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Presquevoix...
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29 mars 2011

La robe de mariée

Après une dispute violente, comme l’étaient souvent leurs disputes, elle lui  dit.
- Puisque c’est comme ça, je vends ma robe de mariée.
Il n’avait rien répondu, pourquoi lui faire plaisir ? 
- Tu ne dis rien ? insista-t-elle.
Il remarqua juste.
- De toute façon, tu ne peux plus rentrer dedans. En 10 ans, tu as pris 5 kilos, alors pourquoi la garder ?
Elle devint écarlate, au bord de l’apoplexie et elle finit par s’effondrer sur le carrelage. Une semaine plus tard, elle était toujours à l’hôpital. Il appréhendait son retour…

28 mars 2011

Au café du coin...

Chez Albert, l’ambiance était souvent chaleureuse : un comptoir, une brochette d’alcooliques notoires, d’autres sur la corde raide et deux ou trois buveurs de café occasionnels. Ce matin-là, Gérard s’expliqua très clairement.
- Si ça continue comme ça, moi je prends la nationalité Marocaine !
- Ah ouais, et pourquoi ? Répliqua Michel goguenard.
- T’as pas remarqué que c’est toujours eux qui passent en premier avec tous les enfants qu’ils pondent ? Et nous les français, tintin.
Il y eut bien une faible protestation d’un buveur de café, mais qui fut vite étouffée  par les autres clients.
- Moi aux prochaines élections présidentielles, je vote FN, c’est décidé ! dit Gérard
Deux clients joignirent leurs voix à la sienne. Quant au patron, il donna l’estocade finale.
- Moi, je fais pas de politique, mais si elle vient ici, la Marine, je lui paie un coup à boire. En voilà une qui en a, pas comme ces trous du cul qui brassent de l’air depuis trois ans. T’en penses quoi Momo ?
Mohamed essayait de se faire oublier. Assis à une table non loin du comptoir, il consultait les offres d’emplois. Il sentit que tous les regards se tournaient vers lui.
- Moi ? Je sais pas, je pense pas ; je veux du boulot, c’est tout.
Il retourna à sa lecture sous le regard pesant des hommes au comptoir. Sans doute ne reviendrait-il plus chez Albert, c’était trop risqué…

25 mars 2011

L’accident

Hier, conseil de classe. Le délégué des élèves avait le bras dans le plâtre. Compatissant, un professeur  lui demande ce qui lui est arrivé et l’élève déclare :
- J’ai marché sur mon lacet en EPS*  et je suis tombé !
Tout le monde de s’exclamer d’une seule voix, en souriant intérieurement.
- C’est bête comme accident !
Et l’élève de répondre.
- Mon père m’a dit que maintenant il m’achèterait des tennis à scratch
Puis il ajoute.
- D’ailleurs c’est fréquent, parce qu’à l’hôpital j’étais le deuxième de la journée à m’être cassé le bras en marchant sur mon lacet.

* Education physique et sportive

24 mars 2011

La voisine

Elle est allée chez sa voisine de 82 ans - une visite de courtoisie - et elle en est ressortie avec un mal de tête terrible.
Dans la salle à manger aux papiers lourds de fleurs, la télévision était à plein volume. Sa voisine regardait un documentaire passionnant sur les pandas.  « C’est gentil ces petites bêtes, hein ? » lui a-t-elle crié. Pas une seule fois la vieille dame n’a pensé à diminuer le son et elle a dû écouter en alternance la vie des pandas et la vie de sa voisine, à ne plus savoir qui vivait dans les arbres et qui vivait en pavillon…

23 mars 2011

L’oiseau mort

cadavreDepuis trois jours, à chaque fois qu’elle ouvrait sa porte, elle trouvait un oiseau mort. Elle ne pouvait s’empêcher de soupçonner son voisin, un « gros naze » qui vivait comme un ours en cage, surveillée par une femme déguisée en matonne – trousseau de clefs à la ceinture et sifflet à la bouche pour rappeler son homme au bercail s’il parlait trop.
Elle les appelait "les paranos". La dernière fois que « le gros naze » lui avait parlé, il lui avait signalé qu’un « gang des canapés » rodait autour de leur maison et qu’il valait mieux faire attention. Elle lui avait répondu en riant qu’il y avait  plus à craindre d’Al Qaïda que du « gang des canapés » et il s’était refermé comme une huitre. Depuis trois jours il ne la saluait plus. Mais il y avait ces oiseaux, surtout le dernier qu’on avait « arrangé » comme on aurait arrangé un bouquet de fleurs.
Depuis trois jours, avant de dormir, elle passait en revue toutes les fermetures de la maison, de peur qu’un soir… qui sait ce que ce « gros naze »  pourrait lui faire ?

