marre de son obsession des réseaux sociaux où il n’excellait pas - bien au contraire - marre de son maquillage permanent pour conserver sa jeunesse au compteur, marre de son rictus perpétuel en guise de sourire – même dans la chambre à coucher – marre de cette « baraque » appelée l’Elysée où elle marchait pendant des kilomètres et des kilomètres afin de trouver un lieu où se sentir bien, marre de ses matinées chez la coiffeuse et l’esthéticienne – et il y  en avait du travail ! – afin d’avoir l’air présentable. Voilà, elle en avait marre de tout, mais surtout, elle en avait marre de ses cours de coaching avec lui. La veille, excédée par son inattention, elle lui avait dit.

-          Je me demande quelle motivation tu as lorsque tu montes sur scène ? Avec les années, on dirait qu’elle disparaît. Travaille tes enjeux, il faut que le public – les français donc – puissent entrer dans la pièce que tu leur présentes. Voilà le problème à vrai dire, tu n’as aucun propos intéressant et tu ne partages rien avec le public. Conclusion : tu devrais arrêter le théâtre présidentiel pour éviter cet échec qui pointe.

 

Il l’avait regardée étrangement et son rictus habituel s’était figé sur son visage blanc où des lignes de transpiration commençaient à apparaître. Elle lui avait tendu un mouchoir qu’il avait refusé, puis il avait dit d’une voix cérémoniale.

 

-          La guerre a commencé entre nous : celle du silence !

 

Elle ne répondit rien et s’éloigna dans les longs couloirs de solitude de l’Elysée…

 

 PS : prochain texte, mardi.

22 mars 2022

Rencontre

Lors du repas de mariage, le jeune homme blond aux yeux verts avait dit à son voisin de table :

Certains jouent aux échecs d’autres les collectionnent* ; certains font semblant, d’autres crachent le morceau ; certains se veulent pures, d’autres voguent d’impureté en impureté ; certains coupent la poire en deux, d’autres la mangent en entier ; certains naviguent en eaux troubles, d’autres préfèrent être toutes voiles dehors ; certains veulent se faire détester, d’autres se faire aimer. Et toi, qui es-tu ?

Après son troisième verre de bordeaux, il avait regardé d’un œil trouble ce blond qui lui adressait la parole. Que voulait-il savoir alors qu’ils se connaissaient à peine et qu’il ne savait même pas comment il s’appelait. Être voisins de table ne voulait pas dire se confier. Il se contenta de répondre.

-          Euh…

-          Euh quoi ? dit le type aux yeux verts.

-          Euh je m’en fiche, c’est pas moi qui me marie, ni vous d’ailleurs, non ?

-          Votre prénom c’est quoi ?

-          Jérôme.

-          Vous voulez connaître le mien ?

-          Si ça vous fait plaisir.

-          Jérôme.

-          Mêmes prénoms alors ?

-          Oui, c’est pour ça qu’on nous a mis à côté.

-          Vous êtes ami du marié ?

-          Non, de la mariée.

Drôle d’idée de la part de son copain Victor de l’avoir mis à côté de ce blond qui avait le même prénom que lui. Encore une de ses idées à elle, la mariée. Il ne l’avait jamais apprécié cette fille. Manque de finesse, manque d’humour et surtout, manque de goût. La liste du blond, il s’en foutait et il n’avait pas envie de lui dire qui il était, même s’ils avaient le même prénom. Il réfléchit un instant puis ajouta.

-          Moi, la mariée, je la connais mal. D’ailleurs, si Victor m’avait écouté, il ne se serait pas marié avec elle.

-          C’est ma sœur !

-          Ah.

-          Ah quoi ?

-          J’aurais mieux fait de me taire alors, mais avec le troisième verre de rouge, c’est dur. Quant à votre question : Et toi qui es-tu ? Eh bien je dirais que je suis un adepte du double je. Par exemple, je suis pur et impur, j’aime les eaux troubles et les eaux bleues.

-          Donc ?

