Mort aux cons
Il s’était arrêté devant la vitrine, avait hésité un instant, puis l’intimité du lieu – que se passait-il derrière ce rideau rouge ? – l’avait conduit à pousser la porte. Ce « cru » paressait prometteur et le regard de la jeune femme dans la vitrine ne laissait aucun doute sur l’impureté de ses intentions.
Une sonnette aigue marqua son entrée. A peine la porte fut-elle refermée que deux robustes gardes du corps se présentèrent et le conduisirent sans ménagement au fond du magasin. On le fouilla, on lui prit sa carte d’identité, son argent et sa carte bleue. Puis on l’attacha avec des liens épais. Que cherchait-il ? Lui demanda-t-on.
- Rien… une fille, balbutia-t-il
- Mon cul ! Répondit le gorille sur sa droite.
- Je vous jure que c’est tout.
- C’est bon, laisse tomber, dit l’autre d’un ton las.
Dix minutes plus tard on lui dit que c’était une erreur, qu’on l’avait pris pour un autre.
- J’ai droit à un dédommagement ? Osa-t-il en se frottant les poignets.
Les deux gardes du corps s’entreregardèrent et lui balancèrent un coup de poing magistral qui l’étala illico sur le sol. A ce moment-là, la fille sortit de la vitrine, se pencha sur l’homme au sol et dit aux gorilles.
- Merci les gars. Je connais bien ce genre de type, le genre qui ose tout. Il ne mérite pas de garder sa carte bleue. Une de plus pour notre collection. Allez, débarrassez-moi de ça !
Le lendemain le Parisien titrait : « un nouveau corps d’homme retrouvé dans le canal St Martin. Sur son corps, comme sur celui des précédents cadavres, on avait écrit : Mort aux cons ! »
PS : photo prise dans le quartier de Pigalle