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Presquevoix...

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6 mars 2008

Non : je ne veux rien

Non : je ne veux rien
Je vous ai déjà dit que je ne veux rien
Ne m’assénez pas vos conclusions !
La seule conclusion c’est la mort.

Alvaro de Campos, hétéronyme de Fernando Pessoa, poète portugais (1888-1935)

( Pour la traduction, je me suis permis quelques libertés, mais si peu.)

Ce poème est inscrit sur la stèle du poète Fernando Pessoa qui se trouve au Monastère des Hiéronymites à Lisbonne.

* La photo a été prise par C. V. l’été dernier au monastère des Hiéronymites.

P2007080717

5 mars 2008

Sa maladie a été son salut

Elle se demandait comment elle avait pu s'attacher à lui, si banal, alors que les  hommes qui l’attiraient étaient en général grands et plutôt carrés…
La première fois qu'elle l'avait vu, il était assis sur un banc, près de Notre Dame. Il lisait un livre et prenait des notes fébriles alors que l’air, d’une humidité glaciale, encourageait plutôt à se replier dans les cafés enfumés. Elle ne l'avait pas abordé.
La deuxième fois, il était assis sur un banc, au jardin du Luxembourg. Il lisait toujours mais sa tenue avait changé : il avait troqué son costume gris pour un pantalon de velours et un pull. Elle avait hésité à l'aborder puis avait fini par passer son chemin.
La troisième fois, il était dans la salle d'attente de son médecin et lisait toujours. Elle se pencha vers lui, mais avant qu'elle n'ait pu lire le titre de son livre, il  lui annonça "L’annulaire" de Yoko Ogawa. Elle en fut un peu gênée, rougit et se crut obligée de lui confesser que comme elle le voyait pour la troisième fois, elle finissait par s’intéresser à ses lectures, forcément !
S'il en fut étonné, il n'en montra rien. Il se contenta juste de lui sourire et de fermer son livre, puis il se rapprocha d'elle - elle ne recula pas - et dans la tranquillité de cette salle d'attente où ils se trouvaient seuls, il l'embrassa, avant même qu'elle n'ait eu le temps de lui dire que ce livre-là faisait justement partie de ceux qu’elle n’oublierait jamais…

3 mars 2008

La mort est tragique

La mort est tragique, c’est un fait tant que la potion d’immortalité n’aura pas été inventée…. Je sais que la Grande Faucheuse passera chez chacun de nous, une fois ou l’autre et que c’est sans appel. La mort d’une personne, que ce soit son père, sa mère, un ami, une connaissance ou un personnage célèbre nous touche, avec une intensité plus ou moins forte, mais là encore, dépendant de l’âge de la personne décédée, la mort peut être acceptée car inéluctable avec les ans.

 

La mort d’un enfant, la mort d’un ado en pleine vie est inacceptable, et quand c’est dû à un accident, soudain et tellement injuste, c’est encore plus difficile à admettre. Quand je lis dans les journaux la mort qui a frappé ici et là, des civils, des enfants, cela me touche mais c’est si loin de moi, ils n’ont pas de visages, je ne les connais pas, je compatis, je trouve cela terrible mais je passe à autre chose, la vie étant ainsi faite. Quand l’enfant ou l’ado a un visage, que ce visage est connu, aimé et apprécié, cela devient tout simplement atroce. Les larmes arrivent pour exprimer la douleur de la séparation, la fin d’une existence et le début d’un souvenir pour toujours. Après c’est la révolte pour la disparation de cette vie à peine entamée et déjà fauchée, de cette vie pleine d’avenir mais balayée par un destin que je ne peux comprendre. Puis le regard devient autre, l’amour se transforme et s’amplifie et si le refus est toujours là, si la douleur persiste, le temps et l’amour des autres, atténuent et aident à cicatriser sans jamais oublier. Du moins, c’est ce que j’imagine…

3 mars 2008

J’aurais pu mais je n’ai pas pu

NB : ce texte est une fiction

Je pense qu’il est plus facile de rendre heureux le mari d’une autre que le sien ! Comme tant d’autres femmes, j’aurais pu le vérifier, mais ça ne s’est pas fait ; au dernier moment, je n’ai pas pu sauter le pas, question d’éthique, ou de confort, allez savoir ; difficile de ne pas être subjective quand il s’agit de moi ! Donc théoriquement, j’aurais pu rendre cet homme – que nous pourrons appeler Hubert, Michel, Henri ou Paul - plus heureux que mon mari, qui d’ailleurs n’est pas mon mari parce que nous ne sommes pas mariés. De toutes façons, mariés ou pas, le résultat est le même,  mais le tout  sans le paquet cadeau de la cérémonie sacrificielle.
Je dois avouer que mon vrai faux mari ne m’a jamais dit qu’il était malheureux, il ne m’a pas dit non plus qu’il était heureux... mon mari ne me dit rien, jamais ; mon mari est un sphinx ! Je pourrais lui poser la question, c’est vrai, mais je crois que je préfère ne pas savoir, allez comprendre pourquoi…

1 mars 2008

L’espoir ne fait pas changer une société

L’espoir de cigarettes moins toxiques, comme l’annonce Le Monde d’hier, c’est un peu comme l’espoir de  voitures moins polluantes ou l’espoir d’un MEDEF naturellement respectueux des travailleurs ou l’espoir d’une régulation automatique des marchés grâce à la libre concurrence  ou l’espoir d’avoir des hommes politiques intègres sans changer la loi sur le cumul des mandats ou l’espoir de maigrir sans changer son alimentation ou l’espoir de… bref, je vous le dis tout cru, Il ne faut pas ESPERER, mais AGIR !

