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Presquevoix...

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19 juin 2009

J’ai viré de bord (gballand)

Quand je lui ai dit « J’ai viré de bord ! », Christophe a cru que j’étais passé à l’UMP ! L’imbécile ! Comme si je pouvais entrer dans un parti de bouffons libéraux ! Comme il me connaît mal ! Rien que ça, ça m’a découragé d’aller plus loin. Ma confidence, je la ferais à quelqu’un d’autre.
L’après midi, j’ai téléphoné à Juliette, peut-être qu’avec elle, ce serait plus facile. J’ai commencé de la même façon « J’ai viré de bord ! ». Elle s’est exclamée, d’un ton désinvolte.
- Oh, ça arrive à tout le monde !
Comment ça ? Ça arrive à tout le monde ! Ça m’étonnerait bien que ça arrive à tout le monde ! J’ai préféré ne pas insister et passer à autre chose.
Le soir même, j’ai téléphoné à Jean, un copain que j’ai connu chez Manpower, une agence d’intérim. Quand je lui ai dit « J’ai viré de bord », il m’a demandé atterré.
- T’es devenu pédé ?
- Tout juste, lui ai-je répondu, content d’être compris.
Et il m’a raccroché au nez.

PS : texte écrit à partir d’une consigne donnée par l’atelier « Les impromptus littéraires »

18 juin 2009

La courte échelle (gballand)

pagenas11« Fais-moi la courte échelle, il faut que je vérifie un truc ! », C’est ce qu’elle lui avait dit la première fois qu’elle lui avait vraiment parlé. Est-ce qu’on demande ça à un garçon la première fois  ? Il n’avait pourtant pas refusé et avait placé ses mains tout contre le mur afin qu’elle puisse se hisser. Il faisait beau, une brise légère agitait les feuillages et, pendant qu’elle regardait de l’autre côté du mur, lui regardait ses jambes blanches qu’il aurait bien aimé caresser.
- Je t’ai pas demandé de regarder mes jambes !
Comment avait-elle su ? Et elle avait rajouté comme par provocation.
- Mais si ça t’amuse,  te gêne pas !
Il avait rougi. Juste après, elle avait poussé un cri de surprise et lui avait dit d’un ton dépité.
- Ils font l’amour !
- Qui ?
- Lui et elle.
- Tu les connais ?
- Lui, oui.
C’est tout ce qu’elle avait daigné répondre.
- Aide-moi à descendre, avait-elle ajouté d’un ton sec, j’en ai assez vu pour aujourd’hui.
Une fois à terre, elle l’avait regardé droit dans les yeux en lui demandant.
- Je te plais ?
Il avait répondu que oui, sans oser fixer ses yeux clairs.
- Alors fais-moi l’amour !
- Maintenant ? Avait-il articulé la gorge sèche.
- Oui ! C’est  maintenant ou jamais !
Et, les yeux brillants, elle s’était collée contre le mur.

PS : texte illustré par Pagenas. N’oubliez pas de visiter son site : www.sucrebleu.com

17 juin 2009

Le chien (gballand)

Quand son mari était mort, il y a deux ans, elle avait pris un chien. Elle lui avait  donné le même  prénom : Robert. Maintenant, le chien couchait dans son lit, mais pas sous les couvertures, quand même !

16 juin 2009

Mais comment font-elles? (MBBS)

Perchées sur des escarpins dont le talon dépasse allègrement les dix cm, je vois mes consœurs, jeunes ou vieilles, jolies ou moches, grosses ou minces marcher avec ces échasses sorties du fantasme de concepteurs de mode qui pour moi n’ont qu’une idée en tête : restaurer la torture consentante ? Cet apriori étant contrebalancé par la démarche aérienne et assurée de certaines femmes, j’ai voulu faire ma propre expérience.

Pénétrant dans un magasin de chaussures, j’ai été attirée par une jolie paire d’escarpins jaunes. Le talon aiguille n’avoisinait que 8 cm. « Pointure 37 » ai-je demandé à la vendeuse d’un ton décidé. Chaussée de ce soleil virtuel , j’ai pu faire le tour du magasin qui n’était pas très grand…puis j’ai regardé dehors et admiré les rues pavées qui font la fierté du centre de Lausanne. J'avais déjà été témoin de la farce du talon qui reste coincé entre deux pavés et de la belle qui se retrouvait comme Cendrillon…avec une seule chaussure à son pied, je me voyais vivre la même situation. Bon, passer pour une Cendrillon n’était pas pour me déplaire s’il y avait le Prince Charmant au bout de la rue mais il y avait peu de chance. Par contre des ricanements...

Mon regard s’est ensuite porté vers des mules à la hauteur encore plus vertigineuse et à la tenue de pied précaire si ce n’est quasi impossible. J’ai également voulu tester.

