Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Presquevoix...

Archives
14 février 2009

Un coup de vieux (gballand)

Samedi dernier, notre fils est parti dormir chez un ami. En fermant les volets, à 19 h 30 exactement, mon mari m’a dit : « Tiens, ce soir on s’entraîne à être vieux ! »
Lente de nature, je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu laconique.
- Eh bien, ce soir, Thomas n’est pas là !
Depuis une semaine, tous les soirs, à 19 h 30 précisément, je pense à ce que mon mari m’a dit et je prends un nouveau coup de vieux ! Jusqu’à quand ?

13 février 2009

La piste noire (texte de gballand)

Son rêve le fatiguait : depuis un mois, tous les soirs il devait descendre la même piste noire alors qu’il n’avait jamais fait de ski. Il restait en haut de la piste, médusé, cloué par la peur, se demandant comment il allait pouvoir s’en sortir, quand soudain on  le poussait et, les genoux fléchis, le corps penché vers l’avant, il prenait une vitesse folle. A ce moment là, il se réveillait en hurlant, le corps en sueur et il lui fallait une bonne minute pour se rendre compte qu’il était dans la blancheur immaculée de son lit. Il était épuisé.
Le médecin consulté la semaine précédente lui avait juste dit.

- Je ne peux rien faire pour vous, la clef est en vous.

Abattu, il décida de partir un week-end à la montagne, jugeant que l’air des cimes le revigorerait. Le lendemain de son arrivée, il loua des skis, les chaussa – ce qui lui parut un peu difficile car ses souvenirs de ski remontaient à 15 ans – et prit le télésiège sur un coup de tête ; direction, la piste noire. A l’arrivée, il eut du mal à descendre du télésiège. Ensuite, il s’emmêla les pieds dans les bâtons et chuta plusieurs fois à cause de la poudreuse. Arrivé à la hauteur de la piste noire, il se mit instinctivement face à la descente, les bâtons piqués dans la neige. Quand il vit la raideur de la pente, il faillit s’évanouir. Le vent  fouettait son visage jusqu’à l’obliger à fermer les yeux, même derrière ses lunettes. Il essuya les verres avec sa main droite et c’est à ce moment là que quelqu’un le bouscula et l’obligea à dévaler la pente. Il eut le réflexe de pencher le corps vers l’avant, mais il prit de plus en plus de vitesse et  disparut dans la brume légère. Personne ne le revit jamais.

12 février 2009

Au rapport ! (gballand)

Jeudi, au rapport : je suis inspectée ! Ce qui me gêne dans l’inspection, c’est le fait d’être jugée sur une petite heure de cours et le côté « chien savant » que cette visite induit ! On vient vous voir tellement rarement  – une fois tous les 5, 8 ou 10  ans -  qu’on vous incite presque à "déballer" toute la panoplie de ce que vous savez faire, comme au cirque - pirouettes,  doubles sauts périlleux avant et arrière,  équilibres, roues etc. – le tout, bien sûr dans le cadre de ce que le Dogme autorise.
Pour aujourd’hui j’ai tout simplement décidé de faire « la même chose » que d’habitude : pourquoi feindre ? D’ailleurs les élèves seraient les premiers surpris. Ce sera donc le menu familial, ni plus, ni moins, mais avec les crispations de  mâchoire et le nœud à l’estomac en plus !
Je me souviens de ma dernière inspection où il m’avait été dit, sans rire : « Il faut faire rêver les élèves… » Vaste programme ! Je ne sais pas pourquoi, mais faire rêver un public d’adolescents « captifs », rarement complices de ses apprentissages, me semble relever du tour de force…
Mais vous, vous savez peut-être  faire rêver ?

PS :  I will survive ! J’adore cette vidéo décalée…

11 février 2009

Cadeau empoisonné (MBBS)

248


Il était une fois deux ballons qui se regardaient gonfler de satisfaction. Ils comparaient leur volume, l’un enviant la couleur flamboyante de l’autre alors que celui-ci justement trouvait la sobriété de l’autre plus adéquate au sérieux de la manifestation.

Leur enveloppe fine s’élevait en tanguant, parfois se touchant pour mieux se bousculer. C’était la course pour savoir qui monterait en premier dans ce ciel sans nuage et finalement, ce fut le bleu qui l’emporta. Victoire éphémère qui ne valait rien car le ballon bariolé le rattrapa pour commencer une valse de haut et de bas ponctuée par les seuls bruits de la flamme qui se la jouait belle.


Cramponné au rebord de la nacelle, il ne dit rien. Il a le vertige, une frousse bleue mais stoïque, il se tait de peur d’enlever toute la joie de sa Valentine qui pense avoir trouvé le cadeau idéal à l’occasion de cette foutue fête des amoureux qu’on se doit de fêter ! Il hait ces journaux et toute cette farce commerciale qui encouragent les idées les plus folles pour montrer à l’autre son amour. Et l’année prochaine, que va-t-elle lui mijoter, un saut à l’élastique ?

