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Presquevoix...
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30 juin 2009

La carrière (gballand)

Le commissaire divisionnaire referme le dossier, presque soulagé, il a un coupable tout trouvé. Ça tombe bien, l’enquête doit être bouclée au plus vite. Le Ministre veut des résultats.
- Et surtout, pas d’états d’âme, a tranché le Directeur de cabinet lors de l’entretien qu’il a eu avec lui.
Soulagé par la tournure que prennent les choses, le commissaire téléphone chez lui afin de rappeler à sa femme que, le soir même, elle doit porter cette robe rouge qui lui va comme un gant. Ne lui a t’on pas fait comprendre, en haut lieu, que les épouses représentaient un atout non négligeable dans la carrière de leurs maris ?

21 juin 2009

Youkali (gballand)

« Youkali*, c’est le pays de nos désirs,
Youkali, c’est le bonheur, c’est le plaisir,
Mais c’est un rêve, une folie
»...

Ces paroles, combien de fois ne les avaient-elles pas fredonnées avec  lui  Puis un jour, il n’y eut plus ni rêve, ni désir. Il n’y eut plus ni mot, ni regard. Il n’y eut  plus un geste ; le tango de leur couple se figea ; il n’y eut plus de Youkali.
Quand elle partit, au petit matin, elle lui laissa juste ce billet sur la table de nuit.
« Quand le ciel aura noyé la barque de mon âme, je me jetterai dans l’abîme, pourquoi devrais-je attendre le crépuscule ? »
Jamais il ne la revit.

* Musique de Kurt Weill, nostalgique à souhait, entendue il y a quatre ans - les paroles sont de Roger Fernay - et  gardée en mémoire depuis... eh oui, il n’y a pas de Youkali.

17 juin 2009

Le chien (gballand)

Quand son mari était mort, il y a deux ans, elle avait pris un chien. Elle lui avait  donné le même  prénom : Robert. Maintenant, le chien couchait dans son lit, mais pas sous les couvertures, quand même !

16 juin 2009

Mais comment font-elles? (MBBS)

Perchées sur des escarpins dont le talon dépasse allègrement les dix cm, je vois mes consœurs, jeunes ou vieilles, jolies ou moches, grosses ou minces marcher avec ces échasses sorties du fantasme de concepteurs de mode qui pour moi n’ont qu’une idée en tête : restaurer la torture consentante ? Cet apriori étant contrebalancé par la démarche aérienne et assurée de certaines femmes, j’ai voulu faire ma propre expérience.

Pénétrant dans un magasin de chaussures, j’ai été attirée par une jolie paire d’escarpins jaunes. Le talon aiguille n’avoisinait que 8 cm. « Pointure 37 » ai-je demandé à la vendeuse d’un ton décidé. Chaussée de ce soleil virtuel , j’ai pu faire le tour du magasin qui n’était pas très grand…puis j’ai regardé dehors et admiré les rues pavées qui font la fierté du centre de Lausanne. J'avais déjà été témoin de la farce du talon qui reste coincé entre deux pavés et de la belle qui se retrouvait comme Cendrillon…avec une seule chaussure à son pied, je me voyais vivre la même situation. Bon, passer pour une Cendrillon n’était pas pour me déplaire s’il y avait le Prince Charmant au bout de la rue mais il y avait peu de chance. Par contre des ricanements...

Mon regard s’est ensuite porté vers des mules à la hauteur encore plus vertigineuse et à la tenue de pied précaire si ce n’est quasi impossible. J’ai également voulu tester.

Certains vous diront que ces chaussures assurent un galbe parfait des jambes et que c’est un plaisir visuel non négligeable voire même important dans la course à la séduction. D’autres argumenteront que c’est le summum de la féminité. Ceux qui disent ce genre d’âneries n’ont soit jamais porté eux-mêmes ce genre d’instruments de torture, soit jamais visualisé les grimaces que la femme doit faire le soir on ôtant cet objet de fantasme de son petit pied, méchamment trituré, compressé et amoché par une journée complète à porter tout le poids du corps sur l’arcade plantaire antérieure…du moins, c’est ce que j’ai imaginé car déjà après cinq petites minutes, mes pieds criaient « grâce ! »

15 juin 2009

Le miel pops (gballand)

Hier matin, mon fils mangeait ses miels pops avachi sur la table de la cuisine ;  je lui ai dit.
- Tu en as fait tomber un par terre.
Il m’a répondu taciturne qu’il allait le ramasser. Je dois signaler que mon fils ne fait jamais les choses tout de suite, il se laisse toujours un temps pour la réflexion, serait-ce un philosophe en herbe ? Il lui fallait sans doute comprendre quelles seraient les implications de ce geste, et vérifier si le fait de ramasser le miel pops ne soulevait pas de problème éthique.
15 minutes plus tard, je suis revenue dans la cuisine qu’il avait désertée pour mettre le linge dans la machine à laver ; et qu’ai-je entendu sous ma chaussure ? Un craquement suspect, un craquement qui ressemblait fort au craquement d’un miel pops sous une semelle énervée. Et je l’ai vu, de mes yeux  : le miel pops était  collé  à ma semelle noire  !
Heureusement que l’amour que l’on porte à ses enfants ne tient pas un miel pops écrasé…

