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Presquevoix...

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14 septembre 2017

Le p’tit vélo

20170811_151819On lui avait souvent dit qu’elle avait un « p’tit vélo qui  tournait dans sa tête ». De là venait-il son amour pour le vélo ? Peut-être. Le vélo était chez elle une seconde nature.

Certains auraient pu parler d’addiction, mais y avait-il addiction plus saine ? Quant au « p’tit vélo qui tournait dans sa tête », il était toujours là mais, plus elle vieillissait, plus elle s’observait et observait les autres, et plus elle comprenait que tout un chacun avait « un p’tit vélo qui lui tournait dans la tête ». Et, certains p’tits vélos faisaient plus de dégâts que d’autres…

 

PS : photo prise dans le Perche.

12 septembre 2017

Consultations

A l’hôpital, il donnait des consultations d’oubli mais, selon les cas, il pouvait aussi donner des ordonnances de vie. Devant l’étonnement des patients, il répondait.

-          Eh oui, il faut s’autoriser à vivre, et ce n’est pas donné à tout le monde, croyez-moi. L’ordonnance est là pour vous certifier que vous en avez le droit.

Les patients opinaient et, quand ils regardaient l’ordonnance, ils étaient toujours surpris de constater que le médecin avait écrit ce qu’il leur avait dit de vive voix à une différence près : l’achat de magnésium, sans doute pour faire plus sérieux.

10 septembre 2017

Le fil à linge

20170823_145923Quand  il avait vu le linge étendu sur le fil, il n’avait pu s’empêcher de s’arrêter. A qui appartenaient ces  sous-vêtements ? Son esprit vagabonda et, à défaut de voir la propriétaire, il prit une photo.

Soudain quelqu’un l’interpela.

-          Hep, vous là-bas, vous faites quoi ?

-          Je prends une photo, c’est interdit ?

-          C’est du voyeurisme, dit la dame qui avait atteint la soixantaine bien tassée et devait certainement faire du 100  E, vu son imposant tour de poitrine.

-          Mais en quoi ça vous gêne que je prenne une photo,  la voie est publique !

-          Oui, mais  les sous-vêtements ne le sont pas.

-          Le petit soutien-gorge bleu, c'est le vôtre ? demanda-t-il inocemment.

La dame manqua de s’étouffer, mais quand elle l’insulta, il était déjà loin…

 

PS : photo prise sur les bords de Loire

8 septembre 2017

Maman !

Comme à son habitude, elle attendait les parents de ses élèves à la sortie du cours de trapèze qu’elle donnait tous les mercredi après-midi. Ce jour-là, la maman de Louis, 6 ans, était en retard et celui-ci s’inquiétait un peu. L’avait-elle abandonné ? Quand il l’a vue au bout du couloir, il a couru se jeter dans ses bras, mais il lui a soudain  semblé important de revenir sur ses pas pour demander à son professeur.

-          Et toi ? Quand est-ce qu’elle arrive ta maman ?

6 septembre 2017

L’art de la ruse

Voici une histoire vraie, écrite par Gilda, mon amie de Belo Horizonte, et traduite du portugais par mes bons soins

 

Ivan, mon jeune frère, est un jour sorti du travail pour acheter de quoi préparer son sandwiche  de l’après-midi. Il a arrêté sa voiture en face d’une boulangerie et une moto s’est aussitôt garée derrière lui. Un jeune homme l’a abordé d’une voix sympathique et lui a dit de façon discrète : « Attaque à main armée ! Donne-moi ton argent, tout de suite. » Ivan a pris son portefeuille dans sa poche et lui a dit qu’il n’avait que 30 reais*. En se tournant vers le type qui le rackettait, afin qu’il voie bien qu’il travaillait et que ses vêtements étaient couverts de graisse, il lui a dit.

-          Tu vois, je travaille et je viens chercher du pain parce que je meurs de faim. Mais je vois que toi aussi tu travailles, même si je ne suis pas tout à fait  d’accord avec le type de travail que tu fais, mais chacun fait ce qu’il peut. Tu pourrais me prendre 20 « reais » et moi j’en garderais 10. Bien sûr, c’est toi qui choisis. Peut-être que tes besoins sont plus grands que ma faim.