Vraiment ce type l’empoisonnait avec ses questions, et il lui répondit.

-          Vous êtes psychologue ?

-          Non, mais j’aime bien le corps humain. Enfin, je veux dire que vous me plaisez, voilà.

Incroyable, il le draguait et il n’avait rien compris. Il le regarda attentivement, une jolie gueule, mais tout de même ! Il essaya de conclure.

-          Vous voyez, certains sont hétérosexuels et d’autres bisexuels, mais moi je fais partie des certains.

-          Pas grave, il n’y a pas de mal à essayer d’être ouvert.

Là, vraiment, le type était un peu lourdingue. Il ajouta.

-          Peut-être une autre fois, hein ? Mais aujourd’hui non. Je manque d’ouverture. Vous ne m’en voudrez pas, vous qui êtes ouvert ! Allez, si on parlait d’autre chose.

Le jeune homme aux yeux verts sourit.

-          Allez-y, parlez d’autre chose, je vous en prie ; en faites, je suis homo et psy. Echec et mat. Vous voulez vous allonger ?

C’est à ce moment là que l'ami de Victor s’étouffa et que l’autre lui tapa dans le dos…

*Citation de Pierre Dac

PS : prochain texte, vendredi.

 

18 mars 2022

Le voyage

Ce matin-là, lorsqu'elle l'a rencontré dans le bus, il lui a dit.

- Voilà, c'est fait, cela nous a coûté 3500 euros pour son voyage à ciel ouvert.

Elle l'a regardé ahurie. Pour elle, les trajets en bus de bon matin étaient toujours douloureux mais, après avoir réfléchi un instant, elle lui a demandé.

- Mais de quel voyage tu me parles, au fait ?

- De celui de ma mère. Voilà, elle est morte, et on a pris le voyage de moins cher : 3500 euros.

- Ah, elle est partie, finalement ? 3500 euros, c’est pas cher, c’est vrai. Bien joué.

- Une crémation, a-t-il ajouté.

Elle n'a rien répondu mais s'est aussitôt demandé comment elle, elle voudrait partir. Certes elle avait le temps - quoi que... - mais il était toujours bon d'y réfléchir avant afin de ne pas perturber les âmes de ceux qui restent sur terre.

Au moment où il allait lui dire que la station suivante était la leur, elle l’a interrompu.

- Voilà, je sais. Je veux un cercueil en carton.

- Généreux, a-t-il répondu, prends rendez-vous chez le notaire et paie tout d'avance, ça fera moins chier ceux qui restent.

- Tu ne serais pas cynique, toi ?

Il lui a répondu que bien sûr, il l’était, et que c'était grâce à lui qu'elle avait la satisfaction de croire qu'elle était bonne.

Elle l’a remercié, lui a pris la main et a ajouté : c’est parti pour une journée merveilleuse… ou presque, au boulot !

 

PS : prochain texte, mardi.

15 mars 2022

L’écrivain raté

Après son nième envoi à un nième éditeur de son roman intitulé " Et alors ? ", il avait dit exaspéré à l’être qui, au quotidien, assumait le difficile emploi non rémunéré de femme d'un écrivain raté.

- Le tampon dans la gueule, moi, je vais leur foutre mon tampon dans la gueule à ces éditeurs qui ne respectent pas les auteurs. Jamais une réponse aimable, jamais d’explication. Mais pour qui se prennent-ils ?

Elle avait hésité avant de lui répondre. Devait-elle lui dire l’exacte vérité – par exemple : mais pour qui te prends-tu, toi ? -  devait-elle atténuer cette vérité – tu n’es pas le seul auteur qui envoie des manuscrits - ou devait-elle passer à un autre sujet. Elle pouvait aussi l'aiguiller – sans doute la solution la plus douce - vers  un nouveau roman où il  changerait de sujet, éviterait l’amertume, et se dirigerait à pas de loup vers un humour qu’elle pourrait peut-être caractériser d’aigre-doux.

Lassé de son silence il lui dit.