13 juin 2009

La glace de la salle de bain (gballand )

Hier, mon mari est resté planté devant la glace de la salle de bain  pendant de longues minutes. Je n’ai  pu m’empêcher de lui demander.
- Ben qu’est-ce que tu fais ?
Il m’a répondu d’une voix monocorde.
- Je m’habitue !
- A quoi ?
- A moi.
Je me suis tue, mais j’avais bien envie de lui dire qu’il n’était pas au bout de ses peines…

12 juin 2009

Il n’y a rien de grave (gballand)

« Il n’y a rien de grave, je suis mort », c’est ce qu’il lui avait dit la veille, quand elle avait téléphoné pour demander de ses nouvelles. Au début, elle avait cru qu’il plaisantait – il avait toujours été cynique - mais la tournure que prit la conversation l’inquiéta.
Un quart d’heure plus tard, elle composait le numéro de téléphone des pompiers. Quand elle arriva devant son immeuble, on sortait un brancard ; elle le vit livide et inerte. En larmes, elle balbutia « Mon Dieu, il n’est pas mort ? »
A la clinique, à son réveil, il la découvrit endormie au pied  de son lit. Il murmura : « Tu vois maman, c’est pire, je ne suis pas mort. »

10 juin 2009

Luxation

Au bureau, elle s’était tellement ennuyée, qu’elle avait baillé à plusieurs reprises et de plus en plus fort, résultat, elle s’était décrochée la mâchoire ! Le drame. Elle s’était résignée à la remettre elle-même  en place et bien mal lui en avait pris, la mâchoire inférieure s’était mal emboîtée, et il lui avait fallu aller aux urgences. Là bas, le médecin - un vieil homme au seuil de la retraite – n’avait  pas voulu y toucher.

- Plus de ma compétence, je suis trop vieux. Allez voir un spécialiste : tenez, voici son numéro de téléphone.

Elle aurait voulu le mordre, l’imbécile, mais ses mâchoires n’étaient plus en état de le faire. Elle adopta profil bas et prit rendez-vous chez le fameux spécialiste : une semaine d’attente ! Elle n’aurait qu’à avaler du bouillon midi et soir le reste de la semaine, un avant goût de la maison de retraite.  Mais si elle restait comme ça ?

27 mai 2009

Danger, travail ? (gballand)

Dans la salle d’accueil réservée au personnel, il y avait  déjà un type qui s’adressait aux nouvelles recrues.

- Moi je respecte la norme, toi tu respectes la norme. Tout le monde la respecte et le monde est bien* !

Premier jour de travail, bien sa veine d’être tombé sur ce con. 30 ans, le cheveu aussi court que ses idées, et la chemise blanche, ouverte sur une touffe de poils qui la dégoûtaient - elle avait toujours eu les poils en horreur, surtout les siens.

Le petit chef, le doigt sur la couture, continuait d’expliquer que la norme était l’avenir de l’homme, quel abruti ! Elle regarda autour d’elle,  tout le monde hochait de la tête, l’air convaincu. Elle voulut prendre son voisin à témoin, mais elle y renonça. Elle sentit que sa réflexion tomberait à plat, comme une malpropre, et qu’elle serait montrée du doigt par ces inconnus qui préféraient leurs œillères à sa lucidité.
Encore un boulot où elle ne tiendrait pas une semaine…

* réplique entendue dans le documentaire « Attention danger travail » de Pierre Carles.

26 mai 2009

La salle des pleurs (gballand)

Elle était entrée sans frapper et s’était assise dans l’un des nombreux fauteuils disposés dans la salle dont les murs étaient peints en bleu ciel et en vert très pâle. Elle savait qu’à cette heure-là, il n’y aurait personne, les gens arrivaient plutôt en fin d’après midi. Des mouchoirs en papier étaient disposés sur la table basse, prêts à accueillir les larmes des visiteurs. Dans un coin gauche de la salle, baignée d’une  lumière douce, une plante à larges feuilles  déployait son opulent feuillage vert sombre ; l’arrosait-on avec les larmes des visiteurs ?
Il y avait aussi deux autres petites pièces, attenantes à la salle principale.  Sur la première porte était inscrit « Si vous voulez parler » et sur la deuxième « Si vous voulez qu’on vous étreigne ». Aujourd’hui, elle avait décidé qu’elle parlerait…

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