Le voleur a répliqué.

-          Eh l’ami, je vois que tu es un gars travailleur, donne-moi 20 « reais », c’est génial !      

Ivan a tenu  à lui montrer ce qu’il avait dans son porte-monnaie parce qu’un mensonge aurait pu lui coûter la vie. Le voleur a ajouté « Je te crois, vieux ! ». Ivan est entré pour acheter son pain et en rentrant à la maison, il nous a tout raconté tranquillement.

Dans un lieu aussi violent que les grandes villes brésiliennes, l’arme d’un bon citoyen, c’est la ruse.

 

*le  real  est la monnaie brésilienne. 30 reais est l’équivalent de 8 euros.

 

 

4 septembre 2017

La boîte aux lettres

13_08_17_CIl y avait tellement longtemps qu’il ne recevait plus de courrier ! Mêmes les factures ne lui parvenaient pas.

Rien, le vide, le néant, mais dans cette vie de rien, il avait tissé sa toile obstinée qui le menait à petits pas vers la mort…

 

PS : photo gentiment prêtée par Patrick.

2 septembre 2017

La bête

b_teLa bête en lui sommeillait depuis des années – combien d’années ? Sans doute 8 ans, depuis que sa femme était partie après avoir porté plainte pour violences conjugales  - et la nouvelle proposition de la patronne de « la Civette » lui avait tout de suite mis l’eau à la bouche. Et puis, cinq euros, c’est quoi ? Alors il se lança.

-          Une offre découverte pour moi, Ginette !

-          T’es sûre Marcel ? T’as déjà pris trois bières !

Ginette avait l’art et la manière de jouer les bons samaritains, mais là, elle y allait un peu fort.

-          Trois bières, tu rigoles, c’est quoi ? Une offre découverte que j'te dis, Ginette!

-          Bon d'accord !

Sur ce, Jean Louis arriva, avec son tee-shirt vert fluo d'où débordait généreusement le gras de son bide.

-          Tiens, voilà Jean Louis ! Toujours aussi sexy ! gueula Marcel à son arrivée.

-          Ça va-t-y Ginette ? Ça va-t-y Marcel, Ça va-t-y les gars ? répondit Jean Louis.

Jean Louis était un adepte du « Ça va t-y ». Il le répétait en boucle, provoquant immanquablement l’exaspération de la patronne.

-          Jean Louis, si tu veux voir la bête qui sommeille en toi, c’est aujourd’hui ou jamais rigola Marcel en lui montrant l’ardoise.

-          La bête ? Répéta Jean Louis incrédule.

-          T’es bête ou quoi ? rétorqua Marcel.

-          D’accord pour une bête, acquiesça Jean Louis, pas contrariant. Alors, ça va-t-y Ginette ?

-          Ça va mais cherche pas la p’tite bête Jean louis !

Deux minutes plus tard la patronne apportait les breuvages et les plaisanteries fusèrent parmi les clients pour savoir qui aurait une bête plus grosse que l’autre.

-          Ça va-t-y Ginette ? Répéta Jean louis avant de boire ses premières gorgées qui lui firent l’effet d'un ballon de foot lancée à toute volée et qui aurait percuté son bide pour aller rebondir ailleurs. Marcel amorça la première descente avec prudence vu l’effet de la boisson sur Jean Louis.

-          Ca va Jean Louis ? Demanda Marcel un peu inquiet de voir Jean Louis affalé sur la table.

Jean Louis ne répondit pas et semblait reprendre sa respiration. Au même instant les clients hurlèrent en cœur « Et glou et glou et glou et glou… ! ».

Poussé par la liesse ambiante, Marcel se lança et, à la quatrième gorgée, il vit la bête dans toute sa splendeur : elle était grosse, poilue et avait un sexe énorme qui n’avait aucune commune mesure avec le sien qui s’était ratatiné au fil des ans. Avant de terminer son verre, la bête se réveilla tout à fait, elle déchira sa chemise, se frappa la poitrine, hurla un cri encore plus puissant que celui que Tarzan aurait pu pousser dans la jungle et elle se rua dehors en gueulant des monstruosités que la décence de Ginette ne m’autoriserait pas à répéter ici.

