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Presquevoix...

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21 novembre 2015

Les ossements

Mardi dernier, dans l’église  Notre Dame du St sacrement, elle a volé des ossements de saints dans deux reliquaires du XVIIIème. Pourquoi ? C’est la question que lui pose et repose le commissaire qui l’interroge depuis maintenant une heure.

-          Je ne sais pas, répond-elle invariablement.

-          Cherchez ! Répond le commissaire impitoyable.

Soudain, elle a une révélation.

-          Parce que je voulais me réparer et devenir sainte moi-même.

Le commissaire la regarde l’oeil amusé.

-          Eh bien vous voyez, c’était quand même pas sorcier ! Maintenant, si j’ai un conseil à vous donner, plutôt que de voler des ossements dans des reliquaires, ce qui peut vous couter très  cher, achetez-vous « La sainteté  pour les nuls », ils ont tout dans cette collection !

Et, d’un geste magnanime, il lui  montre la sortie.

 

19 novembre 2015

Le sosie

boulotTravailler lui paraissait si pénible qu’elle avait passé cette annonce dans Libération – " cherche sosie qui veut bien aller au boulot à ma place " -  suivie d’une photo d’elle, la plus « réaliste » possible.

Si trouver un sosie n’avait pas été une mince affaire, le fait qu’elle soit professeur n’avait pas arrangé les choses. Rares étaient celles qui, par ces temps troublés, souhaitaient entrer dans la fosse aux lions ; surtout pour un salaire de 1400 euros par mois.

Son choix avait fini par se porter sur une femme qui,  selon ses amis,  lui ressemblait comme deux gouttes d’eau.

Mais ce choix lui avait posé un nouveau problème  : comment était-il possible de ne pas se reconnaître dans un sosie que tout le monde trouvait aussi ressemblant ?

 

17 novembre 2015

Le professeur

Elle avait décidé d’arrêter ses cours de zen  le jour où elle avait vu son professeur traiter de « connard » un type qui l’avait malencontreusement bousculé à la sortie du supermarché.

Un professeur incapable de mettre en pratique, pour lui-même, une « philosophie » qu’il enseignait aux autres était-il crédible ?

 

15 novembre 2015

En finir !

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Rien à foutre de rien, tous pourris. Ça allait faire mal quand il allait frapper !

Quand il avait reçu le matériel,  il l’avait rangé au fond du placard, sous ses vêtements. Pas de risque que sa mère le voie, elle ne rentrait plus dans sa chambre depuis qu’elle savait qu’il faisait cinq prières par jour. Pauvre naze ! Il avait fini par la détester, elle et sa petite vie de merde !

Ils ne se parlaient plus, chacun enfermé dans sa tanière : elle dans sa cuisine, lui dans sa chambre. Et quand il leur arrivait de se croiser, leurs regards s’évitaient.  

Ses prières, répétées comme des mantras, le lavaient progressivement des impuretés de sa vie d'avant. Maintenant, il avait une vision, une vraie, et le plus tôt possible - comme ses "frères" le lui avaient enseigné -  il lui faudrait faire table rase de l’ordre ancien afin que la pureté s'installe sur terre.

 

13 novembre 2015

Les mains

On lui avait dit que les bouchers avaient  les mains douces parce qu’ils avaient tout le temps les mains dans le gras. Elle s'était donc échinée à donner dans le boucher. Elle en était à son cinquième et, si elle aimait leurs mains,  elle détestait leurs conversations où la chair était si présente qu’elle finissait par en être dégoutée…

11 novembre 2015

Mort aux cons

20151107_084320Il s’était arrêté devant la vitrine, avait hésité un instant, puis l’intimité du lieu – que se passait-il derrière ce rideau rouge ? –  l’avait conduit à pousser la porte. Ce « cru » paressait prometteur et le regard  de la jeune femme dans la vitrine ne laissait aucun doute sur l’impureté de ses intentions.

Une sonnette aigue marqua son entrée. A peine la porte fut-elle refermée que deux robustes gardes du corps se présentèrent et  le conduisirent sans ménagement au fond du magasin. On le fouilla, on lui prit sa carte d’identité, son argent et sa carte bleue. Puis on l’attacha avec des liens épais. Que cherchait-il ? Lui demanda-t-on.

