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Presquevoix...

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25 mai 2012

La caisse

Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai remarqué qu’à ma caisse, il y a toujours moins de clients qu’à la caisse de Cindy. Jusqu’alors, je croyais au hasard, mais la remarque d’un client, hier, a remis les pendules à l’heure. Comme je disais à un vieux monsieur qui attendait à la caisse d’à côté qu’il pouvait passer à ma caisse, celui-ci m’a répondu poliment.


-    Non merci, je préfère passer chez votre collègue. Elle est plus jolie.


J’aurais pu tout simplement accepter sa réponse, après tout, pourquoi pas, ils ont bien le droit de préférer Cindy !  Mais non, ça a été plus fort que moi, je n’ai pas pu m’empêcher de le traiter de « connard ».
Ce matin, le Directeur m’a fait appeler. Cindy m’a tout de suite dit, souriante, que c’était à cause d’hier…

24 mai 2012

Le baccalauréat

La veille, elle avait croisé dans les couloirs du lycée un élève de terminale STG  qui ne venait plus en cours depuis les vacances de Pâques. Elle aurait pu faire semblant de ne pas le voir mais elle lui a dit, ironique.


-  Alors Kevin, vous êtes déjà prêt en anglais, c’est pour ça que vous ne venez plus en cours ? Pourtant… et elle a laissé sa phrase en suspens. Etait-il bien nécessaire de rappeler à Kevin que sa moyenne avoisinait les 7/20 ?


Et Kevin lui a répondu le plus sérieusement du monde.


-  Ben vous savez, m’dame, avec toutes les révisions, là, j’suis surbooké. Et pis Y faut que j’finisse mon projet.

Elle l’a contemplé, l’air incrédule, puis elle lui a souhaité bonne chance, pour la forme. Elle s'est retenue de ne pas lui conseiller un pélerinage à Lisieux, laicité oblige. Cela faisait tout de même deux ans et demi que Kevin se montrait hostile à toute forme de travail quelle qu'elle soit...

23 mai 2012

La vitrine

IMG_3857[1]- Putain, t’as vu toutes ces bières Bernard !


Bernard jeta un coup d’œil blasé à la vitrine et répondit à Albert.


- Ouais, ça donne envie de se saouler la gueule, c’est sûr, mais comptes-y pas, et il lança un coup d’œil vers Arlette et Josiane qui continuaient à marcher bras dessus bras dessous.

 

Bernard laissa Albert  rêver devant la vitrine. C’est la voix de sa femme qui le sortit de son extase.


- Bon, t’avances ou quoi, tu commences à nous emmerder à  toujours traîner les pieds !


Albert se demanda si  Josiane avait toujours eu cette voix désagréable, mais il avait oublié, depuis le temps. Ce qui était certain, par contre, c’est que  trente ans plus tôt  elle ne pesait pas 90 kilos.

PS : texte écrit à partir d’une photo de J.C. D. prise à Anvers en avril 2012

22 mai 2012

L’agence

Il venait de créer sa petite entreprise de pompes funèbres. Son slogan : mourrez, nous ferons le reste !  Maintenant, il attendait le client de pied ferme. Le premier qui passa le seuil de sa porte, ce fut un homme, plutôt jeune. Il l’accueillit avec un visage de circonstance mais l’homme, enjoué, lui dit.

- Je voudrais un bouquet.

- Un bouquet ? Répondit-il étonné.

- Oui, pour l’anniversaire de ma femme. N’importe quoi. Si je ne lui achète rien, elle me tuera. N’importe quelle gerbe fera l’affaire.

Il essaya de lui trouver le bouquet le moins funèbre possible. L’homme le remercia chaleureusement en ajoutant.

-  Si on meurt chez moi, je viendrai chez vous.

21 mai 2012

La liste

Avant qu’elle ne parte chez sa mère, il lui avait dit :

-  Je peux te faire la liste complète de ce qu’elle va te dire. D’ailleurs, tiens, je te la fais  et tu cocheras au fur et à mesure.

Elle n’avait pas pris la liste, mais quand elle l’avait consultée, au retour, elle avait constaté que tous les thèmes y était rigoureusement passé, du début jusqu’à la fin. Finalement il connaissait sa mère aussi bien qu’elle

20 mai 2012

La valse

Elle faisait tapisserie quand un homme – insipide – vint lui demander si elle voulait danser. Son premier mouvement avait été de refuser. Il lui semblait plus petit qu’elle :  n’allait-elle pas se ridiculiser ? Mais elle n’avait pas le choix, il était encore plus ridicule de rester assise, seule, sur ce banc, à regarder les autres valser.

