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Presquevoix...
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21 juin 2021

Il était une foi…

Abandonner son métier pour répondre à l’appel du seigneur, pourquoi pas ? Il faut dire que son métier- le même depuis trois ans - il le détestait. Peut être serait-il plus tranquille avec le seigneur qu’avec son patron ?

Cette idée lui était venue en entendant un prêtre dire sur une chaîne cathodique catholique : « Dieu continue à appeler, certains ont l’audace d’y répondre. » Oui, pourquoi n’aurait-il pas l’audace, lui ? Pourquoi ne quitterait-il pas son patron en lui annonçant – la paix en lui -  qu’il allait rencontrer Dieu pour en finir avec son travail d’esclave.

Il faut dire que la restauration – il travaillait dans un grand restaurant parisien – attirait certes de nombreux clients fidèles, mais faisait fuir les employés dont les salaires évoluaient moins vite que les menus proposés par la direction ; sans parler des horaires qui eux, décourageaient même les  irréductibles.

Dieu serait-il un bon restaurateur ? Et lui, saurait-il accueillir les paroissiens mieux que les clients, car c’est tout de même le reproche que lui avait fait son « chef spirituel », le directeur du restaurant « au plaisir des sens ».

-          Le jour où tu seras aimable avec les clients, je penserai peut-être à t’augmenter. Le plaisir des sens, c’est d’abord et avant tout le sourire !

Il n’avait rien répondu ou plutôt, il avait dit bouche mi-fermée : « le sourire est à la hauteur du salaire versé ».

 

PS : prochain texte, jeudi.

 

 

 

 

14 juin 2021

Le grand marché

Assise dans la salle avec moi, cinq autres filles, en rang d'oignon, elles remplissent gentiment leur fiche, nom, prénom, numéro de téléphone, centres d'intérêts... sans intérêt tout ça, j'en suis plus que convaincue. Dommage, il est trop tard, j'ai payé. parfois, il suffit de payer pour se rendre compte que ce qu'on fait on ne devrait pas le faire. Un type nous distribue un badge où on mettra notre prénom et notre numéro d'identification, comme à la sécurité sociale ; d'ailleurs si je suis là, c'est par sécurité, pour guérir. Guérir de mon incapacité à rencontrer un homme. J'espère beaucoup. J'attends peu. Je me dis même : pourquoi vouloir rencontrer un homme ? L'habitude sans doute, c'est ce qu'on fait en général, à mon âge, quoique... J'observe les autres. Mignonnes, habillées avec leur goût qui n'est pas le mien, ça ne dépasse pas les 35, sauf une. J'arrête de les regarder, ce n'est pas le moment de me dévaloriser, le grand marché de l'amour va commencer...

 

PS : prochain texte, jeudi.

10 juin 2021

La gifle

Il l’avait giflée la veille, pour la première fois -  avoir été trompé vaut bien une gifle, non ? - et elle la  lui avait rendue.

-          J’aurais pu porter plainte, avait -elle dit.

-          Certes. Mais tu m’as trompé.

-          Et alors ? Nous ne sommes pas mariés que je sache.

-          Oui, mais tu m’as poussé à bout.

Pousser quelqu’un à bout ? Elle ? Il déraillait le pauvre. Peut-être avait-il des problèmes au travail ? Ou alors, pire, il devenait  parano. Il faudrait qu’elle demande à Pierre, l’ami d’enfance de son compagnon, ce qu'il en pensait. Mais impossible, parce que Pierre, depuis le mois dernier, était devenu son amant. Certes, elle aurait dû mieux choisir. Prendre pour amant le meilleur ami de son conjoint n’était pas la meilleure solution et il y en aurait eu tant d’autres à choisir. Mais Pierre était triste - si triste -  et il avait pleuré dans ses bras. Elle aurait juste pu le consoler, bien sûr, mais il avait fini par l’embrasser, ou était-ce elle ? Il est vrai qu’il y a bien longtemps qu’elle observait Pierre. Il ressemblait à quelqu’un – mais qui ? – et il avait de si jolies fossettes qui traçaient un chemin vers des secrets intimes…

PS : prochain texte, lundi.

3 juin 2021

Les soucis

Pour la nième fois du mois, une vendeuse lui avait répondu « pas de soucis » alors qu’il n’y avait aucune raison de le lui dire puisqu’elle demandait simplement une baguette en plus du pain au chocolat. Hélas pour la vendeuse, ce jour là – un très mauvais jour car elle avait eu une petite saute d’humeur avec un élève qui lui avait dit « gentiment » que son devoir n’avait pas été évalué comme il aurait dû l’être et qu’il valait bien plus que l’ « injuste » 10/20 donné – les soucis pleuvaient et elle répondit.

-          Eh bien, vous avez de la chance de ne pas avoir de soucis, parce que moi, j’en ai des tonnes !