-          Et toi, tu n’as rien à dire, rien du tout ? A croire que tu ne t’intéresses pas à moi. A croire que tu ne veux pas m’aider à ouvrir les portes.

Ah, ouvrir les portes, l’occasion était là, elle devait s’engouffrer dans le champ qu’il lui proposait.

-          Justement, je pensais que tu pourrais naviguer sur une autre mer.

-          Naviguer ? Tu te fiches de moi ou quoi ? Et de quelle mer tu parles ?

-          Je voulais dire écrire, chéri, bien sûr, mais l’écriture est un voyage, non ? Pourquoi pas  une écriture moins rude ?

-          Rude, tu veux dire quoi exactement ?

-          Un monde moins cru, voilà.

-          Tu voudrais que je me lance dans l’eau de rose, peut-être, parce que les lecteurs aiment ce qui est fade ?

En observant son visage, elle comprit immédiatement que la tempête arrivait et elle essaya de naviguer vers des mers plus clémentes.

-          Non bien sûr, ton style est ton style, bien à toi, mais les éditeurs attendent peut-être  autre chose, voilà.

Il ne répondit rien, sortit de la salle et claqua la porte. Elle monta dans son bureau, ouvrit son ordinateur et regarda attentivement le manuscrit qu’elle avait écrit et souhaitait envoyer à deux éditeurs choisis précautionneusement   parmi la liste d’éditeurs qu’il avait maintes et maintes fois contactés. Elle savait que ses chances étaient minimes, mais elle se dit : "  Et alors ? "

Le titre de sa nouvelle était : « la valse des romans ». Oui, elle l’enverrait mais avec un pseudo et elle donnerait l’adresse de sa sœur, peut-être que…

PS : je précise que J'ai eu l'idée de parler de tampon en allant sur le site "le tampographe"  évoqué sur  "butinage" où je me promène au moins deux fois par semaine

PS 1 : prochain texte vendredi.

 

 

11 mars 2022

Comme si…

Assise à la terrasse du café, en plein soleil, le croissant dans une main, le café crème dans l’autre, elle écoutait leur discussion en lisant le journal étalé sur la table. Elle s’est demandée, à un moment donné, s’ils disaient vraiment ce qu’elle croyait entendre ou non. Peut-être l’inventait-elle, juste pour le plaisir. L’homme a commencé.

-          Toi qui veux rentrer dans un parti politique, tu es vaccinée contre le narcissisme ?

La femme a souri et lui a demandé s’il disait ça à cause de Macron.

-          Pas que, a-t-il répondu. Il y a Macron et les autres…

-          Tous des hommes ou presque, tu as remarqué ? a dit la femme.

-          Certes. Par contre aux infos on en voit, des femmes.

-          Je ne regarde pas les infos. Que des faits, pas de causes. J’évite. Pour moi, les infos à la télé c’est la polyphonie de l’insignifiance.

-          Tu veux dire pas de réflexion ?

-          Aucune. Je crois qu’ils veulent nous envoyer en guerre. Mais qu’ils ne comptent pas sur moi. Je ne veux aucune arme et je ne monterai dans aucun tank, aucun, quoi qu’ils fassent !

-          Ça ne risque pas, tu as le bon genre.

-          Ah Ah Ah, pour une fois qu’on me dit que j’ai bon genre.

Et leur conversation a continué ainsi entre plaisanteries et lieux communs. Elle a presque voulu entrer dans cette espace, juste pour faire « comme si », comme si elle avait des amis, comme si elle avait du répondant, comme si elle avait plaisir à être avec les autres, comme si la vie méritait encore qu’on puisse en rire, comme si nous n’avancions pas vers le pire… Mais le « comme si » lui est resté soudain  en travers de la gorge et elle a toussé, une toux grâce – pourtant elle ne fumait pas – une toux qui lui disait qu’elle ne voulait pas qu’on lui face avaler cette connerie qu’est la guerre !

PS : prochain texte, mardi.

 

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