Quand elle se leva, elle se rendit à l’évidence : il faisait au moins une demi-tête de moins qu’elle. Curieusement, cela ne semblait pas le gêner. Il la saisit par la taille sans hésitation, et lui dit en souriant “Accrochez-vous !”, comme s’ils allaient s’envoler.

Ses mains étaient tièdes, sans être moites, et son pas sûr. Elle ne voyait pas ses yeux – elle n’osait pas baisser les siens – mais il savait conduire une valse à merveille. Elle l’entendit soudain dire d’une voix douce :“ Détendez-vous, faites-moi confiance, en matière de valse je n’ai pas mon pareil.”

Preque résignée, elle ferma les yeux et se laissa guider. Sa tête commençait à tourner et son corps s’alanguissait. D’un geste ferme, il rapprocha son corps du sien et sa main l’incita à se cambrer. Elle crut sentir sa bouche sur son cou et quelque chose de fulgurant  traversa son corps, comme si un souffle puissant la pénétrait.

Quand la valse se termina. Elle  ouvrit les yeux et le regarda pour la première fois.

- Merci, lui dit-elle, je n’oublierai jamais.

Il sourit et la raccompagna à sa place. Avant de partir, il  lui  tendit une carte de visite.

- Mon nom et mon numéro de téléphone, au cas où. Je suis sûr que nos corps sont faits l’un pour l’autre : trouver une partenaire de danse est si difficile !

Elle  rougit légèrement et il partit avant qu’elle ne pût ajouter quoi que ce soit.  Quand elle  regarda la carte de visite, elle  constata qu’il s’appelait Hervé, qu’il était radiesthésiste et qu’il habitait dans le même immeuble qu’elle, dans l’appartement en face du sien...

PS : texte écrit dans le cadre des "impromptus littéraires"

19 mai 2012

Les robots sexuels

Le premier hôtel avec prostitués humanoïdes venait d’ouvrir à Rouen. Les journalistes étaient venus du monde entier pour couvrir l’événement. Les hôtels affichaient complets et la mairie se félicitait de ce petit coup de publicité qui dépassait même l’expectative de l’Armada 2013 ! Cette nouvelle industrie du sexe propre – les robots étaient désinfectés après chaque acte  -  provoquaient des sentiments mêlés. Certains  soulignaient finement que l’accouplement avec un robot supprimait tout sentiment de culpabilité ; d’autres mettaient en évidence que pouvoir choisir l’origine ethnique, la langue et l’aspect physique du robot, rendait l’aventure d’autant plus pimentée. Un journaliste à l’humour caustique, avait même titré « 2 en 1 : accouplement et apprentissage des langues ! »

PS : texte écrit à partir d’un article lu dans le courrier international


18 mai 2012

Regard

Du lever au coucher, elle se  répétait  cette phrase en boucle : « J’apprends à ne pas figer l’autre dans l’idée que je m’en fais, ni même dans ce qu’il peut dire de lui actuellement. ».
La méthode Coué, elle le savait, pouvait faire des miracles. Et puis il y allait de son travail : une psychothérapeute pouvait-elle douter de la capacité de changement de ses patients ?

*phrase tirée de «Théologie de l’Espérance» de Christian de Chergé

17 mai 2012

Les cachets

Aujourd’hui, à la pharmacie, je me suis achetée des cachets pour rêver. C’est nouveau, j'ai vu ça dans Marie Claire. Il ne faut pas en prendre plus d’un par jour, m’a dit le pharmacien. Comme si je ne m’en doutais pas. Me prend-il pour une imbécile ? Il a ajouté, alors que c’est écrit sur la boîte.


-    Les roses, c’est pour un rêve d’enfance, les bleus pour un rêve d’avenir, les rouges pour un rêve sexuel, les jaunes pour un rêve de pouvoir, les verts pour un rêve d’espoir.


Je l’ai remercié en souriant, il faut toujours être aimable avec les gens, on ne sait jamais. Enfin, c’est ainsi que j’ai été élevée.  Je commencerai ce soir, mais je me garderai bien d’en parler à mon mari. Il me dirait encore une fois que je suis d’une naïveté confondante et que tout ça n’a rien de scientifique.
Je me demande quelle couleur je choisirai ce soir…

16 mai 2012

Invisibilité

Les pompes funèbres avaient oublié de mettre son nom, son prénom ainsi que sa date de naissance et de mort sur sa tombe. Pourquoi  continuait-elle à être invisible, même après sa mort ?

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