Et elle fit la liste de tous ses soucis, une très longue liste que la vendeuse, malgré le masque qui cachait son visage, sembla très mal supporter. Une fois la liste terminée, elle lui répondit épuisée « Bon courage madame », ce qui la fit sourire et l’obligea à lui dire.

-          Excusez-moi mademoiselle de vous créer des soucis.

Oui, il fallait qu’elle se calme, vraiment, sinon elle ne terminerait pas cette merveilleuse année COVID 19 !

 

PS : prochain texte, lundi.

 

24 mai 2021

Mère et fille

Marion  avait demandé à son amie.

-          Alors, avec ta mère, tout s’est bien passé pendant cette semaine de vacances avec elle ?

-          Oui, ma mère, c’est une merveille !

Marion n’avait rien répondu car elle savait qu’avec un thème pareil la conversation pouvait durer des heures ; et  pour le pire, car sa mère à elle était une narcissique invétérée et non une merveille. Souvent, lorsqu’elle parlait de sa génitrice, elle avait l’impression de gêner, comme si dire du mal de sa mère était encore un sujet tabou. Certaines amies, même, ne la croyaient pas.

-          Mais elle est vraiment comme ça ta mère ? Tu n’exagères pas un peu ?

-          Non, pas du tout. Tu crois que c’est la seule ? Evidemment, c’est mon point de vue. Si tu la voyais, tu la trouverais peut-être charmante ma mère,  mais tu n’es pas sa fille, et entre vous deux, il n’y a pas eu le « drame terrible » de la rivalité. D’ailleurs, au royaume de la « rivalité », les filles sont souvent perdantes, j’en sais quelque chose car j’ai failli ne jamais pouvoir reprendre la course de la vie.

Parfois, avec cette petite voix douce qu’elle aimait utiliser pour apaiser l’atmosphère, elle en arrivait à la conclusion suivante.

-          Mais bon,  peut-être que de nos jours, les choses ont changé. Peut-être même qu’aujourd’hui, mères et filles s’entendent  toutes à merveille dans le meilleur des mondes, qui sait ?

Ses amies ne répondaient rien et, peut-être, pensaient à leur fille – si elles en avaient une -  qui se dirigeait à grands pas vers l’adolescence et ses tourments…

 

PS : prochain texte, jeudi.

22 avril 2021

Le bar

Aujourd’hui, on est le 14 juin 2021. Les cafés ont rouvert depuis une semaine. Je suis passé m’enfiler un déca, comme au bon vieux temps, chez Raymond et Martine, à deux pas de l’immeuble où j’ai une piaule. Moi, comme d’habitude, c’est toujours un déca. Les autres, non. Eux, c’est plutôt les couleurs du drapeau français, moins le bleu. Il y a pas encore de vin bleu, mais ça viendra, il y a déjà bien des roses bleus et des marguerites rouges, alors pourquoi pas du vin bleu, ça nous pend au nez ; et quand le vin sera bleu, les pifs auront des bleus.

Quand je suis entré, comme d’habitude, les mêmes dialogues : le temps, les faits divers, les ragots, le foot et… le COVID ! L’alcool ça tue la honte et ça crée des liens. On est tous un peu frères chez Raymond et Martine. Et, depuis que le COVID a envahi le monde, on est encore plus frères chez Raymond et Martine. Pourvu que ce connard de COVID soit pas envahi par les variants. Si jamais ça arrivait, ce serait l’horreur. Je  me demande – comme l’a dit Robert ce matin – si on  finira pas par voter à gauche – la vraie, si elle existe -  parce que quand même, on en a marre de ces cinglés qui gouvernent comme si on existait pas…

PS : prochain texte, lundi.

 

12 avril 2021

Citations

Elle venait d’adhérer – une adhésion de cent euros par an – à une association qui venait de se créer dans sa ville Normande, le CDC : Club des Citations. Selon les mots de la Présidente « Une citation bien chosie chaque mois permet d’ouvrir une porte nouvelle en vous ». Le problème étant, bien sûr, le choix des citations. Pour ce faire, trois formations annuelles étaient organisées. On y « travaillait » sophrologiquement et mélodiquement.

Lors de sa première formation, elle était restée allongée sur un tapis - bleu le matin et vert l’après-midi - et avait écouté deux voix – une masculine et une féminine. Besoins, envies, émotions, tout avait été passés au  « crible » de son corps et de son esprit pour aboutir, en fin de journée, à la citation suivante : « Les remords sans fin empêchent de remordre à la vie »

Passer trente jours au royaume de cette citation lui avait semblé long, mais au bout du trentième jour elle fit le lien avec une nouvelle citation : « C’est quand on a tout lâché qu’une aurore nouvelle peut se lever. » Et elle comprit alors, que le pays des citations était à l’opposé du pays dans lequel elle vivait : chacun pouvait y suivre le chemin qui était le sien…

 

PS : prochain texte, jeudi.

