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26 mars 2009

La poêle (gballand)

Pourquoi  faisait-il  toujours exprès de parler quand elle pensait ? Pour qu’elle se perde et qu’elle ne se retrouve plus ? Elle ne pouvait plus penser tranquille dans cette maison et son coeur s’affolait comme un oiseau blessé.
« Tais-toi, je pense, tais-toi je pense, tais-toi je pense… » marmonnait-elle inlassablement pendant qu’il lui parlait ; mais il ne s’arrêtait pas, il ne s’arrêterait donc jamais ? Elle sentait que bientôt la marée de ses mots la submergerait  et elle ne savait pas nager.
C’est à cause de ça qu’elle l’avait assommé avec la poêle ; enfin le silence s’était fait.

24 mars 2009

La visite (gballand)

« Non, désolé, il ne veut pas venir », c’est ce qu’on lui avait dit quand elle s’était présentée ce matin-là à 9 heures. Elle en avait été étonnée… Cela ne s’était-il pas bien passé la fois précédente ? Elle avait dit ou fait quelque chose de déplacé ? Elle avait eu un regard malveillant ? Elle l’avait gêné ?
Non il ne voulait pas venir, il fallait tout simplement l’accepter. Il avait certainement de bonnes raisons de ne pas vouloir venir. Après tout, était-ce si important  ? N’était-elle pas, une fois de plus, en train de se rendre responsable de choses qui ne lui appartenaient pas ?
Elle reviendrait et peut-être que la fois prochaine…

12 mars 2009

La vieille (MBBS)

Tout paraissait si tranquille, pas un souffle d’air, le bruit de la mer comme musique de fond accompagnée de quelques cris de mouettes et un ciel bleu limpide comme le fond de ses yeux.

Couchée sur son transat, le regard caché derrière ses lunettes, elle observe les alentours, guettant le moindre indice lui signifiant quelque chose d’anormal. Quand a-t-elle commencé à se méfier, à surprendre ces regards entendus, à noter ces événements bizarres, à avoir peur ? Elle ne s’en souvient plus, l’angoisse ayant balayé toute notion de temps et de réalité. Depuis des semaines, elle fuit, de ville en ville, d’hôtels en pensions, de chambres en refuges précaires, dormant parfois même dans sa voiture, quand le contact avec le monde devient trop difficile à supporter. Sur cette plage désertée par les vacanciers tous retournés à leur routine, elle sent le soleil réchauffer ce corps qui n’en peut plus d’être en manque d’amour, qui aimerait être serré, bercé, enlacé comme elle le fit tant de fois à ses enfants, aux hommes qui ont partagé sa vie.

Sa main posée sur sa cuisse est tachée de points bruns, sa peau a perdu son élasticité et sa finesse sans parler de ce corps qui ne ressemble en rien à ce qu’elle fut, un jour, il y a si longtemps.

Seule, vieille, abandonnée, persécutée, elle se demande ce qui la pousse à vivre malgré tout…

 

- Maman, maman.

Carole lève les yeux de son livre et regarde son petit garçon courir vers elle. Il se jette dans ses bras et crie.

- J’ai trouvé un trésor, un trésor de chevaliers, viens voir, tu vas m’aider ! et de la tirer par la main hors de sa chaise.

Avec un petit soupir, elle pose son livre ne regrettant qu’à moitié de ne pas poursuivre sa lecture. Après tout, il fait trop beau pour s’immerger dans des histoires cafardeuses et l’héroïne de cette nouvelle ne la tente pas vraiement.

12 mars 2009

Paranoïa (gballand)

- Je suppose qu’il n’y a pas de fruit ? Lui dit-il d’une voix qu’elle jugea impatiente.
Toujours ces interrogations négatives ! Il l’accusait d’être paranoïaque, mais il y avait de quoi : « Je suppose qu’il n’y a pas de fruits » ce n’était quand même pas la même chose que  « Est-ce qu’il y a des fruits » ! S’il posait des questions simples, elle n’aurait pas l’impression d’être remise en cause en permanence.
Ne cherchait-il pas à la rendre folle, tout simplement ?

10 mars 2009

Le pouce (gballand)

- J’ai mal au pouce.
Elle répondit d’un ton distrait.
- Ah bon !
Malgré son indifférence, il continua à lui parler de son pouce qui le faisait, selon lui, terriblement souffrir.
- Il faut peut-être le couper et tu ne souffriras plus, concéda-t-elle.
Il s’énerva et répliqua.
- Oui, c’est ça, on coupe, on coupe, et quand on n’a plus rien à couper c’est qu’on est mort !
Elle préféra sortir de la pièce afin de couper court au long monologue qu’elle sentait venir.
Décidément, il vieillissait mal…

9 mars 2009

Une amie (MBBS)

- Quel cœur d’artichaut tu fais !

Les deux amies sont assises à la table d’un restaurant huppé de

la Riviera Vaudoise

, face à la baie vitrée qui surplombe le lac.

- Oui, je sais, mais cette fois c’est le bon, je t’assure. J’en suis follement amoureuse.

Lisa émiette un bout de pain avant de répondre.

