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3 mai 2009

L’oiseau (gballand)

pagenas1Quand l’oiseau était arrivé, personne, ou presque, n’y avait pris garde. C’était un oiseau comme les autres, un peu plus grand peut-être, surtout pour un oiseau des villes. Il s’était posé sur la cheminée des voisins, comme si de rien n’était, et il observait tranquillement la famille attablée dans la petite cour intérieure.

La mère avait dit.

- Il est bizarre cet oiseau !

Le père et les deux enfants  avaient continué à manger sans y prêter attention. La mère, elle, n’avait pas quitté l’oiseau des yeux. Les oiseaux l’avaient toujours troublée. Soudain elle cria.

- L’oiseau  a grossi.
- Bon dieu, tu deviens cinglée avec ton oiseau, répondit son mari.
- Regarde, tu verras !

Elle avait raison, l’oiseau avait doublé de volume et maintenant il était perché sur le toit de leur maison. Les enfants le fixaient étonnés.

- On devrait rentrer, dit la mère.

Son mari refusa de céder à la panique, on n’allait tout de même pas se laisser impressionner par un oiseau ;  et il continua à manger, comme si de rien n’était. La mère resta silencieuse. Quand elle regarda à nouveau l’oiseau, elle remarqua que son bec s’était transformé en pince, comme si une mutation irréversible s’opérait.

- Je rentre et vous feriez mieux de faire la même chose. Cet oiseau est capable de tout.

Les enfants la suivirent. L’homme, lui, resta dans la cour, il ne serait pas dit qu’il céderait au chantage de l’oiseau. Et il continua  de saucer tranquillement son assiette avec son pain. Soudain, l’oiseau fondit sur la table et la renversa d’un coup d’aile. Le père ne bougea pas de sa chaise. Dans la maison, la mère et les enfants faisaient  des gestes désespérés pour chasser l’oiseau, mais celui-ci s’en moquait. Il s’approcha même de la fenêtre en se dandinant sur ses pattes et  donna un terrible coup de bec dans la vitre dont le verre se brisa.

Les enfants coururent s’enfermer dans les toilettes. La femme et l’oiseau, eux, se regardaient comme s’ils s’étaient déjà rencontrés ; n’était-ce pas l’oiseau qui traversait ses rêves et lui disait de la suivre, nuit après nuit ? N’était-ce pas celui qui lui chuchotait que le monde était encore plus vaste que ses rêves ?

Le temps semblait immobile. Elle ouvrit la porte qui donnait sur la cour. Son mari rentra immédiatement,  et elle resta seule avec l’oiseau, malgré ses protestations.

-  Ne reste pas dehors ! Lui dit-il violemment.
- Je dois lui parler.
- Tu es vraiment cinglée, répondit-il en fermant la porte.

On aurait presque dit que le volatile la regardait avec amour, mais sans doute n’était-ce qu’une impression. Lorsque l’homme colla son visage à la fenêtre, l’oiseau s’envolait, et sa femme aussi, accrochée à son cou.

Un an plus tard, l’oiseau  revint d’un battement d’aile. C’était un soir, alors qu’il allait fermer les volets de la chambre de ses enfants. L’oiseau s’approcha de la fenêtre en battant lentement des ailes, comme s’il voulait s’arrêter. Sur son dos, il y avait une femme. L’homme crut voir le visage de sa femme, mais ne s’était-il pas trompé ? Depuis qu’elle était partie, ne la voyait-il pas partout, alors qu’avant il ne la voyait jamais ? L’oiseau tenait dans son bec une lettre qu’il laissa sur le rebord de la fenêtre. Une fois l’oiseau parti, l’homme prit la lettre et la mit dans un tiroir. Jamais il ne la lut. Sans doute savait-il ce qu’elle contenait…

Aujourd’hui encore, certains enfants disent que l’oiseau traverse leurs rêves. Moi, je ne l’ai jamais vu, mais mes enfants  m’en ont  parlé, c’est un oiseau au bec étrange et aux ailes noires comme l’ébène.  Il paraît que sur le dos de l’oiseau, il y a toujours une femme, une femme qui enfouit son visage dans les plumes de l’oiseau, comme si elle l’embrassait.

