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Presquevoix...

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27 août 2021

Vous avez dit sexe ?

On lui avait demandé de participer à une expérience sur le sexe et il avait dit oui, non seulement parce qu’ il aimait le sexe mais parce que c’était bien payé et qu’il avait besoin d’argent. Le thème : le sexe rend-il heureux ?

Il en était, dans le cadre de cette expérience clinique, à sa 20ième relation sexuelle du mois et il n’en pouvait plus. Il était épuisé, lavé, rincé et la seule idée de remettre ça le jour suivant le faisait vomir.

Il avait fini par dire à une amie d’enfance.

-          Aller au sexe comme on va au boulot, de quoi dégoûter de la chair !

Et celle-ci lui avait répondu, l’air amusée.

-          Au fait, t’es-tu posé la question de savoir si les femmes ressentaient du plaisir avec toi, avant ton expérience ?

Sa réponse n’avait pas tardé.

-          Je ne leur donne pas un questionnaire à remplir à la fin, ça serait fastidieux, non ?  Mais d’après ce que j’entends, je te dirais que oui, elles ont l’air d’avoir du plaisir.

-          Et si elles feignaient ? répondit-elle

Après cette échange, il avait passé une nuit abominable où, rêve après rêve, des méduses dansaient dans les flots et tentaient de faire disparaître son corps…

 

PS : prochain texte, mardi.

 

23 août 2021

Un demi

Tous les jours, à 11 heures sonnantes, il est au comptoir avec sa chienne Rita. Elle a du caractère Rita, pas comme lui ; d'ailleurs c'est elle qui lui a dit de se faire vacciner. Il tend son pass sanitaire au patron du bar et elle se place  derrière lui, pour  lui faire croire que c’est lui le chef. Il demande un demi, suivi d’un deuxième et d’un troisième. Après avoir vidé le troisième il appelle sa chienne qui ne bouge pas, forcément, elle est tout près de lui. Son voisin de comptoir – encore lucide -  lui signale par deux fois que la chienne est derrière lui mais il ne voit rien, les trois bières avalées - plus celles qu’il s’est enfilées ailleurs – lui ont tapé sur la tête. Le patron du bar, d’humeur joyeuse, lui dit.

-          C’est pas un labrador qu’il te faudrait toi, c’est un chien policier.

Il laisse un billet sur le comptoir et lorsqu’il part, sa chienne le suit, mais sans zigzaguer car Rita, elle, ne boit jamais d'alcool.

 

PS : prochain texte, vendredi.

21 août 2021

Vision

Elle  disait toujours à son mari :  Tu vas encore me dire l'inverse de ce que je viens de dire. Inutile donc que je t’écoute.

Le problème, hélas, pensait-il, c'est qu'en 65 ans de mariage, elle ne le connaissait toujours pas. Elle ne voyait que l'intégrale projection en noir et blanc que son cerveau avait scénarisée. Son observation et son interprétation «  hors pair », lui permettaient de continuer à vivre dans ce qu’elle appelait « la vérité ».

Sa mère, morte depuis 25 ans, l’en aurait certainement félicitée, elle qui disait que les hommes étaient tous les mêmes, quoi qu’ils puissent laisser croire !

Moralité : n'attendez pas qu’une union – quelle qu'elle soit -  puisse vous ouvrir les yeux si votre désir le plus ardent est de les fermer à jamais.

PS : prochain texte, mardi 24 aout.

7 août 2021

Vous avez dit liberté ?

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Il était là, dans la manif anti-passe sanitaire, anti-vaccins et anti-tout qui s’est engouffrée dans la rue Chateaudun samedi dernier. Moi, j’étais à la fenêtre de l’hôtel Opéra. Devant lui, il y avait son photographe, en personne. Enthouiasmée, j’ai crié.

-          T’as raison Jésus, bravo, continue. Les églises dans la rue ! Les églises dans la rue !

