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1 août 2009

L'ami (gballand)

J'ai un ami que je n'aime pas beaucoup. Vous me direz certainement :
- Pourquoi en faire votre ami ?
Et je répondrai : par goût.
J'aime avoir des amis que je n'aime pas beaucoup, pour la simple raison que lorsque nous décidons - d'un commun accord ou non - de ne plus être amis, je ne ressens aucune douleur.
Ce que je veux m'éviter avant tout c'est la souffrance des séparations.

29 juillet 2009

Fantasme (gballand)

A chaque fois qu'il téléphonait à l’association c’était le même scénario :  il passait à côté d'une cabine d'essayage, le rideau était entrouvert, il voyait une femme se déshabiller, elle portait des jarretières, il ne pouvait détacher son regard de ce corps…
Un jour, agacée de la répétitivité du scénario qu'il débitait au téléphone d’une voix monocorde, elle lui dit :
- Vous savez que vous pouvez venir à l'association car notre spécificité  c'est plutôt l'écoute en face à face. Vous connaissez notre adresse ?
Une heure plus tard, un homme arrivait au local. C'était lui, elle le reconnut tout de suite à sa voix.
Durant l’entretien, il ne desserra quasiment pas les dents et passa le plus clair de son temps à  contempler le bout de ses chaussures.  De fantasmes il n'y eut point, juste son mal être qui se terrait entre lui et elle.

28 juillet 2009

Les couleurs (gballand)

Je n'ai plus de couleurs*. J'ai longtemps cherché un rouge vermillon, un jaune et un bleu, en vain. J'ai retourné mon esprit,  tout mis sens sus dessous, rien. Sans doute ai-je usé ma palette avant l'heure ? Maintenant je ne  cherche plus, je crée en tons grisés.
Hier, mon médecin m'a dit que j'avais mauvaise mine. Je lui ai juste répondu que ça n'allait pas s'arranger car les couleurs s'effaçaient de ma vie. Il a mis son masque de médecin compréhensif et m'a donné des vitamines que je ne prendrai pas.
Pourquoi feindre des couleurs qui n'existent plus ?

* phrase lue dans  un commentaire de "Pagenas", alias P. Cassagnes, sur le blog je-double.

27 juillet 2009

Comment devenir fou ? (gballand)

N'est pas fou qui veut. Moi, j'aimerais bien, mais je n'y arrive pas. J'en ai parlé à mon médecin et il m'a répondu :
- Vous, votre problème, c'est que vous êtes trop normale !
Quand je lui ai demandé ce que je pourrais faire pour devenir folle, il a rétorqué :
- Il n'y a rien à faire, sinon attendre, peut-être qu'un jour…
Voilà, c'était il y a un mois, maintenant je me surprends à espérer un miracle.

17 juillet 2009

Les mains (gballand)

Il avait des mains de brute ; des mains d’assassin. Pourquoi avait-il choisi de s’asseoir à côté d’elle, alors que le cinéma était presque vide ? Elle aurait dû se déplacer, mais elle n’avait pas osé.
Après le film, quand elle l’avait vu derrière elle, dans le miroir des toilettes, elle aurait dû crier, mais il était trop tard, il venait de lui plaquer une main sur la bouche, l’autre lui tordait le bras droit et il lui conseillait de faire ce qu’il lui demandait sans broncher, sinon…
Dix minutes plus tard, quand elle sortit des toilettes, le visage tuméfié, elle ne croisa personne. Elle marcha longtemps sur les trottoirs, hébétée. Un rideau de nuit était tombé devant ses yeux.

15 juillet 2009

L’échange (gballand)

Je suis coiffeur, c’est une chose qui peut arriver à tout le monde*. Elle, elle est hôtesse d’accueil dans un funérarium, c’est aussi une chose qui peut arriver à tout le monde. Samedi dernier, elle a voulu que je la coiffe pour un enterrement. Je ne l’ai pas fait payer, c’est une amie. Soucieuse de réciprocité, elle m’a  proposé des tarifs promotionnels sur une gamme de cercueils :
- Des modèles de qualité, m’a-t-elle assuré, nous n’avons jamais eu de plaintes.
- Merci, lui ai-je répondu poliment, tu ne m’en voudras pas si j’attends encore un peu...

* phrase extraite du livre de Max Aub : crimes exemplaires.

8 juillet 2009

L’avant bras (gballand)

Son avant-bras gauche avait été happé par la machine à pétrir le pain, et seul le bouton stop, placé à portée de sa main droite, lui avait sauvé la vie ; la  machine n’avait pas eu le temps de dévorer le haut du bras. Le patron n’avait fait ni une ni deux : pas de papiers, pas d’avant-bras, plus de force de travail, dehors.  Le type avait été traîné dans la voiture du patron, mais il  se débattait en réclamant son avant-bras à corps et à cris.
- Ta gueule, disait le patron exaspéré, tu vas pas la fermer ta gueule.
La voiture partit dans un crissement de pneus, l’avant bras resta  dans le local à poubelles.
Malgré ses forces qui s’amenuisaient, l’homme ne cessait de pleurer ce bras qu’on lui avait volé. Le patron éructa :
- Estime-toi heureux, j’aurais pu te foutre à la porte sans quoi ni qu’est-ce !
A 200 mètres de l’hôpital, on le poussa hors de la voiture. Celle-ci redémarra aussitôt ; l’homme, lui,  gisait inanimé sur le trottoir…

PS : texte écrit à partir d’une histoire vraie lue  dans un article du courrier international s’intitulant « terre promise »

4 juillet 2009

Faire plaisir ? (gballand )

- Fais-moi plaisir !.
- Donne-moi une bonne raison de te faire plaisir !
Il resta silencieux un instant et finit par lui dire.
- Tu es ma femme, non ?
Elle lui claqua la porte au nez. Voilà 7 ans qu’elle lui faisait plaisir sans plaisir.

PS : Ne manquez pas de regarder la bande annonce du film « Fais-moi plaisir » d’Emmanuel Mouret, vous ne le regretterez pas… Ce badinage amoureux, qui fait un  peu penser aux films de Rohmer, est infiniment drôle et léger.

3 juillet 2009

Mais regarde ! (gballand)

CSC_0672- Regarde-la ! Mais regarde-la, je te dis ! fit-elle à moitié hystérique.
Il ne voyait pas de quoi elle voulait parler, alors elle s’énerva.
- T’es aveugle ou quoi ? Tu  la vois pas la chauve-souris ? Elle est géniale, non ?
Il allait encore falloir qu’il s’exclame, qu’il s’extasie, qu’il s’exalte et s’il ne le faisait pas elle le lui reprocherait à coup sûr. Il en avait un peu assez de faire semblant.
Il se rendit compte que cette chauve-souris, indifférente à ce qui l’entourait, lui faisait un peu penser à lui, à ce qu’il voudrait être et ne pouvait pas être à cause d’elle…

PS : texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Pierrick. Pour voir son blog : http://croklaphoto.over-blog.com

2 juillet 2009

Canicule (gballand)

Depuis que le thermomètre ne décollait pas des  30 degrés à l’ombre Paulette, retraitée depuis 15 ans, passait ses après-midi au supermarché. Elle s’arrêtait au rayon « produits frais », installait sa chaise pliable ultra-légère dans un petit coin entre les packs de lait et commençait sa lecture de Paris Normandie.
Si jamais le chef de rayon s’avisait de lui faire une remarque, elle avait une réponse toute prête : ne connaissait-il pas le « plan canicule » ?

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