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Presquevoix...

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23 mars 2008

Le Lavaux

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Quand je marche dans cette région, je me dis que "même si on n'y trouve pas de meurons mais du chasselas, il y fait rudement bon s'y promener malgré les dérupes qu'on voit sur la photo! Cette région n'est habitée ni par des niolus ni par des taborniaux , au contraire ! Au détour d'un chemin, on peut s'arrêter dans un carnotset pour boire un petit coup de Dézaley et tester les vins du coin. Ah!, il ne resterait que le petit clopet à l'abri du vent pour se sentir le roi du monde... pour autant que ce soit pas la cramine au dehors comme c'est le cas ces jours!"

23 mars 2008

Il y a blague et blague !

Partir en voyage, c’est aussi se raconter des blagues ; les élèves aiment ça les blagues, surtout les blagues sur les minorités - les noirs, les arabes,  les portugais, les blondes… – et pas toujours du meilleur goût puisqu’elles réduisent chaque minorité à deux ou trois préjugés qui la stigmatisent… Donc, de mon voyage à Florence avec les élèves je retiens une blague, racontée par un élève français dont les parents sont d’origine Maghrébine ;  une blague comme on les aime, qui n’enferme pas ceux dont elle parle. La voici :
Tu sais ce que c’est Alice au pays les Merveilles pour les Maghrébins ? Eh bien c’est Fatima chez Tati

* Pour ceux qui ne connaîtraient pas Tati, c’est un grand magasin, très bon marché, que l’on a dans toutes les grandes villes de France. A Paris, dans le quartier Barbès, les femmes Maghrébines – et pas seulement bien sûr – adorent  y faire leurs courses.

22 mars 2008

Le leurre du voyageur

Du voyageur au voyeur il n'y a qu'un pas, celui du leurre.
On voyage souvent, non pour être, mais pour avoir. Et on accumule objets,  photos,  sensations,  kilomètres  au meilleur prix du marché… Tu as vu ce  plat que j’ai ramené du Maroc, un euro ! Tu te rends compte, un euro ! Je lui ai fait diviser son prix par 5 au type  ! Mon trekking au Tibet, littéralement gé-ant : deux guides contactés sur place, à un prix dérisoire, et l’impression que plus rien n’existait sinon nous et la montagne. Mon safari  au Kenya ? Je te dis pas ! Les Massai, gé-niaux, pauvres mais heureux ; j’ai fait des portraits ex-tra-or-di-naires, tu me diras ce que tu en penses, les bivouacs étaient un peu spartiates, mais bon, c’est ça le voyage, non ? On ne peut pas être et avoir…

21 mars 2008

Le piège

- Vous avez…50 ans !
- Jusqu'à preuve du contraire, oui.
- Oui, bien sûr.
- Alors ?
- Alors, c’est compliqué.
- Compliqué en quoi ? Vous m’avez dit tout à l’heure que mes compétences étaient excellentes et que j’avais le profil du poste.
- Oui, bien sûr.
- Vous l’avez déjà dit !
L’homme gigote, il mord sa lèvre supérieur, sort son mouchoir et se tamponne le front.
- C’est mon âge, c’est ça ? Ou le fait d’être une femme ?
- Non, non, nous aimons beaucoup les dames, ne vous inquiétez pas !
- Alors c’est parce que j’ai 50 ans, je suis bonne à la casse ?
- C’est compliqué !
Elle se lève d’un bond, pose ses deux mains à plat sur le bord du bureau de son interlocuteur et les yeux dans les yeux demande.
- Ayez le courage des mots, monsieur, pour la dernière fois, il est où le problème?
Le pauvre homme se ratatine sur son siège.
- Notre directeur général est un homme qui apprécie les belles choses, sa secrétaire personnelle se doit être dans ses goûts et répondre à…certains critères qui…
- Il faut aussi coucher ?
Le pauvre homme avale péniblement sa salive.
- Non, non, ne vous méprenez pas. Il ne s’agit pas de cela mais la mise en valeur des formes et des atouts féminins est une des qualités demandées et maintenant que j’ai eu l’occasion de vous rencontrer, il y a incompatibilité dans ce domaine, voilà !
Comme libéré d’un poids trop lourd pour lui, l’homme s’adosse à son siège avec un soupir.
- Il cherche quoi votre directeur, une secrétaire ou une potiche pour son bureau ?
Après quelques secondes de réflexion, elle continue.
- Moi aussi je demande à voir avant d’aller plus loin, pourquoi ces critères devraient-ils être à sens unique ? Il est comment votre directeur, grand, mince, beau, jeune, riche, séduisant, il a des épaules carrées, des dents régulières, toujours bien habillé et sentant l’après-rasage de qualité, il est poli, galant, il donne les ordres d’une voix posée et agréable, il me prépare mon café le matin quand j’arrive ?
Là-dessus, elle rit.
- Non, je suis bête, le café c’est moi qui doit le préparer mais lui, apporte-t il les croissants ?
L’homme ne répond pas. Elle se redresse, prend son sac et lui adresse son plus beau sourire.
- Je pensais qu’une femme pouvait se prévaloir de ses compétences professionnelles et non de son physique pour obtenir un job, visiblement ce n’est pas le cas, dommage pour vous, vous ne savez pas ce que vous perdez.
Avant de sortir du bureau, elle se retourne.
- Ah ! au fait, j’ai oublié de vous dire. Notre conversation était enregistrée, je ne suis pas secrétaire mais journaliste. Je fais un article sur l’égalité des chances au travail et notre petit échange va vraisemblablement intéresser ma rédactrice. Bonne journée !

