Coach en séduction
De professeur il était passé à coach en séduction. Sa belle gueule n’y était sans doute pas pour rien… Le grand écart, aurait-on pu penser au départ, mais finalement la littérature était-elle si éloignée que ça de la séduction ?
Tout plutôt que l’enseignement, s’était-il dit au bout de dix ans de bons et loyaux services dans un lycée d’une banlieue grise où les élèves ne montraient qu’un enthousiasme très modéré pour la littérature.
Il s’était installé à son compte, au rez-de-chaussée d’un immeuble du dix-neuvième arrondissement de Paris. La petite salle peinte en blanc et égayée par des reproductions de Duffy ne désemplissait pas. Sa méthode était simple : un travail sur le look, quelques exercices théoriques puis pratiques, et surtout l’art de persuader et de séduire. Il recyclait – en l’ajustant à son nouveau public qui l’écoutait comme le Messie – le programme de seconde et de première sur l’argumentation. Sans parler de ce merveilleux roman – les liaisons dangereuses – dont il dévoilait l’infinie subtilité aux apprentis séducteurs assoiffés de conseils.
A raison de 740 euros le week-end – il prenait en général des groupes de 4 stagiaires – il ne pouvait se plaindre ; son salaire s’était considérablement amélioré, il était libre du lundi au jeudi et on le considérait comme un séducteur né…