L’oiseau mort
Depuis trois jours, à chaque fois qu’elle ouvrait sa porte, elle trouvait un oiseau mort. Elle ne pouvait s’empêcher de soupçonner son voisin, un « gros naze » qui vivait comme un ours en cage, surveillée par une femme déguisée en matonne – trousseau de clefs à la ceinture et sifflet à la bouche pour rappeler son homme au bercail s’il parlait trop.
Elle les appelait "les paranos". La dernière fois que « le gros naze » lui avait parlé, il lui avait signalé qu’un « gang des canapés » rodait autour de leur maison et qu’il valait mieux faire attention. Elle lui avait répondu en riant qu’il y avait plus à craindre d’Al Qaïda que du « gang des canapés » et il s’était refermé comme une huitre. Depuis trois jours il ne la saluait plus. Mais il y avait ces oiseaux, surtout le dernier qu’on avait « arrangé » comme on aurait arrangé un bouquet de fleurs.
Depuis trois jours, avant de dormir, elle passait en revue toutes les fermetures de la maison, de peur qu’un soir… qui sait ce que ce « gros naze » pourrait lui faire ?
PS : texte écrit à partir de cette photo prêtée par Patrick Cassagnes