Là, Jésus a levé les yeux au ciel et il m’a vue. J’ai été étonnée par ce qu’il m’a dit. Jamais je n’aurais cru qu’avec l’histoire complexe qui avait été la sienne, il aurait pu me dire ça.

-          Ta gueule connasse, t’as rien compris !

J’aurais voulu sortir de l’hôtel, retrouver Jésus et lui dire ce que je pensais de lui en face à face. Mais mon mari m’en a empêchée en m’assurant que Jésus venait sûrement d’avoir été agressé par un flic, d’où sa grossiereté. J’ai insisté pour descendre mais il m’a dit, agacé.

-          Toi aussi tu veux qu’on te tape sur la tête ? En période de Covid en plus, les hôpitaux sont surmenés ! Tu risques d’y perdre gros tu sais ! Les problèmes cognitifs, à ton âge, c’est lourd !

Je me suis calmée et j’ai regardé passer, jusqu’au bout, les manifestants entourés par des cordons de policiers.

Certes, la liberté est un don de Dieu, mais Jésus se souvient-il que lui aussi doit respecter les fidèles ?

 

PS : photo prise de la fenêtre de l’hôtel qui donne sur la rue Chateaudun samedi 31 juillet vers 16 h. Prochain texte aux alentours du 20 août.

26 juillet 2021

Une étrange journée

 

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Quelle étrange journée que celle du 25 juillet dans ce Paris qui ne ressemblait à nul autre car le COVID lui avait volé légèreté et bonheur. Heureusement que les rêves…

D’abord, elle avait rencontré, un philanthrope de rue. Cet homme, vêtu d’une cape noir et d’une perruque, distribuait son argent le long des rues. Des coupures de 10, 20, 50 euros qu’il disséminait derrière lui et que tout un chacun pouvait cueillir sur les trottoirs, les voitures ou dans l’air frais du matin.  C’est beau un philanthrope, s’était elle dit. Et elle l’avait suivi dans les rues de la ville. Sauf qu’il était schizophrène et que le SAMU était venu le chercher rapidement avec un médecin et deux infirmiers en blouse blanche.

Ensuite, à la terrasse du café de la Paix, où elle s’était assise en raison d’une fatigue extrême, elle avait rencontré Sacha Guitry. Quand il l’avait vu entrain d’écrire sur son carnet à spiral, ses yeux verts rivés sur les feuilles jaunes qu’elle déchirait les unes après les autres, il lui avait dit.

-          «  Que de lettres on n'écrit que pour leur post scriptum ». Je me présente : Sacha Guitry.

Elle lui avait poliment répondu.

-          Enchanté : Juliette Prause. Laissez-moi vous dire que je  n’écris pas une lettre, Monsieur Guitry, mais un roman, et un roman que j’espère publier.

Il sourit, l’air ironique, et ne put s’empêcher d’ajouter.

-          Un roman mademoiselle, vraiment ? Eh bien, transformez-le en pièce de théâtre, et je peux vous assurer qu’il aura peut-être du succès.

Il disparut aussitôt. Elle ferma les yeux, se demandant ce qu’elle pourrait écrire sur cette vingtième page jaune de son carnet. Ce fut alors que surgit Guy de Maupassant. Si beau, si fort, presque pur dans sa veste beige. Il sourit.

-          Mademoiselle, laissez-moi vous embrasser, « le baiser est la plus sûre façon de se taire en disant tout ».

-          Mais monsieur, nous n’avons rien  à nous dire.

-          En êtes-vous bien sûre ? Vous écrivez, je suis écrivain, donc…

-          Le chemin de l’écriture est long, que d’impasses parfois, soupira-t-elle.

-          Ne vous arrêtez jamais, les mots vous guident, toujours, même s’ils vous font parfois souffrir. Tenez, prenez cette cape noir et, lorsque la neige tombera sur votre chemin d’écriture, mettez la et continuez votre route sans jamais vous arrêter. Au bout de la rivière du ciel – c’est ainsi que les écrivains appelent ces pages blanches qui se tissent à l’infini – vous trouverez l’auberge de votre premier roman. Vous vous y reposerez et, ensuite, vous marcherez vers votre deuxième roman sous un ciel plus doux.