PS : Merci à « Pagenas » de m’avoir permis d’utiliser ce « photomontage » qui m’a suggéré ce texte-ci. Je vous conseille de découvrir son site, sucrebleu,  sans modération.

 
30 avril 2009

Le vide (gballand)

- Putain, t’as vu à quoi tu ressembles ?
J’étais nue dans la cabine d’essayage quand j’ai entendu la voix, on aurait dit ma mère. Je me suis rhabillée illico, j’ai laissé le maillot de bain noir à l’intérieur et je suis sortie en pleurs du magasin. Après je suis entrée dans la première boulangerie venue, j’ai acheté un pain au chocolat, un pain aux raisins, un chausson aux pommes, et j’ai bouffé : le stress.
Je suis complètement déglinguée ; mes hormones s’affolent, la graisse déborde, les plis s’accumulent. Je ressemble à un matelas pneumatique aux boudins mal dégonflés. Je me donne envie de vomir. Tiens, si je m’écoutais, je dégueulerais sur le trottoir. Comment j’ai pu en arriver là ? Je crois que c’est à cause de lui. Quand il est parti j’ai bouffé, et voilà. Le Salaud.
Il ne me supportait plus. Il faut dire que le trouvais trop gros et que je ne me gênais pas pour le lui faire remarquer. Quand il ahanait sur moi, au moment de l’amour, j’étouffais et j’avais l’impression que ça n’en finirait jamais. J’avais beau lui dire « Jean Pierre tu vas finir par y laisser ta peau ! », il ne m’écoutait pas et continuait son affaire. Un jour il en a eu marre et il m’a dit que je lui coupais tous ses effets. Au début, ça ne m’a pas gênée – il ne me faisait plus beaucoup d’effet – mais après, il y a eu comme un vide.
Voilà, si je bouffe, c’est à cause du vide. Maintenant, il y a deux solutions : le régime ou le suicide. Me suicider, je n’aurai pas le courage, quant au régime…

* texte écrit sur une consigne des "impromptus littéraires"

28 avril 2009

La crise (gballand)

Elle allait devoir les tuer. Elle ne le faisait pas de gaieté de cœur, mais c’était la loi. Les enfants devaient désormais tuer leurs parents dès qu’ils atteignaient l’âge de 80 ans, une mesure de santé publique. Le décret était sorti il y a deux mois.
La Caisse Primaire d’Assurance Maladie venait de lui envoyer, comme à tous les citoyens du pays, le petit manuel qui avait été édité au début du mois de novembre et qui stipulait que la mort devait être donnée proprement et sans souffrance. Comment en était-on arrivé là ? 
Le message du ministre de la santé passait en boucle depuis deux mois sur les chaînes de télé et les radios publiques et, des encarts publicitaires apparaissaient chaque jour dans tous les journaux. Chacun semblait penser que les mesures prises par le gouvernement étaient les seules possibles pour sauver le pays de l’endettement qui le mettait à genoux ; même elle finissait par se dire qu’aucune autre solution n’était possible.
Dans cinq mois, elle devrait les tuer.

26 avril 2009

La dent (gballand)

- Merde, il y a un truc qui est parti !
- Parti d’où ?

Elle ne lui répond pas et continue à mâcher lentement, attentive aux aliments broyés par ses dents. Tout son être se concentre sur l’infiniment petit. Elle sent sous sa langue un  noyau dur, le voilà ! – « Putain, mon plombage ! »-
Ses doigts extirpent prestement l’objet inattendu de sa bouche et le ramène discrètement sous la table pendant que sa langue cherche le trou béant que l’absence de plombage a creusé. Son mari l’interroge machinalement.

- Alors ?
- Quoi alors, qu’est-ce que tu veux que je te dise de plus, c’est mon plombage !
- Ben c’est pas grave !
- Forcément, c’est pas le tien ! Si c’était le tien, tu dirais pas la même chose.
- Qu’est-ce que tu en sais ?
- Je te connais.
- N’en fais pas tout un plat !

Elle le regarde méchamment. Comment peut-il lui dire que ce n’est pas grave alors qu’un autre morceau de plombage vient de céder et que maintenant elle sent distinctement sa gencive déserte là où, quelques minutes plus tôt, il y avait encore une illusion de dent. Un nouveau goût commence à envahir sa bouche, lentement, celui du sang. La gencive irritée laisse éclater sa douleur. Il faut absolument que sa bouche soit rincée. Elle se lève précipitamment.