-          Rien… une fille, balbutia-t-il

-          Mon cul ! Répondit le gorille sur sa droite.

-          Je vous jure que c’est tout.

-          C’est bon, laisse tomber, dit l’autre d’un ton las.

Dix minutes plus tard on lui dit que c’était une erreur, qu’on l’avait pris pour un autre.

-          J’ai droit à un dédommagement ? Osa-t-il en se frottant les poignets.

Les deux gardes du corps s’entreregardèrent et lui balancèrent un coup de poing magistral qui l’étala illico sur le sol. A ce moment-là, la fille sortit de la vitrine, se pencha sur l’homme au sol et dit aux gorilles.

-          Merci les gars. Je connais bien ce genre de type, le genre qui ose tout. Il ne mérite pas de garder sa carte bleue. Une de plus pour notre collection. Allez, débarrassez-moi de ça !

Le lendemain le Parisien titrait : « un nouveau corps d’homme retrouvé dans le canal St Martin. Sur son corps, comme sur celui des précédents cadavres, on avait écrit : Mort aux cons ! »

 

PS : photo prise dans le quartier de Pigalle

9 novembre 2015

L’amanite

Il comparait souvent sa mère à une amanite phalloïde mais il ajoutait toujours, non sans humour,  qu'elle n'avait pas le teint verdâtre  et que ses lames étaient invisibles.

 

 

7 novembre 2015

Barbe bleue

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Il l’avait enterrée sous la vasque fleurie, deux ans plus tôt, et il se félicitait du choix qui avait été le sien.

Jamais il ne s’était excusé, mais qu’aurait-il pu lui dire ? Qu’il avait perdu son sang-froid et qu’il le regrettait ? Non, ce n’était pas raisonnable.

La grande maison blanche avait alors retrouvé sa tranquillité et lui avait repris goût à la vie.

C’est alors qu’une deuxième femme était arrivée. Elle ressemblait étrangement à la première mais  ses cheveux étaient aussi noirs que ceux de la précédente étaient blonds. Il l’aima le temps d’un été, puis il se lassa et les cris – ces cris dont il avait toujours eu  horreur -  recommencèrent. Il y mit vite un terme et enterra la deuxième au même endroit que  la première.

La maison fut  à nouveau  plongée dans un long silence mais, depuis quelques temps,  un jardinier créait un  massif non loin de la vasque fleurie. Sans doute attendait-il la troisième…

 

PS : photo prise dans l'Oise par GB

5 novembre 2015

dynasties

Je crains que les dynasties ne soient à la politique ce que le lierre est aux murs.

Est-il improbable d’imaginer - dans ce monde imparfait - que le fils de Nicolas Sarkozy ou le petit fils de François Hollande – les phares de la misogynie, hélas,  assombrissent encore nos contrées -  ne deviennent un jour président de la république et ne reprennent le  flambeau blafard de leur père ou grand-père afin de plonger définitivement la France dans l’obscurité ?

3 novembre 2015

Floue

20151028_112056Être floue. Cela remontait à loin. Peut-être  le jour de son entrée à l’école maternelle, quand la machine à débiter les enfants s’était mise en route. Elle avait dû s’adapter, se faire violence, s’oublier même, et ça avait duré 16 ans.

A 20 ans, elle l’avait rencontré, lui,  l’homme ; et  le jour où il avait pris cette photo d’elle - floue comme il se doit - elle n’eut plus aucun doute sur son impossibilité à être nette.

Elle se souvenait encore de ce manteau rouge, choisi par lui, exprès.

- Un exercice pour te faire sortir de toi - avait-il précisé. Tiens, mets tes mains en arrière, comme ça, comme si tu volais.

Sa vie de couple était devenue un camp d’entraînement militaire : les exercices succédaient aux exercices. Heureusement, il était mort sur le champ de bataille, 5 ans plus tard.

Elle, avait survécu, toujours floue. Elle s’était juste contentée de  jeter l’horrible manteau rouge à la poubelle…

 

PS : photo prise par moi-même, et qui n’aurait pas dû être floue.

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