 

5 avril 2021

Le viol

Quand Anne avait vu le titre du journal local « Une église violée », elle avait failli vomir. Et en plus avec un pied de biche ! Non seulement des vases et des bougeoirs avaient disparu mais le Christ, lui-même, avait été eventré sur l’autel et du sang humain couvrait son corps. La commission diocésaine d’art sacré  parlait de réseaux par l’Italie, les Balkans, le Moyen Orient, mais elle, elle savait parfaitement qu’il s’agissait d’un réseau local, où seules deux personnes agissaient. Le Chef, c’était Jérémy – anti-curés – qui pensait qu’en violant les églises il pourrait se venger du curé qui lui avait caressé son corps d’enfant de choeur cinq ans durant ;  quant au deuxième membre c’était Marie – dite la pécheresse – mais dont le seul pêché jusqu’ici connu était de n’avoir jamais rien foutu à l’école, car faire l’amour avec Jérémy, ça, ce n’était pas un péché.

Anne ne dit bien sûr rien à personne, mais elle se demanda si Marie et Jérémy allaient sortir un jour de cette spirale dangereuse qui risquait de les mener non pas au paradis, mais à la prison Bonne Nouvelle.

 

PS : prochain texte, jeudi.

 

25 mars 2021

Le patron

Le patron était un harceleur de première. Dès son premier regard, Marion s’en était aperçu ; il faut dire qu’elle avait l’œil, malgré son jeune âge, et que le nombre d’entreprises qu’elle avait connues dépassait les doigts de sa main.

A 10 h, devant la machine à café, le patron avait dit à Marie - la sous-sous-chef, comme ils disaient dans l’entreprise.

 - Au lieu d’embrasser vos collègues, vous feriez mieux de leur tailler une pipe et de les mettre au travail.

Face au regard de haine de Marion, le patron avait ajouté avec un grand sourire.

-          C’est pour l’aider à asseoir son autorité que je dis ça, sachez le.

Marie, elle n’avait rien répondu. Elle a baissé la tête, puis est partie dans son bureau afin de terminer un travail en cours.

Quant à Marion,  elle avait eu envie de  dire au patron : " Si Marie a besoin de faire asseoir son autorité, vous, vous devriez retrouver votre intelligence perdue." Peut-être le lui dirait-elle, d'ailleurs, à la fin de son contrat ; et elle terminerait par la phrase suivante : « Vous savez que de nouvelles études prouvent qu'une intelligence perdue peut mener à la connerie ? Pour le dire autrement, vous n'êtes qu'un connard ! " qui sait si cette phrase ne produirait pas un certain effet...

 

PS : prochain texte, lundi.

8 mars 2021

Le Souverain pontife

Aujourd’hui, en ce premier avril 2021, le représentant du gouvernement de notre beau pays de France nous a annoncé, dans nos « bienveillants » médias, que notre Président - ou Souverain pontife - parcourra 1500 kilomètres afin de rendre visite à son bon peuple. Le voyage se fera par voie aérienne, afin d’éviter les zones où se tiennent les terroristes de la « gauche extrême ».

Le voyage du Président aura pour thème ce projet qui lui tient à cœur : « Que se taisent les conflits »*. Le Président profitera de ce voyage pour tendre la main – à distance, covid oblige – aux citoyennes et citoyens qui soutiendront sa campagne prochaine qui ainsi se résumera : « Assez de violence, d’extrémismes et d’intolérances *».

En conclusion, le représentant du gouvernement a ajouté que le Président tenait à ce que, dans les années à venir, aucune citoyenne et aucun citoyen de ce bon peuple de France ne soit utilisé ou perçu comme citoyenne ou citoyen de seconde zone.

Suite à ce discours, un ami – haut fonctionnaire au ministère de l’Education Nationale - m’a téléphoné afin de savoir ce que j’avais pensé du communiqué. Quand je lui ai souligné que le contenu m’avait fortement étonnée, il m’a dit : « Le mensonge est le ciment qui permet à la société de ne pas s’effondrer. Si les gens disaient la vérité, toutes les structures collectives s’émietteraient. »

Avant de raccrocher, il a ajouté – car c’est un homme honnête – « La citation n’est pas de moi, mais de Bernard Werber ». Et, finalement, en guise de conclusion, il m’a dit. - sachant que je penchais vers la gauche.

- Tu sais, on mange du terrorisme à tous les râteliers, même chez les socialistes !

Je n’ai rien répondu, bien sûr, aucune réponse n’aurait pu le convaincre de voter autrement au prochaines élections…

 

*ces phrases ont été relevées dans le discours du Pape François lors de son voyage en Irak et, il est bien évident, que le pape m’a fortement influencé.

PS : prochain texte, jeudi.

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