29 février 2008

Des lendemains qui déchantent

NB : ce texte est une fiction.

Elle le regarde dormir, le visage tourné vers la fenêtre et soudain elle éprouve le besoin  de partir. Mais qu’est-ce qu’elle fiche dans cet immeuble, dans cette pièce, dans ce lit où elle est  nue ! Bien sûr elle n’y est pas arrivée par hasard et elle y est même venue de son plein gré mais maintenant, elle n’est plus très sûre de vouloir être là où elle est. Elle le regarde à nouveau, le cheveu noir coupé très court, le corps long et fin, avec cette façon de dormir comme un enfant repu de rêves.

Elle l’a rencontré la veille, dans une boîte de nuit, avec Léa. Elle y était allée pour tuer l’image de Victor – son homme du moment – et elle n’avait rien trouvé de mieux que de tuer l’image d’un homme avec celle d’un autre. Victor l’épuisait. Et comment s’appelle-t-il au fait ce type allongé ? Elle ne s’en souvient même plus. Peut être ne lui a-t-elle même pas demandé hier, dans la précipitation. Paul, ça lui irait bien, il a une tête à avoir un prénom à une syllabe : Paul ou Jean… Enfin ça n’a pas beaucoup d’importance maintenant parce que tout s’est déjà passé.

Tiens, il vient de dire quelque chose, elle tend l’oreille pour l’épier dans son sommeil. Il gémit – “ Yé n’y arrivé pas, yé né pé pas... ” – il a un drôle d’accent, elle ne l’a pas remarqué la veille. Ses cheveux sont d’un noir bleu. Elle pense que c’est ce qu’elle a préféré chez lui. Victor lui, a les cheveux blonds et la peau laiteuse jusqu’à l’écœurement, quand il est nu. Cette différence là était indispensable, sinon aurait-elle pu aller jusqu’au bout avec l’autre ? La danse l’a un peu assommée, elle était dans un autre monde. Elle croit même que Jean – ou peut être Juan, parce qu’avec cet accent ! – l’a embrassée longuement. Enfin ça n’a pas prêté  à conséquence, tout le monde le fait dans ces boîtes, c’est une façon de remercier son partenaire. C’est ainsi, en tous cas, qu’elle a vu les choses, hier après la danse.

Il bouge à nouveau. Est-ce qu’il a ouvert un œil ? Mais non, il n’y a pas à s’inquiéter. Elle se lève silencieusement pour aller chercher sa robe qui gît sur le sol, non loin du lit. Comment peut-elle l’avoir laissée en paquet à cet endroit ? Elle devait être bien pressée ! Ou lui. Elle ne se rappelle plus comment elle est arrivée chez Juan : à pieds ? En taxi ? Aucun souvenir précis, pourtant elle n’a pas les symptômes habituels de la gueule de bois. En enfilant sa robe, elle remarque un préservatif usager qui traîne sur le sol, puis un autre près du lit. Avec Victor elle n’utilise pas de préservatif. Tout est naturel, surtout le sexe, mais il l’épuise. Victor aime le sexe, on ne le dirait pas en voyant sa peau laiteuse de bébé mais pourtant c’est ainsi.

Juan gémit à nouveau. Elle se penche au-dessus de lui pour l’écouter, mais il ne dit rien de sensé. Elle a presque envie de lui caresser la tête mais il se réveillerait et elle serait obligée de lui parler alors qu’elle ne se souvient toujours ni de son prénom exact, ni de rien qui puisse le concerner. Si elle n’avait fait que danser avec lui, elle ne se serait jamais aperçue que lui et Victor étaient si différents et elle ne repartirait pas frustrée de son appartement ! Ce besoin d’aller jusqu’au bout et d’en assumer les conséquences la perdra ; peut-être vaut-il mieux rester à mi-chemin. La prochaine fois, si prochaine fois il y a, elle se le tiendra pour dit.