Certains vous diront que ces chaussures assurent un galbe parfait des jambes et que c’est un plaisir visuel non négligeable voire même important dans la course à la séduction. D’autres argumenteront que c’est le summum de la féminité. Ceux qui disent ce genre d’âneries n’ont soit jamais porté eux-mêmes ce genre d’instruments de torture, soit jamais visualisé les grimaces que la femme doit faire le soir on ôtant cet objet de fantasme de son petit pied, méchamment trituré, compressé et amoché par une journée complète à porter tout le poids du corps sur l’arcade plantaire antérieure…du moins, c’est ce que j’ai imaginé car déjà après cinq petites minutes, mes pieds criaient « grâce ! »

16 juin 2009

La confession (gballand)

coeur_surprendreLa première fois qu’il l’avait vue, elle sortait de l’église. Il n’était pas homme à bondieuseries, mais il n’avait rien contre les vierges.

Elle entrait  dans l’Eglise Saint Sulpice à 14 h et en ressortait 35 minutes plus tard, montre en main. Il sut ensuite qu’elle allait se confesser. Que pouvait-elle bien raconter au prêtre ? Elle était pâle, le visage long et mélancolique, un peu à l’image de ces madones qui ont fait les beaux jours de la renaissance.

Il aimait  les femmes aux visages tristes, sans doute pensait-il qu’il pourrait les abreuver à la fontaine de son rire.  Il l’avait abordée le quatrième jour, avec une phrase passe-partout.

- Je suis sûr qu’on se connaît.

Le plus sérieusement du monde, elle lui avait répondu.

- N’aviez-vous pas remarqué que vous me surveilliez ?


Sa question l’avait agréablement surpris et il avait aussitôt enchaîné.

- Vous êtes croyante ?
- Moi ? Croyante ? Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
- Mais tous les jours, vous venez vous confesser.

Elle avait souri en lui faisant cette réplique énigmatique.

- Aller au confessionnal ne veut pas forcément dire se confesser.


Si elle ne se confessait pas, que faisait-elle, alors ?
Il l’invita au café, elle le suivit sans se faire prier et leur première conversation avait parcouru les plaines calmes des lieux communs de ceux qui s’observent.  Il n’apprit rien de plus sur elle, si ce n’est qu’elle travaillait à mi-temps dans une librairie. En l'examinant attentivement, il se rendit compte qu’elle n’était pas belle, mais mystérieuse.


Il avait insisté pour la voir le jour suivant et celui qui avait suivi. Il désirait ardemment son mystère comme d’autres auraient désiré son corps. Elle lui fit cadeau de son histoire le septième jour et il but ses paroles  jusqu’à l’extase. Elle savait raconter comme personne,  et ménageait de petites  trêves orgasmiques que seuls les amants peuvent connaître.  Encore aujourd’hui, il se souvient de l’intensité de la jouissance ressentie lorsqu’elle lui avait chuchoté le dénouement.


Quinze ans ont passé, mais aujourd’hui, il sent encore le souffle de ses mots qui caressent son oreille : « Chaque jour, il me  raconte ma mère qu’il a aimée dans l’intimité de ce confessionnal. Il me dit que je ne dois pas lui en vouloir. Il me dit aussi que je lui ressemble… ». 

PS : ce texte a été écrit à partir de ce "montage", gentiment prêté par Pagenas. Pour voir son site : www.sucrebleu.com

15 juin 2009

Le miel pops (gballand)

Hier matin, mon fils mangeait ses miels pops avachi sur la table de la cuisine ;  je lui ai dit.
- Tu en as fait tomber un par terre.
Il m’a répondu taciturne qu’il allait le ramasser. Je dois signaler que mon fils ne fait jamais les choses tout de suite, il se laisse toujours un temps pour la réflexion, serait-ce un philosophe en herbe ? Il lui fallait sans doute comprendre quelles seraient les implications de ce geste, et vérifier si le fait de ramasser le miel pops ne soulevait pas de problème éthique.
15 minutes plus tard, je suis revenue dans la cuisine qu’il avait désertée pour mettre le linge dans la machine à laver ; et qu’ai-je entendu sous ma chaussure ? Un craquement suspect, un craquement qui ressemblait fort au craquement d’un miel pops sous une semelle énervée. Et je l’ai vu, de mes yeux  : le miel pops était  collé  à ma semelle noire  !
Heureusement que l’amour que l’on porte à ses enfants ne tient pas un miel pops écrasé…

14 juin 2009

La femme de l’auteur (gballand)

pagenas12"Il s’est dépêché de disparaître avant que l’erreur ait un visage* ; depuis quelque temps, les erreurs avaient toujours le visage de sa femme. »

Oui, ça pouvait parfaitement être le début de son nouveau roman, mais aurait-il assez de souffle pour l’achever ? Au moment où il  relisait sa phrase pour la dixième fois, sa femme l’appela. Il fit la sourde oreille. Elle insista et frappa à la porte.

- J’écris, répondit-il sans bouger.

Elle riposta.

- Et alors ? Je  suis pas un personnage de roman, moi ! J’existe !