- Tu vas où ?

Elle ne lui répond même pas. S’il la comprenait il saurait où elle va : dans la salle de bain pour soigner sa béance ! Elle entend une dernière fois la voix de son mari qui scande – Tu pourrais me répondre quand même ! – mais après avoir fermé la porte à clef, elle n’entend plus que le bruit de sa propre respiration.

Son visage décomposé se dessine tristement dans la glace. Une fois le robinet ouvert, elle engloutit une gorgée d’eau, la fait rouler dans sa gorge puis la recrache : le liquide rouge tournoie dans le fond du lavabo. Elle ferme l’écoulement de l’eau, recommence l’opération, crache à nouveau, mais  toujours le même liquide rougeâtre où elle voit se concentrer des débris de plombage qui stagnent à la superficie. Atterrée, elle se passe à nouveau la langue à l’endroit où autrefois une dent faisait semblant de vivre, et toujours cette gencive presque lisse où survivent quelques aspérités de la défunte ; une gencive d’octogénaire !

- Merde !

La voix de son mari résonne à travers la porte.

- ça va ?
- J’ai plus de dent ! Tout est parti, gémit-elle.
- Eh bien tu iras chez le dentiste !
- J’ai tout perdu je te dis, tout le plombage !
- C’est pas une dent de devant ?
- Non.
- Ben alors ça va !

Il lui demande si elle a l’intention de rester toute l’après midi enfermée dans la salle de bain, mais elle ne répond pas. Pourquoi elle ? Tout fout le camp, une dent pour commencer, puis une autre demain, chaque trou laissant apparaître la nudité de sa gencive, sans que rien ne puisse l’habiller à nouveau, la tragédie d’une bouche où rien ne pourra plus jamais renaître, une bouche habitée par la mort.

- C’est pas juste ! hurle-t-elle.

Elle fixe à nouveau son visage devant la glace et ses traits lui semblent difformes. Maintenant, quand elle ouvrira la bouche pour parler, tout le monde verra  la dent manquante, on ne verra que ça, tout le monde sera dégoûté, on ne la regardera plus, on l’appellera   l’édentée en catimini, et on chuchotera derrière son dos qu’elle a pris un sacré coup de vieux, un coup terrible,  d’ailleurs : "T’as vu,  elle perd même ses dents !", rajoutera-t-on en douce. Et si la mort l’avait choisie, elle, pour construire son œuvre funèbre, tout de suite ? Cette mort qui lui dit que bientôt, elle ne sera plus une femme,  elle sera vieille,  neutre, c’est tout !

Elle s’aperçoit soudain qu’elle est recroquevillée contre la baignoire, le visage en appui sur le rebord. Effrayée, elle se redresse immédiatement et se replace devant la glace, bouche ouverte, son index fébrile tâtant le trou du fond.

- Il faut que je téléphone au dentiste, voilà ce que je dois faire, c’est quand même pas sorcier ! Voilà ce que je dois faire et je vais le faire maintenant !

La porte de la salle de bain s’ouvre en grand et elle en sort en hâte, le visage livide. Son mari la regarde interloqué sur le seuil de la chambre.

- ça va ?
- Tu as d’autres questions aussi connes que ça encore ? Non ça ne va pas et ça n’ira  plus jamais comme avant, tout ça à cause de cette foutue dent à la con ! Peut-être que le dentiste, lui, pourra quelque chose pour moi. J’aurais dû épouser un dentiste, tiens  !

24 avril 2009

La lune (gballand)

- Je te décrocherai la lune !

C’est ce qu’il lui avait dit 30 ans plus tôt. La lune était toujours au même endroit et, depuis 10 ans, elle avait  droit à la soupe à la grimace. Récemment, elle s’en était ouverte à une amie qui lui avait répondu.

- L’homme le plus heureux du monde, c’est celui que tu n’as pas épousé.

Elle lui avait demandé des explications, avec insistance, mais elle en avait été pour ses frais, son amie était restée muette comme une carpe. Depuis, elle tournait et retournait constamment cette réponse dans sa tête et des migraines avaient fait leur apparition. Mais le pire, ce n’était pas les migraines, c’était ce sentiment de culpabilité qui ne la quittait plus.