Au moment où elle s’éloigne du lit, il ouvre ses yeux noirs mais ne lui parle pas. Il lui fait juste un minuscule signe de la main. C’est au moment où elle  ferme la porte qu’elle se souvient que la veille, elle a passé une longue minute à essayer de lui enfiler un préservatif qui ne se laissait pas enfiler. Elle qui pensait que c’était aussi facile que de mettre une chaussette, elle se trompait. Peut-être avait-il un sexe mal fichu ? C’est ce qu’elle lui a dit, d’ailleurs, en s’énervant sur le caoutchouc, elle s’en souvient maintenant. Évidemment sa remarque ne lui a pas plu : résultat, il s’est trouvé dans l’obligation de déchausser le premier préservatif et de partir à la recherche de la boite qui contenait le stock. A ce moment précis, elle a revu la peau laiteuse de Victor, son sexe nerveux et c’est en vain qu’elle a cherché à se débarrasser de cette image. La mise en place du deuxième préservatif, que Juan a glissé lui-même sur son organe rétif, n’a fait que conforter la présence du sexe de Victor dans son esprit – lui, au moins, n’avait besoin d’aucune aide ! - et elle s’est vue dans l’obligation de faire des comparaisons entre les deux hommes pendant toute la durée de leur étreinte. C’était absolument impossible de  prendre son pied  avec l’un sous l’œil de l’autre. Ce n’est pas que Juan s’y prenait plus mal qu’un autre, mais la longueur des préparatifs avait rompu le charme. C’est peut-être pour ça qu’elle partait comme une voleuse.

28 février 2008

Dis, ça dure longtemps la mort ?

- Dis maman, quand on est mort, c’est pour combien de temps ?
- Ben …
- Alors ?
- Toujours !
- C’est quoi toujours ?
- Je sais pas moi, toute la vie !
- Oui mais quand on est mort, ça peut pas être pour toute la vie, puisqu’on est mort !
- Ecoute, quand on est mort, on est mort, voilà, c’est fini, point barre !
- Oui mais…
- On verra ça plus tard, hein ? T’as vu l’heure qu’il est ? Et puis la mort, t’as toute la vie pour y penser, maintenant faut penser à aller au lit !

27 février 2008

Un choix

Dans mon pays (la Suisse), dans ma région (Suisse romande), la notion écologique est forte. Pensez : une majorité rose-verte à Lausanne, capitale de mon canton (Vaud), des dirigeants qui représentent la ligne verte au sein de nos gouvernements cantonaux, on pouvait espérer des décisions allant dans le sens de la planète. Eh bien non !

Lu dans le journal le Courrier *, le mot d’une lectrice qui tempête par le fait qu’à Genève, les enfants en garderie sont privés de sortie pour cause de pollution dues aux particules fines. Par contre, les autorités refusent de prendre des mesures pour limiter, diminuer ou interdire la circulation.

En rêve, j’imagine un pays où il ferait bon se promener et respirer l’air pur, où les voitures seraient utilisées de façon parcimonieuse, où les transports publics seraient gratuits, à l’heure et conviviaux, où les enfants joueraient à nouveau dans la rue alors que les parents partageraient l’apéritif devant les immeubles.

Rêve ou utopie ? Et si cela pouvait devenir une réalité…

*www.lecourrier.ch/

27 février 2008

Phobie

NB : ce texte est une pure fiction

J’ai la phobie de mon mari ! Je  passe ma journée à l’éviter !  S’il est  dans la salle de bain, je vais dans la cuisine, s’il est dans la cuisine, je vais dans le salon. Il a sa chambre, j'ai la mienne. Le simple contact de sa peau provoque chez moi des allergies monstrueuses. La dernière fois qu’il m’a frôlée, mon corps s’est couvert de pustules rouges, qui ne sont parties qu’au prix d’un traitement de cheval !
Je sais, je pourrais me soigner, déménager, partir loin, mais je préfère souffrir ; mon éducation religieuse sans doute. Je suis croyante, profondément, et je fais partie de ces gens qui pensent que chacun a  une croix à porter ; je suis une pénitente de la vie !
Je n'ai pas toujours été phobique, je le suis devenue le jour où mon mari m’a appris qu’il m’avait trompée en précisant, et il croyait bien faire, que ce n'était pas la première fois ! Je ne l’ai pas supporté, pourtant j’aurais pu, j’aurais dû, n’était-ce pas une épreuve que Dieu m’apportait pour éprouver ma foi ? Maintenant nous sommes encore liés l’un à l’autre, mais juste pour le pire !

26 février 2008

P… de vie !

J'en ai marre de gagner ma vie à la perdre ! D'aucun me diront « T'as qu'à changer de métier, comme ça t'arrêteras de geindre et "d'emmerder" les autres ! » C'est vrai, je pourrais, mais le problème c'est que  je ne supporte plus les contraintes, et vous connaissez un métier où il n'y ait pas de contraintes ? Les contraintes m'usent, l'arthrose me gagne et la névrose s'installe.
Je pourrais aussi m'arrêter de travailler tout court, mais comment subvenir à mes besoins, que je pourrais diminuer de moitié, mais qui n'en resteraient pas moins à la moitié de ce qu'ils sont ? Je pourrais aussi faire un stage ! J'ai vu, dans les petites annonces de Libération, qu'à "pragmatiks"
, ils proposent des stages avec des objectifs à poser et à atteindre, des stages qui permettent de se centrer sur des choses à dépasser pour avancer.
Oui, je pourrais faire ça, mais l'idée de payer  pour  arriver à supporter les contraintes de mon métier m'est insupportable ! Bref, le problème est insoluble, mais vivre n'est-il pas une quête permanente de solutions introuvables…

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