C’était son nouveau leitmotiv. Il se leva à regret, tourna la clef dans la serrure et elle entra. Sans hésiter, elle se dirigea vers l’ordinateur et lut la phrase inscrite sur l’écran.

- Tu parles de moi ?
- Non, quelle idée !
- Tu dis bien « sa femme » ?
- Oui, mais c’est la femme du personnage principal, pas la mienne ! Le personnage, c’est pas moi, c’est un homme âgé, blasé, qui veut mettre fin à ses jours.

Elle ne répondit rien mais s’assit devant l’ordinateur, sélectionna la phrase et la supprima.

- Tu es folle ? De quel droit tu touches à mon travail ?
- De mon droit de femme d’auteur. Tu peux bien me dire que l’auteur et le personnage sont deux personnes distinctes, je te dis, moi, que ce qui va guider ce personnage-là, c’est l’inconscient de l’auteur et l’auteur, c’est bien toi, non ?

Il la regarda d’un air méchant. Pressentant une catastrophe, elle préféra partir, mais elle n’eut pas le temps d’atteindre la porte ; il l’assomma  avec le presse-papiers qui trônait sur son bureau. Quelques secondes plus tard, il posa l’objet à sa place initiale, s’essuya les mains sur son pantalon et  revint  s’asseoir devant l’écran de l’ordinateur pour écrire le paragraphe suivant :
« Il décida de faire disparaître sa femme pour quelque temps, peut-être même définitivement, mais rien n’était encore sûr ; il avait un roman à écrire et les choses s’annonçaient difficiles. »

* phrase extraite d’un livre de Virginie Lou

P. S. Ce texte est illustré par Pagenas. Pour voir son site : www.sucrebleu.com

13 juin 2009

La glace de la salle de bain (gballand )

Hier, mon mari est resté planté devant la glace de la salle de bain  pendant de longues minutes. Je n’ai  pu m’empêcher de lui demander.
- Ben qu’est-ce que tu fais ?
Il m’a répondu d’une voix monocorde.
- Je m’habitue !
- A quoi ?
- A moi.
Je me suis tue, mais j’avais bien envie de lui dire qu’il n’était pas au bout de ses peines…

12 juin 2009

Il n’y a rien de grave (gballand)

« Il n’y a rien de grave, je suis mort », c’est ce qu’il lui avait dit la veille, quand elle avait téléphoné pour demander de ses nouvelles. Au début, elle avait cru qu’il plaisantait – il avait toujours été cynique - mais la tournure que prit la conversation l’inquiéta.
Un quart d’heure plus tard, elle composait le numéro de téléphone des pompiers. Quand elle arriva devant son immeuble, on sortait un brancard ; elle le vit livide et inerte. En larmes, elle balbutia « Mon Dieu, il n’est pas mort ? »
A la clinique, à son réveil, il la découvrit endormie au pied  de son lit. Il murmura : « Tu vois maman, c’est pire, je ne suis pas mort. »

11 juin 2009

Les hommes (gballand)

_lacoqueLes hommes, elle  les avait toujours voulus à la coque, brûlants, avec du jaune onctueux, et une toute petite pointe de noir dans le lait de leur âme.  Le dernier en date ressemblait à la marée montante et elle aimait se jeter dans les vagues sombres de son corps. Son amie Marie  avait dit, résignée.

- Encore un qui ne va pas faire long feu !

Elle n’avait pas eu tort, les salves avaient été de courtes durées. Des nuages noirs étaient très vite venus assombrir l’horizon  et elle avait dû le faire disparaître au plus vite ; elle inventa une abracadabrante histoire astrologique.

- Avec Uranus dans la maison du scorpion, je ne peux plus rester avec toi sous peine d’être rayée de la carte amoureuse de mon ciel.


Il la jugea folle et lui répondit  qu’à son stade, ce n’était  pas un astrologue qu’elle devait consulter, mais un psychiatre ; elle le laissa dire, comme les autres…

Audacieuse, elle décida de changer l’assaisonnement de ses amours à la coque ; pourquoi n’utiliserait-elle pas, aussi, quelques petites asperges vertes, sauvages, cuites « al dente » dont elle se servirait comme mouillettes ? Sa nouvelle recette fut créée en un jour, alors qu’elle était assise sur la grève à écouter la mer ; et c'est ce jour-là qu'il sortit de l’eau, sceptre à la main, tel Neptune, pour rétablir l’ordre après la tempête. A même le sable humide, il lui fit découvrir cet étrange poisson argenté qui se débattait  comme un beau diable au bout de son trident scintillant.


Le lendemain, Neptune disparaissait, comme il était venu, mais jamais elle ne l'oublia, car il avait laissé dans sa bouche le goût des asperges sauvages.

PS : texte qui m’a été inspiré par ce « collage », gentiment prêté par Pagenas, et son titre : « A la coque »  Pour visiter son site : www.sucrebleu.com

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