23 avril 2009

Le feu d’artifices (gballand)

Quand Pierre lui avait parlé de sa nouvelle copine, il lui avait dit, l’air extasié.
- Cette fille, c’est un feu d’artifices.
Il avait pensé que Pierre exagérait mais, le samedi suivant, il avait dû réviser son jugement. Le salaud, il ne s’emmerdait pas.
Pierre était arrivé au bras d’une fille qui avait au moins dix centimètres de plus que lui. Perchée sur de hauts talons qui  donnaient un affolant mouvement de va-et-vient à ses fesses moulées dans un pantalon blanc, presque transparent, elle aurait mis en rut n’importe quel octogénaire au sexe racorni. La fille lui avait souri. Une bombe. Elle était légèrement vulgaire – exactement comme il les aimait -, brune aux cheveux longs, et il ne put quitter des yeux sa bouche carnassière. Comment ce crétin de Pierre avait-il bien pu se trouver une fille pareille, lui qui était bègue et introverti ? Il avait eu l’explication plus tard.
Il l’aurait bien avalée toute crue, mais Pierre était accroché à elle, comme une épave tirée par un remorqueur, et la draguer ne serait pas chose facile. Pourtant, il n’eut plus qu’une idée en tête : se la faire  le soir même. Ils burent une bière ensemble et quand Pierre s’absenta pour aller aux toilettes, il tenta le tout pour le tout, lui fit le baratin habituel - en version condensée -, et la fille mordit à l’hameçon. Ce fut peut-être un peu trop rapide, mais il mit ça sur le compte de son charme. Rendez-vous fut pris le soir même, au café de l’Espiguette, à 19 heures. Quand Pierre revint des toilettes, il prétexta une migraine et rentra chez lui.
Le soir, à 19 heures tapantes, il se présentait au café de l’Espiguette. La bombe était déjà assise en terrasse. Ses seins juteux épousaient parfaitement l’échancrure de son tee shirt orange. En un éclair il  vit l’instant où il les sucerait voracement comme le nourrisson à la première tétée. Il lui dit bonjour, comme si de rien n’était,  ils burent un verre de rouge, parlèrent de tout et de rien – surtout de rien-, et quand il lui suggéra que la soirée pouvait se terminer chez lui, elle lui dit en professionnelle aguerrie.
- 120 euros, avec préservatif bien sûr.
Son verre se renversa ; heureusement, il était vide. Lui aussi.

PS : texte écrit dans le cadre des ateliers des "impromptus littéraires"

21 avril 2009

Au bout du fil (gballand)

antid_presseursElle était toujours au bout du fil pour calmer ses peurs. Allô,  était son mot de passe. Sa devise :  combler le vide pour combler l’angoisse.
Personne ne la supportait plus : son mari avait depuis longtemps déserté le domicile conjugal, ses enfants l’évitaient, et même elle se fuyait. Quand elle s’apercevait par hasard, au détour d’un miroir, elle tentait à tout prix de se perdre de vue, effrayée de sa propre image.  C’est donc moi ? Se disait-elle à chaque fois, désespérée de se voir si grosse.
Lors de sa dernière visite mensuelle, le psychiatre lui avait  annoncé.

- Je ne sais plus quoi vous proposer comme traitement.

Elle en avait déduit qu’elle mettait le corps médical en échec. Avant de partir du cabinet, elle avait bien essayé de lui dire  qu’elle n’arrivait  plus à dormir, mais il l’avait poussé fermement vers la porte en concluant.

- Vous m’en parlerez la prochaine fois.

Une fois la porte refermée, le psychiatre s’était affalé sur le divan, épuisé. Il avait avoué, plus tard, à l’un de ses confrères, que cette patiente le désolait et réactivait chez lui un syndrome de dépression.

* photo vue sur ce blog

PS : texte écrit à partir d’une consigne donnée par l’atelier des « impromptus littéraires »

20 avril 2009

Le revolver (gballand)

- Vous pouvez me faire confiance, je pourrais être votre père.

