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Presquevoix...

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25 avril 2009

Les bulles de pensées (gballand)

N’avez-vous jamais eu peur que l’on devine le cours de vos pensées ?
Imaginez si des bulles s’affichaient au-dessus de votre tête lorsque vous parlez à quelqu’un ? Des bulles qui dévoileraient le fond de votre pensée. De quoi mettre le monde à feu et à sang !
Parfois, les horribles sécrétions de mon cerveau me font froid dans le dos et je crains, qu’un jour, elles ne sautent par-dessus la barrière des convenances.
Par exemple hier, je suis sortie de chez moi en même temps que ma voisine de gauche. Je l’aime bien ma voisine de gauche, mais si elle me parle trop longtemps, l’agacement me gagne. Hélas, hier, j’ai eu droit à 15 longues minutes de perles de  lieux communs, enfilées consciencieusement, sur la politique, les étrangers, les hommes, les femmes et les enfants. Si ma voisine avait pu lire une seule de mes pensées, je crois qu’à l’heure actuelle, elle me détesterait cordialement.
Bienheureuse politesse  qui donne aux apparences le  masque   de la « vérité »…

24 avril 2009

La lune (gballand)

- Je te décrocherai la lune !

C’est ce qu’il lui avait dit 30 ans plus tôt. La lune était toujours au même endroit et, depuis 10 ans, elle avait  droit à la soupe à la grimace. Récemment, elle s’en était ouverte à une amie qui lui avait répondu.

- L’homme le plus heureux du monde, c’est celui que tu n’as pas épousé.

Elle lui avait demandé des explications, avec insistance, mais elle en avait été pour ses frais, son amie était restée muette comme une carpe. Depuis, elle tournait et retournait constamment cette réponse dans sa tête et des migraines avaient fait leur apparition. Mais le pire, ce n’était pas les migraines, c’était ce sentiment de culpabilité qui ne la quittait plus.

23 avril 2009

Rôles inversés (MBBS)

Je la prends par la main et je la guide. Elle me suit docilement, confiante et nous nous faufilons parmi la foule du marché de ce samedi matin. Je m’arrête à un stand, je lui demande ce qu’elle préfère, la petite salade à tondre ou la doucette, elle hausse les épaules sans répondre ne sachant que choisir. Le choix, c’est dur à assumer parfois. Alors que la maraichère me sert, je vois sa main tremblante se faufiler parmi les cageots et saisir un radis solitaire qu’elle se met à déguster avec plaisir, comme une gamine qui aurait chipé le fruit défendu. J’empile mes légumes dans mon panier qu’elle saisit, toute contente de m’aider, d’être encore utile. Nous reprenons notre marche, sa main droite accrochée au panier, sa gauche glissée dans la mienne. Il y a un peu moins d’un demi-siècle, c’était moi qui tenais fermement sa main de peur de me perdre et c’était elle qui me guidait. Aujourd’hui, les rôles sont inversés.

Je retrouve, en ces moments où son cerveau se vide de toute l’accumulation d’une vie, un sourire d’enfant et des yeux pétillants de malice. L’enfance d’un autre temps émerge, loin de tous soucis et de toutes préoccupations…du moins c’est ce que j’imagine. Pourtant, parfois, au fond de ses yeux, une petite lueur vacillante tente de survivre aux ténèbres qui l’encerclent. Cette nuit qui s’annonce lui fait peur et elle cherche à la camoufler par un humour qui me fait rire et espérer que tout n’est pas perdu car moi aussi, j’ai une crainte qui fleurit en moi.

23 avril 2009

Le feu d’artifices (gballand)