PS : texte écrit à partir de cette photo prêtée par Patrick Cassagnes 

21 mars 2011

réflexion

Il ne comprenait plus sa maîtresse, ne devenait-elle pas excessive ? Elle lui avait loué une suite pour le weekend  avec lit deux places, télévision et tapis d’entraînement. Tout ça  pour qu’à son retour, il ne la boude pas. Il faut dire que le mois dernier il lui avait fait la tête pendant trois jours parce qu’elle était partie une journée chez sa mère sans l’emmener avec elle.
Parfois, dans sa petite tête de chien, il se disait qu’il n’y avait plus qu’une étape pour qu’il devienne vraiment un homme…

PS : texte écrit à partir d’un article vu sur ce site


 

18 mars 2011

Le téléphone

Elle téléphonait dès 9 h 30, après le petit-déjeuner, une fois remontée dans sa chambre. Elle commençait naturellement par la lettre A de son agenda. En général, à 12 h, elle en était arrivée à la lettre G.
A 13 heures 30, juste après le repas pris dans la salle à manger avec les autres pensionnaires, elle s’enfermait dans sa chambre et ouvrait l’agenda à la lettre L - les pages H/I/J/K étant vierges. Elle poursuivait gentiment ses appels jusqu’à 18 heures, moment où l’agenda était bouclé.
Et tous les jours elle suivait le même rituel. N’était-ce pas grâce à cette organisation sans failles qu’elle était encore en vie ?

17 mars 2011

Le canapé vert

Ils devaient se débarrasser du canapé vert que les livreurs avaient  mis dans leur voiture moyennant pourboire. A la décharge, face au container numéro trois, cas de conscience : impossible de faire glisser le canapé dans le container, il fallait le faire basculer par-dessus la barrière ou rien, mais leurs dos n’y résisteraient pas, c’était certain. Ils restèrent quelques minutes immobiles et perplexes face au container. C’est alors qu’un type énorme -  accompagné d’un autre au format standard - s’approcha d’eux. Son teeshirt lui remontait au-dessus de la ceinture et laissait s’exprimer à l’air libre un ventre blanc et mou. Il leur demanda s’ils voulaient de l’aide, parce qu’en deux coups de cuiller à pot...
Et effectivement, ce fut fait en un tournemain. Ils remercièrent chaleureusement le colosse qui les considéra d’un air amusé, conscient de sa force herculéenne.
Ils étaient bien peu de chose…

15 mars 2011

L'écrivain

Elle avait écrit deux livres, tous deux publiés à compte d’auteur. Elle en était très fière et en parlait à chaque fois qu’elle en avait occasion. Son dernier livre – publié le 15 décembre 2009 - avait été acheté au mois de juin 2010 par  la bibliothèque de son quartier après un harcèlement de 5 mois.
Depuis, une fois par semaine, elle passait à la bibliothèque, non pour emprunter un livre mais pour vérifier si le sien avait été emprunté. Si personne ne l’avait emprunté – ce qui était souvent le cas – elle attendait que les bibliothécaires aient le dos tourné pour le placer sur la table des nouveautés.

14 mars 2011

La porte du garage

Il avait passé quatre  heures à repeindre la porte du garage en blanc, quatre longues heures qui lui avaient tué les vertèbres et le peu de patience qu'il lui restait. Quand le ballon rouge s'écrasa sur la porte et  laissa une trace noire sur la peinture fraîche, il ne put contenir sa colère :
- Petit trou du cul ! Tu me le paieras.
L’enfant détala comme un lapin affolé  et son père le suivit d’une foulée rageuse. Deux minutes plus tard on entendit des crissements de pneus et des hurlements.

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