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Presquevoix...
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24 mai 2011

Compter

En allant aux toilettes ou en se lavant les mains,  il comptait. Un toc. Il essayait  bien de se surveiller mais rien n’y faisait, il comptait toujours. Un dimanche matin sa femme, lasse de ses rituels obsessionnels, lui avait dit agacée.
- Toi, il n’y a que l’argent que tu ne comptes pas !
Il enfonça la main dans sa poche, comme pour chercher quelque chose, mais il ne trouva rien. Pourtant, il était certain d’y avoir mis  un couteau

23 mai 2011

La sarabande

A chaque fois que son fils de 7 ans était sur le point de faire une bêtise, elle lui disait.
-    Attention, si tu continues comme ça, je te mets « la sarabande  des prêtres », et en boucle !
Depuis qu’elle avait trouvé cette parade, il s’était considérablement calmé.

PS : n’oubliez pas d’écouter « la sarabande des prêtres » !!!

21 mai 2011

L’homme de chambre

Il venait d'expédier la 103. Il ne lui restait plus que la 108 et sa journée serait terminée. Il poussa son chariot et le plaça juste à côté de la chambre.
Il fit glisser le badge, ouvrit la porte et entra. À l’intérieur, l’odeur était étrange : un mélange de nuit, de parfum et d’épices. Le lit était sens sus dessous et la cliente avait oublié un teeshirt rose fuchsia sur une chaise.  Il se souvint que la veille, le client de la 107 avait oublié un slip, et que  l’avant-veille, celui de la 110 avait laissé ses chaussettes.
Il était en train d’enlever les draps du lit quand la porte de la salle de bain s’ouvrit. Il se redressa instantanément. Une jeune femme brune, souriante, en soutien-gorge, se tenait sur le seuil.
-    Tenez, vous tombez bien, dit-elle d’une voix fraîche, à ma place vous mettriez quoi : le rouge  ou le bleu ?
Il la regarda bouche bée.
-    Ça ne va pas ? On dirait que vous allez vous trouver mal !
Il  sentit que la chambre tournait comme un manège, sûrement cette odeur de nuit, ce parfum inconnu, et puis cette chair nue… Quand il se réveilla, il était allongé sur le lit, en slip, et la cliente de la 108 avait disparu…

PS : Toute ressemblance avec des personnes existants ou ayant existé ne serait  que pure coïncidence.

19 mai 2011

La nouvelle tête

Il avait rêvé qu’on lui greffait une nouvelle tête. Il s’était même réveillé avec un léger mal de cou, mais il n’y prêta pas attention. Il prit son petit déjeuner, alluma son ordinateur, mit de l’ordre dans son courrier, prit sa douche, s’essuya tranquillement avec la serviette de bain, puis il se plaça face au miroir pour se raser. Et c’est à ce moment que sa vie a basculé : dans le miroir, ce n’était plus lui.
Cela faisait exactement 33 jours qu’il vivait avec une autre tête que la sienne et personne – sinon lui - ne voulait l’admettre. 
Même son ex-femme lui avait dit :
-    Mais enfin Jean-Louis, c’est bien toi. Tu as toujours la même tête. C’est peut-être ça qui t’embête, finalement ?

18 mai 2011

Les berceuses de l’âme

Depuis son voyage chez les pygmées, elle avait arrêté son travail de secrétaire au service des examens du Rectorat de Paris pour devenir « guérisseuse ».
Elle recevait ses « patients » dans une petite salle qui avait un mur mitoyen avec le bureau de son mari, professeur dans un obscur lycée de la banlieue parisienne. Et, lorsqu’il corrigeait, harassé, ses 35 copies de philosophie, il entendait les lancinantes berceuses pygmées supposées guérir les âmes blessées. Malgré son profond amour de la musique, il maudissait le jour où, pour leurs vingt ans de mariage, il lui avait offert ce voyage au Congo…

