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Presquevoix...

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17 mars 2008

Dialogue en voiture

- Attention !
- Mais je l’ai vu, tu m’as fait peur, ton exclamation a failli me faire partir dans le décor.
- ...
- Et arrête de te crisper sur ton siège, tu n’as pas confiance ?
- Non.
- Et bien c’est sympa ! C’est toi qui bousille la voiture deux fois et c’est moi qui te fais peur. Je te fais remarquer que malgré tes craintes, je n’ai jamais eu d’accrochages.
- Tu dois avoir un ange gardien.
- Oh ! c’est malin, pas très fin de ta part, ni fair-play.
- Roule, c’est vert!
- Ca va, ça va, il n’y a pas le feu !
- Vous les femmes, c’est toujours la même chose, avec des escargots pareils, pas étonnant tous ces embouteillages. A roulez si lentement, vous bousillez la fluidité du trafic.
- Tu es de mauvaise foi, c’est pas croyable. Des mecs comme toi, vous prenez vos voitures comme prolongement de votre virilité et vous foncez comme des malades en insultant tous ceux qui ne vont pas à votre rythme. Sais-tu que statistiquement, les femmes roulent mieux que les hommes ? Ce n’est pas pour rien que les assureurs nous font des meilleurs contrats à nous les femmes.
- Conneries tout ça.
- …
- Pourquoi tu as pris ce chemin, je t’avais dit de passer par le boulevard Grancy mais madame a voulu faire comme elle le pensait et voilà je vais être en retard.
- …
- Pourquoi tu t’arrêtes ?
- Parce que j’en ai marre de tes remarques désobligeantes, alors maintenant tu y vas à pied à ton rendez-vous et jusqu’à la fin de ton retrait de permis, tu vas te trouver une autre poire pour jouer au taxi. Allez, salut !

16 mars 2008

Jack

Jack écoute la trompette de Wynton Marsalis et se laisse bercer par un concert de Vivaldi. Ce soir, comme tous les samedis, il a sorti le grand jeu. Il a installé son fauteuil face aux deux enceintes, il a rapproché le guéridon pour y poser sa bouteille de Vosnes-Romanée, cuvée 2001 puis il est allé dans sa chambre se changer. Vêtu de son costume bleu foncé, chemise claire et cravate en soie, il a placé le disque dans le lecteur. Après avoir débouché le vin et s’être servi, il a éteint la lumière pour ne garder qu’un éclairage intime, s’est installé confortablement dans le fauteuil et a activé la télécommande.

Jack, le verre à la main, les yeux fermés, écoute. De sa main libre, il dirige le trompettiste et l’orchestre, battant la mesure de son pied. Entre les pauses, il boit une gorgée en laissant son regard divaguer au gré de ses pensées. Il est bien, il aime ces petits moments de pur plaisir et apprécie de pouvoir les partager avec Caline.

Les salles de spectacle n’accepte pas les chiens, pourtant Caline est mélomane, elle l’a déjà prouvé à maintes reprises mais il n’a jamais pu l’emmener alors il a décidé d’investir le prix des abonnements dans l’achat d’une stéréo de qualité. Depuis, il note consciencieusement les programmes qu’il souhaiterait écouter en se référant à l’agenda des spectacles du vendredi, s’en va acheter le disque le samedi matin pour l’écouter le samedi soir en compagnie de sa chienne. Pour augmenter le plaisir, il a rajouté celui du vin et chaque samedi, il flatte son palais avec un bourgogne ou un bordeaux, dépendant de son envie.

« On n’est pas bien tous les deux, hein ma belle ? » lui susurre-t-il en la flattant. De ses yeux énamourés, la chienne lui répond et lui, satisfait, se plonge à nouveau dans la musique avec un sourire béat de contentement et de satisfaction.

14 mars 2008

les courses de la semaine

Avez-vous déjà fait une liste de courses avec votre mari ? Moi, c’est toujours la même chose, chaque fois que nous décidons de faire les courses ensemble le samedi matin, cela tourne presque à la prise de tête.