- Tu m’avais dit la même chose avec Jean…

Un peu surprise par ce retour à cet amour difficile, Carole hésite une fraction de seconde avant d’éclater de rire.

- Tu as raison, mais je crois toujours que c’est le bon et je suis toujours sincèrement amoureuse. Ce n’est pas de ma faute si ça ne marche pas…mais peut-être as-tu raison, j’ai un cœur d’artichaut.

Le maître d’hôtel se présente à leur table avec la carte des vins. Elles demandent conseils et veulent des produits locaux. Il suggère alors un vin rouge valaisan au nom évocateur : Romance.

Alors que le nectar commandé est versé, elles lèvent leur verre à la nouvelle histoire d’amour de Carole. Des parfums de fruits rouges chatouillent leur odorat et elles dégustent par petites gorgées ce cru authentique en savourant l’instant présent. Lisa est songeuse, Carole s’en aperçoit et lui en demande la raison.

- Je pense à une phrase que j’ai lue quelque part, dont je ne connais pas l’auteur mais qui prend une signification particulière quand je pense à nous deux, à notre amitié. Une phrase qui dit l'essentiel et qui résume tout.

- Et qui est ?

- « Une amie, c’est quelqu’un qui sait tout de toi et continue à t’aimer quand même ! ».

6 mars 2009

Reconstruire ? (MBBS)

Son regard s’est fait suppliant.

- Dis, si d’un seul coup on pouvait reconstruire notre histoire, tu la verrais comment ?

Elle hausse les épaules et ne peut pas répondre, elle n’en a d’ailleurs pas envie. Pourquoi le mot « fin » est-il incapable de s’écrire sans pleurs, sans heurts et sans drames ? Pourquoi deux êtres qui se sont aimés, qui ont partagés leur vie ne peuvent pas se séparer comme ils se sont connus, simplement, avec tact et sensibilité ? Elle aimerait être ailleurs, ne plus voir ses yeux tristes, sa moue chagrine et ses mains qui se crispent sur la table. Elle le sent en deux phases et c’est la tristesse qui domine pour l’instant mais elle sait que la colère va prendre le dessus quand il réalisera que la rupture est inéluctable.

Cet homme elle l’aime mais leurs caractères sont si incompatibles que la vie est devenue un enfer. Elle aime ce qu’il n’aime pas, il préfère ce qu’elle déteste et ils peinent à partager ces petits détails qui font que la vie à deux est belle et intense.

Elle regarde au dehors. Le café est bondé, l’air est saturé d’humidité par les flocons que les clients déposent à terre en s’ébrouant comme des chiens. La neige tombe depuis le matin et le calme feutré qu’elle crée lui donne une envie folle de rentrer chez elle, de se glisser sous la couette, un livre à la main, de se plonger dans l’histoire et de ne plus penser à rien…

Elle revient à la réalité alors qu’il lui prend la main. Elle le regarde et se demande comment leur relation a commencé. Peut-être qu’il a raison, si ils pouvaient repasser le film de leur histoire, ils pourraient peut-être corriger les faux pas, les incompréhensions, les non-dits qui ont éparpillé les cailloux qui les ont fait trébucher…mais peut-on reconstruire ce qui est détruit ?

4 mars 2009

Le tour de France (gballand)

Face au lavabo, le  torse laiteux parsemé  de  touffes de poils sombres, le ventre bedonnant, son mari effectuait ses ablutions matinales ; quinze minutes, jamais plus. Au bout de dix minutes, il fit une pause pour  lui dire le plus sérieusement du monde.
- J’arrête les corticoïdes, je vais pouvoir m’inscrire au tour de France.
Elle l’imagina penché sur le guidon d’un vélo rutilant, revêtu d’un  maillot rouge et blanc où la marque Lesieur s’afficherait en toutes lettres, moulé dans un bermuda en lycra bleu pétrole, et elle fut prise d’une irrépressible envie de rire.
Il ne lui pardonna jamais.

2 mars 2009

La voix (gballand)

Voilà deux mois qu’ils se croisaient. Ils ne s’étaient encore jamais parlés. Juste des regards, des sourires, et cela suffisait à leur bonheur. La première fois qu’elle entendit sa voix, elle fut atterrée. Instinctivement, elle se boucha  les oreilles.
Depuis ce jour là, elle le fuyait…

26 février 2009

Le maître-nageur (gballand)

surveillanceIl était maître-nageur, elle était hôtesse de l’air. L’eau la terrorisait, l’air le tétanisait. Il ne prenait jamais l’avion. ; elle s’interdisait le bateau. Quand elle prenait son bain, c’était  sous haute protection, celle de son mari.
La veille de son départ pour Nouméa sur le vol A 495 de la compagnie Air France, elle se noya dans sa baignoire ; une défaillance humaine. Une minute de somnolence du maître-nageur avait suffi.
L’enquête conclut à un accident ; il fut lavé de tous soupçons.

* Photo vue sur ce blog

« Ele vigiava-a de um modo obsessivo »peut être traduit ainisi « il la surveillait de façon obsessionnelle »

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