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26 juillet 2021

Une étrange journée

 

couverture_al

 

Quelle étrange journée que celle du 25 juillet dans ce Paris qui ne ressemblait à nul autre car le COVID lui avait volé légèreté et bonheur. Heureusement que les rêves…

D’abord, elle avait rencontré, un philanthrope de rue. Cet homme, vêtu d’une cape noir et d’une perruque, distribuait son argent le long des rues. Des coupures de 10, 20, 50 euros qu’il disséminait derrière lui et que tout un chacun pouvait cueillir sur les trottoirs, les voitures ou dans l’air frais du matin.  C’est beau un philanthrope, s’était elle dit. Et elle l’avait suivi dans les rues de la ville. Sauf qu’il était schizophrène et que le SAMU était venu le chercher rapidement avec un médecin et deux infirmiers en blouse blanche.

Ensuite, à la terrasse du café de la Paix, où elle s’était assise en raison d’une fatigue extrême, elle avait rencontré Sacha Guitry. Quand il l’avait vu entrain d’écrire sur son carnet à spiral, ses yeux verts rivés sur les feuilles jaunes qu’elle déchirait les unes après les autres, il lui avait dit.

-          «  Que de lettres on n'écrit que pour leur post scriptum ». Je me présente : Sacha Guitry.

Elle lui avait poliment répondu.

-          Enchanté : Juliette Prause. Laissez-moi vous dire que je  n’écris pas une lettre, Monsieur Guitry, mais un roman, et un roman que j’espère publier.

Il sourit, l’air ironique, et ne put s’empêcher d’ajouter.

-          Un roman mademoiselle, vraiment ? Eh bien, transformez-le en pièce de théâtre, et je peux vous assurer qu’il aura peut-être du succès.

Il disparut aussitôt. Elle ferma les yeux, se demandant ce qu’elle pourrait écrire sur cette vingtième page jaune de son carnet. Ce fut alors que surgit Guy de Maupassant. Si beau, si fort, presque pur dans sa veste beige. Il sourit.

-          Mademoiselle, laissez-moi vous embrasser, « le baiser est la plus sûre façon de se taire en disant tout ».

-          Mais monsieur, nous n’avons rien  à nous dire.

-          En êtes-vous bien sûre ? Vous écrivez, je suis écrivain, donc…

-          Le chemin de l’écriture est long, que d’impasses parfois, soupira-t-elle.

-          Ne vous arrêtez jamais, les mots vous guident, toujours, même s’ils vous font parfois souffrir. Tenez, prenez cette cape noir et, lorsque la neige tombera sur votre chemin d’écriture, mettez la et continuez votre route sans jamais vous arrêter. Au bout de la rivière du ciel – c’est ainsi que les écrivains appelent ces pages blanches qui se tissent à l’infini – vous trouverez l’auberge de votre premier roman. Vous vous y reposerez et, ensuite, vous marcherez vers votre deuxième roman sous un ciel plus doux.

Maupassant quitta le café de la Paix, mais avant il l’embrassa sur la bouche ; une ribambelle de phrases sortirent de ses lèvres où le feu de la prose  indiqua à Juliette  le chemin vers la rivière du ciel…

 

PS : les éditions aléatoires peuvent nous guider sur le chemin de la curiosité

PS 1 : Prochain texte aux alentours du sept août…

Commentaires
C
Que de belles rencontres qui nous sortent de l'ordinaire pandémique.
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É
Depuis que j'ai lu votre texte, je dois avouer que j'accuse le coup : comment pourrais-je maintenant ne serait-ce que vous égaler ?
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A
J'adore ce texte !<br /> <br /> Les éditions aléatoires offrent les prémices d'une créativité aux récoltes prometteuses.<br /> <br /> Merci et bonne suite d'été.
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A
chacun(e) ses phantasmes :-)<br /> <br /> avait-il l'haleine fraîche? la moustache ne pique pas trop?
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