Moi, je vais au supermarché avec une vague idée de la semaine à venir, puis je vais acheter mes légumes, les œufs et les fromages au marché, toujours avec des idées qui vont émerger des produits offerts et de la saison. C’est une façon d’être et de faire. Déjà qu’il faut planifier à longueur de journée alors la « bouffe » c’est au gré du vent et de l’envie.
Mon mari, lui c’est autre chose. Il est méthodique et on fait une liste. On parcourt les armoires et le frigo pour savoir quoi acheter. Quand la liste doit se faire, cela se passe ainsi.
Lui : alors ?
Moi : alors quoi ?
- De quoi avons-nous besoin ?
- Ben, la routine, et pour le reste on verra.
- C'est-à-dire…
- Euh…tiens j’ai encore des poireaux, je vais faire une quiche aux poireaux, il me faut des œufs, j’en achèterai au marché, et puis ce serait bon avec des petits lardons, donc ça j’achèterai au supermarché…et puis…
- Non, non, non, ça ne va pas, on va faire deux listes, une pour le supermarché et l’autre pour le marché, donc tu as dit…
Et voilà, il n’y a plus une liste maintenant, il y en a deux ! Et il faut décider des repas de toute la semaine, consulter les recettes si besoin est, planifier, compter, etc.

Bon, la semaine prochaine je vais faire les courses toute seule au supermarché et on garde celles du marché agrémentées d’un café-croissant pour rendre la chose agréable. Une idée me vient. Et si je l’envoyais faire le marché et moi boire le café, manger le croissant tout en lisant le journal ? Cela évite les disputes du samedi matin et comme ça chacun ses courses, moi le supermarché, lui le marché. C’est pas de l’égalité ça !

11 mars 2008

A moi Florence !!!

Florence2Mardi 17 heures, départ de Rouen en train : destination Florence ; j’accompagne un voyage scolaire.
J’ai toujours le cœur serré lorsque je pars…  l’impression qu’en une semaine il pourrait arriver… mais pourquoi imaginer le pire ? Je serai de retour mercredi 19 mars, « se Deus quiser* !  », comme disent les portugais.
Une semaine sans blog : une mini-cure de désintoxication. Je ferai mienne, le temps d’un séjour à Florence, la pratique suivante vantée par Jack London :
« Ayez un carnet de notes. Voyagez avec lui, dormez avec lui. Notez-y tout ce qui vous vient à l'esprit. Le papier bon marché est moins périssable que la mémoire et les notes au crayon à mine de plomb durent plus longtemps que la mémoire "
Jack London (1876-1916)


* expression très fréquemment utilisée au Portugal et qui signifie : si Dieu le veut !
* photo de Florence vue sur le site :  http://fr.voyage.yahoo.com/

10 mars 2008

L'habitude

Elle était toujours très ponctuelle dans ses retards* ; c'était d'ailleurs l’une de ses nombreuses qualités. Il se  demandait bien pourquoi il restait avec elle, surtout qu'à 4O ans, un homme est encore à l'âge des possibles.
Des femmes, il en avait connu des dizaines, mais à l'usage, qu'en aurait-il été ? Au moins, elle…
Loin était l’époque où il flânait sous les jupons des filles. Il en ressentait sans doute une petite amertume mais depuis trois ans, son goût de l'aventure avait laissé place au goût de l'habitude…
Il aurait  sans doute pu vivre seul, il en convenait, mais en aurait-il été capable ? Le conformisme, la paresse, toutes choses qui, en somme, conduisent un homme à se laisser dévorer par  l'orthodoxie du couple, lui avaient sans doute  retiré à jamais la saveur  des fruits sauvages. D’ailleurs, depuis un an, il grossissait…

* citation extraite du livre de Blandine Le Callet, « Une pièce montée » ; livre assez "convenu", mis à part peut-être les trois premiers chapitres.