Quand Pierre lui avait parlé de sa nouvelle copine, il lui avait dit, l’air extasié.
- Cette fille, c’est un feu d’artifices.
Il avait pensé que Pierre exagérait mais, le samedi suivant, il avait dû réviser son jugement. Le salaud, il ne s’emmerdait pas.
Pierre était arrivé au bras d’une fille qui avait au moins dix centimètres de plus que lui. Perchée sur de hauts talons qui  donnaient un affolant mouvement de va-et-vient à ses fesses moulées dans un pantalon blanc, presque transparent, elle aurait mis en rut n’importe quel octogénaire au sexe racorni. La fille lui avait souri. Une bombe. Elle était légèrement vulgaire – exactement comme il les aimait -, brune aux cheveux longs, et il ne put quitter des yeux sa bouche carnassière. Comment ce crétin de Pierre avait-il bien pu se trouver une fille pareille, lui qui était bègue et introverti ? Il avait eu l’explication plus tard.
Il l’aurait bien avalée toute crue, mais Pierre était accroché à elle, comme une épave tirée par un remorqueur, et la draguer ne serait pas chose facile. Pourtant, il n’eut plus qu’une idée en tête : se la faire  le soir même. Ils burent une bière ensemble et quand Pierre s’absenta pour aller aux toilettes, il tenta le tout pour le tout, lui fit le baratin habituel - en version condensée -, et la fille mordit à l’hameçon. Ce fut peut-être un peu trop rapide, mais il mit ça sur le compte de son charme. Rendez-vous fut pris le soir même, au café de l’Espiguette, à 19 heures. Quand Pierre revint des toilettes, il prétexta une migraine et rentra chez lui.
Le soir, à 19 heures tapantes, il se présentait au café de l’Espiguette. La bombe était déjà assise en terrasse. Ses seins juteux épousaient parfaitement l’échancrure de son tee shirt orange. En un éclair il  vit l’instant où il les sucerait voracement comme le nourrisson à la première tétée. Il lui dit bonjour, comme si de rien n’était,  ils burent un verre de rouge, parlèrent de tout et de rien – surtout de rien-, et quand il lui suggéra que la soirée pouvait se terminer chez lui, elle lui dit en professionnelle aguerrie.
- 120 euros, avec préservatif bien sûr.
Son verre se renversa ; heureusement, il était vide. Lui aussi.

PS : texte écrit dans le cadre des ateliers des "impromptus littéraires"

21 avril 2009

Au bout du fil (gballand)

antid_presseursElle était toujours au bout du fil pour calmer ses peurs. Allô,  était son mot de passe. Sa devise :  combler le vide pour combler l’angoisse.
Personne ne la supportait plus : son mari avait depuis longtemps déserté le domicile conjugal, ses enfants l’évitaient, et même elle se fuyait. Quand elle s’apercevait par hasard, au détour d’un miroir, elle tentait à tout prix de se perdre de vue, effrayée de sa propre image.  C’est donc moi ? Se disait-elle à chaque fois, désespérée de se voir si grosse.
Lors de sa dernière visite mensuelle, le psychiatre lui avait  annoncé.

- Je ne sais plus quoi vous proposer comme traitement.

Elle en avait déduit qu’elle mettait le corps médical en échec. Avant de partir du cabinet, elle avait bien essayé de lui dire  qu’elle n’arrivait  plus à dormir, mais il l’avait poussé fermement vers la porte en concluant.

- Vous m’en parlerez la prochaine fois.

Une fois la porte refermée, le psychiatre s’était affalé sur le divan, épuisé. Il avait avoué, plus tard, à l’un de ses confrères, que cette patiente le désolait et réactivait chez lui un syndrome de dépression.

* photo vue sur ce blog

PS : texte écrit à partir d’une consigne donnée par l’atelier des « impromptus littéraires »

20 avril 2009

Le revolver (gballand)

- Vous pouvez me faire confiance, je pourrais être votre père.

Justement avait-elle envie de lui dire, c’est bien pour ça que je ne vous fais pas confiance. Le type avait un regard vicieux et elle sentait que dans trente secondes, il lui mettrait la main sur le genou. Ce qui ne manqua pas. Dix secondes plus tard, sa main glissait d’avant en arrière puis, elle s’attarda sur le haut de sa cuisse et ses gros doigts essayèrent de se faufiler sous l’élastique de sa culotte. C’est à ce moment-là qu’elle gueula. Le type fut surpris et la voiture se retrouva sur la voie opposée. Heureusement la route était déserte.

- Vous êtes cinglée !
- Pas toucha à ça, siffla-t-elle, c’est pas pour vos vilaines pattes velues.

Il lui jeta un coup d’œil rapide et continua à conduire, les deux mains sur le volant cette fois. Puis au bout d’un moment il ajouta d’un air entendu.

- Le stop c’est l’aventure, non ? Et quand on est jeune…
- L’aventure c’est pas coucher avec tous les mecs qui me prennent en stop !

Il se demandait s’il devait continuer à la titiller, il était évident qu’elle ne coucherait pas avec lui et en plus, c’était pas son genre, trop maigre. Il l’avait juste draguée par habitude, ce que tout mec doit faire quand il voit une nana, pensait-il. Pour la punir de lui avoir fait faire une embardée, il conclut.

- Et si je vous violais, là, en pleine forêt, qu’est-ce que vous diriez ?

A ce moment-là, il sentit un revolver sur sa tempe.

- Je vous dirais que vous êtes très con et que si vous continuez, je vous tire une balle dans la tête. Alors maintenant conduisez et bouclez-là. Je descendrai au prochain patelin.

