Au café du coin...
Chez Albert, l’ambiance était souvent chaleureuse : un comptoir, une brochette d’alcooliques notoires, d’autres sur la corde raide et deux ou trois buveurs de café occasionnels. Ce matin-là, Gérard s’expliqua très clairement.
- Si ça continue comme ça, moi je prends la nationalité Marocaine !
- Ah ouais, et pourquoi ? Répliqua Michel goguenard.
- T’as pas remarqué que c’est toujours eux qui passent en premier avec tous les enfants qu’ils pondent ? Et nous les français, tintin.
Il y eut bien une faible protestation d’un buveur de café, mais qui fut vite étouffée par les autres clients.
- Moi aux prochaines élections présidentielles, je vote FN, c’est décidé ! dit Gérard
Deux clients joignirent leurs voix à la sienne. Quant au patron, il donna l’estocade finale.
- Moi, je fais pas de politique, mais si elle vient ici, la Marine, je lui paie un coup à boire. En voilà une qui en a, pas comme ces trous du cul qui brassent de l’air depuis trois ans. T’en penses quoi Momo ?
Mohamed essayait de se faire oublier. Assis à une table non loin du comptoir, il consultait les offres d’emplois. Il sentit que tous les regards se tournaient vers lui.
- Moi ? Je sais pas, je pense pas ; je veux du boulot, c’est tout.
Il retourna à sa lecture sous le regard pesant des hommes au comptoir. Sans doute ne reviendrait-il plus chez Albert, c’était trop risqué…