8 mars 2008

la journée de la femme...bis

Les femmes ont leur journée, le 8 mars. Mais en plus, elles ont aussi la fête des mères, cela fait déjà deux jours…alors de quoi se plaignent-elles ! Deux jours où elles auraient droit à être les reines du jour. Mmh…donc cela voudrait dire que le reste du temps…
Pour moi, l'égalité sera en route quand les hommes auront aussi leur journée car en consultant la liste des thèmes, il faut reconnaître que le but est d'attirer l'attention sur les espèces menacées (11mai), la paix (1er janvier), la brutalité policière (15 mai), des enfants victimes (4 juin), pour l'élimination de la pauvreté (17 octobre), etc, pour n'en citer que quelques unes. La femme serait une « espèce à protéger » ? Si l’on parcourt la presse mondiale qui narre certaines histoires abominable, il semblerait que oui. Donc pour moi, ce 8 mars est une farce car la femme n’est pas l’avenir de l’homme pour une grande partie des habitants de notre terre alors que « l’égalité des sexes réduit, sauve et améliore des vies ». *
J’ai le rêve que ce jour particulier puisse avoir une vraie valeur…imaginez : le 8 mars, toutes les femmes de toute la terre refuseraient de faire autre chose que de s’occuper d’elle pendant 24 heures : pas d’obligation familiale et professionnelle, un jour de grève totale. Cela provoquerait le chaos mais quel message serait alors envoyé et là, on pourrait commencer à discuter d’égalité !

*http://www.populationdata.net

8 mars 2008

La femme est un « homme » comme les autres…

femmesinde« Le gouvernement indien a annoncé, lundi 3 mars, qu'il versera 5 000 dollars aux mères qui donnent naissance à une fille, pour limiter le nombre d'infanticides et d'avortements sélectifs. Nommé " Déesse de la prospérité ", le programme prévoit d'étaler le versement de la subvention sur dix-huit années. Quatre cents dollars seront versés dès la naissance, et 2 500 dollars à la majorité, à condition que la fille ait été scolarisée et ne soit pas encore mariée. »  (article lu dans Le Monde du 7 mars)
Ce petit pas indien est à méditer…
Combien de pays considèrent-ils les femmes comme des mineures? Combien de millions - milliards ? -  de femmes  tuées, violées, humiliées, dominées par des hommes qui en font leur propriété ! Même en France, de « respectables » hommes politiques siégeant à l’Assemblée Nationale ou travaillant dans les bureaux dorés de l’Elysée se laissent aller à traiter des femmes de « salopes » ou de « connes »… Sous le vernis de la « civilisation », le cerveau reptilien de ces messieurs reprend parfois ses "droits"…
Ce n’est pas d’une journée de la femme dont nous aurions besoin, mais de 365,  comme il y a 365 journées de l’homme…
* photo prise en Inde par Hervé Bonnaveira, lors de son tour d’Asie à vélo en faveur du développement durable.

7 mars 2008

les déchest de Naples...

Ils sont attablés à la table d’un bistro d’un petit village de l’arrière-pays, un verre de blanc à la main. Il est 20h, Gustave en est à sa troisième tournée, Henri vient d’arriver. Ils trinquent. Gustave attaque.
-T’as entendu à la radio, ils ont dit que Genève et Lausanne vont brûler les ordures de Naples ?
- Oui je sais, je l’avais lu dans les journaux.
- Non, mais faut pas se foutre du monde, pourquoi nos usines devraient s’en occuper, hein, dis-moi ?
- Euh…parce que ce sont des usines performantes et c’est pour rendre service. C’est devenu tellement catastrophique et il y a menace d’épidémies maintenant.
- La bonne blague ! Y ont qu’à les garder leurs déchets, c’est pas à nous de nous faire polluer pour des étrangers et puis on sait pas ce qu’il y a dans ces déchets, peut-être des matières dangereuses.
- Il semblerait que des contrôles vont être effectués sur place pour éviter ce problème, de toute façon, ce sont des ordures ménagères qu’on va brûler, rien de plus qu’ici.
- Ben ça c’est ce que tu crois car moi je te dis, avec la mafia qu’il y a là-bas, faut se méfier.
- Arrête tes histoires Gustave. Pense à ces enfants, ces familles, ces vieux comme nous qui doivent vivre parmi les détritus, c’est une question d’humanité !
- Moi je dis que chacun doit garder ses ordures !
- Tu ne le sais peut-être pas Gustave, mais le marché des déchets, c’est un marché lucratif. Leurs déchets vont nous apporter du travail et les autorités napolitaines vont payer pour s’en débarrasser.
- Ouais, et ils vont venir comment ces déchets, par camions, histoire de nous polluer encore plus ?
- Non, par rail, tu vois, tout est organisé.
Gustave se penche par-dessus la table et demande.
- Dis-moi Henri, maintenant je me souviens. Ta grand-mère, elle est pas originaire de là-bas ?
- Oui, et alors ?
Gustave se redresse.
- Oh, pour rien, je comprends mieux.
Il fait un signe à la serveuse.
- Jeannette, encore 5dl, on doit discuter du mélange des races l’Henri et moi, la soirée va être longue, apporte-nous à boire, j’ai le gosier qui va sécher !