21 mars 2008

Le couteau

couteauxDepuis quelques minutes elle  fixait son couteau en aluminium qui se détachait curieusement sur le set de table rouge sang placé devant elle. Le regarder lui évitait de le regarder lui, guindé dans un costume trois pièces qu’il avait certainement mis pour l’occasion. On ne pouvait pas dire qu’il avait fait preuve d’originalité dans le choix du restaurant. La carte alignait des plats d’une banalité affligeante et la clientèle était à l’image de la carte. Elle regrettait d’avoir accepté son invitation, elle méritait mieux que des couverts en aluminium sur un set de table en papier rouge. Avec les hommes, elle n’avait jamais eu de chance.
Il était plutôt plaisant à regarder mais il n’avait aucune conversation et au bout d’une heure d’attente - un quart d’heure  pour le menu, un quart d’heure pour passer commande, et une demi-heure pour avoir les apéritifs - elle avait épuisé à peu près tous les sujets de conversation possibles. Ce type était terrifiant, il  laissait  mourir  les sujets les uns après les autres. Elle  avait ainsi vu trépasser  les élections municipales – il détestait la politique - le sport – il pratiquait le football mais n’avait rien à en dire - les voyages – il partait rarement - la lecture – il ne lisait pas – la télévision – il ne regardait que les séries américaines  -  le travail – il préférait passer le sujet sous silence. Elle était exténuée et  le regard de convoitise qu’il portait  à la naissance de ses seins, très pudiquement dévoilés, l’obligeait à fixer ses couverts. Qu’espérait-il ? Qu’elle  le remercierait en couchant avec lui  alors qu’il n’avait pas formulé une seule idée digne de ce nom depuis leur arrivée ?
Heureusement, la bouteille de vin  posée sur la table  fit diversion. Il avait fait un bon choix – un mercurey 2004 au bouquet légèrement boisé - elle devait en convenir, et elle savoura immédiatement le verre qu’on venait de lui verser afin d’oublier les cendres froides de leur conversation. Lorsqu’elle l’eut terminé, il lui dit à brûle pourpoint.
- Est-ce que tu… est-ce que tu…
- Oui ? Concéda-t-elle, plus exaspérée qu’intéressée.
- Est-ce que tu m’aimes un peu ?
Elle faillit s’étrangler. Elle le connaissait à peine - ils ne se voyaient que depuis quatre mois au bureau, et encore, jamais en tête-tête - il n’avait rien à lui dire et il osait lui demander sans rire si elle l’aimait un peu ! Elle regarda rapidement la lame affûtée du couteau - sans doute eut-elle envie, l’espace d’un instant, de la lui planter quelque part - puis elle lui sourit poliment et répondit.
- Non, pas du tout, mais ce n’est pas grave ; tu ne m’as pas invitée au restaurant pour que je couche  avec toi  ?
Et elle se servit d’autorité un deuxième verre de vin qu’elle avala cul sec sous son regard atterré.

* photo gentiment prêtée par Coumarine

20 mars 2008

bon anniversaire

- Bon anniversaire.
- Tu y as pensé, c’est vraiment gentil de ta part.
- Eh ! j' voulais pas te voir faire la gueule toute la journée si j’y avais pas pensé.
- Ca, c’est moins gentil.
- Tiens c’est pour toi !
- Un cadeau ? Tu te surpasses.
Elle ouvre la pochette et en sort…un tablier de cuisine avec deux gants pour le four. Elle a de la peine à cacher sa déception.
- Merci.
- C’est tout ?
- Tu voudrais que je te dise quoi ? Je ne peux pas montrer des effusions débordantes pour ton cadeau, je l’avoue.
- T’aurais voulu quoi ?
Elle le regarde, hésite…et se lance.
- J’aurais voulu un baiser au lever du lit, un petit déjeuner préparé avec un croissant, une rose dans un vase à côté de ma tasse, un petit mot tendre sur une jolie carte, une invitation au restaurant pour laquelle je me serais préparée avec joie, choisissant une jolie tenue. 
Le jeune homme reste un peu coi.
- Ben, ce serait à ton amoureux de faire ça, mais t’en as pas…enfin pas maintenant.
- Et alors, un fils ne peut-il pas montrer des marques d’affection à sa mère ?
- Ben oui, mais j’ai pas la tune pour t’inviter au resto !
Elle soupire.
- Laisse tomber !