11 février 2009

la fenêtre éclairée (gballand)

S’il y a de la lumière, je sonne ! Et il avait sonné. Elle avait ouvert dans un déshabillé vert et lui avait souri.
- Nous ne nous connaissons pas.
- Je ne crois pas.
Il continua maladroit.
- Il y avait de la lumière… alors je me suis dit…
- Je sonne.
- Oui, c’est ça.
Elle était comme il l’avait imaginée alors qu’il ne l’avait jamais vue. Le hasard. Choisir cette fenêtre et tomber sur elle.
- Je peux entrer ?
- Bien sûr.
Elle s’effaça et il fit quelques pas dans une pièce qu’il ne pouvait plus décrire. Il se souvenait juste de l’encens et d’un lit défait qui occupait toute la partie gauche. Elle murmura.
- Je vous attendais.
- Moi ?
- Oui, on m’a dit que vous alliez venir.
Il se rappelait sa peau légèrement salée, goûtée à petite lampée, et le jus de ses lèvres citronnées ; mais en était-il si sûr ? C’était sa première fois.

10 février 2009

Pourquoi se tuer à vivre ? (gballand)

Quand je n’étais pas morte, j’étais comme vous, je faisais l’autruche, je me croyais immortelle. Vanité ! J’ai su il y a sept jours ce que mourir veux dire.

C’était mercredi dernier. J’allais ouvrir la porte de mon appartement, quand un homme m’a braqué son arme sous le nez ! Ni une ni deux, le type a tiré : une balle en plein cœur ! Un vrai gâchis, j’ai si mal utilisé mon cœur de mon vivant. Cette leçon de mort m’a donné une leçon de vie mais je ne peux plus vivre : voici résumé le drame de la mort.

Le pire dans cette histoire, c’est qu’on m’a pris pour une autre. Ma vie a été aussi absurde que ma mort !
Ce matin, à mon enterrement, j’ai failli pleurer de rage en entendant mon éloge funèbre. J’aurais préféré le silence. Allongée dans mon cercueil, les poings serrés, j’écoutais impuissante ce qu’on disait de moi.
Il a fallu que je meure pour me rendre compte qu'on ne me connaissait pas.

9 février 2009

Séparation (gballand)

Ce qui nous sépare, tu vois, c’est toi ; ce n’est pas plus difficile que ça ! Oui, je sais, tu vas encore me dire que je ne suis pas objective, que je regarde tout par le petit bout de ma lorgnette, que la seule chose qui m’intéresse c’est moi, que je suis une égoïste, que je n’ai jamais été capable de me mettre à la place de qui que ce soit - et surtout pas la tienne - que je n’ai jamais levé le petit doigt pour toi, que je n’écoute personne, que quand on me pose une question qui me gêne, je réponds par une autre question qui pourrait gêner l’autre, que quand j’ai une idée en tête je ne l’ai pas ailleurs… etc… etc… etc… !
Mais je persiste à dire que si tu  n’étais pas toi, on n’en serait pas là !

8 février 2009

Le carnet des hommes qui passent (texte de gballand)

souvenirsTous les jours, elle passait devant la maison aux souvenirs et elle savait pertinemment qu’il l’observait derrière ses rideaux. Non seulement elle les voyait bouger, mais elle avait remarqué, par transparence, des yeux qui l’épiaient.

L’homme ne lui plaisait pas particulièrement mais elle sentait chez lui  un trou d’angoisse qui l’aspirait. La seule chose remarquable sur son visage, c’était ses yeux fiévreux, enfoncés dans les orbites. Arrivé depuis 6 mois au village, il avait repris l’ancienne boutique aux souvenirs dont il avait fait sa maison. Il vivait seul, ne parlait à personne et c’était ça qui l’intriguait. Elle aimait à penser qu’il était venu dans ce village perdu cacher quelque drame - peut-être était-ce un assassin ? - et sa chair frémissait. Sa vie était tellement vide depuis le départ de son dernier amant ! Elle était sûre que l’homme aux souvenirs – c’est ainsi qu’elle l’appelait -  pensait à elle jour et nuit ; personne n’aurait pu la convaincre du contraire.

Pour elle, il y avait deux catégories d’hommes :  les probables et les  improbables ! Elle avait commencé très jeune à  les collectionner,  et bien qu’elle eût à peine 30 ans, son « carnet des hommes qui passent », comme elle l’avait intitulé quand elle l’avait acheté  à l’âge de 17 ans, ne suffisait plus à tous les contenir. Depuis deux ans, elle avait même été obligée de rajouter des pages. A chaque prénom ou surnom, elle associait trois mini-rubriques qui se déclinaient ainsi :
1) portrait 2) sexe 3) rupture.