A l’intérieur du café, les gars riaient à gorge déployée et criaient « Elle est grosse la petite bête qui monte, elle est grosse ! ».

Quant à Jean Louis, perché sur un nuage d’où il contemplait sa petite bête qui avait la couardise de ceux que la vie a toujours battus, il continuait à répéter en boucle avec une articulation rendue douteuse par les brouillards de l’alcool « Alors, ça va t-y Ginette, ça va-t-y… » pendant que Ginette, elle, essayait d’avoir en vain la gendarmerie locale pour maîtriser la dangereuse bête qui était sortie de la Civette…

 

PS : photo prise dans le Perche

31 août 2017

L'accent

Un matin, elle se réveilla avec l’accent américain. Au début, elle ne le remarqua  pas, c’est son mari qui le lui signala.

-          Arrête de prendre cet accent !

-          Quel accent ? répondit-elle étonnée.

-          L’accent américain !

Elle alla voir  le médecin qui se déclara impuissant. Il avait même ajouté « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. » Elle avait pensé en son for intérieur qu’il se moquait certainement d’elle.

 Sur les conseils d’une amie, elle alla voir un psychanalyste renommé. Il l’écouta patiemment et, à la fin de son histoire, il lui dit posément.

-          Je ne peux rien pour vous, désolé.

Excédée par sa réponse, elle s’entendit lui riposter avec une aisance désarmante.

-          You’re a fucking ass hole* !

A partir de ce jour-là, elle ne s’exprima plus qu’en anglais et rien ne put la faire changer de langue. Son mari, qui ne comprenait ni ne parlait l’anglais, la quitta ; et son patron, dont l’entreprise exportait essentiellement vers l’Europe du Sud, la licencia. Ce départ et ce licenciement ne semblèrent pas l’affecter outre mesure, c’était comme si on la débarrassait de vêtements trop étroits.

Un mois plus tard, elle partait pour New York avec pour tout bagage, un minuscule sac à main…

 

* Vous êtes un foutu connard ( traduction approximative )

29 août 2017

Les guetteurs

20170811_132805Afin de réduire le nombre de vols, la municipalité avait mis en place des chiens guetteurs. Le maire avait su convaincre ses concitoyens avec des arguments de poids : les chiens travaillaient sans être rémunérés et, avantage non négligeable, ils dispensaient de l’affection.

Les volontaires avaient donc eu droit à un chien dont la pension était payée par la mairie.

Si le nombre de vols avait légèrement baissé, l’atmosphère dans la ville était beaucoup  plus conviviale et ce, pour une raison très simple : chaque habitant avait chez lui un bouc émissaire de choix et fichait ainsi une paix royal à son voisin !

 

PS : photo prise dans le Perche.

27 août 2017

Le dernier voyage

Lui voyageait léger, elle voyageait lourd. Il avait un petit sac à dos, elle une grosse valise à roulettes. Son sac à dos était marron, sa valise était rouge.

La dernière fois qu’ils sont partis ensemble, sa valise était si grosse qu’elle passait difficilement dans la travée centrale. Forcément, il devait l’aider. Forcément, il s’exécutait en maugréant.

L’apogée du voyage, ce fut lorsque l’une des roulettes du coffre rouge qu’elle appelait valise s’est cassée. Il a fait quatre wagons, suant, soufflant, vérifiant que l’infâme valise rouge n’accrochait personne au passage. Une fois devant leurs places, il lui a dit.

-          Ta valise me fait chier mais toi aussi tu me fais chier. Pars toute seule, moi je descends.

Et il est descendu rapidement du train, esquivant ainsi les reproches qui allaient fuser.

Dès qu’il a eu mis pied à terre, le chef de gare sifflait le départ. Il allait enfin pouvoir voyager tranquillement…

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