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Presquevoix...

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12 avril 2012

Les armes

A cinq ans, il tirait à la carabine dans des stands de forains ; à huit ans, on lui offrait sa première arme à feu : à 10 ans, il s’entraînait en forêt avec son père ; à 14 ans il mettait le canon de sa carabine dans la bouche de sa copine parce que celle-ci ne voulait pas coucher avec lui : à 15 et 16 ans il faisait stage commando sur stage commando pour s’endurcir et à 18 ans il s’ engageait dans l’armée et partait en Irak. A 20 ans, il avait totalisé 225 tués ; un record. Quand il rentra, on le décora pour services rendus à la patrie. A 25 ans, il massacra 25 étudiants sur un campus américain et il se donna la mort.

PS : Un petit coup de pub pour la revue « lu si », chapeautée par Caro-carito. Si vous souhaitez la lire en PDF, vous abonner ou participer,  c'est ici.


11 avril 2012

Les photos

A chaque voyage, il se faisait prendre en photo sous toutes les coutures, de dos, de face, de profil, de trois quart, en gros plan, en plan américain, en plan d’ensemble. Et quand on lui demandait pourquoi toutes ces photos devant des monuments divers et variés, il répondait invariablement.
- J'aime bien savoir l'image que j'ai à travers le regard des gens, parce que moi,  je  peux pas me juger par moi-même…
Et effectivement, ses 200 amis sur Facebook lui faisaient savoir ce qu’ils pensaient de lui, de face, de profil, de trois quart, en gros plan, en plan américain, en plan d’ensemble.

10 avril 2012

Le fromage

IMG_3938[1]Elle déambulait dans ce marché flamand à la recherche de quelque chose  de typique – elle aimait ce qu’elle supposait être typique -  et soudain elle avait hurlé à l’adresse de son mari
- Non, mais tu l’as vu ?
- Non, quoi ? Répondit celui-ci qui flottait toujours en apesanteur entre monde réel et rêvé.
Elle lui répondit exaltée.
- Ce fromage ! C’est dingue !
Comme d’habitude il ne voyait pas ce qu’il y avait de  « dingue » dans ce qu’elle lui montrait, juste un fromage comme tous les fromages français, sauf que celui-ci était flamand, orange et de belle taille. Une taille d’ailleurs qui avait une vague ressemblance avec celle que prenaient les hanches de sa femme avec la ménopause. Mais ça, il ne le lui dit pas.
Comme d’habitude elle prit la photo sous plusieurs angles -  au cas où - et comme d’habitude il disparut dans la foule afin d’ éviter les commentaires qu’elle  lui ferait  immanquablement sur tel ou tel problème technique dont il se moquait éperdument.
Son pur esprit, épris d’abstraction,  supportait difficilement ses remarques prosaïques…

PS : photo prêtée par JCD et prise à Anvers, en mars 2012

9 avril 2012

L’écoute audio

La semaine dernière, un élève s’est endormi les écouteurs sur les oreilles, devant l’ordinateur où il était censé écouter  l’interview d’une chanteuse portugaise. Que faire ? Le réveiller ? Non, le laisser dormir. Il ne faut jamais déranger un « apprenant » bercé par la musique d’une langue étrangère, on ne sait jamais, quelque chose pourrait se produire… à son insu.

8 avril 2012

Le pervers des trains

Il n'en était pas à son premier coup : il y a un an, il avait déjà été condamné pour masturbation en gare de Nogent le Rotrou. Quand le juge l’interrogea, il répondit qu’il ne comprenait pas, qu’il aimerait bien arrêter, mais qu’il ne pouvait pas, c’était plus fort que lui. Il ajouta d’ailleurs qu’à 70 ans, remonter son pantalon et prendre ses jambes à son cou devenait de plus en plus pénible, surtout à cause de ses varices…

PS : texte inspiré d’un fait divers lu dans le parisien

7 avril 2012

L’autoroute

Sur l’autoroute, elle le laissait rarement conduire, il faut dire qu’il ne dépassait jamais le 90 et que la situation devenait  rapidement gênante, entre coups de klaxon répétés et appels de phare… Si, agacée, elle le lui faisait  remarquer, il répondait invariablement.
-    On est sur l’autoroute, on a payé, alors on doit en profiter le plus possible.

6 avril 2012

Le couple

Marcel, 80 ans, l’œil vif, la crinière blanche, frais comme un gardon, à part le cœur  qu’une petite pile stimule. Il fait danser les femmes comme personne ; Le tango, la valse et la java n’ont aucun secret pour lui. Paulette, 76 ans,  surveille jalousement son Marcel, surtout aux thés dansants. Elle lui reproche ses infidélités de danseur. Marcel lui réplique qu’il ne change de partenaire que pour les danses, alors de quoi se plaint-elle ?

Paulette ne répond  pas. Pourtant, elle voudrait lui dire que les meubles aussi ont des sentiments...

5 avril 2012

Le spray

Avant chaque cours, il se faisait une petite pulvérisation de spray buccal fluocaril, juste au cas où… les élèves étaient si médisants.


PS : Les deux clics du jeudi 5 avril : l'un pour la  "leçon de vie",   sur le site du Lorgnon Mélancolique, et l'autre pour le  texte limpide d'Alainx, sur sa mère.



4 avril 2012

L’équation du premier degré

Depuis qu’il avait dans sa classe la fille du dictateur, la peur le tenaillait. Sa femme était persuadée qu’il terminerait dans les geôles du régime. Et ce jour arriva. Il avait envoyé la petite Mirna au tableau, pour résoudre une équation du premier degré à une inconnue. Seulement, la petite s’était s’effondrée en pleurs au tableau et ce, malgré les révisions à répétition faites le cours précédent pour qu’elle réussisse ce passage au tableau. Il la rassura comme il put avant de la renvoyer à sa place.

Le même jour, à 20 heures, sa porte d’entrée fut défoncée et on le conduisit au poste de police. Sa nuit se passa dans une cellule, assis sur la pierre nue, à écouter  une voix enregistrée lui répéter en boucle des heures  durant :

« Une équation du premier degré d'inconnue x peut se mettre sous la forme : ax+b=0, où a et b sont deux nombres réels, et où a est non nul. »

Au petit matin il s’effondra, épuisé, mais il se réveilla aussitôt car une fanfare militaire corna dans ses oreilles l’hymne national. Il comprit qu’on voulait vraiment sa peau.

3 avril 2012

La poésie

L’endroit où il préférait lire de la poésie c’était aux toilettes et, dans chaque livre, il plaçait de petits morceaux de PQ pour signaler les poèmes intéressants. Elle aussi aimait la poésie, mais en d’autres lieux, et les longues lectures qu’il s’accordait au WC, entrecoupées «  d’onomatopets », l’énervaient au plus haut point. Elle  ne se privait pas de lui faire des remarques acerbes qui perturbaient sa lecture.  Finalement, il avait trouvé la parade :  il lisait ses poèmes avec des boules quies...

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