15 mai 2011

Le Mac Do

Au Mac Do, aucun menu n’était affiché sinon le Happy meal. C’est ce qu’il a demandé sans remarquer que la vendeuse lui adressait un drôle de regard.
Quand elle lui a tendu la petite boite colorée avec le bonhomme masqué qui glissait sur un toboggan jaune, sans oublier le cadeau qui allait avec, son sang s’est glacé dans ses veines. Il a réglé la somme demandée puis il est parti s'asseoir à l'extérieur. Il faisait froid, mais au moins,  personne ne le verrait manger son "Happy meal". Il a enfourné son minuscule sandwich, s’est attaqué aux frites en une bouchée pour terminer sur la mini-compote à la pomme ; trois minutes montre en main.

14 mai 2011

La porte

porte1Cette porte, son mari n’avait jamais voulu l’arranger. « Elle est bien comme elle est » disait-il. Maintenant qu’il était mort, qui allait s’en occuper ? Certainement pas elle, ni sa fille qu’elle ne voyait plus depuis longtemps. Quand elle lui avait demandé pour quoi elle ne venait jamais, celle-ci lui avait répondu.
- Tu le sais très bien !
Elle n’avait pas insisté, sachant que sa fille allait ressasser la même histoire à dormir debout. Pourtant une petite fille était née, elle aurait bien voulu la tenir dans ses bras. Mais sa fille avait été inflexible.
- Tu veux peut-être qu’il lui arrive la même chose qu’à moi ? Tant qu’il sera avec toi, c’est non !
Maintenant qu’il était mort, allait-elle revenir la voir ? Allait-elle pardonner ?

PS : texte écrit à partir de cette photo prêtée par Patrick Cassagnes

11 mai 2011

Le blouson

Il s’était assis devant elle à la gare du Nord et dès Strasbourg St Denis, elle ne savait plus comment supporter « la chose ». Elle aurait pu partir, mais la foule était si dense qu’elle avait préféré rester assise. Elle essayait de détacher ses yeux du blouson qu’il avait sur les genoux, impossible ! Malgré sa gêne, elle y revenait toujours. Les longs doigts  fins du  jeune homme  n’en finissaient pas de caresser le cuir du blouson comme ils auraient caressé un corps…

10 mai 2011

Coach en séduction

De professeur il était passé à coach en séduction. Sa belle gueule n’y était sans doute pas pour rien… Le grand écart, aurait-on pu penser au départ, mais finalement la littérature était-elle si éloignée que ça de la séduction ?
Tout plutôt que l’enseignement, s’était-il dit au bout de dix ans de bons et loyaux services dans un lycée d’une banlieue grise où les élèves  ne montraient qu’un enthousiasme très modéré pour la littérature.
Il s’était installé à son compte, au rez-de-chaussée d’un immeuble du dix-neuvième arrondissement de Paris. La petite salle peinte en blanc et égayée par des reproductions de Duffy ne désemplissait pas. Sa méthode était simple : un travail sur le look, quelques exercices théoriques puis pratiques, et surtout l’art de persuader et de séduire. Il recyclait – en l’ajustant à son nouveau public qui l’écoutait comme le Messie – le programme de seconde et de première sur l’argumentation. Sans parler de ce merveilleux roman – les liaisons dangereuses – dont il dévoilait l’infinie subtilité aux apprentis séducteurs assoiffés de conseils.
A raison de 740 euros le week-end – il prenait en général des groupes de 4 stagiaires – il ne pouvait se plaindre ; son salaire s’était considérablement amélioré, il était libre du lundi au jeudi et on le considérait comme un séducteur né…


9 mai 2011

Maigrir

Pour se donner le courage de maigrir, elle avait acheté un jean du 40. La vendeuse lui avait demandé si elle voulait l’essayer, tout en ayant  pris soin, auparavant, de lui dire que le 44 lui paraissait bien plus approprié.
Elle faillit lui dire de se mêler de ce qui la regardait mais elle n’en fit rien. Elle lui sourit, aimable, et se contenta de lui dire que l’autosuggestion faisait des miracles…

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