Maupassant quitta le café de la Paix, mais avant il l’embrassa sur la bouche ; une ribambelle de phrases sortirent de ses lèvres où le feu de la prose  indiqua à Juliette  le chemin vers la rivière du ciel…

 

PS : les éditions aléatoires peuvent nous guider sur le chemin de la curiosité

PS 1 : Prochain texte aux alentours du sept août…

22 juillet 2021

Les vaccins

La veille, Marion avait mangé avec Hélène dans le jardin d’un petit restaurant à la clientèle plutôt féminine. Il faut dire que les intestins de ces dames adorent les tartes et les  salades ; ceux des messieurs, sans doute moins.

Hélène a profité de ce repas « intime » pour  dire.

-          Tu sais qu’ils vont créer un vaccin contre la déprime ?

-          Ils ? Mais qui ?

-          Je ne sais pas. En tout cas, ils disent que ça marche mais je n’en crois rien.

-          Comment tu le sais ?

-          Je le sais.

Marion se méfiait un peu des informations fantasques d'Hélène. Ne lui avait-elle pas dit il y a deux mois que les principales multinationales décidaient de la politique à l’Est comme à l’Ouest, que le Covid était une création chinoise et que les journaux – de gauche comme de droite -  transmettaient tous de fausses informations.

Soudain Marion a demandé.

-          Et au fait, tu t’es fait vacciner contre le Covid 19 ?

-          Moi, vaccinée ? Tu plaisantes ? Je ne fais confiance, ni au gouvernement, ni aux vaccins. Si je ne me suis pas fait vacciner contre la grippe, je ne vais tout de même pas me faire vacciner contre le covid.

Marion n’a rien ajouté. La virulence de son amie fermait la porte à tout. Elle l’a donc laissé parler et a préféré conclure sur le sujet des vacances. Un sujet qui ne fache personne, pensait-elle, mais cette fois-là…

 

PS : prochain texte, lundi.

19 juillet 2021

Le faire-part

Tous les amis de l'ex-couple avaient reçu le même faire-part - " M. et Mme Duval sont heureux de vous inviter au vin d'honneur donné à l'occasion de leur divorce, le 10 juillet 2021 à 17 heures au château des Trois Fontaines, 6 route des Epis, Gonfreville" - et tous avaient répondu présents ; comment ne pas répondre présent à un tel faire-part, leur premier ? L'occasion était exceptionnelle. Certains s'étaient même dit que l'exemple des Duval servirait à dédramatiser l'épreuve du divorce, la leur peut-être un jour ?

Deux jours plus tard, tous l'avaient regretté sauf un, Victor, un garçon un peu fantasque qui vivait dans un univers onirique que seul lui peuplait. D'ailleurs,  à part lui, aucun n'était retourné au travail le lundi suivant. Sans parler de ceux qui étaient passés par la case médecin afin de se porter pâle la semaine suivante...

 

PS : prochain texte, jeudi.

15 juillet 2021

Comment être heureuse ?

 

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Dans sa cabane de l’été, elle avait tenu à mettre au dessus de la porte d’entrée : « Ici on est heureux chaque jour. »

-          Pourquoi mentir ? lui avait dit son fils.

-          Pourquoi pas ? lui avait-elle répondu.

Leur dialogue en général se réduisait à ça.

-          Simples, mais profonds, vos dialogues, avait souligné sa fille.

Elle avait souri et avait répliqué qu’il valait mieux dire des choses superficielles que  ne rien dire. Ce à quoi sa fille avait répondu.

-          Comme avec papa ?

-          Exactement.