De sa petite écriture ronde, elle avait déjà noté sur l’une des pages  « l’homme aux souvenirs », et à la rubrique portrait, elle avait indiqué : « solitaire, anxieux et exalté. Se cache pour m’observer et feint l’indifférence. Doit avoir quelque chose de grave à se reprocher. » Restaient à remplir les rubriques sexe et rupture. 

Elle feuilletait souvent les pages de son « carnet des hommes qui passent », surtout dans ses accès de mélancolie. Pour elle, le moment le plus enivrant, c’était celui où elle couchait un nouveau nom sur une page blanche…

* photo prise par C. V., lors d'un voyage en Bourgogne à vélo.

7 février 2009

Les excuses (texte de gballand)

La semaine dernière, il avait  partagé une chambre d’hôtel avec un collègue de bureau et il n’avait pu s’empêcher, comme à son habitude, de s’excuser des dizaines de fois :  au coucher, au lever, en fermant les volets, en les ouvrant, en allant aux toilettes, en en sortant… Il avait aussi éprouvé le besoin de se justifier minutieusement sur la gestion de la penderie, le tic tac du réveil, ses ronflements, la lumière… Les excuses le dévoraient

Le lendemain matin, au petit déjeuner, il s’était naturellement dirigé vers la table où son  collègue était installé avec l’une des secrétaires de l’entreprise, mais il remarqua que tous deux riaient en le regardant  : n’étaient-ils pas entrain de se moquer de lui ?

Il préféra s’asseoir à une table, seul, près de la porte, et leur tourner le dos. Et au cas où ils lui demanderaient pourquoi il ne s’était pas assis à leur table, il avait déjà une excuse toute prête : il préférait manger en tête à tête avec lui-même le matin.

6 février 2009

La femme aux cheveux blancs, suite (MBBS)

- Je te quitte !

Elle est debout dans l’encadrement de la porte de la salle de bains, un linge de bain autour du corps, les épaules encore humides de la douche qu’elle vient de prendre. Ils avaient fait l’amour avec tendresse, passion et comme toujours cela avait été merveilleux…du moins c’est l’impression qu’il avait eue jusqu’à ces mots terribles. Couché dans le grand lit, il se redresse sur un coude et demande.

- Tu viens de dire quoi, là ?

Elle vient s’assoir au bord du lit.

- Je te quitte, je t’aime tu sais mais la routine c’est pas mon truc.

- Quelle routine ? Attends, je ne comprends pas, tu veux bien m’expliquer.

Elle promène distraitement sa main sur son torse, traçant des signes imaginaires sur sa peau. Il ne dit rien, il attend.

- Nous deux, cela a commencé comme une histoire folle, tu m’as suivie un jour dans la rue et je t’ai fait entrer dans ma vie par bravade, sans réaliser ce qui m’attendait. Malgré notre différence d’âge, tu as su m’apporter ce qu’aucun homme ne m’avait fait entrevoir, j’ai été si heureuse dans tes bras…

- Pourquoi parles-tu  au passé ?

Elle se lève et va s’asseoir sur le fauteuil près de la fenêtre.

- Je déteste la routine mais je la subis dans ma vie à longueur de journée. Tu es mon jardin secret, mon île et dans tes bras, je peux me ressourcer, me libérer, m’évader mais je ne retrouve plus en toi ce petit grain de folie qui me faisait palpiter jour après jour. Comment te dire ?

Elle soupire.

- Il n’y a pas si longtemps encore, je recevais tes messages spontanés, tu recevais les miens, je pensais à toi car je savais ce que tu faisais, tu me le disais et je pouvais te situer. Parfois, nous conversions entre deux rendez-vous, tu avais la petite attention qui savait toucher mon cœur par un simple sms qui disait tout en trois mots. Depuis quelques semaines, ces petites attentions se sont raréfiées et mes messages sont parfois restés sans réponses. Je sais que ce n’est pas ton amour pour moi qui a disparu, j’ai plutôt l’impression que nous sommes devenus un « vieux » couple d’amants et je ne le supporte pas.

Il reste atterré, il ne comprend pas, il ne comprend rien à ce discours, elle l’attire toujours autant, il vient de le lui prouver, que veut-elle de plus ? Il a son travail, ses obligations, ses amis et il aimerait la voir plus souvent mais ce n’est pas toujours simple car elle aussi a sa vie et ce n’est pas facile d’arranger leurs rencontres. Jusqu’à ce jour, leur relation a été simple, pourquoi compliquer les choses par des demandes qui n’ont plus de raisons, il l’aime, elle l’aime, c’est tout !

C’est ce qu’il essaie de lui expliquer mais elle répond que c’est peut-être la différence d’âge qui fait que ses attentes sont autres, qu’elle veut l’absolu. Un grand moment de silence s’installe. Finalement, elle s’habille sans un mot. Elle enfile son manteau, attrape son sac, elle l’embrasse une dernière fois avec toute la tendresse possible et s’en va. Il ne dit rien, il la regarde partir, il ne comprend toujours pas.

Presquevoix...
Newsletter
8 abonnés