Elle observa qu’il était blanc comme un linge. Maintenant, son sexe arrogant devait être tout ratatiné et cette idée la fit glousser. Le type lui demanda si elle pouvait baisser son arme, ce qu’elle fit. Peu de temps après elle ne put s’empêcher de lui dire.

- Vous n’en avez pas marre d’avoir une bite à la place du cerveau ?

Il ne répondit rien, alors elle continua.

- Faut dire que quand on est con, il y a peu d’espoir pour que ça change, hein ? Vous avez des enfants ?
- Qu’est-ce que ça peut vous foutre ?
- Alors ? Dit-elle en le menaçant à nouveau de son arme.
- Deux.

Elle hocha la tête avec tristesse en baissant son revolver. Elle eut une pensée émue pour les deux gosses, encore deux victimes. Quand elle vit la pancarte de la ville, elle lui dit en pointant à nouveau son arme.

- Arrêtez-vous dès que ce sera possible.


Le type freina et la voiture s’immobilisa sur le bas côté.

- Mort aux cons ! Hurla-t-elle en sortant.

Elle entendit un « salope » étouffé par le claquement de la porte. Puis la voiture disparut dans un crissement de pneus. Elle pensa que le soir même, sa femme subirait ses assauts ; elle eut de la peine pour elle, ce type devait être un véritable marteau piqueur.

19 avril 2009

Le bouc émissaire (gballand)

Elle a un chien, d’accord, pourquoi pas, son mari est mort. Ce n’est pas la première à avoir un chien, ni la dernière ! Mais ce chien, elle ne le laisse jamais seul chez elle, elle dit qu’il s’ennuie. Alors elle le traîne partout, même chez nous, quelle plaie.

- Il y en a qui aiment les boulets ! Dit souvent mon mari ; il sait de quoi il parle.

Evidemment, si l’on y réfléchit à deux fois, un chien présente de multiples avantages et le premier à mon sens c’est le suivant :  quand on engueule un chien,  il remue la queue, alors que le conjoint…

18 avril 2009

Les arbres (gballand)

arbreQuand je vois des arbres, je pense à moi : je vais mal. Oui je sais, je ne suis pas la seule, mais aller si mal, est-ce normal ? Même vous, je crois, vous n’en êtes pas là.
Mon problème, c’est que je ne pousse pas droit. J’ai toujours poussé de travers. J’ai bien essayé de me faire redresser chez un psychothérapeute, mais ça n’a pas marché. J’en ai usé 10, sans résultat, alors j’ai arrêté. Je n’y croyais pas, eux non plus, et on finissait par se détester.
J’aurais tellement aimé être un tronc à la peau blanche et lisse. Pourquoi n’est-on jamais ce qu’on voudrait être ?

* photo gentiment prêtée par Mariesondêtre

17 avril 2009

L’auteure

Celle qui me donne des manuscrits truffés de fautes et que j’ai renoncé à publier, voilà qu’elle me menace*. Elle a écrit un truc imbuvable et maintenant, la cinglée, elle se prend pour un écrivain maudit ! Est-ce qu’il suffit d’écrire pour être écrivain ? Encore faudrait-il savoir donner une forme à un fond, encore faudrait-il qu’il y ait un fond, encore faudrait-il qu’elle sache construire des phrases correctes, tout simplement. Elle  parle de sa vie, mais comment s’intéresser à ce destin banal  qui,  à aucun moment, par la magie de l'écriture, n’atteint l’universalité ? Qu’elle aille en importuner un autre avec sa syntaxe bancale et son nombril qui se pâme !
Parfois, je me demande si elle ne  m’attend pas sous une porte cochère, avec à la main, le couteau qu’elle a soigneusement affûté afin de faire disparaître l’éditeur ignoble qui  refuse de faire naître  sa grande œuvre ; parfois j’imagine la lame du couteau sous ma gorge, parfois j’imagine même ce qu’elle me dira avant de me faire passer ad patres : « Mort aux castrateurs ! »
Hier, j’ai porté plainte, je n’en peux plus.

* phrase lue sur le  site « Docteur Watson », consacré aux livres et à l’édition.

16 avril 2009

Vous écrivez ? (gballand)

Vous écrivez tous les jours, vous remplissez des pages et des pages virtuels, vous faites de la navigation côtière, au fil de vous, les personnages se mêlent et se démêlent, vous plongez au cœur de l’inconscient, vous vous lisez, vous vous relisez, vous posez des questions au narrateur, il vous répond, vous lui répondez…   parfois des proches croient se reconnaître dans vos textes, vous  souriez ; comme si votre imaginaire se limitait à eux !

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