De toute façon, dans cette cabane de l’été, plus de dialogues superficielles, elle serait seule. Ses enfants partaient loin, dans un étranger qu’elle ne voulait plus voir et son mari travaillait tout l’été ; enfin, c’est la raison qu’il lui avait donnée  à son absence, absence qui se perpétuait en général l’année entière, en « présentiel ».

Lorsqu’elle s’est installée le premier jour de ses vacances dans sa cabane de la plage, elle a apporté un maillot de bain vieux comme le monde – « au cas où », comme disait son mari – un carnet pour écrire,  et un livre.

Elle avait 55 ans et n’en paraissait ni plus, ni moins que 55. Ses cheveux raisonnablement longs avait gardé leur couleur châtain d’origine et parfois – si on savait trouver la phrase juste - ses yeux souriaient.

Cette phrase, c’est une femme – sa voisine de cabane de plage -  qui l’a trouvée dès le premier dialogue. Elle lui a dit.

-          Bonjour. Moi c'est Isabelle, je suis votre voisine. Contente de m’installer près de la cabane où on est heureux chaque jour.

-          Enchantée, je m'appelle Elise.

-          Joli prénom.  Mon voisinage ne vous gênera pas, je suis seule.

-          Le mien non plus, mes enfants et mon mari ne viendront pas.

-          Parfait. L’idéal pour la lecture. Mon livre du moment : « La méthode Schopenhauer », d’Irvin Yalom. Vous connaissez ?

Elise sourit.

-          Oui, une sacrée méthode que la sienne, d’ailleurs. Moi je lis « Mensonges sur le divan », du même auteur.

Sa voisine a conclu en précisant.

-          Elise, je crois que nous allons faire un beau voyage toute les deux, et elle a commençé a ranger son immense pile de livre dans sa cabane qui, elle, s’appelait juste : « voyage à la plage ».

PS : Photo prise à Criel sur mer. Prochain texte, lundi.

 

 

 

12 juillet 2021

Le vaccin

Eléonore lui avait dit qu’elle allait faire piquer son mari le lendemain. Piquer, vraiment ? lui avait répondu Hélène en riant. Eléonore a précisé – sans comprendre pourquoi son amie trouvait la chose si drôle -  qu’il recevrait sa première dose de vaccin à 9 heures, lundi matin, et qu’elle devait le préparer car il était déjà en transes.

Hélène avait eu envie de lui répondre qu’une dose suffirait - mais qu’elle devait aller chez le vétérinaire – et qu’ensuite, elle aurait droit à une vie tranquille et épanouie loin des reproches et des conflits quotidiens. Seulement, Hélène n’a pas osé, se doutant que sa répliquer pourrait mettre fin à leur longue amitié ;  elle attachait une attention particulière aux liens construits de longue date.

Suite à cette échange avec Eléonore, Hélène s’est dit que, décidément, la solitude était la plus  merveilleuse des compagnes et que toutes deux formaient un couple parfait  !

PS : prochain texte, jeudi.

8 juillet 2021

Entre la vie et la mort

Il lui avait dit, à la terrasse du café où ils s’installaient chaque matin, une chose bien étrange.

-          Cinq minutes avant de mourir, Marie vivait encore, c’est dingue !

-          Et alors ? Avait-elle répondu.

Il l’avait regardée l’air hébété, ce qui avait obligé sa compagne à lui dire.

-          Remets-toi Pierre, tu es vivant.

Et, comme d’habitude, Il avait enchaîné avec sa grande litanie  : aucune empathie, tu ne penses qu’à toi, la vie des autres ne t’intéresse pas, tu ne penses qu’à lire et à jouer du piano etc. A la fin de cette longue liste, elle avait conclu.

-          Bon, si on allait au cinéma, ça nous changerait les idées, non ?

Et là, il s’était levé et l’avait quittée sans lui dire aurevoir. Soudain elle s'était dit, effrayée : «  Et si cinq minutes après son départ il mourait ? »

PS : prochain texte, lundi.

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