7 mars 2008

Le cadeau d’anniversaire

Pour son anniversaire, il avait décidé de l'étrangler. C’était une idée qui lui trottait dans la tête depuis quelques temps. Il n’y avait attaché aucune importance jusqu’à ce jour précis où sa femme lui avait demandé ce qu’il voulait pour son anniversaire. Il ne savait plus quoi demander… des livres et des disques remplissaient sagement ses étagères, son armoire était pleine de pantalons, de pulls et de chemises ; il avait un ordinateur, une imprimante, une télévision grand écran, un lecteur enregistreur de DVD, une caméra numérique, un appareil photo… non, il avait tous les biens matériels qu’un homme appartenant à la bourgeoisie moyenne peut désirer. Il ne lui manquait qu’une chose : le bonheur ! Mais que peut attendre un homme de soixante cinq ans, ni beau ni laid à l’âge où il dévale la pente de la vie ? C’était la question qu’il s’était posée jusqu’à ce qu’il la rencontre. Elle, sa « fleur de jouissance », son « bonbon sucré » – comme il l’appelait lorsqu’elle le retrouvait lors de moments volés  – ou « ma petite mienne » – comme il lui chuchotait au creux de l’oreille lorsqu’il voulait faire l’amour avec elle.
Il en était arrivé à la conclusion qu’étrangler sa femme était le cadeau d’anniversaire qui lui ferait le plus plaisir, mais a-t-on jamais imaginé un homme demander pareil sacrifice à sa femme ? Même lui n’en serait pas capable ! Si sa femme avait connu ses pensées les plus profondes, elle ne le regarderait certainement pas avec ces yeux-là ; mais dans un couple, n’est-on pas souvent le dernier à savoir ce que l’autre pense de nous ? Lorsqu’il l’observait, c’était la médiocrité de sa propre vie qu’il voyait en miroir. Sa femme acceptait presque avec bonheur l’âge qui s’installait doucement et la détachait des rives du désir. Tout son plaisir consistait à s’occuper de ses petits enfants qui, pour lui, étaient non seulement un fardeau – il les avait toujours trouvés bruyants et mal élevés  - mais l’annonce qu’il allait devoir leur céder sa place  pour disparaître à jamais.
A partir du jour où Léa avait accepté de devenir sa maîtresse, sa femme lui était devenue insupportable, non par ses exigences, mais bien parce qu’elle n’en avait aucune. Il en avait maintenant presque la certitude :  ce qu’il voulait étrangler, ce n’était pas sa femme, mais l’acceptation tranquille de la mort qu’il croyait lire dans ses yeux.

6 mars 2008

Petite scène de la vie ordinaire

Elle est assise, observant les flocons voler d’un bout à l’autre du jardin. Parfois ses poils se hérissent chahutés par le vent qui balaye l’espace. Elle prend alors une position de protection en rentrant ses pattes sous son poitrail et s’installe face au vent. Un flocon se dépose sur un poil de sa moustache, un autre le suit, et bientôt son pelage noir se parsème de petites touches blanches.
- T’as froid, tu veux rentrer ?
La petite voix ne lui fait même pas tourner la tête.
- Maman, Nila va avoir froid, elle veut pas rentrer !
- Elle a sa fourrure et si elle avait vraiment froid, elle nous le ferait savoir. Tu n’as pas à t’inquiéter.
- Elle va attraper un rhume ?
- Non, je ne pense pas, elle en a marre de l’hiver et de l’intérieur, veut s’aérer. Elle doit sentir le printemps malgré les giboulées.
La maman referme la porte-fenêtre et s’en retourne à ses occupations. La petite fille reste le front collé contre la vitre. Elle regarde sa chatte et continue à se faire du souci. Un rayon de soleil transperce les nuages et se pose sur la terrasse. La chatte lève son museau, cligne des yeux, puis les referme.
« Elle dort » murmure la petite fille et comme à regret s’éloigne de la vitre.

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