 

20 mars 2008

Vivre en son miroir…

Voilà 15 ans qu’elle la voyait jouer son rôle de composition presque sans mot dire, mais tout ceci la fatiguait terriblement, comme l’aurait fatigué un voyage à bord d’un rafiot poussif qui lui aurait fait descendre l’Amazone en quinze jours, et aurait fait défiler devant elle l’ennui d’arbres toujours verts se découpant sur un ciel bas qui donne aux êtres et aux choses de mornes contours.  Ses moindres tentatives pour ébranler cette forteresse de certitudes se soldaient par des échecs, et ses proches avaient même été contraints d’accréditer le pays de légendes où elle se complaisait ; plutôt le mensonge que l’enfer ! 
Elle n’aimait qu’elle, n’écoutait qu’elle, ne voyait qu’elle ; sans doute mourrait-elle étrangère à elle-même, noyée dans sa marée de  faux-semblants.

19 mars 2008

Voyager en regardant ses pieds…

Une semaine à Florence : rien lu, rien écrit, juste sept jours à surveiller et à marcher, en essayant de ne pas faire comme eux, parce qu'un élève, ça regarde tout le temps ses pieds. C’est bizarre cette manie qu’ils ont de regarder leurs pieds quand ils visitent une ville, comme si la vie d’une ville se concentrait, pour eux, sur les trottoirs… Et qu’est-ce que ça mange un élève, ça mange tout le temps, n’importe quoi, n’importe où, et surtout ce qui est gras et sucré… et puis un élève, ça pose toujours la même question, tous les jours : c’est où les toilettes ? Il faut dire qu’avec tous ces monuments, on a parfois envie de se "soulager"…

19 mars 2008

Le bordelais outré !

- Bonjour.
- Bonjour madame, que puis-je pour vous ?
- C’est bien chez vous qu’on peut prendre des cours de dégustation de vins ?
- Qu’entendez-vous par "cours de dégustation" ?
- Eh ! bien, je voudrais arriver à faire la différence entre un bordeaux et un bourgogne par exemple.
- Ce sont des vins très différents, ce ne serait pas plutôt un cours d’initiation que vous cherchez ?
- C’est égal, je veux un cours !
- Puis-je vous demander ce que vous recherchez dans ce cours, car en fonction de votre demande, je vous proposerais un cours adapté.
- Voilà. Il paraitrait que je n’y connais rien pour imaginer que seule une envie pourrait me faire choisir entre un bourgogne et un bordeaux. De plus il semblerait que le bourgogne soit un vin à laisser aux femmes qui n’ont aucun goût en bouche. Donc je veux tester si c’est vrai !
- Euh ! si ce n’est pas indiscret, puis-je vous demander qui vous a dit ça ?
- Un bordelais outré !
La vendeuse reste interloquée dans un premier temps puis sourit. La cliente répond à son sourire.
- Je vois…
Après un temps de réflexion la vendeuse se dirige vers le comptoir qui sépare le bar à vins en deux, elle le contourne, sort deux verres à pied et demande.
- Cela vous dirait de tester illico les objets de l’outrage ?

18 mars 2008

Je l'aime

Je l’aime car elle m’aime, c’est aussi simple que ça !

Je l’aime car ses caresses sont douces, ses mains enveloppantes, ses baisers parfois tendres, parfois fougueux, c’est un peu selon son humeur. Je l’aime car elle respecte mon indépendance, me laissant libre quand j’en ai envie, elle ne m’étouffe pas ni ne fait un chantage amoureux qui pourrait me déplaire. C’est bon d’être avec elle, de passer des moments de plaisir et de tendresse, couchés l’un contre l’autre. Il faut aussi avouer que question nourriture, elle me gâte. Elle sait ce qui me fait plaisir, trouve le petit plus qui me fait frémir de contentement.

Mais ce bonheur a failli sombrer. Un jour elle est rentrée avec un autre bipède qui parlait fort et qui brassait beaucoup d’air. Je ne l’ai pas aimé surtout quand il m’a chassé du couvre-lit douillet où je m’étais endormi. Quel rustre ! Et elle qui riait, une flèche empoisonnée m’avait alors transpercé le cœur. Je l’ai boudée pendant des jours, l’ignorant et ne répondant pas à ses invitations. J’étais retourné dormir dans mon panier et chaque fois qu’elle m’approchait je m’enfuyais pour éviter ses caresses. Je crois que cela a porté ses fruits car je n’ai plus revu l’autre rustre et bon, il faut avouer que je me suis laissé tenter par des crevettes toutes tendres qu’elle a déposées un soir dans mon écuelle. J’en ai ronronné d’aise et elle sournoisement s’est approchée de moi et m’a attrapé alors que je ne m’y attendais pas, tout occupé à mon festin. Mais comment résister à autant d’amour ? Je n’ai pas pu ! Enfin, nous nous sommes retrouvés, c’est l’important et depuis c’est à nouveau le bonheur.

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