Justement avait-elle envie de lui dire, c’est bien pour ça que je ne vous fais pas confiance. Le type avait un regard vicieux et elle sentait que dans trente secondes, il lui mettrait la main sur le genou. Ce qui ne manqua pas. Dix secondes plus tard, sa main glissait d’avant en arrière puis, elle s’attarda sur le haut de sa cuisse et ses gros doigts essayèrent de se faufiler sous l’élastique de sa culotte. C’est à ce moment-là qu’elle gueula. Le type fut surpris et la voiture se retrouva sur la voie opposée. Heureusement la route était déserte.

- Vous êtes cinglée !
- Pas toucha à ça, siffla-t-elle, c’est pas pour vos vilaines pattes velues.

Il lui jeta un coup d’œil rapide et continua à conduire, les deux mains sur le volant cette fois. Puis au bout d’un moment il ajouta d’un air entendu.

- Le stop c’est l’aventure, non ? Et quand on est jeune…
- L’aventure c’est pas coucher avec tous les mecs qui me prennent en stop !

Il se demandait s’il devait continuer à la titiller, il était évident qu’elle ne coucherait pas avec lui et en plus, c’était pas son genre, trop maigre. Il l’avait juste draguée par habitude, ce que tout mec doit faire quand il voit une nana, pensait-il. Pour la punir de lui avoir fait faire une embardée, il conclut.

- Et si je vous violais, là, en pleine forêt, qu’est-ce que vous diriez ?

A ce moment-là, il sentit un revolver sur sa tempe.

- Je vous dirais que vous êtes très con et que si vous continuez, je vous tire une balle dans la tête. Alors maintenant conduisez et bouclez-là. Je descendrai au prochain patelin.

Elle observa qu’il était blanc comme un linge. Maintenant, son sexe arrogant devait être tout ratatiné et cette idée la fit glousser. Le type lui demanda si elle pouvait baisser son arme, ce qu’elle fit. Peu de temps après elle ne put s’empêcher de lui dire.

- Vous n’en avez pas marre d’avoir une bite à la place du cerveau ?

Il ne répondit rien, alors elle continua.

- Faut dire que quand on est con, il y a peu d’espoir pour que ça change, hein ? Vous avez des enfants ?
- Qu’est-ce que ça peut vous foutre ?
- Alors ? Dit-elle en le menaçant à nouveau de son arme.
- Deux.

Elle hocha la tête avec tristesse en baissant son revolver. Elle eut une pensée émue pour les deux gosses, encore deux victimes. Quand elle vit la pancarte de la ville, elle lui dit en pointant à nouveau son arme.

- Arrêtez-vous dès que ce sera possible.


Le type freina et la voiture s’immobilisa sur le bas côté.

- Mort aux cons ! Hurla-t-elle en sortant.

Elle entendit un « salope » étouffé par le claquement de la porte. Puis la voiture disparut dans un crissement de pneus. Elle pensa que le soir même, sa femme subirait ses assauts ; elle eut de la peine pour elle, ce type devait être un véritable marteau piqueur.

19 avril 2009

Le bouc émissaire (gballand)

Elle a un chien, d’accord, pourquoi pas, son mari est mort. Ce n’est pas la première à avoir un chien, ni la dernière ! Mais ce chien, elle ne le laisse jamais seul chez elle, elle dit qu’il s’ennuie. Alors elle le traîne partout, même chez nous, quelle plaie.

- Il y en a qui aiment les boulets ! Dit souvent mon mari ; il sait de quoi il parle.

Evidemment, si l’on y réfléchit à deux fois, un chien présente de multiples avantages et le premier à mon sens c’est le suivant :  quand on engueule un chien,  il remue la queue, alors que le conjoint…

18 avril 2009

Les arbres (gballand)

arbreQuand je vois des arbres, je pense à moi : je vais mal. Oui je sais, je ne suis pas la seule, mais aller si mal, est-ce normal ? Même vous, je crois, vous n’en êtes pas là.
Mon problème, c’est que je ne pousse pas droit. J’ai toujours poussé de travers. J’ai bien essayé de me faire redresser chez un psychothérapeute, mais ça n’a pas marché. J’en ai usé 10, sans résultat, alors j’ai arrêté. Je n’y croyais pas, eux non plus, et on finissait par se détester.
J’aurais tellement aimé être un tronc à la peau blanche et lisse. Pourquoi n’est-on jamais ce qu’on voudrait être ?

* photo gentiment prêtée par Mariesondêtre

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