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Presquevoix...
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7 mai 2011

La voiture

Hier, Kevin est venu à la maison et il a passé sa première nuit avec moi, pas vraiment l’extase, mais personne n’est parfait… On ne peut pas dire que mon père l’ait accueilli avec le sourire, c’est tout juste s’il lui a dit bonjour. Le lendemain, à onze heures, quand Kevin a voulu repartir, sa voiture avait disparu. Quand j’ai demandé à mon père s’il savait quelque chose, il m’a répondu que la fourrière était passée.
J’aurais dû m’en douter : une semaine plus tôt,  il m’avait fait une scène en me disant  que ce serait  Kevin ou lui !

PS : texte écrit  à partir d’une brève lue sur le site « une vie de merde ».

6 mai 2011

Le foot

Quand il suivait un match de football sur Canal + il se mettait en short et enfilait le maillot numéro 7, celui de Ronaldo. Au début, il la faisait rire. Pourtant, un an plus tard, elle changea légèrement d’attitude.
- Plutôt que de mettre ton maillot et de rester le cul sur le fauteuil, tu ferais mieux de faire du sport !
Lui aussi avait changé. Quand elle parlait, il augmentait le son de la télévision…


 

4 mai 2011

Les images pieuses

Depuis sa plus tendre enfance, elle collectionnait les images pieuses et remplissait des albums qui s’empilaient dans l’armoire. A 50 ans, elle en avait totalisé 20, 20 gros albums que d’autres remplissaient avec des photos de familles. Sa famille à elle, c’étaient les Saints, Marie, Dieu et Jésus qui l’avaient accueillie à bras ouverts sans rien lui demander en échange.
Elle aurait pu se faire religieuse, mais comment résister à la tentation de la maternité ? Total, elle n’avait eu ni mari, ni enfants, et elle n’était pas même religieuse.
Elle se consolait comme elle pouvait. Sa dernière création, un petit autel qu’elle s’était fabriqué et où elle disait la messe tous les dimanches, fenêtre ouvertes. Devant elle, point de fidèles, si ce n’étaient les oiseaux qui pépiaient dans les arbres…

3 mai 2011

Être positive

Une révolution était en marche : elle avait décidé d’être positive. Au placard les propositions négatives et les phrases interro-négatives : du positif, rien que du positif ! Parfois, la tâche s’avérait plus ardue qu’elle ne l’aurait pensée. Comme la veille, en cours. Un élève l’avait interrompue une fois, deux fois, pour tenir des propos d’une imbécillité abyssale, juste pour le plaisir d’exister face aux autres. Elle avait pensé très fortement à cette réplique de Michel Audiard : « Le jour où les cons voleront, tu seras chef d’escadrille ». Pourtant, elle s’était contentée de lui dire, d’un ton calme, que ses interruptions intempestives lui faisaient perdre toute concentration.
N’était-elle pas mûre pour la béatification, elle aussi ?

 

30 avril 2011

Lui et l’autre

Depuis longtemps, dans sa tête, ils étaient deux. Cette cohabitation ne lui avait posé aucun  problème, mais depuis un an, son colocataire se plaisait à le contrarier en permanence. Plus rien ne trouvait grâce à ses yeux. Il y a trois jours, il en était même arrivé au point de vouloir l’expulser, mais comment procéder puisqu’aucun bail n’avait été signé ?
Certes, il pouvait en parler à un conseiller juridique, mais qui le croirait ? Ne dirait-on pas qu’il était devenu fou ?

 

29 avril 2011

L'histoire drôle

Pour le repas d'anniversaire, elle avait appris trois blagues par coeur, histoire de meubler les temps morts qui ne manqueraient pas de surgir. La première blague, elle l'avait dite à la fin de l'apéritif, alors que les bulles de champagne pétillaient gaiement dans sa tête.
- Quelle est la différence entre le chocolat et une belle mère ?
Personne n'avait répondu, pas même sa belle mère. Elle avait donc donné la réponse.
- Le chocolat  constipe, mais la belle mère fait chier.
Son mari l'avait fusillée du regard. Quant à sa belle-mère, depuis cette blague malheureuse dite cinq ans plus tôt, le seul cadeau qu' elle lui offrait, c'étaient des chocolats ; et elle ne manquait jamais de conclure.
- En espérant qu'ils ne te constipent pas !

21 avril 2011

Les ciseaux

Elle ne le supportait plus : il s’achetait des vêtements de marque à n’en plus finir, sortait sans elle tous les samedis, et leur compte était systématiquement à découvert. Un samedi soir, alors qu’il était avec ses copains, elle n’y tint plus. Elle entassa sur le lit les derniers pulls Lacoste qu’il avait achetés, ses trois nouveaux Levi’s 501, sa veste Armani et elle les mit en pièces avec les gros ciseaux à couture que sa mère lui avait donnés. Seule la veste résista à ses assauts répétés, mais sa hargne finit par avoir le dessus.
Quand il rentra et découvrit le carnage, il se rua dans la cuisine et prit le gros couteau à découper la viande, mais "l'oiseau" s'était envolé chez sa mère...

20 avril 2011

Le gyrophare

Il s'était acheté un gyrophare, pour le plaisir. La première fois qu'il s'était fait arrêter par la police avec son gyrophare qui clignotait tous feux dehors, il avait  dit que sa mère était à l'hôpital ; la deuxième fois, il avait prétexté que sa femme accouchait à la clinique du Belvédère ; mais la troisième fois lui fut fatale : garde à vue et comparution immédiate. Il s'était pourtant effondré en disant que son père avait fait un accident vasculaire cérébral...

19 avril 2011

Décalage

On est dimanche, en fin d’après-midi, et je remonte la rue Havre Caumartin. A la hauteur de la vitrine du printemps, un haut-parleur diffuse « je t’aime moi non plus » et, à ce moment-là, je vois arriver en sens inverse un clochard hagard au regard vague et au pantalon tenu par une simple corde qui  joue très mal son rôle de ceinture. Il me regarde un instant et aborde une courbe incertaine. La voix sensuelle de Jane Birkin continue de susurrer sa ritournelle sensuelle «  Je t’aime oh oui je t’aime… »… Je me demande qui l’aime, lui ?

16 avril 2011

L’interdit

Une fois par mois, ils allaient faire la fête au cimetière. Ils emportaient des packs de bières et buvaient sur les caveaux pour "faire la nique aux morts". C’est tout au moins ce qu’ils disaient. Seulement, ce samedi-là, ils étaient allés plus loin, peut-être à cause de Kevin qui leur avait déclaré de sa voix de chef que cette putain de société ne méritait qu’une seule chose : Qu’on l’encule !

Le lendemain, on découvrit que la moitié des tombes étaient couvertes de croix gammées. Pourquoi ? Personne ne le sut jamais, pas même eux...

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